Un bulldozer des forces israéliennes se déplace dans une rue lors d’une opération militaire dans le camp de réfugiés d’Al-Faraa en Cisjordanie, mercredi 28 août 2024. [AP Photo/Nasser Nasser]

Par Andre Damon

Israël a lancé une nouvelle phase de son opération de nettoyage ethnique en Palestine, ciblant la Cisjordanie.

Mardi et mercredi, des centaines de soldats israéliens, accompagnés de véhicules blindés et de bulldozers, soutenus par des drones et des hélicoptères, ont lancé le plus grand raid en Cisjordanie occupée depuis deux décennies, ciblant les villes et les camps de Jénine, Tubas et Tulkarem.

La ville de Jénine, qui compte 39.000 habitants, a été encerclée et bouclée, et les forces israéliennes ont bloqué l’accès aux hôpitaux dans toute la Cisjordanie. Les médias israéliens ont rapporté que l’attaque contre la Cisjordanie durerait plusieurs jours, et que le nombre de morts devrait continuer à augmenter.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a clairement indiqué que l’objectif était le nettoyage ethnique de la Cisjordanie : « Nous devons régler le cas de la menace tout comme nous réglons le cas de l’infrastructure terroriste à Gaza, y compris l’évacuation temporaire des résidents palestiniens. »

L’objectif de cette opération, comme celle du génocide de Gaza, est de tuer autant de Palestiniens que possible, de les déplacer de leurs maisons et de leurs villages, dans le but d’annexer officiellement les terres qu’Israël occupe illégalement depuis 1967. En juillet, la Cour internationale de justice a statué que l’occupation israélienne des territoires palestiniens, y compris Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, était illégale.

L’assaut israélien sur Gaza, qui dure maintenant depuis 10 mois, a créé un cauchemar pour sa population. Selon les chiffres officiels, plus de 40.000 personnes sont mortes et 10.000 autres sont présumées disparues sous les décombres. Le bilan officiel comprend 17.000 enfants.

Une fois que l’on ajoute les victimes de la famine et de la maladie imposées délibérément par Israël, le nombre réel de morts pourrait être de 186.000 ou plus, selon une estimation publiée dans la revue médicale The Lancet le mois dernier.

Le reste de la population de Gaza, dont la plupart ont été forcés de fuir à maintes reprises, fait maintenant face à des ordres d’évacuation israéliens couvrant 89 pour cent du territoire. Le territoire sur lequel la population est entassée ne fait que 41 kilomètres carrés, sans aucune infrastructure pour fournir de la nourriture, de l’eau courante ou des installations sanitaires.

Israël a mené une campagne concertée pour forcer les organisations d’aide internationale à cesser leurs opérations. L’ONU a annoncé qu’elle suspendait la distribution de nourriture cette semaine après avoir été forcée d’évacuer son quartier général à Deir al-Balah, et son Programme alimentaire mondial a déclaré qu’il avait dû cesser ses opérations après que l’un de ses véhicules clairement identifiés a été attaqué par les forces israéliennes mercredi. Neuf personnes sur 10 à Gaza sont maintenant contraintes de rester 24 heures sans nourriture. Les maladies évitables explosent.

Aujourd’hui, ce cauchemar est étendu à la Cisjordanie. Les attaques israéliennes contre la Cisjordanie se sont considérablement accélérées depuis le retour au pouvoir du régime d’extrême droite de Benjamin Netanyahou en 2022. Le gouvernement Netanyahou a permis et encouragé la violence des colons contre les Palestiniens et a accéléré la construction de colonies illégales.

Il y a maintenant 517.000 colons vivant en Cisjordanie, soit près du double du total d’il y a 20 ans, et plus de 200.000 à Jérusalem-Est.

Netanyahou a nommé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, pour contrôler la construction en Cisjordanie, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, pour assurer le maintien de l’ordre. Ces deux ministres d’extrême droite sont eux-mêmes des colons de Cisjordanie et ont appelé à plusieurs reprises au nettoyage ethnique de la Palestine.

En janvier, juin et juillet 2023, Israël a lancé d’importants assauts contre le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie. L’attaque de juillet, qui a tué 12 Palestiniens, a été condamnée par les Nations unies pour avoir inclus « des violations flagrantes du droit international et des normes sur l’usage de la force et pourrait constituer un crime de guerre ».

Ces atrocités et d’autres ont précédé les attaques du 7 octobre 2023, dont le gouvernement Netanyahou avait connaissance à l’avance et qu’il a facilitées en retirant les forces de sécurité de la frontière de Gaza. Le régime de Netanyahou a saisi l’occasion pour lancer un génocide et un nettoyage ethnique de la bande de Gaza.

Le génocide de Gaza s’est accompagné d’une recrudescence d’attaques de colons et de raids de l’armée israélienne sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Au cours des 10 derniers mois, 652 Palestiniens ont été tués dans ces zones.

Ce vaste crime est financé, rendu possible et défendu politiquement par les États-Unis et leurs alliés impérialistes.

L’assaut sur la Cisjordanie survient un mois seulement après le retour de Netanyahou d’un discours prononcé lors d’une session conjointe du Congrès américain, au cours duquel il a promis d’étendre la guerre d’Israël contre la population palestinienne à un conflit dans tout le Moyen-Orient, visant particulièrement l’Iran.

Netanyahou a reçu une ovation debout de la part des membres démocrates et républicains des deux chambres du Congrès, suivie de réunions séparées avec le président américain Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris. Après sa rencontre avec Netanyahou, Harris a déclaré : « Je veillerai toujours à ce qu’Israël soit capable de se défendre, y compris contre l’Iran et les milices soutenues par l’Iran, telles que le Hamas et le Hezbollah » – essentiellement un feu vert pour étendre la guerre au-delà de Gaza.

Plus tôt ce mois-ci, les États-Unis ont approuvé une vente d’armes de 20 milliards de dollars à Israël, dont 50 avions de combat F-15, des missiles air-air à moyenne portée avancés, ou AMRAAM, des obus de chars de 120 mm, des mortiers explosifs et des véhicules tactiques – visant spécifiquement à fournir à Israël les ressources nécessaires pour étendre la guerre au-delà de Gaza.

Les États-Unis soutiennent le génocide dans le cadre de l’escalade de la guerre mondiale contre la Russie et la Chine. Israël est le pivot du front moyen-oriental de cette guerre mondiale, servant de chien d’attaque des États-Unis contre l’Iran et ses alliés dans la région.

L’extension du génocide à la Cisjordanie démontre l’échec total de la perspective des organisations qui ont jusqu’à présent dominé les manifestations de masse. Aux États-Unis, ils ont cherché à faire « pression » sur le président Biden et son successeur Kamala Harris pour qu’ils cessent de soutenir Israël.

Harris, cependant, a complètement rejeté toute limitation de l’aide américaine au régime de Netanyahou, déclarant dans ses remarques à la Convention nationale démocrate : « Je défendrai toujours le droit d’Israël à se défendre, et je veillerai toujours à ce qu’Israël ait la capacité de se défendre. »

Le soutien total de toutes les sections de l’establishment politique américain au génocide d’Israël contre le peuple palestinien découle de la campagne du capitalisme américain pour l’hégémonie mondiale par des moyens militaires, dont l’assujettissement néocolonial du Moyen-Orient est un élément crucial.

Lors de la manifestation du 24 juillet contre la présence de Netanyahou au Capitole américain, des membres du Parti de l’égalité socialiste ont expliqué que tous les efforts visant à exiger des politiciens capitalistes qu’ils arrêtent le génocide étaient voués à l’échec. Avec l’assaut massif d’Israël sur la Cisjordanie, ces avertissements se sont avérés corrects.

L’opposition mondiale croissante au génocide et au nettoyage ethnique de la Palestine exige une stratégie entièrement différente. Il faut l’unir à la lutte contre toutes les guerres impérialistes, y compris la guerre de l’impérialisme américain contre la Russie et la Chine, et la fusionner avec la lutte croissante de la classe ouvrière pour défendre ses emplois, ses salaires et son niveau de vie. Il faut l’organiser sur la base d’une perspective socialiste, visant à renverser le système capitaliste qui est la cause première de la guerre impérialiste et de la barbarie.

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…