Discours intégral de Sayed Ali Khamenei, Guide Suprême de la République Islamique d’Iran, sur les récents développements en Syrie, le 11 décembre 2024.
Source : english.khamenei.ir
Traduction : lecridespeuples.substack.com
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Toutes les louanges sont dues à Dieu, Seigneur des mondes, et que la paix et les salutations soient sur notre Maître et Prophète, Abul Qasim al-Mustafa Muhammad, ainsi que sur sa descendance pure et choisie, en particulier le légat de Dieu sur terre (l’Imam Mahdi occulté).
Je souhaite la bienvenue à tous les chers frères et sœurs qui ont enrichi l’atmosphère de cette réunion par leurs sentiments monothéistes sincères et affectueux, en particulier à ceux qui sont venus d’autres villes.
Dans notre région, l’une des plus sensibles et critiques au monde, des événements se déroulent aujourd’hui à un rythme effréné, des événements qu’il est impératif de comprendre correctement afin d’en tirer des leçons et des enseignements. L’opinion publique de notre pays est également préoccupée par ces questions : elle s’interroge, émet des commentaires et partage ses points de vue. Il est nécessaire d’éclaircir les ambiguïtés.
Je ne vais pas analyser la situation en Syrie, car d’autres s’en chargent, mais aujourd’hui, mon objectif est de clarifier et d’illustrer. Par clarification, j’entends relater les faits tels qu’ils se sont produits, y compris ceux qui, peut-être délibérément, restent cachés, en me fondant sur ce que nous voyons et comprenons.
Par illustration, j’entends décrire notre situation, notre trajectoire, la dynamique régionale, ainsi que l’avenir de la région tel que nous le concevons. C’est l’essence et le résumé des points que je vais présenter aujourd’hui, si Dieu le veut.
Tout d’abord, personne ne doit douter que ce qui s’est produit en Syrie résulte d’un complot conjoint entre les États-Unis et le régime sioniste. Certes, le gouvernement d’un pays voisin de la Syrie a joué, et continue de jouer, un rôle évident dans ces événements [la Turquie]. Cela est connu de tous. Cependant, les principaux instigateurs et la salle de contrôle de ce complot se trouvent aux États-Unis et au sein du régime sioniste. Nous disposons de preuves indéniables à cet égard.
Une de ces preuves réside dans leur réaction à cet incident. Dans un pays, même si l’on est en désaccord avec son gouvernement, il peut arriver qu’une guerre éclate entre deux groupes rivaux. De tels événements se produisent un peu partout. Mais pourquoi intervenez-vous ? Selon des rapports, le régime sioniste a bombardé plus de 300 sites en Syrie. Pourquoi ? Si vous n’êtes pas impliqués dans cet événement, et si le complot à l’origine de cet incident ne vous concerne pas, alors pourquoi ne pas simplement observer ? Deux groupes se battent, mais quelle est la raison de votre implication dans cette guerre, et dans le bombardement de plus de 300 sites ?
Les Américains, eux aussi, ont admis ouvertement — jusqu’à hier, et le nombre est peut-être encore plus élevé aujourd’hui — avoir bombardé 75 sites. Certains de ces lieux ciblés sont des infrastructures syriennes, dont la construction ou reconstruction est particulièrement difficile et demande des efforts immenses à un pays. Construire des aéroports, établir des centres de recherche, ou former des scientifiques ne sont pas des tâches simples. Alors, pourquoi le régime sioniste et les États-Unis se sont-ils directement impliqués dans cette situation, prenant parti dans cette guerre et bombardant le pays ? Bombarder 300 ou 400 sites n’est pas une affaire anodine.
Le régime sioniste a, en outre, occupé des territoires syriens. Ses chars se sont approchés de Damas. Le plateau du Golan, qui appartient à Damas, était sous leur contrôle depuis des années, mais ils ont maintenant commencé à s’emparer d’autres régions également. Les États-Unis, l’Europe et des gouvernements qui se montrent très sensibles à de telles questions dans d’autres pays — même sur une simple parcelle de un ou dix mètres — non seulement restent ici silencieux et s’abstiennent de protester, mais apportent même leur soutien. C’est eux qui ont provoqué tout cela.
De plus, une autre preuve de leur implication réside dans ce qui s’est passé ces derniers jours au sujet de l’aide censée être acheminée au peuple syrien ou à une région particulière de la Syrie, notamment autour de Sayeda Zaynab (que la paix soit sur elle). Des ressources, du personnel et des forces devaient être transférés d’un endroit à un autre, mais tout l’itinéraire a été bloqué par des avions sionistes et américains. Des jets F-15 patrouillaient dans le ciel, empêchant tout avion de passer. Bien sûr, l’un de nos pilotes a fait preuve de courage, a pris le risque et a réussi à atterrir, mais il fallait bien plus d’efforts, qu’ils ont empêchés. Si vous n’êtes pas impliqués dans cette affaire, si vous n’êtes pas ceux qui combattent la Syrie sous le couvert d’un groupe terroriste ou d’une faction armée, si vous ne les soutenez pas, alors pourquoi faites-vous ces choses ? Pourquoi intervenez-vous ? Pourquoi offrez-vous votre aide ? Pourquoi empêchez-vous l’aide d’atteindre le peuple syrien ?
Bien entendu, chacun des agresseurs que j’ai mentionnés a ses propres motivations. Ils ont des objectifs différents. Certains cherchent à occuper des terres dans le nord de la Syrie [la Turquie], d’autres dans le sud [Israël]. Les États-Unis visent à renforcer leur emprise sur la région. Tels sont leurs objectifs, et le temps montrera que, si Dieu le veut, aucun d’entre eux ne les atteindra. Les territoires occupés en Syrie seront libérés par la vaillante jeunesse syrienne — n’ayez aucun doute que cela se produira. Les États-Unis ne parviendront pas non plus à renforcer leur position. Par la grâce et la puissance de Dieu, les États-Unis seront chassés de la région (le Moyen-Orient) par l’Axe de la Résistance.
J’ai mentionné l’Axe de la Résistance ; permettez-moi d’ajouter quelques mots. Les éléments de l’Arrogance mondiale (puissances impérialistes) jubilent face aux événements en Syrie. Ils expriment leur joie en supposant qu’avec la chute du gouvernement syrien, qui soutenait la Résistance, l’Axe de la Résistance s’est affaibli. Ils se réjouissent en proclamant que l’Axe de la Résistance est désormais fragilisé. À mon avis, ils se trompent lourdement. Ceux qui pensent que l’Axe de la Résistance a été affaibli par ces événements n’ont pas une compréhension adéquate de la Résistance et de l’Axe de la Résistance. Ils ignorent même ce que signifie véritablement l’Axe de la Résistance.
L’Axe de la Résistance n’est pas un objet que l’on peut briser, démonter ou détruire. La Résistance est une foi, une pensée, une décision ferme et sincère. La Résistance est une école de pensée, une doctrine. Elle constitue la foi d’un groupe de personnes, et non un simple accord contractuel. C’est pourquoi elle ne faiblit pas sous la pression, mais se renforce. Face aux actes d’agression, la motivation des individus et des éléments au sein de l’Axe de la Résistance s’intensifie, et la portée de cet Axe s’élargit. Ainsi fonctionne la Résistance. Lorsque les gens constatent les crimes brutaux de l’ennemi, ceux qui doutaient encore de la nécessité de résister surmontent leurs hésitations. Ils comprennent qu’il n’y a pas d’autre voie pour poursuivre leur chemin que de s’opposer fermement à l’oppresseur, au tyran et à l’intimidateur. Il faut tenir bon et résister. Voilà ce qu’est la Résistance.
Regardez le Hezbollah au Liban, ou le Hamas, le Jihad islamique et les forces de la Résistance palestinienne. Ils ont subi une pression immense. Les coups portés au Hezbollah étaient-ils insignifiants ? Le Hezbollah a perdu un dirigeant comme Sayed Hassan Nasrallah. Était-ce une chose anodine ? Pourtant, les attaques du Hezbollah, sa force et sa main de fer n’ont cessé de croître par la suite. Même l’ennemi l’a reconnu. Ils pensaient qu’après avoir porté un coup, ils pourraient pénétrer sur le territoire libanais, repousser le Hezbollah jusqu’à un certain point, peut-être jusqu’au fleuve Litani voire au-delà. Mais ils n’ont pas pu avancer. Le Hezbollah a tenu bon et, avec une grande force, les a contraints à demander un cessez-le-feu. Voilà ce qu’est la Résistance.
Prenons l’exemple de Gaza. Cela fait un an et quelques mois qu’ils bombardent Gaza. Ils ont tué, martyrisé des figures de premier plan à Gaza, comme Yahya Sinwar. Malgré ces coups, la population a tenu bon. Ils pensaient pouvoir faire pression sur la population pour qu’elle se retourne contre le Hamas et se soulève contre lui. Mais c’est le contraire qui s’est produit : le peuple a soutenu encore plus fermement le Hamas. Il en va de même pour le Jihad islamique et d’autres groupes palestiniens. Telle est la nature même de la Résistance et de l’Axe de la résistance : plus on leur met la pression, plus ils deviennent forts. Plus on commet de crimes contre eux, plus leur motivation s’intensifie. Plus on les combat, plus ils se répandent. Et je vous le dis, avec l’aide et la puissance de Dieu, l’étendue de la Résistance finira par englober toute la région, encore plus qu’auparavant.
Les analystes ignorants, qui ne comprennent pas le véritable sens de la Résistance, pensent qu’un affaiblissement de celle-ci entraînerait aussi un affaiblissement de l’Iran islamique. Mais je vous le dis : avec l’aide et le pouvoir de Dieu et la volonté du Tout-Puissant, l’Iran est fort et puissant, et il le deviendra encore davantage.
J’aimerais partager avec vous quelques réflexions supplémentaires concernant la Résistance et ce qu’elle représente réellement. Résister, c’est s’opposer fermement à la domination des États-Unis et de toute autre puissance hégémonique. Voilà ce que signifie la Résistance. Résister, c’est lutter contre la dépendance à l’égard de ces puissances. Résister, c’est le refus pour les nations d’être soumises à des puissances dominantes comme les États-Unis ou d’autres semblables. Telle est la signification de la Résistance. Cette compréhension est profondément enracinée dans les croyances des nations de la région. Je ne parle pas des gouvernements, mais des nations, qui attachent une grande importance à la Résistance. Les racines de la Résistance résident dans la foi et les croyances des peuples. Avez-vous observé ce que les peuples de la région ont fait pour Gaza ? Ceux qui ne parlent peut-être pas leur langue, qui n’ont pas vu leur région et ne les connaissent pas se sont élevés contre le régime sioniste et ont soutenu la population de Gaza dans toute la région, et maintenant, d’une certaine manière, dans le monde entier. C’est une conviction partagée par les nations de la région, et c’est la raison qui l’explique.
Voyez-vous, cela fait maintenant 75 ans que la Palestine a été usurpée. Un événement survenu il y a 75 ans devrait normalement s’estomper peu à peu dans les mémoires, perdre de son importance et finir par disparaître. Pourtant, aujourd’hui, la fermeté des nations de la région, ainsi que celle des Palestiniens eux-mêmes, à l’égard de la question palestinienne est peut-être dix fois plus forte qu’au début. Au lieu de diminuer, elle s’intensifie. C’est une caractéristique propre à une croyance commune et collective, et sans aucun doute, elle continuera de persister.
S’aligner sur le régime sioniste constitue une ligne rouge pour les nations. Je ne parle pas des gouvernements, qui tiennent des discours différents et avancent d’autres propos. Mais si vous interrogez les peuples, ils s’y opposent : la grande majorité est contre. Bien sûr, le régime sioniste commet également des crimes, mais les crimes ne rendent jamais victorieux — ni ceux commis par le régime sioniste au Liban, ni ceux à Gaza, ni en Cisjordanie où les groupes palestiniens se battent. Ils y commettent de nombreux crimes, mais les crimes ne conduisent jamais à la victoire. C’est une loi divine, et aujourd’hui, cette leçon historique se déroule sous nos yeux à Gaza et au Liban.
Une question se pose alors : compte tenu de ce que nous avons décrit à propos des problèmes en Syrie, avons-nous été présents ou non en Syrie ces dernières années ? Eh bien, tout le monde sait que la réponse est oui. Les martyrs de la Défense des sanctuaires attestent de notre présence. Cependant, de quelle manière ? Cela nécessite une explication. Un point important est que tout le monde connaît notre présence et nos martyrs que nous avons tous enterrés (publiquement). Cependant, il y a certains aspects que la plupart des gens ignorent, ou que beaucoup de nos jeunes ne connaissent pas. Nous avons aidé le gouvernement syrien. Mais ce dernier nous avait fourni une aide cruciale à un moment critique [durant la Défense sacrée], avant que nous ne l’aidions à notre tour. Peu de gens le savent. En pleine guerre (Iran-Irak), durant l’ère de la Défense sacrée, alors que tout le monde soutenait Saddam (Hussein) et œuvrait contre nous, le gouvernement syrien a pris une mesure décisive en notre faveur et contre Saddam : il a coupé l’oléoduc qui transportait le pétrole de la Syrie vers la Méditerranée et l’Europe, privant ainsi Saddam des revenus qu’il aurait pu en tirer.
Cela a suscité un tollé dans le monde entier. Ils ont empêché le pétrole de Saddam de circuler. Quelle quantité de pétrole était exportée d’ici ? Un million de barils par jour ! Un million de barils transitaient quotidiennement par cet oléoduc jusqu’à la Méditerranée. Le gouvernement syrien lui-même tirait profit de cette voie de transit, en percevant de l’argent grâce à elle, mais il y a également renoncé. Bien sûr, nous l’avons dédommagé. En d’autres termes, la République islamique n’a pas laissé ce service gratuit. Ce sont donc eux qui nous ont aidés en premier lieu. Voilà une chose.
Quant à la sédition de Daech, Daech symbolise une bombe d’insécurité. Daech a cherché à rendre l’Irak et la Syrie instables. Il visait à déstabiliser toute la région pour atteindre son objectif principal et ultime : la République islamique d’Iran. Daech avait pour ambition de rendre l’Iran instable. Tel était leur objectif fondamental. Cela résume l’essence même de ce qu’est Daech.
Nous avons établi une présence. Nos forces se sont implantées en Irak et en Syrie pour deux raisons : la première était de protéger les sanctuaires sacrés, car ceux qui étaient éloignés de la spiritualité, de la religion et de la foi nourrissaient de l’hostilité envers ces lieux saints. Ils avaient l’intention de les détruire, et ils les ont effectivement détruits. Vous avez vu ce qui s’est passé à Samarra, où, avec l’aide des Américains, ils ont détruit le dôme sacré de Samarra. Plus tard, ils ont cherché à faire de même à Najaf, Karbala, Kazimayn et Damas. Tel était le dessein de Daech. Il est évident que les jeunes pieux, courageux et fervent dévots des Ahl al-Bayt (la famille du Prophète) ne tolérerait jamais une telle chose et ne le permettrait pas. C’est une des raisons.
L’autre raison relevait de la « question de sécurité ». Nos responsables ont rapidement compris que si l’insécurité dans ces régions n’était pas maîtrisée, elle se propagerait jusqu’à nous, et l’ensemble de notre grand pays serait rongé par l’instabilité. L’insécurité engendrée par la sédition de Daech n’était pas non plus une affaire banale. Vous vous souvenez de chaque incident qui s’est produit. Lors des [attentats terroristes] à Shahcheragh, à Kerman, dans notre Majlis et ailleurs, ils ont commis des atrocités partout où ils le pouvaient. Daech avait prévu d’atteindre notre territoire.
Le Commandeur des croyants [l’Imam Ali (paix sur lui)] a déclaré : « Un peuple qui combat l’ennemi sur son propre sol finit par être humilié. Ne les laissez pas atteindre votre maison. » (Nahj al-Balaghah, sermon 27). C’est pourquoi nos forces se sont rendues sur place. Nos éminents commandants y sont allés. Notre cher martyr Soleimani ainsi que ses compagnons et collègues y sont allés. Ils ont organisé et armé la jeunesse locale en Irak et en Syrie, d’abord en Irak, puis en Syrie, et se sont opposés à Daech. Ils ont brisé l’échine de Daech et ont réussi à le vaincre. Voilà comment nous avons été présents lors de ces événements.
Il faut bien comprendre ceci : la nature de notre présence militaire en Syrie, et également en Irak, n’était pas de déployer nos divisions – notre armée ou notre Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) – pour combattre à la place de l’armée du pays hôte. Non, cela n’a aucun sens. Il n’est ni logique ni acceptable pour l’opinion publique qu’une armée iranienne combatte à la place de l’armée syrienne. Non, c’est à l’armée de ce pays de mener le combat. Ce que nos forces pouvaient faire, et ont fait, c’était fournir un soutien consultatif. Que signifie un soutien consultatif ? Cela implique de créer des centres de commandement clés et principaux, de définir des stratégies et des tactiques, et, si nécessaire, d’intervenir sur le champ de bataille. Mais surtout, cela signifie mobiliser la jeunesse de cette région.
Bien sûr, beaucoup de nos jeunes, en particulier nos forces du Bassidj, étaient impatients, enthousiastes et déterminés à partir, et beaucoup l’ont fait. Nous n’étions pas favorables à cela, mais ils ont demandé à maintes reprises, posé des questions, écrit des lettres, envoyé des messages, et même supplié d’obtenir la permission de se rendre en Syrie pour affronter l’ennemi. Naturellement, ce n’était ni approprié ni conseillé à l’époque. Cependant, ils ont trouvé le moyen de partir malgré tout – comme beaucoup d’entre vous le savent, certaines de leurs histoires sont bien connues. Certains d’entre eux ont trouvé le martyre, tandis que d’autres, grâce à Dieu, sont revenus sains et saufs.
L’essentiel du travail consistait à donner des conseils. Notre présence dans ces régions était de nature consultative. Ce n’est que dans de rares situations critiques que nos forces ont participé activement, et même dans ces cas, il s’agissait principalement de volontaires et de forces du Bassidj [collaborant avec] les forces locales. Le martyr Soleimani a formé, armé, organisé et préparé un groupe de plusieurs milliers de jeunes hommes issus des populations locales en Syrie, et ils ont tenu bon. Plus tard, bien sûr, certains d’entre eux, certains de leurs chefs militaires, ont malheureusement créé des problèmes et renoncé à quelque chose qui était pourtant dans leur propre intérêt.
Après l’extinction de la sédition de Daech, certaines de ces forces sont revenues, tandis que d’autres sont restées sur place. Parmi ceux qui s’étaient rendus sur le terrain, certains sont restés et ont même participé à ces événements. Cependant, comme je l’ai déjà mentionné, l’armée d’un pays doit mener les combats principaux. Les bassidjis, ces forces volontaires venues d’Iran, ne peuvent combattre qu’aux côtés de l’armée nationale. Si l’armée locale montre des signes de faiblesse, les bassidjis ne peuvent rien faire. Malheureusement, c’est ce qui s’est produit [en Syrie]. Lorsque l’esprit de résistance et de fermeté faiblit, de telles choses arrivent. Les malheurs auxquels la Syrie est confrontée aujourd’hui — et Dieu seul sait quand ils prendront fin, quand les jeunes Syriens, si Dieu le veut, se lèveront pour y faire face — trouvent leur origine dans les faiblesses manifestées à cette époque.
La nation iranienne honore et est fière de son armée et de son CGRI. De hauts responsables de nos forces armées et de nos organisations militaires m’ont écrit au sujet de la situation au Liban et du Hezbollah, exprimant leur impatience et suppliant d’obtenir la permission d’intervenir. Comparez cela à une armée incapable de résister, qui au contraire prend la fuite ! Malheureusement, notre armée sous le régime des Taghut [Pahlavi] était ainsi. Elle aussi n’a pas résisté aux attaques ennemies lors de plusieurs guerres, y compris pendant la Seconde Guerre mondiale. À cette époque, l’ennemi est venu et a capturé des villes jusqu’à Téhéran, mais l’armée n’a pas opposé de résistance. Quand on ne résiste pas, c’est ce qui arrive. Il faut résister, il faut puiser dans la force donnée par Dieu.
Même dans ces conditions difficiles, nous étions préparés. Ils sont venus ici et m’ont dit : « Nous avons préparé tout l’équipement nécessaire pour la Syrie et nous sommes prêts à intervenir. » Cependant, l’espace aérien était fermé. Le régime sioniste et les États-Unis avaient non seulement fermé l’espace aérien de la Syrie, mais également bloqué ses routes terrestres. Il était impossible de fournir une aide. Voilà dans quelle situation nous nous trouvions. Si la motivation de ce pays étaient restées intactes et si son peuple avait pu exprimer son opposition à l’ennemi, cet ennemi n’aurait pas pu fermer son espace aérien ou ses routes terrestres. Ils auraient pu recevoir de l’aide. Voilà pour le tableau d’ensemble.
J’aimerais maintenant aborder quelques autres points. Le premier est que tout le monde doit comprendre que cette situation ne durera pas. Le fait qu’un groupe vienne à Damas et dans d’autres lieux pour célébrer, danser et envahir les maisons des habitants, ou que le régime sioniste bombarde avec des chars et de l’artillerie, ne persistera pas. Il ne fait aucun doute que la vaillante jeunesse syrienne se lèvera, résistera et fera des sacrifices. Ils subiront des pertes, mais ils finiront par surmonter cette situation.
La vaillante jeunesse irakienne a accompli un exploit similaire. Sous la direction, le leadership et l’organisation de notre éminent martyr [Soleimani], les courageux jeunes Irakiens ont pu chasser l’ennemi des rues et des ruelles [de l’Irak], ainsi que de leurs propres maisons. Les Américains avaient adopté les mêmes méthodes en Irak : ils enfonçaient les portes, obligeaient les hommes à s’allonger devant leurs épouses et leurs enfants, et écrasaient leur visage au sol avec leurs bottes. Ces événements se sont également produits en Irak. Cependant, les Irakiens sont restés fermes, inébranlables et ont résisté. Notre cher martyr [Soleimani] a également consacré tous ses efforts à cette cause. Les jeunes Syriens suivront leur exemple dans leurs efforts. Bien sûr, cela prendra peut-être du temps, le processus pourrait être long, mais le résultat est certain et inéluctable.
Le deuxième point est que l’incident syrien contient des leçons et des enseignements pour nous — pour nos responsables comme pour chacun d’entre nous. Nous devons en tirer des leçons. L’une d’entre elles est la négligence : la négligence envers l’ennemi. Oui, l’ennemi a agi rapidement dans cet incident, mais les Syriens auraient dû prévoir, bien avant le début de la crise, qu’un tel ennemi prendrait des mesures et agirait promptement.
Nous leur avions même apporté une aide au préalable. Notre agence de renseignement avait transmis des rapports d’alerte aux responsables syriens plusieurs mois à l’avance. Je ne sais pas si ces rapports sont parvenus aux hauts responsables [syriens] ou s’ils se sont perdus en chemin, mais nos services de renseignement les avaient informés. Depuis quand ? Depuis septembre. Des rapports successifs leur avaient été envoyés en septembre, octobre et novembre. Nous ne devons pas être négligents envers l’ennemi. Nous ne devons pas le sous-estimer, ni lui faire confiance lorsqu’il sourit. Parfois, l’ennemi s’exprime sur un ton agréable et souriant, mais il cache un poignard dans son dos, prêt à frapper au moment opportun.
Un autre point est que l’Axe de la Résistance ne doit ni s’enorgueillir de ses victoires ni se désespérer face à ses défaites. Victoires et défaites sont inévitables. La vie personnelle des individus est semblable : elle connaît succès et échecs. Il en va de même pour les groupes : ils connaissent succès et échecs. Un jour, un mouvement est au pouvoir, et le lendemain, il ne l’est plus. Cela s’applique également aux gouvernements et aux nations. La vie est faite de hauts et de bas, et nous ne pouvons y échapper. Ce qui est essentiel, c’est que dans les moments d’ascension, nous ne devenions pas arrogants, car l’arrogance engendre l’ignorance et pousse à la négligence. En période de ralentissement ou d’échec, nous ne devons pas sombrer dans la dépression, le désespoir ou le découragement.
La République islamique a fait face à des défis majeurs et complexes au cours des quarante dernières années, des événements d’une grande ampleur ! Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas connu cette époque. À Téhéran, les habitants étaient tranquillement chez eux tandis que les avions de chasse MiG-25, fabriqués par les Soviétiques et appartenant à Saddam, survolaient la ville. Même lorsqu’ils s’abstenaient de larguer des bombes, ils effrayaient la population. Ils provoquaient une véritable peur, et nous étions totalement démunis. Nous n’avions ni défense aérienne ni ressources. Voilà le genre de défis auxquels nous avons dû faire face.
Un jour, ici même à Téhéran, tout le monde était chez soi quand, soudain, les avions de Saddam ont bombardé la ville. Ils ont frappé l’aéroport et d’autres lieux. Ce jour-là, je prononçais un discours dans une usine proche de l’aéroport de Téhéran. Nous avons entendu des bruits, nous nous sommes levés et avons regardé par la fenêtre. J’ai vu un avion irakien descendre, larguer ses bombes sur l’aéroport, puis repartir. Nous avons été témoins de ces événements. La République islamique a traversé ces incidents amers, mais elle n’a jamais cédé à la passivité.
Un croyant ne doit jamais céder à la passivité. Parfois, le danger de la passivité est plus grave que l’événement lui-même. La passivité, c’est lorsqu’une personne considère une situation et se dit qu’il n’y a rien à faire, et finit par se rendre. Voilà ce que signifie la passivité. Ainsi, face au progrès et au succès, l’« arrogance » est un poison. Face aux échecs et aux difficultés, la « passivité » est venimeuse. Nous devons être vigilants envers ces deux écueils. Le Coran dit : « Quand vient le secours d’Allah et la victoire, et que tu vois les gens entrer en foule dans la religion de Dieu, glorifie ton Seigneur par des louanges et implore Son pardon… » (s. 110, v. 1-3). [Il nous exhorte à] louer Dieu et à ne pas devenir arrogants ! « Implore Son pardon » pour les fautes que nous avons commises.
Certains cherchent à décourager les autres. Cela ne doit pas se produire. Certains agissent depuis l’étranger, comme les chaînes de télévision, les stations de radio et les journaux étrangers diffusant en persan. Ils décrivent les événements de manière à susciter la peur et le découragement parmi la population. Ce sujet est distinct et doit être traité séparément. Mais personne ne doit adopter une telle attitude à l’intérieur du pays. Si quelqu’un dans le pays s’exprime d’une manière qui décourage les gens par ses analyses ou ses déclarations, c’est un crime et cela doit être sanctionné.
La nation iranienne est assurément prête à agir. Cependant, il est évident que toute intervention dans un lieu nécessite la coopération et l’approbation du gouvernement concerné. Lorsque nous étions en Irak, c’est le gouvernement irakien lui-même qui nous a demandé de venir. Lorsque nous étions en Syrie, c’est le gouvernement syrien qui a sollicité notre présence. Nous avons pu nous y rendre à leur demande et avec leur accord. En l’absence de demande, la voie est naturellement fermée et il devient impossible d’intervenir.
Cependant, si Dieu le veut, le Tout-Puissant leur viendra en aide, et les racines du sionisme ainsi que des éléments occidentaux néfastes dans la région seront, par la grâce de Dieu, extirpées.
Que les salutations, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous.
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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…