Le Dr. Jack Rasmus. D.R.
Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen
Mohsen Abdelmoumen : Il y a quelques années, vous avez alerté sur le risque d’un grand krach par l’explosion de la bulle de la dette dans votre livre « Prelude to Global depression ». Où en est-on aujourd’hui dans le monde et plus particulièrement aux Etats-Unis ?
Dr. Jack Rasmus : Dans ce livre, j’ai souligné que l’histoire des contractions économiques, en particulier aux États-Unis depuis le XIXe siècle, indique qu’il existe trois types de contractions. La première est une récession normale, souvent précipitée par de mauvais choix politiques. La deuxième est ce que j’ai appelé une récession « épique », c’est-à-dire une récession qui s’accompagne d’une instabilité financière et d’un krach. Elle entraîne l’économie réelle dans une contraction plus profonde et plus longue, dont la reprise est plus lente et plus faible. Les récessions épiques peuvent être stabilisées par des injections massives de fonds et de liquidités par la banque centrale afin de stabiliser le système bancaire. En l’absence d’une telle réponse massive, une récession épique peut se transformer en une véritable Grande Dépression. C’est lorsque le système financier n’est pas stabilisé de manière adéquate que les banques et les institutions financières s’effondrent. La contraction de l’économie réelle est alors plus profonde que la contraction initiale. Cette situation peut à son tour exacerber l’instabilité financière, entraînant une contraction en retour entre l’économie réelle et l’économie financière. C’est ce qui s’est passé dans les années 1930 aux États-Unis, lorsqu’une série de cinq krachs bancaires s’est produite entre 1930 et 1933. Les grandes récessions peuvent se transformer en grandes dépressions ou être enrayées.
La récession épique de 2008-2009 aux États-Unis a suivi un processus « épique » traditionnel : le krach financier s’est produit, entraînant à son tour l’économie réelle dans sa chute. Les décideurs politiques américains (Obama, le Congrès et la banque centrale) ont alors injecté des liquidités massives dans la contraction. Obama et le Congrès ont injecté environ 800 milliards de dollars. La banque centrale de la Réserve fédérale a versé 4 000 milliards de dollars supplémentaires pour le sauvetage des banques et des investisseurs. L’économie réelle américaine ne s’est pas très bien redressée. Elle a rebondi sur le fond, à la manière d’une récession épique typique, avec une reprise faible et superficielle du PIB jusqu’en 2015. En cours de route, il y a eu des rechutes. Une légère récession réelle à double creux (ndlr : récession suivie d’une reprise de courte durée, puis d’une nouvelle récession) s’est produite vers 2013. Elle a été officiellement enregistrée comme un simple ralentissement en raison de la redéfinition du PIB en 2013, qui a fait passer une contraction pour une stagnation temporaire. Bien entendu, en Europe et au Japon, le double creux a été plus prononcé. Aux États-Unis, les emplois perdus en 2008-2009 n’ont retrouvé leur niveau d’avant la récession de 2007 qu’en 2015. Alors pourquoi l’après-crise de 2008 a-t-elle été si faible ?
L’une des raisons est que le plan de relance budgétaire de 800 milliards de dollars mis en place par l’administration Obama en 2009 était insuffisant et sa composition mal définie (trop de réductions d’impôts pour les entreprises et d’argent donné aux États plutôt qu’aux consommateurs directement). Une autre raison est qu’Obama s’est mis d’accord avec les Républicains qui contrôlaient le Congrès en 2011 pour réduire ensemble les programmes de dépenses publiques de 1 500 milliards de dollars (les 0,5 milliards de dollars étaient censés être des réductions dans le domaine de la défense, mais elles ont été différées, puis rétablies. 1 000 milliards de dollars ont été consacrés à la réduction des programmes sociaux). La politique budgétaire était donc insuffisante et l’économie a vacillé, ne progressant que de 60 % par rapport à la normale à la suite de la récession, même après une relance budgétaire et monétaire combinée de près de 5 000 milliards de dollars. L’absence de reprise énergique après 2009 a, selon moi, largement contribué au mécontentement des électeurs qui se sont tournés vers Trump en 2016. En 2017, Trump a immédiatement augmenté les mesures de relance budgétaire en réduisant les impôts de 4 500 milliards de dollars supplémentaires, mais principalement pour les entreprises et les investisseurs. Le PIB s’est redressé un peu plus en 2018-19, mais pas tant que cela.
Il faut garder à l’esprit que près de 10 000 milliards de dollars de mesures de relance budgétaire et monétaire au cours de la décennie 2010-19 ont entraîné une reprise économique réelle très timide. Mais elles ont considérablement creusé les déficits et la dette nationale. En 2008, lorsqu’Obama a pris ses fonctions, la dette nationale des États-Unis s’élevait à environ 10 000 milliards de dollars (contre 5 600 milliards de dollars dix ans plus tôt). Lorsqu’Obama a quitté ses fonctions, elle s’élevait à 19 500 milliards de dollars. Cette situation est principalement due à l’accélération des dépenses de guerre et à la prolongation permanente des réductions d’impôts accordées par George Bush en 2013, pour un coût de 5 000 milliards de dollars. Puis Trump est arrivé et a réduit les impôts de 4 500 milliards de dollars supplémentaires et a encore accéléré les réductions d’impôts pour les entreprises et les investisseurs de 4 500 milliards de dollars. Le déficit et la dette ont encore augmenté sous Trump pour atteindre 22 700 milliards de dollars à la fin de l’année 2019. Ensuite, les fermetures économiques Covid se sont produites, entraînant l’économie dans une nouvelle récession profonde précipitée par la politique en 2020. Les déficits en 2020 ont atteint 3 000 milliards de dollars et la dette nationale a grimpé à 27 000 milliards de dollars au moment où Trump a quitté ses fonctions. Sous la présidence de Joe Biden, les sauvetages fiscaux ont coûté 1 900 milliards de dollars supplémentaires et 1 700 milliards de dollars en subventions aux entreprises et en réductions d’impôts ; en d’autres termes, les déficits se sont élevés à 3 600 milliards de dollars supplémentaires sous sa présidence. Lorsqu’il a quitté ses fonctions, la dette nationale américaine s’élevait à 36 000 milliards de dollars.
La politique monétaire en 2020-21 a été une répétition de celle de 2008-09. La banque centrale a injecté 5 000 dollars de liquidités supplémentaires dans le système bancaire, même si rien n’indiquait qu’il était en difficulté en 2020, contrairement à ce qui s’était passé en 2008. La Fed a donc injecté 9 000 dollars de liquidités dans l’économie entre 2009 et 2021. Elle a ensuite commencé à relever les taux en 2021, car la réouverture de l’économie après l’affaire Covid a entraîné une forte inflation due à l’offre et à l’augmentation des prix pratiqués par les entreprises pour récupérer les pertes subies en 2020. La Fed a dû interrompre les hausses de taux d’intérêt au printemps 2020, car des taux de seulement 5,5 % provoquaient une instabilité financière dans les petites banques régionales des États-Unis.
Ce que je viens de décrire montre que les politiques fiscales et monétaires traditionnelles conçues pour stimuler la reprise après une récession ne fonctionnent plus très bien. Elles ont créé de graves contradictions internes. Une montagne toujours plus grande de stimuli doit être jetée sur l’économie pour générer une reprise réelle toujours plus faible. Je pense que cela est dû au fait que l’économie capitaliste du 21e siècle s’est financiarisée à outrance. La stimulation budgétaire et monétaire finit par être détournée vers l’investissement dans les marchés d’actifs financiers au lieu de l’investissement réel aux États-Unis. Ou bien elle est détournée par des investisseurs capitalistes à l’étranger pour financer l’expansion du capital et de l’empire américains à l’étranger. Ou encore, elle est tout simplement redistribuée aux actionnaires des entreprises. Il est à noter que pas moins de 17 000 milliards de dollars ont été distribués aux actionnaires des entreprises du Fortune 500 depuis 2010 sous la forme de rachats d’actions et de versements de dividendes. Les mesures de relance budgétaire et monétaire prises par le Congrès et la banque centrale reviennent donc à « tirer sur la corde », pour reprendre la métaphore trop souvent citée par les économistes. Il s’agit de prendre des mesures de relance de plus en plus importantes pour la croissance réelle. J’explique cela plus en détail dans mon livre à paraître cette année chez Clarity Press, « The Twilight of the American Empire » (Le crépuscule de l’empire américain).
Bien sûr, ce scénario concerne la dette publique. Mais il est intéressant par rapport à votre question car il soulève la possibilité que la prochaine grande crise financière puisse signifier que le(s) gouvernement(s) aura(ont) plus de mal à stabiliser la crise, si les politiques fiscales et monétaires sont de plus en plus inefficaces.
Il est important de comprendre que les niveaux d’endettement et les taux de croissance ne sont pas en soi le problème. Le problème est celui du financement de la dette et des ressources disponibles pour le faire. Le financement consiste à payer le principal et les intérêts de la dette. Dans le cas du gouvernement américain, il peut toujours créer plus de liquidités pour faire face à une crise, même s’il doit les « imprimer ». En effet, le dollar américain est la monnaie mondiale et les États-Unis peuvent « exporter » la crise vers d’autres pays qui ne peuvent pas simplement « imprimer » leur monnaie pour éviter une crise. Dans la mesure où le dollar américain décline en tant que monnaie de réserve et de transaction mondiale, ce qui, à mon avis, a commencé à se produire avec la montée en puissance des BRICS, même les États-Unis auront des difficultés à stabiliser un nouveau krach financier et économique national. Cependant, contrairement à beaucoup de gens de gauche, je ne vois pas le dollar ou l’empire économique américain imploser pour le moment. Il est en difficulté, les contradictions s’intensifient, mais il ne s’effondre pas. Les capitalistes américains ont encore beaucoup de ressources pour essayer de protéger le dollar et l’empire. Trump devrait être considéré comme une tentative en ce sens en 2025.
L’instabilité financière peut se produire dans le secteur privé des entreprises, bien sûr, et pas seulement dans le secteur public. Les niveaux d’endettement des entreprises peuvent augmenter, et c’est d’ailleurs ce qui se passe. Aux États-Unis, la dette des entreprises s’élève peut-être à 10 ou 20 000 milliards de dollars. La dette des ménages s’élève à environ 18 000 milliards de dollars et augmente rapidement, car les revenus salariaux ne suivent tout simplement pas l’inflation. Les ménages peuvent subir un krach financier. Qu’il s’agisse d’entreprises ou de ménages, le problème est le même que pour les gouvernements. Ce n’est pas seulement le niveau d’endettement qui compte, ni même le taux d’augmentation de la dette, bien qu’il soit plus important. Il s’agit de savoir si les entreprises peuvent « financer » leur dette en couvrant les paiements du principal et des intérêts à mesure qu’ils arrivent à échéance. Cela dépend de la croissance des revenus. Si elle est insuffisante pour couvrir les coûts de la dette, il est probable que l’entité (entreprise ou ménage) sera en défaut de paiement. Si elles arrivent à restructurer cette dette (ndlr : opération consistant à regrouper tous ses crédits en un seul afin de n’avoir plus qu’à rembourser un unique prêt dont les mensualités sont plus faibles), elles peuvent alors devenir « insolvables », ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas la payer même si elle est restructurée. L’étape suivante est alors la faillite. C’est alors que le facteur de contagion peut entrer en jeu. La faillite d’une grande institution, qu’il s’agisse d’une banque ou même d’une grande entreprise (comme Intel ou Boeing, aujourd’hui toutes deux en difficulté), peut précipiter une réaction en chaîne de défauts de paiement et de faillites. Pour éviter cela, la banque centrale et/ou le gouvernement doi(ven)t injecter davantage de liquidités dans le système pour le stabiliser temporairement. Mais l’injection de liquidités supplémentaires dans le système alimente la mauvaise répartition de l’argent sur les marchés d’actifs financiers, le détournement offshore ou l’augmentation de la richesse des actionnaires.
Le point à retenir est que les injections de liquidités à court terme (monétaires et fiscales) peuvent stabiliser temporairement la crise (réelle et/ou financière), mais cette même injection de liquidités engendre une financiarisation accrue, une augmentation de la dette et exacerbe la probabilité d’une nouvelle crise et d’un nouveau krach plus importants à l’avenir. En bref : la solution à la crise immédiate crée une crise ultérieure encore plus grave.
Donc, pour en venir plus directement à votre question : une nouvelle crise du type de celle de 2008 ou des années 1930 est-elle imminente ? C’est difficile à prévoir. La dette du gouvernement américain devient insoutenable. Le système ne peut pas continuer à enregistrer des déficits de 2 000 milliards de dollars par an et à augmenter la dette au-delà de 37 000 milliards de dollars maintenant que les taux d’intérêt se maintiennent dans une fourchette de 4 à 5 %. Les États-Unis versent déjà aux détenteurs d’obligations américaines 1000 milliards de dollars par an en paiements d’intérêts sur ces 37 000 milliards de dollars. L’organe de recherche du Congrès, le CBO, estime que ce montant atteindra 56 000 milliards de dollars et 1 700 milliards de dollars de paiements d’intérêts par an d’ici à 2034. Les États-Unis dépensent déjà 1 300 milliards de dollars par an pour la défense. C’est dans ce contexte qu’il convient d’envisager les réductions de coûts actuelles de Trump, tant à l’étranger qu’à l’intérieur du pays. L’empire doit se restructurer financièrement. Les dépenses inutiles (guerre en Ukraine, OTAN, bases, USAID, etc.) sont réduites. Il en va de même pour les programmes sociaux américains et les emplois publics.
Mais je ne vois toujours pas de crise de la dette publique aux États-Unis. Pas tant que le dollar américain restera le pivot de l’empire américain.
Qu’en est-il d’une crise bancaire ? Jusqu’à présent, la Fed a réussi à contenir la crise des banques régionales de 2002 en y injectant 1 000 milliards de dollars supplémentaires. Et les grandes banques regorgent de bénéfices. Je ne vois donc pas de crise bancaire imminente. Qu’en est-il des entreprises non bancaires ? Je surveillerais Intel et Boeing. Une contagion financière peut se produire si une société non bancaire implose, à condition qu’elle soit suffisamment importante. Ces deux-là sont concernés. Mais le gouvernement est déjà en train de les renflouer discrètement. Qu’en est-il des ménages ? Leur problème d’endettement est déjà grave. Des millions de personnes ont atteint le plafond de leur crédit (dette). Ils réagissent en réduisant leurs dépenses, ce qui est déjà le cas. Si l’un de ces secteurs connaît une crise de paiement de la dette, le gouvernement et la banque centrale peuvent généralement « contenir » la contagion en les renflouant, à condition que la crise n’éclate pas trop vite et que la contagion ne s’accélère pas. Avec le temps, le gouvernement et la Fed peuvent stabiliser la situation.
Sommes-nous donc plus proches d’une Grande Dépression comme dans les années 1930 ? En ce qui concerne les contradictions internes croissantes, je dirais que oui. En ce qui concerne les excès du niveau d’endettement, je dirais encore oui. Mais nous n’avons pas encore atteint le mur du non-paiement du principal et des intérêts de la dette – qu’il s’agisse de celle des entreprises ou de celle des gouvernements. Jusqu’à présent, les gouvernements y sont parvenus, en dépit des problèmes fondamentaux croissants qui se cachent sous le système.
Est-ce que la mise en place du DOGE (Département de l’Efficacité gouvernementale) et la brutalité de la méthode employée n’est pas un signe de panique pour obtenir des marges de manœuvres budgétaires avant le grand krach ?
Comme je l’ai suggéré en répondant à la question précédente, le DOGE représente la reconnaissance par l’administration Trump de la nécessité de réduire le déficit budgétaire américain qui s’accélère et la dette nationale qui en découle. Elle ne peut pas continuer à creuser des déficits de 2 000 milliards de dollars par an et à porter la dette nationale à 56 000 milliards de dollars en dix ans, tout en versant 1 700 milliards de dollars par an, prélevés sur le budget, aux détenteurs d’obligations du Trésor. Pas si elle veut continuer à financer l’énorme budget du Pentagone et de la Défense et poursuivre les réductions d’impôts de 4 500 milliards de dollars pour les entreprises et les investisseurs.
Le DOGE fait partie de la stratégie générale visant à réduire le déficit et la dette au niveau national en limitant les programmes sociaux et les emplois publics, alors que Trump réduit simultanément les coûts inutiles des dépenses étrangères qui ont également un impact sur le budget et la dette.
Le DOGE a prévu de réduire les programmes sociaux et l’emploi public de 1 000 à 1 700 milliards de dollars. Ce n’est pas terrible si l’on se souvient qu’Obama et les Républicains ont réduit les dépenses de 1 000 milliards de dollars en 2011. Chaque fois qu’il y a une grande crise économique – que ce soit en 2008-09 ou en 2020-21 – les politiciens américains injectent de l’argent pour contenir l’effondrement. Puis, une fois la situation partiellement stabilisée, ils reprennent ce qu’ils ont jeté, et même un peu plus. Obama l’a fait en 2011. Trump le fera en 2025, après la relance budgétaire massive de 6 700 milliards de dollars et le sauvetage financier de 2021-22 qui a suivi le Covid.
Les coupes probables de 1 000 milliards de dollars du DOGE ne représentent pas une panique, mais un plan. Les grands médias de propagande des États-Unis – étroitement liés au parti démocrate, à la bureaucratie d’État américaine et à l’aile des capitalistes qui veulent simplement continuer comme ils l’ont fait sous Biden – font de leur mieux pour faire du sensationnel avec les politiques de Trump. Je ne fais pas l’apologie de ces politiques. Elles vont dévaster les travailleurs et les syndicats américains. Mais il y a une méthode dans le plan Trump. Il ne s’agit pas seulement de la folie de Trump.
Il est vrai que les initiatives de Trump reflètent une rapidité et une dimension de changement politique sans précédent depuis 1980 et la réponse de l’administration Reagan à la crise des années 1970 dans les économies américaine et mondiale et dans l’empire américain lui-même. Les politiques néolibérales introduites par Reagan après 1980 ont servi à contrer la contestation des capitalistes américains par la classe ouvrière à l’intérieur du pays ainsi que par des adversaires intra-capitalistes, principalement le Japon et l’URSS et, dans une moindre mesure, l’Europe également. Les politiques néolibérales de Reagan ont réussi à donner à l’empire américain quatre décennies supplémentaires d’expansion. Cette expansion s’est arrêtée autour de 2008 sur le plan économique et politique. Les décideurs politiques capitalistes américains, d’Obama à Trump 2.0, ont tenté de rétablir le cocktail de politiques néolibérales. Cependant, comme je l’ai dit, les contradictions politiques s’intensifient et cela devient de plus en plus difficile.
Il faut considérer Trump, le DOGE et les nouvelles initiatives de politique étrangère de Trump (tarifs douaniers, accord avec la Russie en Ukraine, retrait de l’OTAN, et même le Groenland et le canal de Panama) comme un nouvel effort du capital américain pour restructurer les relations, étrangères et intérieures, dans l’empire. Cette restructuration a été couronnée de succès en 1913-1918, de nouveau en 1944-1950, puis en 1979-1986, et aujourd’hui, elle tente à nouveau d’être menée à bien par Trump. Il reste à voir si Trump réussira à résoudre la crise budgétaire et à éviter un nouvel effondrement financier. Le jury n’a pas encore « rendu son verdict », comme on dit. Il vient juste de s’asseoir et est en train d’écouter les déclarations d’ouverture du procureur, pour emprunter une métaphore.
Pensez-vous, comme certains économistes dissidents, que l’oligarchie mondialiste, ennemie du nationalisme US de Trump et très puissante dans la finance, à la FED, dans les grandes banques américaines ou au Trésor, peut accélérer la crise de la dette aux États-Unis via une hausse rapide et excessive des taux d’intérêt afin de faire dérailler le projet MAGA de Trump et accélérer le grand reset du capitalisme à bout de solutions dans un de ses fameux cycles dont vous parlez dans vos livres ?
Je ne pense pas que les capitalistes financiers veuillent délibérément précipiter une crise financière juste pour faire dérailler Trump. Je soupçonne que nombre d’entre eux considèrent que les changements opérés par Trump sont nécessaires pour l’empire et qu’ils offrent également de nouvelles opportunités rentables. Ils sont favorables à de nombreux projets de Trump visant à privatiser certains pans de l’économie, en particulier le système bancaire parallèle (BlackRock et autres). BlackRock, par exemple, est déjà impliqué dans le rachat des installations portuaires aux deux extrémités du canal de Panama. Je suis sûr qu’ils voient, comme beaucoup d’autres, de nouvelles opportunités d’exploitation des minéraux au Groenland. Et puis il y a les projets de Trump de réorienter les dépenses d’aide étrangère, les opérations de la CIA à l’étranger, et même l’OTAN, vers le développement de nouvelles armes par le biais du Pentagone. Quant à BlackRock, il est de notoriété publique qu’il est fortement investi en Ukraine. Un règlement de ce conflit se traduira par d’autres opportunités d’investissement dans la soi-disant reconstruction de l’économie et de l’infrastructure ukrainiennes après la guerre, qui se profile à l’horizon. Tout le discours de Trump à propos d’un accord sur les minerais en Ukraine vise à créer un fonds de capital d’investissement, dont une grande partie sera distribuée aux grandes entreprises américaines et aux capitalistes financiers qui se chargeront de la « reconstruction ». Ainsi, une fois de plus, je ne prêterais pas trop d’attention aux chaînes de propagande « atlantiste » des grands médias américains. Je ne ferais pas non plus de parallèles historiques trop rapides avec les capitalistes qui ont favorisé les guerres mondiales pour détourner l’attention du public des crises nationales. La crise économique et politique actuelle des États-Unis n’est pas encore très grave. Ce n’est pas l’effondrement des régimes des années 1930. Les capitalistes financiers ne sont pas non plus l’équivalent historique des aristocraties européennes consanguines qui, en 1912-1914, se disputaient le partage du reste du monde pour leurs empires respectifs.
Bref, je ne vois pas les capitalistes américains – quelle que soit l’aile (MAGA ou atlantiste) qu’ils préfèrent – aller jusqu’à provoquer une crise juste pour mater Trump. Ils ne sont pas tous aussi opposés à lui que les médias de propagande/parti démocrate veulent le faire croire. De plus, il y a beaucoup d’argent frais à tirer de la restructuration de Trump.
Sur un autre sujet, pensez-vous que le rapprochement spectaculaire de Trump avec la Russie est un retour à la doctrine Monroe avec un partage du monde entre grandes puissances dans le respect de leur sphère d’influence respective ou bien est-ce une simple ruse rappelant le rapprochement tactique des Etats-Unis avec la Chine afin d’isoler l’URSS dans les années 1970 pour, en détachant la Russie de la Chine, empêcher l’intégration eurasiatique, afin de pouvoir s’attaquer à la Chine comme jadis à l’URSS ?
Le fait de parler de « retour » à la doctrine Monroe suggère que les États-Unis ne l’ont jamais abandonnée. Les États-Unis ont toujours considéré l’hémisphère occidental comme leur sphère d’influence. Le problème est que depuis le 11 septembre et les néoconservateurs américains qui dirigent la politique étrangère, les États-Unis se sont focalisés à l’excès sur le Moyen-Orient. Ils ont ainsi ignoré les changements survenus en Amérique latine au cours du dernier quart de siècle. Ils pensent probablement aussi que cette focalisation a ralenti les projets de confrontation avec la Chine en mer de Chine méridionale et à Taïwan comme ils le souhaitaient. Les néoconservateurs américains ont ensuite redoublé leur politique ratée en confiant à un président léger et partiellement dément, Biden, le soin d’exécuter les vœux des Européens et de s’engager à outrance dans la guerre d’Ukraine.
La réorientation actuelle de la politique étrangère de Trump doit être considérée comme une consolidation de l’empire américain, à la fois en termes d’objectifs et de dépenses. Les États-Unis se recentrent sur l’hémisphère occidental et le lac américain appelé océan Pacifique. Il s’agit là de leurs intérêts impériaux, pendant qu’ils se restructurent pour faire face aux véritables défis à l’hégémonie américaine : les BRICS, le Global South et la Chine. Pour une raison ou pour une autre, les néoconservateurs ont convaincu les démocrates amateurs de se concentrer sur l’Europe de l’Est. Ils ont convaincu les politiciens d’étendre l’OTAN à l’est, ce qui a rendu inévitable une confrontation avec la Russie. Ils les ont ensuite convaincus que la Russie imploserait économiquement et qu’un changement de régime serait facile. Tout cela s’est évidemment retourné contre eux. L’Histoire montrera que les néoconservateurs, qui se sont essentiellement emparés de la politique étrangère des États-Unis à la fin des années 1990 et ont ensuite renforcé leur contrôle sous Bush et Obama, ont été un désastre pour l’empire américain.
Trump reconnaît que continuer à subventionner la défense de l’Europe et à payer pour l’aventure militaire en Ukraine n’est pas dans l’intérêt des États-Unis à long terme. Il n’est pas nécessaire de dépenser des milliards de dollars pour soutenir l’Europe. Et la guerre en Ukraine a été perdue dès le départ, comme toute personne ayant une formation militaire de type ROTC (ndlr : Le Reserve Officers Training Corps, organisation militaire chargée de l’entrainement des officiers de réserve des forces armées des États-Unis dans un cadre universitaire) et une compréhension des principes de la guerre peut facilement le constater. Une folie totale. Trump sait que la guerre en Ukraine est déjà perdue et ne veut pas y consacrer plus d’argent, alors que les États-Unis ont déjà dépensé 350 milliards de dollars. Il ne veut pas non plus continuer à financer la défense de l’Europe. Ni l’une ni l’autre ne sont stratégiques. Le monde a évolué. Les BRICS et le Sud global sont stratégiques. Le rétablissement de l’hégémonie américaine dans l’hémisphère occidental est stratégique.
Jusqu’à présent, les États-Unis n’ont pas réussi à développer une stratégie arctique cohérente, alors que la Russie l’a fait et a des années d’avance sur les États-Unis dans cette région. Le Groenland est un élément clé de la nouvelle stratégie arctique des États-Unis. Il possède également des minéraux essentiels dont les États-Unis ont besoin. Le Canada est situé entre l’Alaska et le Groenland. Il doit lui aussi faire partie de la nouvelle stratégie arctique des États-Unis pour faire face à la Russie dans cette région. Mais le Canada s’est révélé peu fiable sous Trudeau, que Trump déteste de toute façon. Pour une raison quelconque, le Canada s’oriente davantage vers l’Europe. C’est la raison pour laquelle Trump a imposé des tarifs douaniers au Canada et l’a harcelé pour qu’il devienne le 51e État américain. Ce que Trump veut vraiment, ce sont les territoires arctiques septentrionaux du Canada pour en faire un rempart stratégique global dans l’Arctique. C’est ainsi que je vois les choses. Le Groenland est également important si les États-Unis veulent un jour refuser à la Chine un passage maritime à travers l’Arctique jusqu’à l’océan Atlantique, maintenant que la plate-forme glaciaire de l’Arctique diminue rapidement.
Quant à l’action de Trump concernant le Panama, il s’agit là aussi de mettre en échec la Chine qui a investi massivement dans le canal et le Panama. La Chine investit aussi beaucoup en Équateur et au Pérou. Je prévois des initiatives de Trump dans ces pays également. Trump veut reprendre le canal pour l’interdire à la Chine. Le canal doit également être élargi, ce que le Panama a tardé à faire. Pourquoi ? Les plus grands super-transporteurs américains de la classe Ford ne peuvent pas passer dans le canal, m’a-t-on dit. Il faut l’agrandir. Cela fait également partie du plan de Trump. Et, comme je l’ai déjà dit, BlackRock a déjà acheté des installations portuaires des deux côtés du canal. Je prédis que les États-Unis prendront le contrôle du canal sous Trump. La question de savoir s’il s’agit d’une appropriation ou non n’est pas cruciale.
Je pense que ce que nous voyons, c’est que Trump tente de conclure des accords avec Poutine et Xi sur la base d’une nouvelle compréhension géopolitique mondiale. Trump voit également des opportunités commerciales avec la Russie. C’est ce qui ressortira des négociations actuelles entre les États-Unis et la Russie. Les sanctions seront abrogées, du moins par les États-Unis. Les Européens sont une autre question. Ils se complaisent encore dans les fantasmes néocons sur l’Ukraine et la Russie. Il semblerait qu’après avoir rencontré Poutine, Trump ait déjà invité Xi à venir à Washington. Les trois vont se partager l’économie mondiale, je le prédis. C’est presque comme un parallèle au sommet de Yalta en 1944, lorsque Roosevelt, Churchill et Staline se sont rencontrés et ont redéfini les relations politiques de l’après-guerre. Sauf que cette fois-ci, il n’y a ni Churchill ni Europe. L’Europe est destinée à devenir un marécage économique mondial. Politiquement aussi. C’est en partie pour cela que les Européens sont si effrayés par Trump. Il ne les laissera même pas s’asseoir à la table des discussions avec la Russie.
Je pense que les trois définiront de nouvelles sphères d’intérêt et de nouveaux domaines de coopération. En d’autres termes, les États-Unis sous Trump s’accommodent des nouvelles réalités. Les États-Unis cherchent à se rapprocher des deux puissances mondiales. Cela inclura un rapprochement plus large entre les États-Unis et les BRICS.
Quant à savoir s’il s’agit d’une ruse de Trump pour séparer la Russie de la Chine, je ne le pense pas. Nous ne sommes plus dans les années 1970, lorsque la Chine cherchait désespérément à nouer des relations avec la Russie, car son économie était affaiblie par les bouleversements de la révolution culturelle. La Chine est aujourd’hui une puissance économique mondiale. Et le Sud global est également un facteur majeur dans tout cela puisque la Chine et les BRICS sont désormais liés. Le Sud est désormais industrialisé et ne peut être ignoré, comme ce fut le cas dans les années 1980 lorsque les États-Unis ont restructuré leurs relations avec le Japon, l’Europe et l’URSS.
J’ajouterais que même si les ouvertures de Trump à la Russie étaient une « ruse », la Russie et la Chine ne rompront pas leur nouvelle alliance et leur coopération économique. La Russie a totalement renoncé, je crois, à restaurer ses relations économiques ou autres avec l’Europe. L’Europe s’est « tiré une balle dans le pied », comme on dit, en raison de son obsession pour la guerre par procuration qu’elle mène en Ukraine contre la Russie.
L’hystérie guerrière actuelle des élites européennes contre la Russie est vraiment étrange. Parfois, je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec l’Europe au niveau de l’ADN. Après tout, ils nous ont donné deux guerres mondiales et il semble maintenant qu’ils en veulent une autre avec la Russie. Mais cette fois, les États-Unis et le reste du monde ne se joindront pas à eux. La récente décision de l’Allemagne visant à renouveler son armement militaire devrait susciter une certaine inquiétude. Il s’agit peut-être d’un autre exemple de l’agitation qui règne au sein de l’OTAN. Comme le dit le proverbe, « l’objectif de l’OTAN est d’empêcher les Russes d’entrer et les Allemands de sortir ». L’Allemagne prendra probablement la tête de la remilitarisation de l’Europe et du développement de l’industrie de l’armement.
Je prédis également que l’OTAN et l’UE elle-même finiront par se restructurer. Je ne vois pas la Hongrie, la Slovaquie et la Serbie en faire partie à long terme. Et s’ils se séparent, il faut s’attendre à une sorte d’alliance de l’Europe du Sud-Est avec la Roumanie et la Bulgarie qui les rejoindront. Peut-être même la Turquie.
À plusieurs égards, je vois le résultat de la perte de la guerre en Ukraine conduire l’Europe à une plus grande dépendance économique à l’égard des États-Unis. Ce n’est pas seulement l’Europe qui devient plus dépendante des ventes d’énergie américaines, comme elle l’a déjà fait, mais toute son économie, car les entreprises américaines s’installent dans le vide économique laissé par le retrait de la Russie. Après avoir chassé la Russie de la région, l’Europe devra devenir plus dépendante des États-Unis. C’est un capital en expansion. Une grande partie de ces investissements se fait aux États-Unis plutôt qu’en Europe. Les récentes politiques fiscales américaines, et maintenant les droits de douane, témoignent de l’inévitable dépendance croissante de l’Europe à l’égard des États-Unis. Comme je l’ai dit récemment, l’Europe est destinée à devenir un musée agréable à visiter, mais de moins en moins pertinent à l’échelle mondiale, tant sur le plan économique que géopolitique.
Après 75 ans d’intégration, pensez-vous que Trump sera capable de désengager aussi rapidement les Etats-Unis de l‘Europe sur les plans politiques, économiques et militaires ?
J’ai déjà abordé cette question dans mes remarques précédentes. Mais j’ajouterais qu’il ne faut pas considérer la relation future entre les États-Unis et l’Europe comme un désengagement. Il s’agit plutôt d’une restructuration, les États-Unis apportant moins de soutien économique et politique. Pensez-y comme une dépendance croissante de l’Europe à l’égard des États-Unis, qui deviendra plus claire une fois que la poussière sera retombée sur les différends actuels concernant l’Ukraine, la Russie, l’OTAN, le Groenland et les tarifs douaniers.
Les changements de politique de Trump ne visent pas à se désengager de l’Europe. Et je ne pense pas que Trump s’engage à faire quoi que ce soit avec l’Europe « rapidement ». Le changement de cap des États-Unis est fondamental et tellement évident qu’il semble que Trump soit impatient.
Par ailleurs, il faut s’attendre à ce que le rôle mondial du G7 change également. Les États-Unis deviendront plus dominants par rapport à l’Europe et au G7 ou ils ignoreront tout simplement le G7. Le rôle du G20 deviendra encore plus important pour les États-Unis à l’avenir, tout comme les relations bilatérales des États-Unis avec la Russie et probablement la Chine. Il n’y a donc pas de découplage ni de désengagement, mais une restructuration fondamentale des relations entre les États-Unis et l’Europe qui ne plaira pas aux élites politiques européennes, mais qu’elles accepteront à plus long terme. Pensez-y : vers qui l’Europe peut-elle se tourner ? Elle n’a aucune relation d’avenir avec la Russie. Elle s’aperçoit qu’elle ne peut pas rivaliser avec la Chine et son approbation des sanctions contre la Chine a envenimé cette relation. Peut-elle se concentrer sur le Sud mondial en concurrence avec la Russie, la Chine et les États-Unis ? Pas très bien, je pense. Elle n’aura donc pas d’autre choix que de rechercher un nouvel ensemble de relations économiques avec les États-Unis, ce qui, à long terme, signifie également politiques. Par ailleurs, comme je l’ai suggéré, plusieurs pays d’Europe pourraient rompre non seulement avec l’OTAN, mais aussi avec l’UE.
Pour mon pays l’Algérie, pays riche en hydrocarbures et en ressources minières, très attaché à sa souveraineté, pilier du multilatéralisme en Afrique, partenaire des BRICs, conseilleriez-vous de se rapprocher tactiquement de l’Amérique de Trump et d’accepter ses horribles deals ou pensez-vous que les compromis avec cette Amérique sont des pièges mortels à moyen et long terme ?
Je ne pense pas que le choix soit un « ou bien/ou bien ». L’Algérie (et tous les BRICS) peut et doit faire les deux. Pour des pays comme le vôtre, c’est le moment idéal pour négocier un accord avec l’empire américain, qui est désormais en position de faiblesse. Passez des accords si c’est à votre avantage, tant que cela ne signifie pas que vous renoncez à votre souveraineté. Et jouez aussi la carte des BRICS. N’est-ce pas ce que la Russie fera bientôt lorsqu’elle conclura des accords commerciaux dans les négociations actuelles avec Trump, et qu’elle décidera de solutions de compromis pour mettre fin au rôle des États-Unis dans la guerre en Ukraine ? Si la Russie peut coupler les négociations sur la guerre avec des accords de coopération économique, l’Algérie et les autres BRICS le peuvent aussi.
Les États-Unis entrent dans une période où ils savent qu’ils doivent établir de nouvelles relations avec les BRICS. Ils chercheront à conserver l’influence et le rôle du dollar, du système de paiement SWIFT, du FMI, etc. tout en reconnaissant certaines des demandes des BRICS et des pays du Sud. Le monde passe d’une économie unipolaire à une économie multipolaire, c’est vrai. Mais il s’agira d’une période de transition qui se poursuivra pendant un certain temps. Un bon moment pour faire levier sur Trump et l’empire américain qui veut passer un accord. Trump a besoin de quelques succès pour montrer que sa stratégie générale de restructuration des relations économiques et politiques mondiales des États-Unis fonctionne.
Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen
Qui est Jack Rasmus ?
Le Dr Jack Rasmus, titulaire d’un doctorat en économie politique, enseigne l’économie au St. Mary’s College en Californie. Il est l’auteur et le producteur de divers ouvrages de fiction et de non-fiction, notamment les livres suivants: The Scourge of Neoliberalism: US Economic Policy From Reagan to Bush (2019) ; Alexander Hamilton & The Origins of the Fed (2019) ; Central Bankers at the End of Their Ropes: Monetary Policy and the Coming Depression (2018) ; Looting Greece: A New Financial Imperialism Emerges (2016) ; Systemic Fragility in the Global Economy (2016). En français « L’économie d’Obama : la reprise pour quelques-uns » (2012) ; « Récession épique : prélude à la dépression mondiale » (2010), et « La guerre intérieure : l’offensive des entreprises de Ronald Reagan à George W. Bush » (2006).
Il a écrit et produit plusieurs pièces de théâtre, dont « Fire on Pier 32 » et « 1934 ». Jack est l’animateur de l’émission de radio hebdomadaire Alternative Visions sur le Progressive Radio Network, et journaliste. Il écrit sur des questions économiques, politiques et sociales pour divers magazines, dont European Financial Review, World Financial Review, World Review of Political Economy, le magazine « Z », et d’autres. Avant d’occuper ses fonctions actuelles d’auteur, de journaliste et d’animateur radio, Jack a été économiste et analyste de marché pour plusieurs multinationales pendant 18 ans et, pendant plus de dix ans, président de syndicat local, vice-président, négociateur de contrats et organisateur pour plusieurs syndicats, dont l’UAW, le CWA, le SEIU et HERE.
Son site web, www.kyklosproductions.com , propose en téléchargement ses articles, interviews radio-télévisées, pièces de théâtre et critiques littéraires. Il tient un blog sur jackrasmus.com , où sont publiés des commentaires hebdomadaires sur l’économie américaine et mondiale. Son compte Twitter est @drjackrasmus.
Source : auteur
https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/…
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