Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen
Mohsen Abdelmoumen: Pensez-vous qu’il y aura un changement de cap avec la nouvelle administration US ?
Dr. Tewfik Hamel: Disons « beaucoup de mousse, mais pas beaucoup de bière ». Probablement, la stratégie de communication. La politique étrangère et de sécurité des Etats-Unis s’apparente, pour reprendre Arthur Schopenhauer, à « un kaléidoscope qui, à chaque fois qu’on le tourne, montre une nouvelle configuration, alors que nous avons toujours la même chose devant les yeux ». Les grandes puissances comme les Etats-Unis s’engagent rarement dans une réflexion profonde et une réforme sérieuse en absence d’une défaite majeure. Le changement du contexte international n’a pas entrainé un ajustement profond dans la grande stratégie américaine. Celle-ci a peu évolué depuis les années 1890. Les hypothèses de bases n’ont pas été bouleversées.
Dès les premiers jours de la République, les Etats-Unis étaient poussés vers l’extérieur. L’expansion territoriale a duré plus d’un siècle. A partir de 1890 et la « splendide petite guerre » avec l’Espagne, les Etats-Unis ont commencé à assimiler la prospérité et la sécurité à l’engagement international et à la projection de la puissance à travers le monde. Ils ont tendance à envisager la sécurité en termes de suprématie au même temps que la sécurité est invoquée pour justifier des comportements impérialistes. Ils ont développé un « éthos de sécurité », exprimé dans les grandes stratégies successives (internationalisme wilsonien, endiguement, mondialisme stratégique), qui a altéré les valeurs fondamentales.
Les Etats hégémoniques comme les Etats-Unis sont confrontés à vastes défis politiques, économiques et militaires complexes. La gestion des ressources limitées implique une stratégie mondiale susceptible de générer une surcharge cognitive pour le système politique. Au lieu de fournir de nouveaux scénarios de planification et d’engagement pour apporter la stratégie et les ressources à l’équilibre, les administrations américaines successives, maintiennent, sous différentes formes, le modèle de d’engagement mondial et augmentent les misions des services. En raison de cette surcharge cognitive, les Etats-Unis passent rapidement d’une stratégie globale à une autre – la « guerre mondiale contre le terrorisme » au « Pivot vers l’Asie », ainsi de suite. Ce fléchissement stratégique se produit indépendamment du fait que l’économie soit en crise ou pas, bien que la crise économique exacerbe la tendance à l’incohérence stratégique. Le président Joe Biden promet de restaurer le leadership mondial des Etats-Unis alors que la situation intérieure et la place de l’Amérique dans le monde se sont beaucoup dégradées.
D’après vous la nouvelle administration US va être dans la continuité de l’administration Trump, notamment dans le dossier du nucléaire iranien, ou la guerre économique contre la chine ?
La définition géographique de l’Asie a été élargie au Moyen-Orient. Cette vision géopolitique expansive de la géographie est marquée par la disparition des divisions de l’époque de la guerre froide : désormais le Moyen-Orient, l’Asie du Sud, l’Asie du Sud-est et l’Asie de l’Est font partie d’un continuum organique unique. En termes géopolitiques, les efforts américains se focalisent sur ont un défi majeur : l’émergence de la Chine comme puissance continentale et maritime. La relation avec Pékin est qualifiée comme une confrontation idéologique mondiale. Pratiquement aucun responsable américain ne supporte la Chine et les textes officiels qui ne citent pas Pékin comme un rival ou ennemi potentiel sont rares. Le rééquilibrage vers l’Asie n’est pas associé à une présidence quelconque et ne sera pas remis en cause par le changement d’administration. Il existe un accord entre les deux grands partis sur l’impératif de focaliser la politique américaine sur l’Asie/Pacifique.
L’administration Trump a développé les thèmes classiques de la stratégie américaine (au lieu de les rejeter) et engage les États-Unis à jouer leur rôle traditionnel de leader du « monde libre ». Certes, il y a eu une mauvaise communication, mais, contrairement aux arguments de nombreux analystes, la politique de Trump n’était pas en plein désarroi. Une image différente émerge de l’agitation quotidienne : les États-Unis se préparaient à une nouvelle ère, marquée non par une domination américaine incontestée, mais par une Chine montante et une Russie offensive qui manœuvraient pour un système mondial multilatéral. Ce changement d’orientation a pris du temps pour s’opérationnaliser. Des éléments en sont apparus, principalement sous une forme réactive, sous le président Barack Obama. L’administration Trump est allée plus loin, reconnaissant que la concurrence des grandes puissances justifie de reconstruire profondément la politique étrangère, la stratégie de défense et la posture militaire des Etats-Unis.
L’ « Asia Pivot »est un code bureaucratique que les Etats-Unis vont se focaliser sur la Chine qui remplace Al-Qaïda/Daech comme la principale menace à la sécurité nationale américaine. Le Pentagone a conclu que le moment est venu pour se préparer à la guerre avec la Chine, la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, et par conséquent il faut mettre l’accent sur la capacité d’engager un combat conventionnel. Sans être un effort périodique, c’est une conclusion qui allait façonner les systèmes de défense, la posture de force et la stratégie globale des États-Unis. Le rééquilibrage traduisait le changement de culture de l’establishment de la sécurité nationale américain selon lequel la contre-insurrection et la guerre irrégulière laissent la place à de nouveaux concepts militaires axés sur la guerre conventionnelle avec les grandes puissances comme le « concept organisateur central » de l’appareil américain de sécurité et de la défense.
La « A Cooperative Strategy for 21st Century Seapower » de mars 2015 a identifié des concurrents spécifiques comme des raisons pour maintenir une présence directe dans les régions pertinentes à travers le monde — la première fois depuis la guerre froide qu’une stratégie navale a explicitement souligné le besoin de « dissuader et, si nécessaire, de vaincre des adversaires potentiels spécifiques ». The United States Military’s Contribution To National Security(2015) a admis qu’une guerre avec une puissance majeure est fortement probable. Il a énuméré quatre États « révisionnistes » – la Chine, la Russie, l’Iran, la Corée du Nord – qui menacent les États-Unis et ne respectent pas les normes et les institutions mondiales.
En général aux états unis, on change de président, mais la politique reste la même, surtout la politique étrangère. Qu’en pensez-vous ?
L’élite américaine est un adepte de ce que l’historien américain Andrew Bacevich « The Washington Rules », composées de 1) la « trinité sacrée » (« présence militaire mondiale », « projection de puissance mondiale », « interventionnisme mondial ») et ; 2) du « crédo américain » qui est le leadership mondial. En plus de rejeter l’isolationnisme, le crédo exhorte les Etats-Unis (et seuls les Etats-Unis) à « lead, save, liberate, and ultimately transform the world »). En vertu des « Washington Rules », les États-Unis ont toujours incarné, et continuent d’incarner, la liberté. Afin de postuler à des fonctions élevées et être un acteur dans la politique étrangère des Etats-Unis, vous devez faire allusion à la « responsabilité de l’Amérique de diriger » le monde et accepter les « règles de Washington ». Celles-ci ne sont pas consciemment discutées, parce qu’elles sont les hypothèses de base pour les discussions de la politique étrangère. Le « Credo » et la « Trinité » sont profondément ancrés dans l’imaginaire collectif.
Tout changement dans la grande stratégie est susceptible de se produire tant au niveau tactique que stratégique. Cela s’explique par le fait que l’inertie intérieure (idéologique, politique, bureaucratique) favorise la stabilité de la grande stratégie. Les Etats-Unis varient dans leur agressivité extérieure selon leur puissance militaire et leur richesse relative. Un changement fondamental est peu probable sauf si un choc interne est combiné à un changement géopolitique sous-jacent (par exemple : le cas de l’Allemagne après 1945, l’ouverture de Japon au 19e siècle, la Russie à la fin de la guerre froide). Le statut de la Grande Bretagne comme une puissance navale, impériale et commerciale est resté stable tout au long du 19e siècle et sa grande stratégie est restée relativement stable le long de cette période. Par contraste, la stratégie britannique a contracté au 20e siècle suite à la montée de nouveaux concurrents et aux chocs qu’elle a subis, en particulier entre la seconde guerre mondiale et la crise de Suez, qui ont précédé le repli.
Ainsi, le déclin économique intérieur (déficit commercial, dette publique croissante, tensions sociales et raciales) et la montée de concurrents (Chine, Russie, etc.) va exacerber l’incohérence de la stratégie mondiale américaine. L’équilibre géopolitique mondial évolue vers un retour à la bipolarité entre la Chine et les Etats-Unis marquée par lutte pour la puissance et l’influence. Cette rivalité émergente pose déjà des choix difficiles pour les pays asiatiques, pris entre les deux. Alors que Pékin tend à devenir la plus grande économie, en 2011 Washington empruntaient 40 centimes pour chaque dollar dépensé. Puisque la Chine est le plus grand créancier des Etats-Unis, il résulte que c’est Pékin qui finance indirectement la domination américaine dans l’océan indien bien que les alliés américains dans la région soient préoccupés par la situation financière des Etats-Unis –notamment d’un désengagement américain de l’Asie et de conversion de la puissance économique chinoise en puissance militaire.
Pourquoi d’après vous les états unis ont toujours besoin d’un ennemi, si ce n’est pas la Russie, c’est la chine ? Ne pensez-vous pas que nous continuons de vivre une guerre froide qui ne dit pas son nom ?
Les raisons sont à chercher dans l’évolution historique et la composition sociale du pays. L’idée que la sécurité est renforcée par l’expansion de la puissance américaine est un thème récurrent chez les élites américaines. Leur sentiment d’insécurité ne peut pas être apaisé. Dès le début, les Américains ont construit leur crédo identitaire en contraste avec un « Autre » indésirable et dangereux. Les adversaires de l’Amérique sont toujours définis comme opposés à la liberté. Psychologiquement, la personnalité stratégique des États-Unis est paranoïaque et le noyau du militarisme américain n’est pas nouveau. Le militarisme, qui a une fonction spécifique clé dans l’histoire américaine, a accompagné chaque phase historique expansionniste. Historiquement, la stratégie américaine a impliqué des pressions incessantes pour l’expansion du capitalisme et des mécanismes politiques, militaires et culturels qui facilitent cette expansion.
Rosa Luxemburg a souligné que la violence politique est l’instrument et le véhicule du processus économique. En d’autres termes, « la dualité des aspects de l’accumulation dissimule le même phénomène organique », qui découle des conditions de la reproduction capitaliste. En effet, la précieuse république est devenue une puissance impériale. Mais le déni des États-Unis comme un empire a permis que l’image de soi dominante de la nation soit perpétuellement innocente. Pour réduire la « dissonance cognitive », des situations complexes ont dû être simplifiées, en attribuant aux « Autres » les motivations les plus maléfiques et les objectifs les plus sinistres : la peur d’un « Autre » indéterminé (le bolchevisme, le socialisme, l’anarchisme, ou simplement les « agitateurs étrangers ») est devenue essentielle pour créer des solidarités politiques sur le front intérieur ainsi que pour renforcer la cohésion interne d’une société ethniquement hétérogène et caractérisé par un individualisme exacerbé et des clivages de classe.
« La guerre, c’est l’enfer », disait Obama, mais la guerre a défini une grande partie de l’imaginaire américain au point que l’Amérique déclare régulièrement la guerre à toutes sortes de choses – la pauvreté, la drogue, virus, etc. Les Américains ont vécu et vivent dans « l’ombre de la guerre » et vivre sous l’« ombre de la guerre » a abouti à la militarisation de la société, tandis que la menace de la guerre a envahi le langage et la pensée de tous les jours.Dans « A Country Made by War: From the Revolution to Vietnam », Geoffrey Perret a écrit que les guerres de l’Amérique ont été comme les barreaux d’une échelle par lesquels elle est passée à la grandeur. Aucune autre nation n’a triomphé si longtemps, de manière aussi systématique ou sur une si vaste échelle, par la force des armes. Il s’agit d’un facteur aussi important que la géographie, l’immigration, la croissance de l’entreprise, la séparation des pouvoirs, l’inventivité de ses habitants, ou toute autre chose qui contribue fortement à son identité unique parmi les nations de la Terre ».
Dans l’expérience collective et la culture stratégique américaines, la guerre est un clarificateur ou purificateur moral et énergisantnational, qui tend à unifier l’expérience nationale d’un pays souffrant de fragilités structurelles comme un Etat-nation. Pour l’Amérique, les guerres sont régénératrices et rédemptrices. Pour un romancier comme John Limon, manquer la guerre, c’est manquer l’Amérique, car c’est « un pays fait par la guerre ». L’histoire littéraire américaine est délimitée par les guerres, comme si les époques littéraires, comme l’histoire de la littérature elle-même, nécessitent un bain de sang pour commencer, dit-il. A chaque fois que l’innocence supposée est perdue, cela déclenche une crise nationale mais elle se régénère. Après chaque révélation troublante comme la torture en Irak, le pays manœuvre astucieusement pour ressusciter sa croyance dans sa propre innocence. La représentation aménisique et fragmentaire de l’histoire américaine dissocie de la mémoire collective ces images intensives et détaillées de destruction. Ce déni motivé permet l’établissement et le renforcement d’un récit rassurant, qui justifie la guerre en insistant sur l’innocence de ses intentions.
Dans son programme électoral, il se contente de généralité, selon vous est-ce que Biden a une politique claire au Moyen-Orient. Laquelle ?
L’adaptation de la stratégie américaine s’est accompagnée par la reformulation d’une nouvelle perception de la géographie ou des ensembles géographiques en créant une continuité entre l’Asie et le Moyen-Orient. L’objet des stratèges de la défense et des planificateurs militaires américains est de s’éloigner progressivement de l’Europe et se focaliser sur l’Asie, mais avec une ouverture plus grande. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la Chine et la Russie, le centre de la sécurité nationale aujourd’hui est l’ « arc d’instabilité » qui s’étend du golfe Persique à la Corée du Nord. La stratégie américaine prend un tour très « corbettien »[1] prévoyant deux points de concentration de la présence militaire américaine : un en Asie du Nord où d’importants éléments économiques du système mondial sont exposés ; et l’autre dans le golfe Persique riche en ressources gaz et en pétrole. La grande quantité du pétrole chinois importé provient principalement du Moyen-Orient. Un argument de plus pour les États-Unis de renforcer leur présence au Moyen-Orient, la région qui déterminera la rivalité de puissance à venir entre Pékin et Washington.
Avec la montée en puissance de la Chine et de la Russie, l’administration Biden cherchera à mettre fin aux engagements américains dans les « petites guerres » tout en évitant une déstabilisation généralisée de la région et privilégiant d’autres formes d’engagement. Le succès tactique de la mise à mort de Ben Laden a convaincu beaucoup d’Américains de l’efficacité de la stratégie des assassinats ciblés. En de bénéficier d’un historique de succès, elle considéré efficace militairement et relativement rentable du point de vue du « modèle de guerre américain ». Après une décennie de contre-insurrection, cette ère récente touche à sa fin. Les États-Unis ne peuvent plus se permettre de telles missions. De nombreuses raisons suggèrent que cette pratique se renforcera. Les difficultés financières (austérité et réduction de dépenses publiques) encouragent des stratégies moins coûteuses et donc plus attrayantes pour les décideurs politiques en quête de solutions techniques abordables à des problèmes difficiles.
La déstabilisation généralisée du Moyen-Orient n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis. Seul un grand marchandage impliquant des garanties de sécurité forte pourrait désamorcer l « impasse mexicaine » dans laquelle se trouvent Téhéran, Ryad, Tel-Aviv, etc. Les relations américano-iraniennes ont rarement été normales, mais si les deux pays décident de normaliser leurs relations il ne serait pas très difficile de mettre en place les mécanismes nécessaires. L’Iran et les Etats-Unis sont de plus en plus sur une trajectoire de collision, et les décisions prises maintenant dans la région et à Washington comptent plus que jamais. L’Iran est un pays trop important pour être isolé ou ignoré. L’ambigüité de l’administration Biden sur l’accord nucléaire 2015 traduit la difficulté de trouver un équilibre satisfaisant toutes les parties. Bien que la politique iranienne soit passée de l’idéologie au pragmatisme, l’histoire iranienne a emprunté des chemins compliqués pour faire de ce pays un partenaire difficile dans une région sensible où l’Iran dispose une sphère d’influence s’étendant aux voisins afghans et pakistanais, aux républiques d’Asie centrale et à tous les États du Golfe.
Ne pensez-vous pas, qu’on a plus que jamais besoin d’un monde multipolaire ?
Les principes, les valeurs et les manifestations du multilatéralisme actuel font l’objet de critiques soutenues. Leur efficacité sont remises en question, tout comme leurs procédures de prise de décision et leur représentation. Les discussions sur les droits de l’homme, la démocratie et le développement soulignent que la société internationale est loin d’être post-occidentale en termes de pratiques fondamentales et de principes d’organisation. La marginalisation continue des Etats du Sud traduit le retard moral de la société internationale que certains, comme Andrew Hurrell, justifie au nom d’une soi-disant « efficacité » ; « Ceux qui rejettent les appels à une réforme et à l’élargissement du nombre des membres permanents du Conseil de sécurité reposent souvent sur l’importance de l’efficacité. Oui, la réforme pourrait promouvoir la représentation, mais à quel prix ? Si un conseil de 25 ou 26 membres aura plus de difficultés à agir efficacement que l’arrangement actuel, en quoi cela renforcerait la légitimité de l’organisation ? ». Tout cela a un effet corrosif sur leur légitimité.
L’ensemble du système international, tel qu’issu de la Seconde guerre mondiale, a connu une véritable révolution. Lorsque l’ONU a été créé, elle contenait 50 Etats, un chiffre qui passe à 193 en 2019. Sile système onusien avait a fonctionné, on n’aurait pas eu à créer le G20. L’actuelle impasse que connaissent les institutions internationales (ONU, OMC, etc.) sur de nombreux points importants est le reflet de l’évolution de la dynamique de puissance et la diffusion de puissance.D’où cette instabilité et incertitude et non pas l’efficacité.
Vous avez écrit récemment un article très intéressant Pandémie Covid-19 : leçons pour le Bio terrorisme. Pouvez-vous expliquer à notre lectorat le concept de Bioterrorisme ?
Le bioterrorisme fait référence à l’utilisation intentionnelle ou la menace d’emploi à des fins terroristes de micro-organismes (bactéries, virus, champignons, parasites) ou de toxines dans le but d’induire un dysfonctionnement biologique pouvant entraîner la mort d’un organisme vivant afin d’influencer la conduite du gouvernement ou d’intimider ou de contraindre une population civile. Le bioterrorisme pourrait inclure des actes délibérés comme l’introduction d’organismes nuisibles destinés à tuer les cultures vivrières ; la propagation d’une maladie virulente entre les installations de production animale ; et l’empoisonnement de l’eau, de la nourriture et des réserves de sang. L’acte de bioterrorisme peut aller d’un simple canular à l’utilisation réelle d’armes biologiques.
Les attaques biologiques – armes de destruction, de désorganisation et de perturbation de masse – peuvent avoir des effets psychologiques et sociaux importants de diverses façons, même lorsque les agents provoquent de faibles taux de mortalité physique. L’un des premiers effets est une détresse sociale et psychologique intense. Plusieurs raisons à cette réaction : l’invisibilité des agents biologiques, l’incertitude sur l’étendue et la dangerosité des armes biologiques, la possibilité de transmission de l’agent par contact humain, etc. Parce que peu de matériel suffit pour produire l’effet souhaité, les agents biologiques – bon marché et relativement faciles à obtenir et à disperser – se révèlent bien adaptés au terrorisme pour semer le chaos et la terreur parmi les populations. Un système d’armes biologiques comprend quatre éléments ;
- Une charge utile c’est-à-dire l’agent biologique lui-même.
- Les munitions qui protègent et transportent la charge utile pour maintenir sa puissance durant la livraison.
- Un système de livraison, qui peut être un missile, un véhicule (avion, bateau, automobile ou camion), un obus d’artillerie, un être humain, des aliments.
- Un système de dispersion qui assure la diffusion de la charge sur la cible. Les méthodes potentielles de dispersion sont les aérosols, les explosifs et la contamination des aliments ou de l’eau. Les aérosols sont le moyen le plus efficace de diffusion généralisée.
Les approvisionnements alimentaires sont plus faciles à contaminer que les approvisionnements en eau. Les terroristes peuvent attaquer l’approvisionnement alimentaire à plusieurs étapes de la chaîne alimentaire : cibler le bétail et les cultures pendant la production, la récolte, le stockage ou le transport ; cibler les aliments transformés pendant la transformation, la fabrication, le stockage, le transport ou la distribution de ces aliments. Les épidémies d’origine alimentaire peuvent être considérées comme un événement naturel au début d’une attaque bioterroriste. La contamination des approvisionnements en eau nécessite généralement l’ajout de grandes quantités (irréalistes) d’agents biologiques à l’approvisionnement d’une ville.
On évoque souvent le terrorisme biologique. Qu’en pensez-vous de ces thèses ?
Les agents biologiques ont des caractéristiques qui les rendent attrayants pour un terroriste potentiel : coût moindre que les armes nucléaires ; détection difficile ; dissémination des agents facile sur de grandes étendues ; les auteurs peuvent se protéger et disparaître avant l’apparition des effets ; induit la panique ; engorgement des structures de soins ; effet médiatique ; impact économique important. Quoi qu’il en soit la probabilité et la possibilité, une préparation efficace au bioterrorisme aurait certainement permis une meilleure gestion d’une pandémie, d’une crise d’origine naturelle ou accidentelle. La préparation à une pandémie et au bioterrorisme est indissociable. Il existe une continuité évidente entre les mesures à prendre pour faire face au bioterrorisme et les mesures contre une pandémie.
Plus que jamais, la menace biologique mérite l’attention des politiques et des professionnels de sécurité et de la santé publique. La biotechnologie à l’ère de la biologie synthétique élargit le paysage des problèmes potentiels de la défense. Bien que les apports de la biologie synthétique soient prometteurs, il est aussi possible de craindre des utilisations malveillantes. Bien que ces connaissances aient amélioré la capacité des pouvoirs publics de détecter, prévenir et traiter les infections causées par les agents de guerre biologique, les experts reconnaissent la possibilité de « personnaliser » les agents biologiques classiques pour les rendre plus difficiles à détecter, à diagnostiquer et à traiter. La possibilité d’utiliser la biotechnologie pour concevoir une nouvelle classe d’agents, appelés « Advanced Biological Agents » (ABA), doit être envisagée.
La biotechnologie peut également avoir des applications soutenant la militarisation, la diffusion et la livraison des agents biologiques. A mesure que la biotechnologie continue de progresser, les dangers et les risques de la militarisation, par des gouvernements ou des acteurs non étatiques, progressent également. Par exemple, l’équipement ADN requis pour synthétiser un certain nombre de contagions mortelles est moins cher et plus facile à acheter que d’autres ADN. Selon un rapport de la Central Intelligence Agency de 2003, « la biotechnologie sous-jacente au développement d’Advanced Biological Agents est susceptible de progresser très rapidement, provoquant un spectre de menaces diversifiés et incontrôlables ».
Les plantes et les animaux transgéniques pourraient être modifiés pour produire de grandes quantités de protéines biorégulatrices ou de toxines. Des insectes transgéniques, tels que les abeilles ou les moustiques, pourraient être développés pour produire et délivrer des toxines biologiques. Par exemple, un moustique pourrait être génétiquement modifié pour produire et sécréter une toxine biologique dans sa salive. Ce même moustique servirait alors de vecteur pour délivrer la toxine pendant son processus d’alimentation. Ces insectes transgéniques passeraient probablement inaperçus, car bon nombre des contre-mesures de détection et médicales, qui ont été développées pour les « agents traditionnels », seront inefficaces pour les ABA. Cinq attributs importants caractérisant ces agents biologiques avancés ont été décrits : Haute virulence associée à une spécificité élevée ; Absence de contre-mesures opportunes pour la population attaquée ; Possibilité de camoufler l’agent avec une relative facilité ; Haut degré de résistance aux forces environnementales défavorables ; Haut degré de contrôlabilité.
Vous êtes un éminent expert en terrorisme ainsi qu’aux questions liées à la défense. À votre avis les organisations terroristes telles que Daech et al Qaïda, n’ont-ils pas profité de cette crise du Covid pour se réorganiser ?
Pas seulement les organisations djihadistes. Un survol rapide des forums néonazis et des chaînes suprématistes blanches, qui elles-aussi recourent aux tactiques djihadistes pour perfectionner leurs stratégies, montre comment les extrémistes de droite avancent les théories de la désinformation et du complot pour alimenter les récits extrémistes et encourager la mobilisation. Les partisans de groupes extrémistes nationaux et internationaux ont encouragé leurs adeptes à mener des attaques pendant la pandémie pour susciter la panique, cibler les minorités et les immigrants et célébrer la mort de leurs ennemis. Selon une note de service du Département de la sécurité intérieure, les suprématistes blancs et les néo-nazis préconisent qu’il « s’agissait d’une ‘obligation’ de le propager si l’un d’eux contracte le virus. » Des groupes de la société civile, comme l’Anti-Defamation League, ont identifié que des forums de droite comme « Que faire si vous obtenez Corona 19 », qui disent : « Visitez votre mosquée locale, visitez votre local synagogue, passez la journée dans les transports en commun, passez du temps dans votre quartier diversifié local ».
Certains blogs néonazis proposaient « d’exterminer » les populations immigrées et d’exclure les minorités ethniques du traitement médical, tout en affirmant que la « croix gammée » est « le meilleur remède contre Covid-19 ». Leur propagande blâme les groupes ethniques « inférieurs » tout en plaidant pour la fermeture permanente des frontières. De son côté, l’Etat islamique a encouragé les djihadistes à capitaliser sur la peur, le chaos et le stress causés par la pandémie en menant des attaques contre des populations vulnérables en Europe et aux États-Unis. Les partisans de l’Etat islamique décrivent le coronavirus comme un « soldat d’Allah » et ont encouragé les adeptes à célébrer comment la pandémie a nui aux économies américaine et européenne. Ils ont également allégué qu’il s’agissait d’une punition divine contre les athées, les chiites, les chrétiens et les populations minoritaires en Chine, en Iran et en Italie. Des sites et blogs islamistes appellent aussi à propager Covid-19 parmi les infidèles et Dar-Al-Harb, ou ce qu’ils appellent le « dijhad coronavirus ».
Différentes sources de renseignement évoquent une restructuration de Daech notamment en Irak. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ? Où on est la coopération des services de renseignement dans le cadre de la lutte anti-terroriste ?
La perte de nombreux Etats (Irak, Syrie, Libye, Mali, etc.) du monopole de la violence légitime a contribué à la prolifération des États dysfonctionnels où prospèrent une multitude de menaces – insurrections, terroristes, criminalité transnationale organisée, économies d’ombre illicites. Parallèlement, les nouveaux moteurs des conflits se combinent à des changements culturels, sociaux et technologiques rapides pour compliquer l’environnement de sécurité mondial. Daech en est l’un des produits. Le travail des services de renseignements est compliqué dans un tel chaos marqué par l’effondrement des institutions. Lutter contre des organisations hybrides comme Daech c’est, pour reprendre l’ex-lieutenant-colonel John Nagl, « comme manger de la soupe avec un couteau », donc « difficile à apprécier pleinement jusqu’à ce que vous l’ayez fait ». Daech est une organisation hybride, hétérogène et narcoterroriste, marquée par la coopération-convergence de plusieurs groupes terroristes, d’insurgés, de criminels et de milices et seigneurs de guerre. Cette relation peut être caractérisée par trois phénomènes parfois simultanément :
· La coexistence ; occuper et opérer dans le même espace géographique en même temps.
· La coopération ; les différents groupes ont réalisé que leurs intérêts mutuels sont mieux servis s’ils travaillent temporairement ensemble et sont menacés s’ils ne le font pas.
· La convergence ; chacun commence à adopter les comportements, la stratégies et tactiques qui sont le plus souvent associés à l’autre. Daech est l’un des exemples du phénomène de gangstérisation du terrorisme et de radicalisation des gangsters.
Les acteurs locaux ne disparaissent pas dans les nouveaux réseaux mondiaux. Dans la lutte contre le narcoterrorisme, le gouvernement dispose d’un avantage initial en termes de ressources, mais contrebalancé par l’obligation de maintenir l’ordre et de protéger la population. Les narcoterroristes réussissent en semant le chaos ; le gouvernement échoue s’il ne maintient pas un ordre satisfaisant. Donc s’il se borne à tuer ou faire des prisonniers, l’Etat ne peut pas gagner. Gagner les guerres et gagner la paix sont ainsi deux missions fort différentes. Face à ce type de menace, ni chars, ni navires de guerre, ni avions ne pouvaient garantir la victoire stratégique.
Les groupes armés sont des organismes vivants, pas des structures mécaniques. Ils changent, se transforment et se recombinent en permutations infinies qui forcent des stratégies et des concepts de changer au fil du temps. Daech est un « système de systèmes » qu’une organisation terroriste : un organisme complexe qui dépendent de plusieurs facteurs ; leadership, ressources, infrastructures, populations et défenses. Perdre l’un de ces éléments-clés et l’ennemi est paralysé. Les perdre tous et l’ennemi est éliminé. Sans traiter les causes qui ont conduit à l’émergence de Daech y compris les interventions étrangères, il est fort probable qu’elle se régénère sous une nouvelle forme.
Pourquoi les gouvernements occidentaux tolèrent- ils la présence sur leurs sols de terroristes notoires ? d’après vous les services de renseignement occidentaux se sont-ils adaptés à la menace djihadiste ?
Le terrorisme est un concept polysémique. Malgré le caractère récurrent de ce phénomène plus vaste et plus englobant, il est encore mal défini, ouvert à des interprétation erronées, confusions, des détournements, des abus et des justifications morales. L’absence d’une définition claire et unanime a gravement nuit à la lutte contre le terrorisme. Le vrai problème est que le terme a été employé comme arme idéologique plutôt que comme un instrument d’analyse. En occident, il y a une tendance à définir le terrorisme pas en tant qu’acte, mais par l’auteur. La lutte contre le terrorisme s’appuie sur de nombreuses hypothèse fausses et réductrices orientalistes, qui cherche à imposer la clarté morale au détriment de la clarté stratégique et opérationnelle.
La lutte contre le terrorisme nécessite que le but et la pratique des forces de sécurité et militaires soient régis par les valeurs libérales et démocratiques. L’intégration de la lutte antiterroriste avec la société civile rend l’application des valeurs libérales difficile. Il y a des raisons structurelles qui entravent la stratégie occidentale. Gil Merom explique que ce qui entraîne l’échec des démocraties dans les « petites guerres » est l’interaction de la sensibilité aux victimes, de la répugnance pour le comportement militaire brutal et de l’engagement à la vie démocratique. Ce sont ces tensions qui fournissent la substance d’un débat interne à propos de l’utilité et la légitimité des mesures coercitives.
La stratégie impose discrimination des menaces et harmonisation des fins et des moyens, et exige des objectifs clairs, du moins un ennemi identifiable. Mais l’Occident ne sait pas quoi penser ni quoi faire des différents groupes terroristes, à cause d’un débat orientaliste et idéologique. Porter le voile et porter une ceinture explosive ne sont pas la même chose. Cela ne facilite pas le travail des services de renseignement et des praticiens de sécurité. La politique est élaborée non pas par un centre rationnel mais par un processus complexe. L’Etat réagit à de multiples centre d’intérêts et pressions politiques – parlement, lobbies, public, conseillers. La lutte antiterroriste est le résultat d’une série de compromis et la machine gouvernementale, une bureaucratie vaste et complexe, ne facilite pas la formulation de politiques cohérentes et rationnelles.
Pensez-vous que l’administration Biden va reculer sur le dossier du Sahara occidental à l’opposé de l’administration Trump ? Comment voyez-vous l’issue de ce conflit ?
Bien que traditionnellement ils ont toujours soutenu le Maroc, leur allié de longue date dans la région, les Etats-Unis sont désormais plus prudents et tentent d’équilibrer leurs relations avec le Maroc et l’Algérie, cette dernière est devenue un partenaire clé dans la guerre globale contre le terrorisme. Il est fort possible que l’administration Biden revoit la position des Etats-Unis sur le dossier du Sahara occidental et revient au statu quo, qui existait avant Trump. Dans un best-seller « Strategy and Arms Control » (1961), Thomas Schelling et Morton Halperin ont fait valoir que le contrôle des armements et la politique militaire doivent être attachés aux mêmes buts fondamentaux de sécurité : prévenir la guerre, minimiser les coûts et les risques de la course aux armements, et restreindre la portée et la violence de la guerre dans l’éventualité où elle devrait se produire. Particulièrement vulnérables et dangereusement provocateurs, les systèmes d’armes devraient être limités car les Etats pourraient être tentés de préemption ou même encourager la guerre préventive. En d’autres termes, les Etats-Unis chercheraient à maintenir un équilibre dans la région. L’évolution de la situation intérieure de l’Algérie et du Maroc sera déterminant de la position des Etats extérieures y compris de l’issue finale du conflit de Sahara occidental.
L’Algérie reste une cible permanente de différents cercles hostiles. À votre avis, une éventuelle déstabilisation de l’Algérie n’est-elle pas une option très risquée pour tout le monde ?
L’Algérie est confronté à des problèmes de fragilité interne et de vulnérabilité externe. Les cercles de la sécurité nationale de l’Algérie (Maghrébin, arabe, africain et méditerranéen) sont en phase de reconfiguration et même de désintégration de certains cercles (arabe et maghrébin). La question de la sécurisation des frontières constitue un « dilemme de sécurité » imposée par les troubles croissants dans le voisinage sahélo-maghrébin et l’intensification des rivalités entre grandes puissances. Les menaces sont diverses, polyvalentes et ambiguës. La volonté de l’Algérie d’être un électron libre est mal accueillie par les grandes puissances.
La Tallon d’Achille de l’Algérie est sa fragilité intérieure. Lorsque les dilemmes de sécurité sont le produit des politiques de sécurité externes des Etats, les Etats peuvent désamorcer les tensions grâce à des mesures de renforcement de la confiance. Les bases psychologiques de la perception des vulnérabilités internes sont beaucoup plus difficiles à atténuer. L’insécurité intérieure présente un défi particulier pour les décideurs. Les craintes d’ingérence externe sont générées non pas par les politiques des autres Etats que par les vulnérabilités internes des État eux-mêmes. Ainsi, les Etats ayant des vulnérabilités internes ne peuvent pas être facilement apaisés par des mesures de renforcement de la confiance ».
D’après vous, pourquoi l’armée algérienne est-elle la cible permanente de certains cercles hostiles à l’Algérie ?
La triste réalité est que la politique internationale a toujours été une affaire impitoyable et dangereuse. L’identité algérienne a été forgé dans l’adversité, mais à son corps défendant. Le nationalisme algérien est ancré dans la certitude que le pays est victime d’un complot. Les dirigeants algériens perçoivent la position géopolitique de leur pays sous un prisme obsidional selon lequel l’Algérie est constamment menacée. Le recours constant des dirigeants algériens à l’« ennemi extérieur » reflète une fragilité intérieure. Face à la crise économique, sociale, politique, et les revendications croissantes du Hirak en matière de transparence et gouvernance, l’Etat ne peut plus maintenir son train de vie. Le ministère de la défense est conscient que des coupes budgétaires sont nécessaires et qu’il est nécessaire de rationaliser les dépenses militaires. Un discours alarmant sert à atténuer ou à retarder de telles coupes. Sans l’instauration d’un Etat démocratique moderne, l’Algérie restera une pyramide inversée – c’est-à-dire sa stabilité demeure fragile.
Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen
[1] * SIR JULIAN CORBETT (1854-1922), historien naval britannique, spécialiste en géostratégie, a décrit deux points de concentration traditionnelle pour la Royal Navy, l’un près de l’île française d’Ouessant en Bretagne pour le contrôle de la Manche, et l’autre dans la rade des Dunes (près de Douvres) pour se prémunir contre les menaces d’invasion de la mer du Nord. C
Qui est le Dr. Tewfik Hamel ?
Tewfik Hamel est chercheur en Histoire militaire & Études de défense attaché à CRISES (Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences Humaines et Sociales) de l’université Paul Valéry à Montpellier et consultant. Chargé de recherche à la Fondation pour l’innovation politique (2008-2009), Tewfik Hamel est membre de RICODE (Réseau de recherche interdisciplinaire « colonisations et décolonisations ») et du comité de lecture de la revue Géostratégiques (Académie géopolitique de Paris). Il est également rédacteur en chef de la version française de l’African Journal of Political Science (Algérie), correspondant de The Maghreb and Orient Courier (Belgique) et membre du Cabinet de Conseil Strategia (Madrid)
Tewfik Hamel est l’auteur de nombreuses publications dans des ouvrages collectifs ainsi que dans de grandes revues spécialisées en France et dans le monde arabe (Sécurité Globale, Revue de la Défense nationale, Géoéconomie, Géostratégiques, STRATEGIA, Revue du marché commun et de l’Union européenne, Matériaux pour l’histoire de notre temps, NAQD, Magazine of Political Studies & International Relations, etc.). Auteur de rapports sur la situation géostratégique dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, sa dernière étude est intitulée « Les menaces sécuritaires hybrides : quelles réponses à la jonction criminalité-terrorisme ? » (Institut National d’Études de Stratégie Globale, Présidence de la république, Alger, 2017). Son article dans la revue Sécurité Globale a été publié aux États-Unis sous le titre « The Fight Against Terrorism and Crime: A Paradigm Shift? An Algerian Perspective ».
Reçu de Mohsen Abdelmoumen pour publication
Source : Algérie Résistance
https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/…