Par Karine Bechet-Golovko
Alors que ces pays ont des conflits territoriaux, voire même une guerre conventionnelle en cours, la Commission européenne estime que l’Ukraine et la Moldavie sont prêtes à entrer dans l’Union européenne. Au-delà de l’absurdité des arguments avancés, deux conclusions déjà s’imposent : la charge de la guerre atlantiste en Ukraine se déplace de l’OTAN vers l’UE et la Moldavie est envisagée comme le suivant terrain d’opérations, s’il faut élargir le front pour disperser les efforts russes.
La position de la Commission européenne quant à la politique d’élargissement de l’Union est loin d’être rationnelle. En ouvrant la porte à des pays, dont les frontières ne sont pas stables et où la situation est conflictuelle, elle pousse les Etats membres à intégrer ces conflits, ce qui ne correspond ni aux intérêts de l’UE, ni à l’intérêt des Etats membres. C’est exactement ce qui se passe avec la Moldavie (conflit territorial en Transnistrie) et l’Ukraine (guerre conventionnelle entre les forces de l’OTAN et la Russie). L’on voit ainsi quels intérêts sont réellement protégés par les institutions dites européennes.
Or, nous ne sommes pas dans une situation habituelle, quand la procédure peut prendre des années. L’Ukraine est le lieu principal du combat des forces atlantistes et russes. Quant à la Moldavie, elle est préparée dans la même voie. Le principe politique doit ici primer toute autre exigence.
Une «lettre» de 12 pays membres est alors envoyée à la ministre belge des Affaires étrangères ces derniers jours, pour qu’elle accélère la procédure d’adhésion de ces deux pays, puisque la Belgique préside actuellement le Conseil.
La lettre, rapportée pour la première fois par Euractiv, a été lancée par la Tchécoslovaquie, selon des sources diplomatiques. Elle a également été signée par les ministres des Affaires étrangères ou européennes de Suède, d’Estonie, de Finlande, du Portugal, de Lettonie, de Pologne, de Lituanie, d’Allemagne, de Slovénie, de Roumanie et de Slovaquie.
La procédure doit s’engager avant la fin juin, c’est-à-dire avant que la présidence ne tombe entre les mains de la Hongrie, qui est opposée à l’entrée de l’Ukraine dans l’UE.
Et la Commission vient justement de soutenir l’engagement de la procédure d’adhésion de la Moldavie et de l’Ukraine. L’argumentation est savoureuse à souhait :
«L’Ukraine a achevé des réformes remarquables liées à l’étouffement des oligarques et de la corruption et à la protection des droits de ses minorités nationales, a confirmé vendredi un porte-parole de la Commission, tandis que la Moldavie est en attente de ses réformes judiciaires.»
L’on ne parle pas assez de la protection des minorités en Ukraine depuis 2014, ni de l’honnêteté des fonctionnaires … A part cela, aucun mot sur l’importation au sein de l’UE des conflits, qui touchent ces deux pays et qui engagent actuellement le monde sur la voie de la guerre mondiale. Après la décision de la Commission, c’est aux pays membres de prendre la décision à l’unanimité, le parcours est — heureusement — encore long.
En tout cas, sur fond de refus d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, l’on voit bien que la charge de la guerre atlantiste se déplace vers l’UE et donc vers le contribuable des pays européens. Quant à la Moldavie, les forces politiques opposées à l’entrée du pays dans l’UE et à la ligne atlantiste relevant dangereusement la tête malgré une répression sans précédent, il devient urgent de leur couper l’herbe sous le pied en forçant le processus.
Macron a déjà déclaré qu’il ferait son maximum pour aider l’Oncle Sam à réaliser ce projet.
Source : Russie politics
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