Moon of Alabama
Mercredi 25 novembre 2020
Par Moon of Alabama – Le 23 novembre 2020
Jeudi, les États-Unis fêteront Thanksgiving. Cela entraînera une augmentation du nombre de cas de Covid-19 et du nombre de décès.
Les États auraient pu intervenir, mais n’ont pas fait grand-chose pour empêcher que cela ne se produise. Les politiciens sont réticents à agir car le grand public américain suit une idéologie incompatible avec une pandémie.
Le CDC met en garde contre les célébrations de Thanksgiving :
Comme le nombre de cas continue d’augmenter rapidement à travers les États-Unis, la façon la plus sûre de célébrer Thanksgiving est de le faire chez soi auprès des personnes avec lesquelles on vit.
Les rassemblements avec la famille et les amis qui ne vivent pas avec vous peuvent augmenter les risques de contracter ou de propager le COVID-19 ou la grippe.
À mon avis, cet avertissement n’est pas assez virulent.
Il devrait y avoir des mesures plus draconiennes et des restrictions de liberté pour éviter un nombre plus élevé de victimes du Covid-19.
En octobre, le Canada a déjà célébré sa version de Thanksgiving. Il en est résulté une accélération notable de la pandémie.
On peut et on doit faire plus pour empêcher que cela ne se produise aux États-Unis.
Mais il y a des gens qui s’opposent même à des avertissements plus fermes :
Cette semaine, une enquête a révélé que 38 % des personnes prévoyaient de se réunir avec 10 personnes ou plus pour Thanksgiving, et seulement un tiers ont déclaré qu’elles porteraient un masque. Twitter a réagi de manière prévisible. Les experts de la santé publique et les médecins ont souligné la hausse du nombre de cas de COVID-19 dans de nombreux États et ont recommandé (souvent en toutes lettres) : NE FÊTEZ PAS THANKSGIVING.
Bien sûr, il ne fait aucun doute que les grands rassemblements, à l’intérieur et sans masque, sont la recette pour une propagation rapide du SRAS-CoV-2, mais en même temps, je crains que l’approche de l’abstinence seule – l’approche « ne fêtez pas Thanksgiving » – ne soit pas la bonne façon de réagir pour des experts de la santé publique. …
Je pense que les experts de la santé publique ne devraient pas se contenter d’écouter, mais entendre vraiment ce que les gens disent. Les Américains disent que malgré tous les dommages causés par COVID-19, malgré l’augmentation du nombre de cas et des unités de soins intensifs à pleine capacité dans tout le pays, leur désir d’établir un lien humain est si grand qu’ils sont prêts à prendre le risque et à fêter Thanksgiving. Les Américains expriment en effet le désir et le désespoir de leur âme. …
Au lieu d’exhorter les gens à ne pas se réunir, les experts en santé publique devraient partir du principe que les gens veulent vraiment cela — correction, les gens disent qu’ils en ont besoin. Étant donné que le désir est si fort, quels conseils pouvons-nous donner pour minimiser le risque ? Comment pouvons-nous réduire — et non pas éliminer le risque.
Comme les réunions de famille de Thanksgiving se déroulent à l’intérieur et que tout le monde parle et mange ensemble dans une même pièce, on ne peut pas faire grand-chose pour réduire le risque et éviter de nouvelles infections, si ce n’est annuler l’événement.
C’est pourquoi je pense que les États auraient dû intervenir davantage en limitant les déplacements et la taille des réunions privées.
Ce ne sera pas le cas, car pour de nombreuses personnes aux États-Unis, il ne s’agit pas d’un « désir » ou d’un « besoin », mais d’une mauvaise compréhension de la liberté :
Voici une question pour tous les patriotes américains épris de liberté : qui a le plus d’expérience de la liberté en ce moment, les citoyens du Vietnam ou des États-Unis ? Le Vietnam, bien sûr, est un État communiste à parti unique, avec des limitations assez strictes de la liberté d’expression, de la presse, etc., alors que les États-Unis ont (au moins pour l’instant) une constitution quelque peu démocratique et (au moins formellement) certaines protections des libertés civiles.
Mais au Vietnam, il n’y a pas de pandémie de coronavirus qui fait rage. Grâce à l’action rapide du gouvernement, ce pays a pu étouffer son épidémie initiale et a réussi jusqu’à présent à contenir tous les foyers d’infection ultérieurs avant qu’ils ne deviennent incontrôlables.
Le Vietnam est débarrassé de la Covid-19 et ses habitants sont pour la plupart libres de faire ce qu’ils veulent. Il en va de même pour la Chine, où les restrictions liées à la Covid-19 sont désormais minimales. Les gens sont libres de voyager dans le pays et de mener une vie normale. Les quelques épidémies locales qui se produisent encore sont rigoureusement traquées. Pourtant, Associated Press décrit ces interventions comme une attaque contre cette « liberté » toujours éphémère :
Les autorités chinoises testent des millions de personnes, imposent des fermetures d’écoles et de commerces après la découverte de plusieurs cas de coronavirus transmis localement dans trois villes du pays la semaine dernière. …
À Manzhouli, une ville de plus de 200 000 habitants, les autorités sanitaires locales testent tous les résidents après que deux cas ont été signalés samedi. Elles ont également fermé toutes les écoles et tous les lieux publics et interdit les rassemblements publics tels que les banquets.
La Chine a utilisé une tactique puissante et hiérarchisée chaque fois que de nouveaux cas de transmission locale ont été découverts : fermeture d’écoles et d’hôpitaux, fermeture de communautés résidentielles et de quartiers entiers, et tests de millions de personnes.
Les autorités de Tianjin ont fermé un jardin d’enfants et déplacé tous les enseignants, la famille et les élèves dans un espace de quarantaine centralisé. Elles ont également scellé le complexe résidentiel où les cinq cas ont été trouvés.
L’approche de la Chine pour contrôler la pandémie a été critiquée comme étant draconienne. Pour contenir le virus, la ville de Wuhan, où les premiers cas ont été signalés, a été fermée pendant plus de deux mois, le gouvernement local ayant fermé toute la circulation et confiné les résidents à leur domicile. Sur le plan intérieur, cependant, la Chine a qualifié sa stratégie de « nettoyage total » et s’est vantée de son succès.
La Chine a eu recours à la science et à de solides mesures de santé publique pour vaincre la pandémie. Se montrer draconien en agissant ainsi est la seule façon de vraiment contrôler une pandémie. Le ton négatif d’AP concernant les mesures anti-Covid-19 est typique des médias américains :
91% des articles des principaux médias américains ont un ton négatif, contre 54% pour les principales sources non américaines et 65% pour les revues scientifiques. La négativité des grands médias américains est notable même dans les domaines où les développements scientifiques sont positifs, notamment la réouverture des écoles et les essais de vaccins. … Les histoires d’augmentation de cas de COVID-19 sont 5,5 fois plus nombreuses que les histoires de diminution de cas, même pendant les périodes où les nouveaux cas sont en baisse.
Cela peut être dû en partie à un sentiment anti-Trump dans les médias :
Parmi les principaux médias américains, les articles traitant du président Donald Trump et de l’hydroxychloroquine sont plus nombreux que tous les articles combinés qui couvrent les entreprises et les chercheurs individuels travaillant sur les vaccins COVID-19.
Trump aurait sûrement pu faire plus. Cependant il n’a pas été suffisamment reconnu pour son opération Warp Speed, qui a permis de créer trois bons vaccins en un temps record.
Mais les Américains auraient-ils vraiment suivi les conseils de Trump ou de tout autre président s’il avait demandé ou ordonné plus de restrictions ?
Je trouve cela peu probable car l’idéologie dominante aux États-Unis est cette fausse conception d’une « liberté » incompatible avec une pandémie :
La vie des Vietnamiens est revenue à la normale, avec quelques précautions judicieuses. Si leur succès se maintient pendant quelques mois encore jusqu’à ce qu’un vaccin puisse être déployé, le Vietnam aura esquivé la pandémie presque parfaitement. …
Pendant ce temps, dans l’autoproclamé « pays de la liberté » , le dimanche [15 novembre], la moyenne sur sept jours des décès quotidiens dus au COVID-19 était de 1 148. …
La triste ironie de la vie américaine est que notre conception nationale de la liberté, vantarde et hyperbolique, nous a conduits au niveau d’un des peuples les moins libres du globe.
Il ne peut y avoir de liberté sans gouvernement, une leçon actuellement inscrite dans le sang, et entassée dans les morgues mobiles qui débordent de cadavres dans de plus en plus de villes du pays chaque jour. …
Toutes les libertés politiques dont je suis censé jouir en tant que citoyen américain sont inutiles face à ce tsunami sans fin de mort et de misère. Le fait est que le résident moyen du Vietnam – sous une dictature répressive, permettez-moi de le souligner – a plus de libertés là où, pour la plupart des gens, cela compte vraiment : la liberté de quitter la maison, la liberté de voir et de toucher sa famille et ses amis, la liberté d’aller au restaurant ou au bar, au cinéma ou au concert, et simplement la liberté de ne pas avoir à craindre constamment une mort invisible. …
En réalité, comme le démontre le Vietnam, la seule façon d’être libre pendant une pandémie est d’avoir un État compétent et agressif qui fait des choses intrusives, coercitives et réactives, au moment même où elles deviennent nécessaires.
Les États-Unis et d’autres sociétés « occidentales » n’ont pas compris cela. Les libertés individuelles ne posent aucun problème. Mais elles doivent prendre du recul lorsque la liberté de la société en général est menacée.
La médecine d’urgence – pour le triage – sait comment minimiser les « années de vie perdues » lorsqu’elle décide de sauver le patient A ou B. Le patient qui a le plus d’années de vie potentielles restantes est choisi pour survivre.
Nous pouvons avoir besoin d’un concept similaire pour la « liberté », où l’objectif est de maximiser le degré de liberté totale non pas pour les individus mais pour la société dans son ensemble, non pas pour un court instant mais sur une période de temps considérable.
C’est ce que la Chine et le Vietnam ont fait. Leurs mesures locales draconiennes ont sévèrement restreint la liberté d’un nombre relativement restreint de personnes, mais ont maximisé la liberté que leurs sociétés pouvaient s’autoriser. En fin de compte, même ceux dont les libertés étaient les plus restreintes, les habitants de Wuhan par exemple, ont gagné plus de liberté qu’une pandémie incontrôlée ne leur aurait permis d’avoir.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone
Source : Le Saker Francophone
https://lesakerfrancophone.fr/…