Par Leila Mazboudi

Deux aveux d’échec de la part de deux responsables américains proches de l’establishment américain, sur le Yémen et la Syrie. Dans les deux cas, les USA ont été incapables de déloger des piliers de l’axe de la résistance.

Sur le dossier yéménite, le constat est venu de la part de l’ex- secrétaire d’état adjoint américain pour le Moyen Orient, David Schenker.
« Les houthis sont sur le point de prendre la ville de Ma’rib », a-t-il fait remarquer dans un article publié le 4 novembre par The Washington Institute, ou il est actuellement Taube Senior Fellow.

« S’ils battent l’armée nationale yéménite soutenue par les Saoudiens dans l’un de ses derniers bastions majeurs dans le nord et prennent le contrôle du centre énergétique du Yémen, les Houthis auraient essentiellement gagné la guerre », a-t-il averti.

Cette région yéménite riche en pétrole, qui produit près de 10 % du gazole et, surtout, 90 % du gaz de pétrole liquéfié consommé dans le pays est le dernier bastion des forces du président démissionnaire contesté Abed Rabbo Hadi Mansour, allié des Saoudiens.

Selon lui, ceci représentera le pire scénario aussi bien pour Riyad que pour Washington.

Ayant lancé la bataille de Ma’rib en 2020, les forces de Sanaa qui comptent dans leurs rangs des unités de l’armée yéménite et les forces de mobilisation populaire de l’organisation Ansarullah ont conquis depuis 12 de ses 14 districts. Elles encerclent la ville par le nord, l’ouest et le sud, et ont laissé ouverte une route menant à l’est vers l’Hadramaout.

Schenker a recommandé à l’administration de Biden de réinscrire le mouvement Ansarullah sur la liste noire et de soutenir militairement l’Arabie saoudite afin de « protéger la navigation de la mer rouge ».

Alors que l’administration Biden s’est engagée officiellement de mettre fin au conflit, et a décidé de retirer le mois de septembre dernier ses batteries de missiles Patriot d’Arabie, laissant croire à un désengagement, elle a décidé la semaine passée de lui vendre 280 missiles air-air AIM-120 C pour 650 millions $. Dans les faits, les Patriot américains ont été incapables de riposter ou de neutraliser les attaques aériennes houthies réalisées par drones piégés et missiles air-sol. Leur subtitution par les missiles air-air

L’autre aveu d’échec sur la Syrie a été exprimé l’ex-ambassadeur américain en Syrie, Robert Ford.

« La politique américaine a échoué en Syrie de créer un gouvernement syrien par le biais des négociations », a dit ce diplomate qui était de service en Syrie lors de l’éclatement de sa crise puis de la guerre menée contre elle.

Dans un entretien avec la télévision France 24, il a fait état de multiples divisions au sein de l’opposition syrienne, dès le début, indiquant que la politique américaine a failli dans ses tentatives d’unir leurs rangs.

Il en a déduit que c’est en fin de compte « Bachar al-Assad qui a gagné dans le guerre civile ».

« Le gouvernement de Bachar al-Assad est présent, il contrôle près de 70% du territoire syrien, dont les grandes villes, l’opposition armée a été incapable de renverser Assad », a expliqué ce diplomate qui depuis qu’il a quitté Damas a mis en garde les groupes de l’opposition syrienne de ne pas s’attendre a beaucoup de choses de la part des Américains.

Commentant les contacts entrepris récemment par des Etats arabes qui ont affiché durant la guerre des positions farouchement hostiles à Damas, et ont assisté les groupes terroristes pour certains, il considère que Washington n’est pas capable de présenter une alternative à la stratégie arabe mise en place dernièrement.
« Le gouvernement syrien va rester et les Etats arabes devraient trouver un moyen de cohabiter avec lui », avait-il dit auparavant.

Le mardi 10 novembre, le ministre émirati des Affaires étrangères se rendait à Damas, dans une première visite d’un responsable golfique depuis 10 ans.
Le ministre des AE saoudien Fayçal ben Farhan l’y aurait précédé plusieurs fois, mais loin des médias, ont rapporté des médias libanais.
Désormais, les responsables arabes qui avaient exclu Damas de la Ligue arabe évoque son retour.

A vrai dire, c’est Washington qui a donné le ton à cet élan arabe vers la Syrie, dans un jeu de substitution là-aussi.
Elle a allégé les sanctions de son Ceaser Act sur la Syrie, en permettant l’acheminement par son territoire et avec son aval du gaz égyptien et de l’électricité jordanienne pour le Liban en pénurie. Dans l’objectif d’empêcher les importations d’hydrocarbures depuis l’Iran, une proposition qui a été exécutée malgré elle par le Hezbollah.

Dans son récent discours, le chef du parti de la résistance sayed Hassan Nasrallah a déclaré que le reprise des contacts arabes avec le pouvoir syrien est un aveu d’échec flagrant. S’agissant du Yémen, il a proposé à l’Arabie saoudite de négocier avec les houthis, dont rien n’entravera la victoire, selon lui.

D’après les faits, les Etats-Unis accumulent les échecs face à l’axe de la résistance depuis 10 ans : aux cas syrien et yéménite s’ajoute celui du Hezbollah au Liban où ils s’attellent pour le circonscrire de la vie politique, en vain.

Sans oublier le cas iranien. Ayant conclu un accord nucléaire avec l’Iran, puis s’étant retiré, ils n’ont pu ni ébranler ses relations avec ses alliés régionaux, ni affecter son programme balistique qui la dissuade de toute action militaire, ni contrôler son programme nucléaire. Et Téhéran se fait prier pour renouer avec les pourparlers.

Quand bien même les Etats-Unis n’ont pas utilisé toutes leurs cartes dans la région, il n’en demeure pas moins que les parties de l’axe font preuve de perspicacité en les leur abattant.  Dans un effort de long haleine, sur le long terme. Signe de mauvais signes.

Source: Divers

Source : Al Manar
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