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Par Maxime Combes

C’est avec grande attention que j’ai pris connaissance du courrier que vous venez d’adresser à l’ensemble des Françaises et des Français ce dimanche 23 juin. Alors que tous vos lieutenants vous conjurent de ne plus vous exprimer d’ici à la fin de la campagne, j’ai pensé – visiblement à tort – que vous aviez des choses importantes et nouvelles à nous dire.

En réponse à la lettre aux Français publiée par Emmanuel Macron ce dimanche 23 juin, voici ma réponse, également sous forme de lettre ouverte, qui essaie de rassembler ce qui me semble être largement ressenti par une grande part de la population du pays.

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Monsieur le Président de la République,

C’est avec grande attention que j’ai pris connaissance du courrier que vous venez d’adresser à l’ensemble des Françaises et des Français ce dimanche 23 juin. Alors que tous vos lieutenants vous conjurent de ne plus vous exprimer d’ici à la fin de la campagne, j’ai pensé – visiblement à tort – que vous aviez des choses importantes et nouvelles à nous dire.

Elu par deux fois pour faire barrage à l’extrême-droite, vous l’avez fait prospérer tout au long de vos deux mandats. En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale et d’organiser des élections législatives anticipées ces 30 juin et 7 juillet, vous leur ouvrez en grand les portes du pouvoir. En renvoyant dos-à-dos le RN et le Nouveau Front populaire, vous banalisez le premier et délégitimez le second, pourtant seule alternative crédible en mesure de défendre la République, la démocratie, les libertés publiques et nos droits.

Que vous le vouliez ou non, Monsieur le Président de la République, c’est vous qui avez décidé de transformer la rouste que vous avez reçue aux élections Européennes en « un vote de défiance envers le Président de la République ». Par la dissolution, vous avez fait de ces élections législatives l’acte I de l’après Macron.

En 2022, le pays avait refusé de vous donner une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Décidant seul et contrôlant tout depuis un Palais de l’Elysée qui n’a jamais été si éloigné et isolé des préoccupations du peuple français, vous avez continué à piétiner le travail parlementaire à coup de 49-3 et de procédures illustrant les bas-fonds autoritaires de la Constitution. En renvoyant les parlementaires que nous avions élus pour limiter votre pouvoir démesuré, vous nous avez fatalement confié la tâche de trouver une alternative à la politique que vous menez depuis sept ans.

A nouveau, comme un ex éconduit qui revient inlassablement avec des promesses illusoires, vous nous promettez que vous allez changer. Tant sur la forme que sur le fond. « Promesse éculée, promesse ignorée », Monsieur le Président de la République. Vous devriez le savoir, désormais.

Vous aviez déjà promis vouloir changer après la mobilisation des gilets jaunes.

Vous avez pris des engagements similaires pendant la pandémie de Covid19.

Puis à nouveau après le mouvement massif contre le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans.

La promesse d’un « Macron nouveau » a fait long feu : plus personne n’y croit. Pas même dans votre camp, qui n’est plus qu’un champ de ruines.

A chaque fois, vous avez persisté : décider seul, de tout, enfermé à l’Elysée, pour faire le contraire de ce que vous aviez annoncé et pour continuer à mener des politiques contraires à l’intérêt général.

Monsieur le Président de la République, votre bilan parle pour vous. Il est accablant :

  • vous aviez promis de « tout faire pour qu’il n’y ait plus de raison de voter extrême-droite » mais vous utilisez désormais ses termes (« décivilisation », « ensauvagement », « immigrationniste » etc et celle-ci est aujourd’hui aux portes du pouvoir ;
  • vous aviez promis de tirer les leçons de la mobilisation des gilets jaunes mais il n’en a rien été et vous n’avez jamais rendu public les milliers de cahiers de doléances qui s’entassent aujourd’hui dans les archives départementales ;
  • vous aviez promis une « République exemplaire » mais plus d’une quarantaine d’affaires en sept ans concernent votre camp et illustrent « la persistance de manquements à la probité parmi les responsables politiques » que vous dénonciez en 2017
  • vous aviez promis des mener une politique écologique de grande ambition et votre bilan n’est fait que de renoncements (pesticides…), marches arrières (régulations environnementales, financements, convention citoyenne sur le climat…), refus d’obstacles (projets inutiles…), et promesse techno-scientifiques (nucléaire, hydrogène et capture et stockage du carbone) ;
  • vous aviez promis lors de la pandémie de protéger et refonder les services publics – « il y a des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » – mais vous ne cessez de les affaiblir par manque de moyens et soumission à des injonctions contradictoires ;
  • vous aviez promis, toujours lors de la pandémie, de défendre et promouvoir l’Etat-providence, « un atout indispensable quand le destin frappe » mais vous ne vous arrêtez pas de l’appauvrir en lui coupant des ressources ou en limitant les droits de ses bénéficiaires ;
  • vous aviez promis, encore lors de la pandémie, d’oeuvrer à une relocalisation des activités stratégiques mais il n’y a jamais eu autant d’accords de libre-échange négociés, signés et ratifiés que depuis que vous êtes entrés en fonction en 2017 ;
  • vous aviez promis de faire de l’égalité femmes-hommes la grande cause de vos quinquennats mais là aussi, vos renoncements sont innombrables (manque de financements, etc).
  • Etc.

Votre bilan suscite un puissant rejet dans l’opinion.

A l’heure où l’extrême-droite peut arriver au pouvoir, et où le Nouveau front populaire constitue la seule alternative possible pour l’en empêcher, vous n’arriverez pas à nous convaincre de voter pour les pyromanes qui vous ont laissé allumer et attiser l’incendie dans le pays.

Il est encore temps d’arrêter de propager le chaos.

Il est temps que vous et votre camp décidiez : continuer à préparer l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, ou faire barrage.

Faire barrage à l’extrême-droite, en juin 2024, c’est voter pour le Nouveau Front populaire. Pas pour vous et votre camp qui détruisez avec méthode les conditions de possibilité d’un barrage républicain contre l’extrême-droite.

Maxime Combes, économiste et auteur de Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition (Seuil, 2015) et co-auteur de « Un pognon de dingue mais pour qui ? L’argent magique de la pandémie » (Seuil, 2022). 

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Lettre réponse à E. Macron : faire barrage au RN en 2024 c’est voter Front Populaire © @MaximCombes

Source : le blog de l’auteur
https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/…