Par Karine Bechet-Golovko
Comme attendu, le dialogue de sourd mené par Washington a conduit à l’échec total la conversation entre Biden et Poutine, Biden se vantant d’avoir dit à Poutine de faire attention avec l’Ukraine, sinon il allait se fâcher, et Poutine rappelant à Biden que la Russie est inquiète de la conduite de Kiev. De grandes révélations, qui effectivement nécessitaient deux heures de discussion. Décidément, en politique, il est fondamental de savoir refuser certaines rencontres, afin d’imposer un véritable dialogue et ne pas se retrouver coincé dans cette piteuse parodie. Une parodie qui, de plus, n’apportera aucun avantage ni sur le plan de la communication, ni sur celui de la politique réelle à la Russie. Il faudrait peut-être se remettre à gouverner et sortir du tout-communication.
En général, les Etats-Unis ne négocient pas, ils imposent. Ils ne cherchent pas à comprendre, en politique internationale du moins, ce qui se passe, ils imposent la vision de la réalité qui leur convient, afin que cette vision devienne une réalité acceptée. L’échange Biden / Poutine n’a pas échappé à la règle et il n’y avait aucune raison pour qu’il puisse y échapper.
L’on ne peut pas dire que ce soit une surprise … Voir à ce sujet, mon interview pour RT France, le matin avant la fameuse conversation :
Les publications dans les médias insistent sur la dimension confrontationnelle, bien connue, et mettent en exergue, par l’absence, la dimension commune. Donc, sans que cet échange apporte rien finalement dans le monde réel, puisque les décisions seront prises indépendamment de cet entretien, il n’apporte, en tout cas pour la Russie, aucune valeur ajoutée non plus sur le plan communicationnel.
Le New York Times, la voix de son maître, est très clair à la Une de son briefing quotidien :
La question des « garanties » demandées par Poutine contre l’élargissement de l’OTAN à l’Est, qui a été énormément médiatisée en Russie, n’a même pas droit à une allusion dans cette présentation du NYT. Ce qui souligne à quel point elle est prise au sérieux.
Les menaces de Biden contre la Russie sont diffusées dans les médias russes également, ce qui certes peut favoriser un mouvement de soutien autour du Président russe par la population, mais cette même population commence à se demander pourquoi la Russie peut être si facilement dénigrée … Et dans les faits, ce discours exigeant de la Russie une « désescalade » des tensions avec l’Ukraine, discours unilatéral ne remettant pas en cause l’activité militaire de l’Ukraine, autant que ces menaces de sanctions, sont reprises par les quatre dirigeants européens de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie et de l’Allemagne.
De son côté, le discours médiatique russe insiste sur l’inquiétude signifiée par Poutine à Biden de l’activité de Kiev. Mais, l’on ne sent pas vraiment pointer une sérieuse volonté politique d’agir. Et cette faiblesse, trahie par l’hésitation permanente, ouvre la porte au combat géopolitique mené contre la Russie.
Source : Russie politics
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