Par Luc Michel
# AFRIQUE.MEDIA.LIVRES/
LE LIVRE DE CARLOS ET CAROLE GHOSN QUI S’EN PRENNENT À LA JUSTICE JAPONAISE : ‘UN SYSTÈME DE L’OTAGE’
Les époux, qui se confient dans un livre, règlent leurs comptes, sur Europe 1, après la fuite de Carlos Ghosn du Japon, en décembre 2019.
# Carlos et Carole Ghosn
Ensemble toujours
Editions de l’Observatoire
(en librairies le 3 mars)
« Le 19 novembre 2018, j’ai été arrêté à ma descente d’avion à l’aéroport de Tokyo. Emprisonné le soir même, sans qu’on m’ait permis de dire le moindre mot et de prévenir qui que ce soit, je resterai enfermé cent trente jours au centre de détention de Kosuge. Ce livre raconte l’histoire de cet éloignement imposé, la tempête que mon épouse et moi-même avons traversée loin l’un de l’autre pendant presque un an. »
– Carlos Ghosn
« Je n’en crois pas mes yeux : l’arrestation de Carlos est sur toutes les chaînes sans exception et ouvre chaque nouvelle édition. Dans la réalité, il est déjà entre les mains du procureur et va bientôt prendre le chemin de la terrible prison de Kosuge à Tokyo. Tout est trop rapide, trop violent. Je ne sais pas ce qui nous arrive, je ne sais pas ce qu’on veut à mon mari pour le traiter ainsi. Je suis comme choquée, le plus grand choc que j’ai éprouvé de toute ma vie. »
– Carole Ghosn
Dans ce témoignage exceptionnel, Carole et Carlos Ghosn font le récit des épreuves qu’ils ont traversées, de l’arrestation de l’ancien grand patron jusqu’à sa fuite spectaculaire ; de leur résistance inouïe face à l’injustice ; de leur inlassable combat à dénoncer le fonctionnement du système pénal japonais, un scandale humain dont personne ne parle.
Une plongée saisissante dans l’intimité de ce couple fusionnel hors norme, ensemble, toujours.
REVUE DE PRESSE/
CARLOS ET CAROLE GHOSN S’EN PRENNENT À LA JUSTICE JAPONAISE, « UN SYSTÈME DE L’OTAGE »(LE POINT, 28 02 2021)
De l’eau a coulé sous les ponts depuis le début des ennuis judiciaires de Carlos Ghosn au Japon, puis sa fuite, en décembre 2019. Mais le Franco-Libanais et son épouse ont encore des choses à dire, notamment à l’encontre de la justice nipponne. Un sujet qu’ils ont évoqué dans un livre, intitulé Ensemble toujours (éditions de l’Observatoire), et au micro d’Europe 1, dimanche 28 février.
Son arrestation, le 19 novembre 2018 à Tokyo, « a été un choc terrible. J’ai voulu en parler d’une manière réaliste », explique l’homme d’affaires. Son épouse précise que le couple a été « sollicité » par « une éditrice ». « Carlos était contre, moi aussi au début. Puis je me suis dit que c’était une bonne idée de partager notre histoire, comme une résilience après l’épreuve », a-t-elle indiqué à la radio.
« Mon abandon officiel par la France… »
L’ancien patron de Renault-Nissan se souvient aussi de l’interdiction, imposée au couple et prononcée par la justice japonaise, de se voir et de communiquer. « C’était un moyen de pression. Ils se sont rendu compte qu’en essayant de fragiliser notre relation, ils auraient peut-être plus de chance d’obtenir une confession », estime Carlos Ghosn, se remémorant sa réaction d’alors : « Je leur ai dit qu’il n’en était pas question et ils se sont donc attaqués à ma famille, notamment à mon épouse. »
L’ex-chef d’entreprise poursuit, à l’encontre de la machine judiciaire japonaise : « C’est un système de l’otage. Ce terme n’est pas de moi, il est des Nations unies. Le système de l’otage, donc, vise à obtenir une confession. » Un fonctionnement qui « marche », souligne Carlos Ghosn, « dans la quasi-totalité des cas ». Et si lui a pu « sortir de ce carcan […], ce n’est pas le cas de milliers d’étrangers qui subissent encore ce système brutal », assure-t-il.
Ce dimanche, Le Journal du dimanche publie un extrait de l’ouvrage coécrit par Carlos et Carole Ghosn. L’ex-patron d’industrie y juge que la « sollicitude » du gouvernement français pour sa « personne n’a pas fait long feu… ». « Mon abandon officiel par la France a lieu le 11 janvier 2019, quand les Japonais refusent de me libérer à l’issue de ma première garde à vue », cingle-t-il notamment. « L’émissaire de toute cette opération n’est autre que Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances », accuse-t-il aussi.
EXCLUSIF/
LE JOURNAL DU DIMANCHE PUBLIE LES EXTRAITS DU LIVRE DANS LEQUEL CARLOS ET CAROLE GHOSN REVIENNENT SUR UNE ANNÉE EN ENFER
BONNES FEUILLES – L’ex-PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn et son épouse retracent dans un livre les quatorze mois qui ont suivi son arrestation au Japon, le 19 novembre 2018. Dans ce récit à deux voix, ils décrivent sa détention, son lâchage par les autorités françaises et la « machine à broyer » de la justice nippone (le JDD) :
Extraits.
CARLOS GHOSN :
« ME VOILÀ PRISONNIER AU CENTRE DE DÉTENTION DE KOSUGE »
« Il va être 16 heures. Le jet se pose et glisse sur le tarmac de l’aéroport international de Tokyo. Après treize heures d’avion, personne n’arrive frais et pimpant. Même si j’ai fait ce trajet des centaines de fois, je suis un peu groggy. Habituellement, l’employé de l’aéroport chargé des voyageurs arrivant de l’étranger jette un œil distrait sur mon passeport, le tamponne et me fait passer. Là, le rituel change. Il prend un air surpris et me demande de bien vouloir patienter. Je ne parle pas le japonais mais j’ai compris ses gestes. Puis il se lève, mon passeport à la main, et disparaît dans un couloir un peu plus loin.
C’est étrange. La plupart du temps, les employés me reconnaissent et me saluent d’un coup de tête poli. Là, rien. Sans doute une nouvelle recrue, me dis-je. Je ne suis pas plus inquiet que cela. J’espère juste ne pas avoir à attendre trop longtemps.
L’homme revient, fait semblant de relancer son ordinateur puis, d’un signe de la main, m’invite à le suivre dans le couloir. Je m’exécute, un peu agacé de cette perte de temps. Il ouvre une porte et me fait entrer. Dans la pièce, trois hommes dont l’un est assis sur une chaise devant une table ont l’air de m’attendre :
– Monsieur Ghosn, on a un problème avec votre passeport, dit-il. Je vais demander qu’on vous l’explique.
A ce moment, un petit homme gris et mince s’avance vers moi. Il dit être Yoshitaka Seki et appartenir au bureau du procureur de Tokyo.
– Nous avons quelques questions à vous poser…
– Ah bon ? Mais… vous en avez pour longtemps?
– Oui, cela risque de prendre un peu de temps.
J’ignore ce que me veut ce monsieur, mais je ne voudrais pas être en retard pour Maya.
– Ma fille m’attend pour dîner, il faut que je l’avertisse sinon elle va s’inquiéter, lui dis-je en me saisissant de mon portable.
Mais Seki interrompt mon geste :
– Ah non! A compter de maintenant, vous ne pouvez plus utiliser votre téléphone! D’ailleurs, je vais vous demander de me le remettre…
C’est le premier choc. Qu’est-ce que c’est que cette histoire? Qu’est-ce qu’on me veut? Le dénommé Seki ne me laisse pas le temps de réfléchir plus longtemps :
– Veuillez nous accompagner. Et ne vous souciez pas de vos bagages, ils viennent avec nous.
[…] Personne ne me dit où on va, jusqu’au moment où le véhicule s’arrête et où, en descendant, j’aperçois des hommes en uniforme qui semblent être des gardiens de prison.
Je ressens une impression fulgurante, presque une déflagration : celle de passer de TOUT à RIEN
On entre dans une salle, suivis de mes bagages qui ont réapparu et qui sont examinés minutieusement. Puis, par gestes, on me demande de me déshabiller. Complètement. Je m’exécute. On me tend d’autres vêtements, un slip, un pantalon et une chemise à manches longues vert clair, ainsi que des claquettes en plastique de la même couleur. On m’a enlevé ma montre, ma ceinture, mon portefeuille. La liste de mes affaires personnelles est inscrite en japonais sur une feuille de papier, liste que je dois signer sans en saisir un mot. Pour finir, je suis pesé, mesuré, pris en photo.
A ce moment précis, je ressens une impression fulgurante, presque une déflagration : celle de passer de TOUT à RIEN. Même si je ne décèle pas chez ces hommes de volonté particulière de m’humilier, mais plutôt le souci de ne me faire bénéficier d’aucun passe-droit.
On m’emmène jusqu’à une cellule à l’étage supérieur. Elle est minuscule, 6,48 mètres carrés très exactement, propre comme un bloc chirurgical avec, dans le fond, des toilettes à la vue de tous, un petit lavabo, une bassine en plastique coloré. Sur le sol, des tatamis posés bout à bout, un futon plié et une fine couverture. Contre le mur, une table basse en bois.
Le froid vous vide la tête, gèle vos pensées, vous déshumanise
Une sensation de froid me saisit instantanément. Nous sommes en novembre et la température de la cellule est très basse, à vue de nez pas plus de 15 degrés. Je comprendrai assez vite que ce froid qui règne dans toutes les cellules n’est pas une recherche d’économie pour lutter contre le déficit budgétaire, comme le prétend la direction de la prison. C’est un moyen très élémentaire d’éviter que les détenus réfléchissent, planifient des stratégies de défense… Quand vous grelottez jour et nuit, vous ne songez qu’à vous réchauffer. Le froid vous vide la tête, gèle vos pensées, vous déshumanise.
Puis la porte de la cellule se referme. Je reste debout au milieu de la pièce sans pouvoir faire un geste. Me voilà prisonnier au centre de détention de Kosuge. Sans avoir vu ni prévenu personne. Et, surtout, sans avoir pu dire un mot.
[…] Je ne connais pas les règles du ‘parfait détenu’, ce qu’il m’est permis de faire dans ma cellule et ce qui m’est interdit. Aucun gardien ne parlant anglais, tout m’est expliqué au coup par coup, avec des gestes que je comprends plus ou moins. Il me faudra attendre la présence d’un traducteur pour savoir que je dois me coucher à 21 heures, à un signal précis, et me relever à la sonnerie qui se déclenche à 7 heures ; qu’il faut plier et ranger mon futon chaque matin ; que je n’ai pas le droit de marcher dans ma cellule, ni de rester couché dans la journée, hormis le temps minuté de la sieste ; que trois repas me seront servis à 8 heures, 11h45 et 16h20 ; que je dois me tenir assis en tailleur à ma petite table et, la nuit, dormir sur le dos ou sur le côté, visage découvert afin que le gardien me voie ; que j’ai droit à deux douches par semaine d’une durée d’un quart d’heure. Et que le savon, le dentifrice et les serviettes de toilette sont à ma charge. »
CAROLE :
« JE NE PEUX PLUS ATTENDRE À NEW YORK DANS L’INACTION »
« Je ne suis pas restée longtemps aux Etats-Unis. Quelques jours après l’incarcération de Carlos, j’apprends que notre maison de Beyrouth a été ‘visitée’ par les hommes de Nissan. Ils sont entrés dans la plus grande illégalité et ont changé les serrures des portes. J’apprendrai peu après que tout a été planifié : une fois Carlos arrêté, les différents appartements qu’il occupait pour son travail ont été fouillés, des ordinateurs ont été saisis ainsi que des documents importants dont certains auraient pu servir à la défense de mon mari. Il n’y a que dans notre appartement parisien qu’ils n’ont pas pu pénétrer.
Je ne peux plus attendre à New York dans l’inaction, il faut que je rentre au Liban pour nous protéger et protéger nos biens.
A Beyrouth, Maria, l’une de mes meilleures amies, m’attend à l’aéroport. En la voyant, je m’écroule en pleurs dans ses bras, mais elle me secoue :
– Carole! Carole! Non, non, pas maintenant! Il ne faut pas pleurer, tu dois être forte!
Ses mots me font l’effet d’un électrochoc. Je ravale mes larmes d’un coup et prends une grande inspiration :
– Tu as raison. Je ne vais pas me laisser abattre.
De l’aéroport, je file chez un avocat puis je fais un crochet pour voir ce qui se passe dans ma maison occupée. Des agents de sécurité de Nissan entourent celle que tous ici appellent ‘la maison rose’ à cause de la couleur pastel de ses murs. Ils me laissent entrer pour prendre quelques vêtements et je découvre, stupéfaite, qu’en changeant les serrures, ils ont enfermé à l’intérieur nos deux employées de maison! Depuis ce jour, elles ne peuvent plus sortir!
Après être allée à la police signaler leur séquestration et l’entrée abusive de Nissan chez nous, je pars m’installer chez ma mère à deux pas de là, où je vais vivre pendant quelques semaines. Pour l’instant, je ne peux pas rester seule. »
CARLOS :
« JE DÉCOUVRE QU’ICI LA PRÉSOMPTION D’INNOCENCE N’EXISTE PAS »
« Depuis quelques jours, le ton des interrogatoires a changé. A plusieurs reprises, Seki me tient ce genre de discours :
– Vous n’avez qu’à vous confesser, monsieur Ghosn, ça va vous soulager. Si vous ne nous dites rien, on va être obligés d’aller chercher partout, auprès de votre épouse, auprès de vos enfants, de vos sœurs, et on va finir par trouver. On trouve toujours. Nous, on a tout notre temps…
Je le regarde, muet, effaré par sa perversité. Parfois, sa cruauté va encore plus loin :
– Vous vous rendez compte de ce que vous faites subir à votre famille? En vous entêtant à ne pas reconnaître les faits, vous leur rendez la vie impossible!
Le temps est l’arme préférée de la justice japonaise, elle épuise ses suspects
J’encaisse en silence, à quoi bon répondre? Ce chantage qui touche ma femme, mes enfants, mes sœurs va revenir de manière récurrente, surtout lors des dernières séances. Le temps est l’arme préférée de la justice japonaise, elle épuise ses suspects, elle les a à l’usure. Ayant compris que mon entourage proche est mon talon d’Achille, Seki tente de me faire culpabiliser et de me faire craquer. Mais il ne m’impressionne pas. Il ignore que c’est en eux aussi que je puise l’essentiel de mes forces.
Je vois bien que je mets le procureur dans une situation impossible : si je n’avoue pas, si je ne signe pas ces aveux qu’il m’extorque, il risque de perdre la face, qu’on l’accuse de m’avoir arrêté à tort et, ça, au Japon, ça n’est pas possible! Donc, il se déchaîne!
Tous ces interrogatoires ont été enregistrés. Quand, bien plus tard, la presse a demandé au procureur de visionner ces enregistrements, on leur en a refusé l’accès sous prétexte qu’ils contenaient des informations trop ‘confidentielles’. Je pense surtout qu’ils n’avaient pas envie de révéler au monde la teneur de leurs méthodes.
Ignorant tout du système judiciaire japonais, je découvre avec stupéfaction qu’ici, la présomption d’innocence, ce principe absolument incontournable de notre procédure pénale, n’existe pas. Maintenant qu’on m’a arrêté, c’est à moi d’apporter les preuves de mon innocence! En attendant, on cherche à me faire avouer ce que je n’ai pas fait et ces hommes sont prêts à toutes les bassesses morales et physiques pour que je parle. Pour ces procureurs, je ne suis qu’un grain de sable dans leur machine à broyer et qui fonctionne à tous les coups, ou presque : à 99,4%, le prévenu est déclaré coupable! Ils n’ont pas l’intention que je grippe cette machine! Surtout pas moi, l’étranger, le gaijin comme les Japonais nomment ceux qui viennent d’ailleurs, le seul patron étranger du CAC 40 au Japon. Moi, le privilégié. »
CAROLE :
« JE SUIS ANÉANTIE PAR UN TEL TRAITEMENT ET TRÈS INQUIÈTE POUR LUI »
« D’après les avocats japonais, Carlos devrait sortir de prison le 21 décembre, sa garde à vue s’achevant à cette date. A cette époque, je crois encore aux promesses des procureurs et je pense recevoir mon mari dans notre appartement parisien pour fêter Noël avec notre famille, nos enfants. Enfin réunis! Cette perspective me gonfle de joie. L’ambassadeur Pic a déjà préparé tous les papiers de sortie et le billet d’avion pour la France.
Et puis, une demi-heure avant l’heure de la délivrance, je suis informée par mon avocat que Carlos restera en prison. Le procureur a sorti de son chapeau de nouvelles accusations et décidé de son maintien en cellule pour une deuxième période d’un mois.
La déception me dévaste.
Les Japonais ne m’inspirent pas une grande confiance mais, là, j’ai cru à leur promesse. Mon désir de revoir Carlos m’a aveuglée. Pourquoi nous torturent-ils ainsi? Si on nous avait dit tout de suite que la libération était incertaine, je n’aurais pas tant espéré. Est-ce une nouvelle stratégie pour affaiblir Carlos et nous, par la même occasion? Et, dans un mois, quel prétexte trouveront-ils pour ne pas le libérer?
[…]
Je n’ai pas vu d’images de l’audience, rien n’a été filmé. C’est par la presse que j’apprends que Carlos est arrivé au tribunal de Tokyo, une corde enroulée autour de sa taille, menotté et tiré par un policier comme un maquignon qui conduit sa bête à la foire. Cette vision me rend folle! Est-on obligé de lui infliger une telle punition pour l’auditionner? Et je ne pense pas seulement à Carlos mais à tous les prisonniers traités de la sorte. Comment peut-on humilier ainsi un être humain?
Ce qui me frappe c’est son cou maigre qui sort de la chemise et le costume dans lequel il semble flotter
S’il n’y a pas eu d’images, en revanche un dessinateur était présent dans la salle et il a ‘croqué’ le profil de Carlos. Je reconnais son visage sur l’esquisse, mais ce qui me frappe c’est son cou maigre qui sort de la chemise et le costume dans lequel il semble flotter. Je ne voulais pas voir les images de peur de le découvrir diminué, mais ce dessin est pire que tout.
Je suis anéantie par un tel traitement et très inquiète pour lui. L’article dit aussi qu’il a parlé peu de temps mais que sa voix était claire, forte et qu’il a regardé le juge droit dans les yeux. Je l’imagine, les sourcils froncés, amaigri, mais déterminé à se faire entendre. Dans ces mots que je lis et relis pour mieux visualiser la scène, je retrouve mon mari et un peu d’espoir. Il va tenir, il va tenir. »
CARLOS :
« MON ABANDON ‘OFFICIEL’ PAR LA FRANCE A LIEU LE 11 JANVIER 2019 »
« Dans les premières semaines de mon arrestation, le gouvernement français a montré quelques signes d’intérêt pour moi en demandant à la justice japonaise que je rentre en France et en l’assurant que je repartirais au Japon au moment du procès. Hélas, cette sollicitude pour ma personne n’a pas fait long feu…
Le contraste entre ce que je subis et la nonchalance du gouvernement français me choque énormément
Mon abandon ‘officiel’ par la France a lieu le 11 janvier 2019, quand les Japonais refusent de me libérer à l’issue de ma première garde à vue et qu’ils me chargent d’une nouvelle accusation qui va sceller mon sort. Le gouvernement français décide qu’arrivant quasiment à l’âge de la retraite, je dois abandonner mes fonctions et qu’il nommera un nouveau patron pour Renault. Il a voulu faire un exemple et a sacrifié le ‘soldat Ghosn’! Tout ça pour ne pas exploser l’Alliance et tenter de rétablir des relations avec Nissan qui l’a pourtant provoqué en remettant en cause ladite Alliance.
L’émissaire de toute cette opération n’est autre que Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Le contraste entre ce que je subis et la nonchalance du gouvernement français me choque énormément. D’un côté, les politiques répètent « faire tout ce qu’ils peuvent » pour moi et en appellent au respect de la présomption d’innocence et de l’autre, Bruno Le Maire déclare sur RTL, le 20 janvier 2019 : « Je n’ai aucun jugement à porter sur le système judiciaire japonais », alors qu’il en connaît les dysfonctionnements. Qu’il ajoute : « Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les conditions de Carlos Ghosn soient les meilleures possible » montre l’étendue de son cynisme. »
CAROLE :
« LE PRÉSIDENT N’A JAMAIS RÉPONDU »
« J’ai reçu un accusé de réception du secrétariat de l’Elysée dans lequel on m’informe que le Président me répondra « rapidement ». J’ai attendu. Il n’a jamais répondu.
Il faudra la parution de mon interview dans Le Journal du Dimanche début janvier pour qu’il m’envoie un mot signé de sa main disant : « Le gouvernement français fait tout pour aider votre mari. » Le genre de phrase tellement convenue, rebattue qu’elle m’inquiète au lieu de me rassurer.
Plus tard, sur les conseils de ses avocats français, Carlos a écrit à Emmanuel Macron. C’est moi qui ai porté sa lettre à l’Elysée. Anne Méaux ayant pris soin de prévenir de mon arrivée, j’ai été reçue par le secrétaire général, Alexis Kohler, qui a déroulé devant moi le tapis rouge :
– Madame, je suis là pour vous, je peux vous aider. Voici mon numéro de portable, vous pouvez m’appeler à n’importe quelle heure.
Je l’ai appelé. En vain. De même, mes SMS sont restés sans réponse. »
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Source : Luc Michel