Par Mohamed Belaali

Les Etats-Unis, Israël et leurs alliés locaux comme la Turquie, l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe viennent d’ installer au pouvoir des djihadistes qu’ils ont créés de toutes pièces. Ce que l’occident capitaliste appelle les « rebelles syriens » ne sont en réalité que des organisations et des mouvements terroristes recrutés, financés, entraînés et armés par les américains et leurs satellites dans le seul et unique but de déstabiliser les régimes qui leur sont réfractaires et servir leurs intérêts économiques et stratégiques. Ces djihadistes syriens sont devenus, grâce aux pétrodollars et aux dollars américains, des « libérateurs » comme les Talibans afghans étaient devenus des Moudjahidines de la liberté. Ce sont ces mêmes milices devenues subitement « libérateurs » qui sont aujourd’hui au pouvoir à Damas. C’est la pire chose qui puisse arriver au peuple syrien, notamment pour ses classes laborieuses. Il suffit de voir dans quelle situation tragique se trouvent aujourd’hui les peuples afghan, irakien et libyen qui ont tous subi les interventions militaires impérialistes pour s’en convaincre.

Rappelons que ce sont quand même les américains qui ont créé les « Moudjahidines de la liberté » qu’on appelle désormais talibans ! Les Etats-Unis avaient besoin de ces combattants fanatisés pour renverser le gouvernement pro-soviétique installé à Kaboul. En effet, en juillet 1979, le président américain Jimmy Carter décide d’apporter une assistance clandestine aux opposants religieux du régime communiste afghan. En septembre 1979, le Président de la République Démocratique d’Afghanistan Mohammed Taraki pro-soviétique est renversé. L’Union soviétique intervient alors militairement en décembre de la même année pour maintenir, vaille que vaille, le gouvernement afghan sous son influence. Pour combattre les troupes soviétiques présentes sur le sol Afghan, Washington avait besoin du Pakistan :  » Le Pakistan fut le préservatif dont les américains avaient besoin pour pénétrer en Afghanistan » disait un général pakistanais à la retraite . Les talibans sont entrés à Kaboul en avril 1996 remplaçant le dernier président de la République Démocratique d’Afghanistan, le docteur Najibullah. Il est clair que les talibans n’auraient jamais pu s’emparer de l’Afghanistan et installer un régime de terreur sans les Etats-Unis et le Pakistan.

L’invasion de l’Irak en mars 2003 a été précédée par un gros mensonge inventé de toutes pièces par l’administration Bush : les Armes de destruction massive (ADM). Une longue tradition de mensonges et de propagande jalonne l’histoire des États-Unis et de ses alliés. Ils leur servent de prétexte et de légitimation pour s’immiscer dans les affaires des peuples. Rappelons-nous, entre autres, le charnier de Timisoara (Roumanie) en 1989 où, selon les journalistes occidentaux, gisaient quatre mille morts ! On a appris par la suite qu’il s’agissait d’une gigantesque manipulation pour tromper l’opinion mondiale.

« Le régime irakien possède et produit des armes biologiques et chimiques, Il cherche à se procurer des armes nucléaire » disait Bush dans un discours à Cincinnati le 7 octobre 2002. L’Irak représentait donc un véritable danger pour le monde. Il faut sécuriser ce pays et apporter à sa population démocratie, liberté et prospérité. En guise de démocratie, liberté etc., c’est le chaos qui règne aujourd’hui dans ce pays martyr. L’Etat s’est littéralement effondré, « les tensions communautaires sont exacerbées et le pays est au bord de la partition« . Alors que le pays produit quatre millions de barils de pétrole par jour, les services essentiels comme l’eau et l’électricité sont quasiment inaccessibles pour une large majorité d’irakiens. La population souffre également, selon Amnesty International, « des effets dévastateurs des crimes de guerre et autres atrocités perpétrés par la coalition que dirigeaient les États-Unis lors de l’invasion puis de l’occupation de l’Irak ».

Dans le cas de la Libye, c’est le prétexte humanitaire qui a été invoqué pour l’envahir : le 28 février 2011, Hillary Clinton déclarait « Nous croyons qu’il y aura des besoins pour aider à des interventions humanitaires, nous savons également qu’il va y avoir probablement malheureusement des besoins pour des missions de sauvetage ». Ainsi on intervient au nom de l’humanitaire et on invoque l’humanitaire pour justifier l’intervention ! Hillary Clinton, toujours elle, a annoncé publiquement que les États-Unis avaient des contacts directs avec les rebelles libyens et que toutes les options pour éliminer Kadhafi du pouvoir restaient ouvertes. Mais l’administration Obama ne se contentait pas seulement de produire des déclarations menaçantes, elle a envoyé au large des côtes libyennes des forces navales et aériennes.Washington a établi également ce que les militaires appellent «no-fly zones» (zone d’exclusion aérienne) dans le ciel libyen. En mars 2011, l’OTAN, bras armé des Etats-Unis, a entamé ses opérations militaires avec l’aval des Nations Unies. Les nombreuses milices islamistes avaient non seulement servi de troupes terrestres aux bombardements de l’Alliance atlantique, mais également de justification et de légitimation de l’intervention impérialiste pour renverser le pouvoir en place. Le régime de Kadhafi a été remplacé, au prix de milliers de morts, de destruction de l’infrastructure économique et de l’unité du peuple libyen, par des groupes armés qui jusqu’à aujourd’hui encore continuent à s’affronter. Règlements de comptes, torture, violence ethnique, corruption généralisée, tribus réclamant leur autonomie, pouvoir central impuissant et compagnies pétrolières étrangères pompant allègrement le pétrole du peuple libyen, voilà à quoi ressemble la Libye après l’intervention impérialiste.

Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie est l’aboutissement de la longue guerre contre-révolutionnaire menée par les Etats-Unis depuis 2011 dans le monde arabe en étroite collaborations avec ses alliés locaux. Les soulèvements populaires en Tunisie, en Égypte, au Yémen, à Bahreïn, etc. ont suscité d’immenses espoirs de changement dans les masses arabes opprimées y compris en Syrie. Mais l’impérialisme ne peut supporter ni tolérer la marche des peuples vers leur émancipation et leur libération des régimes qui les oppriment et les maintiennent dans le sous-développement et la misère. C’est dans ce cadre qu’il faut situer l’intervention de l’OTAN en Libye, de l’Arabie Saoudite à Bahrein et au Yémen. En Syrie, les américains avec l’aide de la Turquie, du Qatar et des pays du Golfe notamment se sont activés à renverser le pouvoir en place. A l’époque l’Armée libre syrienne (ALS), devenue aujourd’hui Armée nationale syrienne (ANS) contrôlée par la Turquie, revendiquait un certain nombre d’actions sanglantes contre l’armée régulière syrienne. Il s’agissait d’affaiblir la Syrie avant d’installer un pouvoir à leurs bottes. En Syrie comme en Afghanistan et comme en Libye, l’impérialisme américain et ses alliés ont créé et utilisé des mouvements politiques dont l’Islam n’est qu’un voile derrière lequel se cachent les intérêts des uns et des autres.

Il ne s’agit donc pas d’une révolution démocratique comme le prétend la propagande occidentale, mais d’un découpage systématique de la Syrie entre les alliés de l’impérialisme américains. Ainsi immédiatement après l’effondrement du régime d’Assad, les Etats-Unis, Israël et la Turquie se sont précipités sur la Syrie comme des vautours pour partager le butin. Et ils l’ont fait au grand jour, comme au bon vieux temps colonial, sans complexe et sans pudeur aucune. Les américains, présents au nord-est du pays, et l’armée israélienne ont mené une campagne de bombardements massifs contre toutes les infrastructures militaires syriennes. Israël s’est en même temps emparé de la totalité du plateau du Golan et se prépare à doubler la population de cette partie de la Syrie. Parallèlement, l’Armée nationale syrienne (ANS), pure créature de la Turquie (membre de l’OTAN), attaque les forces kurdes qui sont installées dans le nord-est de la Syrie pour empêcher l’établissement d’un Etat kurde dans cette région. L’intégrité du pays et son unité ne sont désormais qu’un lointain souvenir.

En s’acharnant contre des régimes laïques (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie etc.) et en condamnant toutes les voies et toutes les issues progressistes, l’impérialisme a non seulement ouvert la boîte de Pandore libérant des monstres, mais il a installé également au pouvoir par la violence des régimesobscurantistes et réactionnaires.

Les syriens à l’instar des autres peuples sont capables de régler eux-mêmes leurs problèmes internes. Il appartient au peuple syrien et à lui seul de décider de son destin. Il n’a surtout pas besoin des pays impérialistes dont toute l’histoire n’est qu’une suite de crimes, de conquêtes coloniales et d’asservissement des peuples.

Mohamed Belaali

Source : auteur
https://www.belaali.com/…

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