Luc MICHEL répond aux questions de Karel Huybrechts
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REVUE DE PRESSE – PRESS REVIEW – ГАЗЕТА/
PCN : BILANS, ANNIVERSAIRES , REGARDS ET PERSPECTIVES … (PARTIE III)
LUC MICHEL REPOND AUX QUESTIONS DE KAREL HUYBRECHTS (Février 2012)
Partie III
– 1962-2012 : 50 ans d’Organisation Communautariste Transnationale (JE-PCE-PCN)
– 1984-2012 : 28 ans du PCN-NCP
– 1972-2012 : 40 ans de vie militante de Luc MICHEL
– 1992-2012 : 20 ans après la disparition de Jean THIRIART
Luc MICHEL répond ici aux questions de Karel Huybrechts, ouvre ses archives et celles de Jean THIRIART et du PCN.
Prépublication en version digitale Pdf par le Service de Presse du PCN (Bruxelles & Kishinev) en mai 2013.
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Sommaire :
I – Regards sur l’Organisation Communautariste Transnationale : passé, présent, parcours
II – Concepts, doctrine et idéologie : Définitions et précisions à propos du Communautarisme européen
III – Les Bases doctrinales et la genèse idéologique du Communautarisme européen
IV – Evolutions : de JEUNE-EUROPE au PCN
V – Mythes et réalités : réponses à la « propagande noire » sur le PCN
VI – La vision européenne alternative du Communautarisme européen
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III – LES BASES DOCTRINALES ET LA GENÈSE IDÉOLOGIQUE DU COMMUNAUTARISME EUROPÉEN
* Question – Karel Huybrechts : Venons-en aux bases doctrinales et à la genèse idéologique du Communautarisme européen. Vous avez longuement developpé le sujet dans votre livre de 1986, LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE, explicitement sous-titré « Machiavélisme, Jacobinisme, Leninisme et Communautarisme ». Vous préparez une édition complétée et actualisée. Quelles en seront les points centraux ?
Luc MICHEL : L’influence du Jacobinisme sur le « Communautarisme européen » orthodoxe (celui de THIRIART et du PCN) y sera particulièrement développée. Parce que le Jacobinisme est non seulement la première apparition moderne du Parti révolutionnaire d’avant-garde – dont le Bolchevisme et le « Communautarisme européen » sont les héritiers –, mais aussi parce que les conceptions idéologiques de THIRIART et du PCN, tout comme les miennes évidemment, sont profondément influencées – et imprégnées – par les concepts idéologiques du Jacobinisme (Sieyès, pour la Nation, Robespierre, pour la grande politique).
Question – Karel Huybrechts : Vous insistez souvent sur ce concept d“orthodoxie idéologique“?
Luc MICHEL : On relèvera que le concept d’orthodoxie idéologique, sur lequel THIRIART ou le PCN reviennent inlassablement, est lui aussi d’origine jacobine. « Le Club des jacobins n’est pas seulement l’armée civile de la Révolution, son bras séculier. Il est aussi son tribunal, le gardien de l’orthodoxie », écrit François FURET. Dans la ligne d’Augustin COCHET, dans son livre LA REVOLUTION ET LA LIBRE-PENSEE, qui évoque « l’orthodoxie jacobine » et ajoute que « la discipline de parti a encore une doctrine, des hommes, un but à présenter à la raison et au cœur des adhérents ».
* Question – Karel Huybrechts : Quels sont ces concepts communs au Jacobinisme et au Communautarisme européen?
Luc MICHEL : En matière de Droit public, d’Etat-Nation, de citoyenneté, de Démocratie directe, d’Armée nationale, le parallèle – y compris dans l’expression même – entre les théories jacobines et celles du « Communautarisme européen » est étroit. « Remplaçons la France par l’Europe et à 180 ans de distance ma pensée est rigoureusement celle du grand jacobin », déclarait THIRIART en 1967 ( ).
La genèse jacobine des théories du « Communautarisme européen » est également centrale dans le positionnement politique de celui-ci. L’héritage assumé des Lumières, des philosophes révolutionnaires, de l’héritage politique et idéologique de 1789-1794, démontre sans ambiguïté que le « Communautarisme européen » ne peut se positionner idéologiquement à droite ou à l’extrême-droite. Sur le véritable positionnement politique du PCN, il faut par ailleurs consulter l’avis des spécialistes et politologues qui ont étudié sérieusement le PCN et pas les diffamations de ses adversaires politiques de tous bords.
* Question – Karel Huybrechts : Pourriez-vous être plus explicite sur ce sujet ?
Luc MICHEL : Il y a une incapacité des politologues – en particulier des marxistes ancien style – ou des journalistes politiques européens à sortir du schéma gauche-droite.
Et aussi leur ignorance des classifications de la recherche anglo-saxonne qui privilégie le classement par caractères et typologies idéologiques à la différenciation gauche-droite. Ce qui conduit fréquemment à des incompréhensions.
Ainsi le « Centre », position politique anglo-saxonne, confondu avec le centrisme du parlementarisme bourgeois ouest-européen. Lorsque Thiriart ou moi évoquons notre « position centriste », nous faisons référence à cela. Dans cette classification « au centre » des politologues anglo-saxons, il y aussi Staline. Seule cette position permet dans une situation révolutionnaire de basculer d’une aile à l’autre, de l’extrême gauche à l’extrême droite, pour les absorber. Cette incompréhension nous a valu parfois les sarcasmes idiots d’universtaires belges ou français, ignares en la matière, qui raillaient à tort le « centrisme » d’une organisation radicale comme la nôtre. Confondre Bayrou et Staline, il vaut mieux se taire…
J’ajouterai que ce « centrisme dynamique » permet seul la dynamique révolutionnaire qui caractérise le national-bolchevisme – et Staline, précisément, incarne un national-bolchevisme russo-soviétique – débordant le Système simultanément sur ses deux ailes extrêmes.
Dans son livre difficile, notamment au niveau du langage, HITLER M’A DIT, publié en 1939 mais où il évoque l’Allemagne du printemps 1934, Hermann RAUSCHNING décrit « le parti nationaliste extrémiste avec ses dangereuses tendances révolutionnaires, qui pouvait à chaque instant passer de l’aile d’extrême droite à celle d’extrême gauche ». Il évoque là le National-bolchevisme, celui de NIEKISCH et du TRAVAILLEUR de JÜNGER, et nullement la NSDAP. Ce National-bolchevisme qui à travers les complots anti-hitlériens de l’hiver 1932, puis du printemps 1934, ceux du « général rouge » SCHLEICHER qui recherche une alternative « transversale » à opposer au Nazisme, en le débordant à la fois sur sa gauche et sa droite, fait tellement peur à Hitler. Qui y voit la seule force capable de « barrer la route (à) son National-socialisme » !
On est là aussi dans cette position du « centre dynamique ».
* Question – Karel Huybrechts : Qui sont précisément ces critiques sérieux?
Luc MICHEL : Ils sont nombreux. Heureusement on n’écrit pas que des stupidités sur nous. Je vais en passer en revue rapidement quelques-unes.
Sur le véritable positionnement politique du PCN, dans les limites de la sociologie politique classique en Europe, Cfr, notamment, :
– Christophe BOURSEILLER, spécialiste reconnu du sujet, situe le PCN dans son livre « LES ENNEMIS DU SYSTEME » (Éditions Robert Laffont, Paris, 1989) parmi les « nationalistes de gauche ».
– François HEINDERYCKX, professeur à l’ « Institut des Sciences politiques de l’Université Libre de Bruxelles » ULB), qui classait la liste du PCN à l’occasion des élections européennes de 1999 parmi la « gauche révolutionnaire » (« Dossier spécial Elections 1999, analyse des campagnes », consulté sur le site Internet d’INFONIE, Belgique, mai 1999).
– Le « COURRIER HEBDOMADAIRE DU CRISP » (n°1598-1599 . 1998), revue scientifique belge de sciences politiques – la référence universitaire en Belgique –, écrivait sur le PCN en 1999 ce qui suit : « En 1985, ce dernier appelait les « nationalistes » à rompre définitivement avec l’extrême droite. Le PCN avait été fondé un an auparavant par (…) des militants issus d’organisations nationalistes-révolutionnaires, d’ex-adhérents de partis communistes, de sympathisants socialistes et d’écologistes radicaux. Le programme et les actions du PCN sont en opposition avec les thèses racistes des formations d’extrême droite classiques. Ce parti se revendique du « Communautarisme européen » et est constitué, selon un document interne, de 7 tendances politiques (nationale-boIchévique, léniniste européenne, syndicaliste révolutionnaire, nationale-révolutionnaire, vert radicale, socialiste radicale et démocrate européenne) ». Les auteurs de cete analyse sont Manuel Abramowicz, dirigeant du site antifa et de la revue « RESISTANCES », et Win Haelstermann, dirigeant du « Front Antifasciste » anversois. Abramovicz étiquette aussi le PCN comme « parti national-communiste » dans sa revue.
Dans son édition consacrée aux élections législatives belges de 1999 (n° 6, printemps 1999), la revue antifa « RESISTANCES » dressait la liste de toutes les formations d’extrême-droite belges. Le PCN n’y figure pas et est repris parmi les « formations alternatives susceptibles d’enlever des voix à l’extrême-droite ».
– A noter aussi que l’ « ANTISEMITISM WORLD REPORT 1993 », publié à Jérusalem par l’ « Institute of Jewish Studies », dans son édition anglaise, s’il reproche au PCN son antisionisme, précise que « The PCN is not a far-right organisation ».
* Question – Karel Huybrechts : Il y a même si j’ai bien lu un classement du PCN par le PCF sur sa gauche, comme « stalinien » ?
Luc MICHEL : Effectivement en 2001 ! Sur le Website du CVIPMA, le « Comité de Vigilance contre les Infiltrations Policières dans le Mouvement Antifasciste » – un organisme d’études antifascistes, aujourd’hui disparu, dont les animateurs, hostiles au PCN, se disaient proches du PCF, le Parti Communiste Français.
Le CVIPMA , dans une enquête de Christophe Mérémis pour la France et Gérald Christin pour la Belgique, qui visiblement ont bien étudié le sujet, développait une intéressante analyse de gauche marxiste – si l’on oublie la langue de bois souvent pesante – et affirmait ce qui suit sur le PCN, qualifié de « stalinien » : « un parti qui affiche ouvertement son stalinisme depuis près de 20 ans, et qui au nom de cette idéologie prétend monopoliser l’antifascisme (…) le PCN a mené une action continue depuis 1991 contre le FN belge, avec des résultats impressionnants, et français (…) Jugé sur ses actes, le PCN est conforme à l’idéologie stalinienne et transnationale qu’il affiche. Le PCN a prouvé son antifascisme bien que sa finalité stalinienne soit à combattre (…) La revue » RésistanceS » et le site du même nom ont consacré beaucoup de place au PCN. Ils notent des liens avec la Libye, l’Irak, « une relation privilégiée avec la Corée du Nord », des liens étroits avec « les derniers appareils staliniens en Europe de l’Est ». Sur plusieurs sites russes proches du Parti communiste de Ziouganov, Thiriart et Luc Michel semblent être des références. Le PCN a aussi des liens visibles avec le SPS du dictateur déchu Milosevic (…) le PCN a agit en conformité avec son idéologie affichée, sorte de stalinisme pan-européen dérivant vers le soutien aux nations arabes laïques (Irak, Libye), aux pays socialistes (Cuba, Corée du Nord) (…) Nous avons aussi consulté plusieurs sites sur les élections belges, notamment sur la liste du PCN aux élections européennes de juin 1999. On y trouve régulièrement, et particulièrement sur la liste des européennes, des candidats du PCN avec des noms arabes (Labriri, Rachid, Missoum Grinni), juifs ou même africains ».
Ils ajoutent – la citation est longue mais explicite – : « La première fois que nous avons entendu parler du PCN, c’était à Paris, lors d’une réunion contre l’embargo sur l’Irak. Renseignements pris, via le net et diverses revues spécialisées, nous avons découvert ce qui semble être l’un des derniers partis staliniens en Occident. Références à Staline et à l’URSS, fascination pour la RDA et la Corée du Nord, filiation avec Jean Thiriart, sorte d’électron libre des services secrets communistes de l’Est dans les années 1960 (sic), national-communisme et national-bolchevisme (compris chez eux comme synonymes de stalinisme, dans la ligne des analyses de Mikhail Agursky sur la « Troisième Rome »), appels à une Europe centralisée, autoritaire et aliénante (resic), pas ou peu de textes réellement marxistes, mais des citations permanentes du « petit père des peuples » et de Lénine. »
* Question – Karel Huybrechts : Ils critiquent aussi le PCN sur le plan de l’antifascisme si je me souviens bien ?
Luc MICHEL : Oui. Voici ce qu’ils en disent : « Le PCN nous est apparu comme un parti, non pas marxiste, mais purement et simplement stalinien. Et logiquement, ses membres affirmaient partout avoir le monopole de l’antifascisme, se référant à la victoire soviétique sur le nazisme. Mais aussi à la résistance nationale-bolchevique et nationale-révolutionnaire allemande contre Hitler (qui fut importante, on le méconnaît souvent). Et à l’action non négligeable menée entre 1994 et 1999 contre le Front National belge par le PCN, qui laisse un profond malaise chez les antifas du Royaume (la revue de presse des actions du PCN publiée sur le site antifa « Europaïsche Widerstand » du PCN est consistante et peut influencer des esprits naïfs ou mal informés, là est le danger principal) (resic) (…) Le PCN rentre dans la catégorie des antifascismes idéologiques. C’est à dire que leurs convictions antifascistes sont purement opérationnelles et sous-tendent d’autres convictions qui sortent du cadre de la démocratie et sont subordonnées à des buts politiques ». Comme si les autres mouvements antifascistes ne faisaient pas de la politique !
* Question – Karel Huybrechts : Et lors de la « période parlementaire » du PCN en Belgique dans les années 90 ?
Luc MICHEL : Lorsque le PCN était représenté au Parlement Wallon et au Parlement de la Communauté Française de Belgique en 1996-98 (deux assemblées parlementaires régionales de l’état fédéral belge), la questure du Parlement Wallon l’avait étiqueté « national-communiste » (le FN étant étiqueté « extrême-droite » et l’extrême-gauche n’étant plus représentée dans un parlement depuis 1985).
* Question – Karel Huybrechts : Revenons à ma question sur le positionnement idéologique du Communautarisme européen au regard de ses thèses jacobines. Il y a pourtant des groupes à droite qui se réclament aussi de THIRIART ?
Luc MICHEL : Les groupes politiques traditionalistes, étrangers à notre Organisation et au PCN, en Italie, en Espagne, en Russie ou en France, qui utilisent abusivement la figure de THIRIART ou certaines de ses conceptions géopolitiques – elles aussi néo-jacobines comme nous l’exposerons – démontrent par là qu’ils n’ont rien compris à la pensée du « Marx de la Révolution européenne » !
Car l’idéologie traditionaliste est entièrement d’essence contre-révolutionnaire, bâtie sur le rejet de la philosophie des Lumières, de l’héritage de 1789-1794 et du Jacobinisme, érigé en ennemi principal. Les thèses réactionnaires de Guénon et autres Evola, les principaux idéologues « traditionalistes » sont totalement antithétiques à celles révolutionnaires de THIRIART ou du PCN.
* Question – Karel Huybrechts : Et THIRIART lui-même, que pensait-il de ces groupes de droite et de leurs thèses ?
Luc MICHEL : Après la disparition publique de l’Organisation transnationale de THIRIART, replié sur ses activités syndicales, en 1969, certains secteurs du Nationalisme-révolutionnaire européen vont s’orienter vers le courant « traditionaliste », inspiré par les théories de René GUENON et Julius EVOLA, débouchant rapidement sur un ghetto stérile, et abandonnant les acquis considérables des travaux théoriques et pratiques menés à bien par Jean THIRIART et ses collaborateurs européens. Tout cela mettait THIRIART en rage !
En 1985, THIRIART nous commandait une brochure spécialement consacrée à une clarification idéologique, titrée « révolution européenne ou tradition ? » à savoir un exposé exhaustif de l’incompatibilité idéologique totale entre le « Communautarisme européen », ses thèses, et les conceptions des courants idéologiques des courants traditionalistes inspiré notamment d’Evola, Guenon. Avec « l’anarchisme mystique », José CUADRADO COSTA y faisait sa contribution, une critique acerbe et sans concession du courant « évolien » et des thèses d’un de ses principaux représentants italiens d’alors, Gorgio FREDA.
* Question – Karel Huybrechts : Sur une optique plus actuelle, quelle est la position des thèses dites « identitaires » sur le Jacobinisme ?
Luc MICHEL : L’idéologie « identitaire » de l’extrême-droite en ce début du XXIe siècle, est encore plus en oppostion aux concepts jacobins et aux nôtres. A propos de l’idéologie « identitaire », qui est celle de la nouvelle extrême-droite en Europe, Caroline FOUREST et Fiammetta VENNER écrivent : « Le Jacobinisme est à la base du système qu’ils combattent » (…) Ils reprochent aux jacobins d’avoir brisé les communauté culturelles basés sur l’identité régionale et l’identité génétique ».
« ID Magazine, le magazine des identitaires français, a consacré son premier numéro à répondre à cette question : « Pourquoi nous sommes identitaires ? ». » ID MAGAZINE affirme : « L’Etat jacobin puis ensuite la technostructure ont toujours organisé la destruction des communauté constituées ».
Pour THIRIART, comme pour moi, dans la ligne directe de la conception jacobine de l’Etat-Nation, les questions d’identité – langue, ethnie, religion, etc. – relèvent du choix personnel du Citoyen. Dans la ligne du Droit public romain et du Droit public français, instauré après 1789 et pensé par le théoricien jacobin SIEYES, inventeur du Droit public moderne, THIRIART et le Communautarisme européen distinguent les droits politiques et civils du citoyen qui relèvent de l’Imperium et les questions personnelles d’identité qui relèvent du Dominium, deux notions du Droit romain. Le tout suppose un Etat unitaire, avec une rigoureuse égalité de tous les citoyens, et la destruction de tous les particularismes.
C’est précisément ce que combat l’extrême-droite identitaire, et la « Nouvelle Droite » en son temps qui l’inspire. ID MAGAZINE écrit encore : « L’idéologie dominante prétend que l’identité relève exclusivement du choix personnel. Nous contestons ce dogme» ( ).
* Question – Karel Huybrechts : On évoque souvent l’athéisme matérialiste que vous partagez avec THIRIART. Et plusieurs observateurs y voient l’origine de votre opposition radicale commune aux thèses traditionalistes. Ceci est-il exact ?
Luc MICHEL : Absolument pas. C’est une analyse complètement erronée. Ceux qui, étudiant le « Communautarisme européen », mettent en avant comme origine à notre opposition totale aux idéologies traditionalistes l’Athéisme matérialiste que THIRIART et moi-même partageons, n’ont pas compris que l’opposition n’était pas là. Le PCN, comme avant lui l’organisation de THIRIART dont le PCN est la version politique depuis 1984, a dans ses rangs des Cadres et des militants issus, à l’instar de la société réelle de toutes les opinions philosophiques (notamment catholiques, orthodoxes, juifs ou musulmans).
Mais tous partagent la vision laïque de la politique et de l’Etat qui est la marque idéologique de l’héritage des Lumières et de 1789-1794. Et c’est dans cette origine jacobine des théories du « Communautarisme européen » que se trouve notre opposition totale et irréductible aux idéologies traditionalistes.
* Question – Karel Huybrechts : Pourtant les nationaux-bolcheviques allemands sont contre le Jacobinisme. Comment jugez-vous cet aspect de leur idéologie ?
Luc MICHEL : Dans mon « Parti Historique Révolutionnaire », j’évoque aussi brièvement une autre généalogie idéologique et politique, dans les parties concernant le KAPD allemand et le PCE de THIRIART (1965-1969) en particulier, celle qui lie le « Communautarisme européen » au National-Communisme et aux versions russes (celles interne au Parti bolchévique et celle de l’immigration russe qu’il ne faut pas confondre) et allemande du National-Bolchévisme.
Précisons encore que le groupuscule russe de l’agent provocateur LIMONOV, financé par la CIA pour propager une « révolution de couleur » en Russie (en compagnie d’une clique de traîtres comprenant des libéraux, des néonazis et des trotskistes !), qui n’est ni « national » ni « bolchévique » n’a rien à voir avec ces courant idéologiques ou le nôtre …
Les Nationaux-bolchéviques allemands de la première génération, celle de NIEKISCH, sont anti-français et opposés à l’esprit de 1789. Ils ne le sont pas comme l’extrême-droite traditionaliste par refus de la Modernité. Mais pour des raisons liées à l’histoire allemande, des guerres napoléoniennes au Traité de Versailles et à l’occupation franco-belge de la Ruhr. Et l’amitié entre la Prusse et la Russie est idéalisée, mythifiée (au sens sorélien du terme), au départ de l’ « Esprit de Tauroggen » en 1813, c’est-à-dire d’une alliance contre le Grand Empire français. Pourtant le nationalisme révolutionnaire qu’ils portent est directement lié à la France révolutionnaire. On retrouvera parfois le sentiment anti-français en RDA après 1945.
La seconde génération des Nationaux-bolchéviques allemands, celle notamment du Professeur LENZ ou du GEGNER de Haro SCHULZE-BOYSEN (le futur dirigeant de l’ORCHESTRE ROUGE, l’organisation de résistance anti-nazie, à Berlin de 1936-45), plus ouverte sur le Marxisme-Léninisme, plus internationaliste, n’a déjà plus ces préventions. Et le GEGNER travaille avec des groupes français « non-conformistes » – les fameux « non conformistes des Années 30 » en France -, comme l’ORDRE NOUVEAU de Philippe LAMOUR.
* Question – Karel Huybrechts : Et la fraction national-bolchevique soviétique, interne au Parti bolchevique? On connait l’admiration de Lenine pour les Jacobins…
Luc MICHEL : La fraction national-bolchévique russe interne au Parti Bolchévique, celle du groupe V PERIOD, ou du PROLETKULT, où Futuristes et Constructivistes russes développent une vision national-bolchévique culturelle, celle qui s’imposera avec STALINE, a évidemment une toute autre vision. Au confluent du Léninisme qui voit, fort justement, dans les Jacobins français, ses précurseurs. Et de l’héritage romain de la « Troisième Rome » dont ils assument en Russie et au sein du Kominterm la vision universaliste et messianique.
* Question – Karel Huybrechts : L’admiration que THIRIART et vous portez à Mustapha Kemal ATATURK, le père de la République turque moderne s’explique-t-elle aussi par les racines jacobines ?
Luc MICHEL : Evidemment. « Etant laïque tant dans la vie intime que sur le plan politique nous réservons au « dominium » du citoyen le secteur religieux : que les gens pratiquent le culte de Jéhovah ou de Mithra peu nous importe tant qu’ils respectent la majesté de l’Etat (laïc) », affirmait THIRIART ( ) ! L’admiration, maintes fois exprimée, que THIRIART et moi même portons à la Révolution d’ATATURK – lui aussi grand admirateur de la Révolution française – en Turquie post-ottomane relève aussi des mêmes fondements idéologiques ( ).
* Question – Karel Huybrechts C’est aussi une vision que vous partagez avec le philosophe communiste italien Antonio GRAMSCI. Pourriez-vous développer cet aspect du Communautarisme européen où se mêlent précisément Jacobinisme, machiavélisme, Marxisme et Nationalisme révolutionnaire ?
On notera tout d’abord que le point de vue de GRAMSCI – évoquant Machiavel, le Jacobinisme et le Parti révolutionnaire – rejoint étroitement notre vision : « Une partie importante du Prince moderne devrait être dédiée à la question d’une réforme intellectuelle et morale, c’est-à-dire à la question religieuse ou à celle d’une conception du monde. Dans ce champ aussi nous trouvons dans la tradition absence de jacobinisme et peur du jacobinisme » écrit GRAMSCI.
* Question – Karel Huybrechts : Venons-en au « Prince collectif » de GRAMSCI… Pourriez-vous pour commencer nous situer le personnage ?
Luc MICHEL : Parmi les théoriciens essentiels de la pensée marxiste, il faut citer Gramsci (1891-1937). Pour certains, « le moins dogmatique des théoriciens de la révolution ». Pour lui, « l’homme est un processus, et, précisément, c’est le processus de ses actes ». C’est au moment de son emprisonnement par le régime mussolinien en 1923 que la pensée politique de Gramsci atteint sa maturité. Une fois incarcéré, le socialiste révolutionnaire forme sa pensée, devenant le théoricien du Marxisme sans aucun doute le plus original.
Sa pensée est rassemblée dans les 3.000 pages des CAHIERS DE PRISON. Un ensemble de notes sur l’histoire italienne, la politique, la littérature et la culture, le fascisme, l’église catholique, le marxisme, la philosophie, les théories de l’éducation, Machiavel et les intellectuels.
GRAMSCI est aussi le théoricien de l’ « hégémonie idéologique ». Dans sa pensée, les intellectuels jouent un rôle déterminant dans la constitution et le maintien de cette hégémonie. Schématiquement, le parti communiste serait à l’intellectuel marxiste, ce que l’Église est à l’intellectuel dit traditionnel catholique. Il montre déjà la dimension religieuse du parti, bien que le parti aspire à devenir l’Etat là où l’Eglise est déjà sinon l’Etat ou une instance semblable à l’Etat. C’est ainsi qu’il théorise la fonction de l’intellectuel organique et la notion de métapolitique. C’est-à-dire que la conquête du pouvoir politique passe d’abord par la conquête de l’hégémonie culturelle. Dans les sociétés occidentales, il est impossible de prendre le pouvoir politique sans contrôler d’abord le pouvoir culturel.
L’origine de cette vision laïque, non-religieuse ou a-religieuse, de la politique et de la société se trouve dans MACHIAVEL. La pensée de Machiavel est à bon droit tenue pour la fondation de la philosophie politique moderne. Une pensée politique débarrassée de la théologie et de la morale moralisatrice pour s’en tenir à la réalité effective des choses. L’influence de Machiavel est évidente sur les sociologues et philosophes des XIXe et XXe siècles qui se sont consacrés à la compréhension du rôle politique des élites : Roberto Michels, Benedetto Croce, Vilfredo Pareto … ou encore l’américain James Burnham.
On doit prendre LE PRINCE dans un sens général : Machiavel nous donne une théorie générale de la classe dirigeante : comment la former, comment la recruter, comment distinguer ceux qui sont aptes à en faire partie. Il est donc tout naturel que Gramsci ait conçu le parti révolutionnaire d’avant-garde comme « le nouveau prince ».
* Question – Karel Huybrechts : Quel est le rapport entre GRAMSCI, Machiavel et le Jacobinisme?
Luc MICHEL : GRAMSCI ( ), dans ses écrits sur le « Prince collectif » – qui est le Parti Révolutionnaire ( ) – parlait fort justement, du « Jacobinisme précoce de Machiavel ». Il écrit notamment : « les « jacobins » qui, certainement, furent une « incarnation catégorique » du Prince de Machiavel. Le Prince moderne doit avoir une partie dédiée au jacobinisme (dans la signification intégrale que cette notion a eu historiquement et qu’elle doit avoir conceptuellement), comme exemplification de la manière dont s’est formée concrètement et dont a opéré une force collective qui, au moins par certains aspects, fut une création ex novo, originale. Et il est nécessaire que soit définie la volonté collective et la volonté politique en général dans le sens moderne, la volonté comme conscience opérationnelle de la nécessité historique, comme protagoniste d’un drame historique réel et effectif ».
Ce qui conduit GRAMSCI à définir le parti, organisme collectif, sur des bases idéologiques « étroitement similaires aux nôtres : « Le prince moderne, le « mythe-prince », ne peut être une personne réelle, un individu concret, il peut seulement être un organisme, un élément de société complexe dans lequel déjà commence à se concrétiser une volonté collective reconnue et s’affirmant partiellement dans l’action. Cet organisme est déjà donné par le développement historique et c’est le parti politique, la première cellule dans laquelle se rassemblent des germes de volonté collective qui tendent à devenir universels et totaux » ( ).
* Question – Karel Huybrechts : Vous insistez sur le fait que le Communautarisme européen est une Ecole de pensée et pas seulement une idéologie. C’est selon THIRIART et vous le concept central. Merci de nous synthétiser ce point important ?
Luc MICHEL : Le « Communautarisme européen », en particulier depuis son second élan après 1983 et la fondation du PCN, est une Ecole doctrinale, une école de pensée (comme l’est le Marxisme-Léninisme) organisée autour d’une vision globale du Monde ( ). Avec ses concepts étatique, politique, sociaux, sa théorie économique – le « Socialisme communautaire » – ( ), sa philosophie, sa morale, son éthique, sa sociologie.
C’est aussi une Praxis mise en action par le « Parti Historique Révolutionnaire ». Et une idéologie globale qui est le verbe ( ) du Parti.
Beaucoup de formations politiques ont un programme, beaucoup moins une idéologie, très peu une Doctrine et une Vision du monde (Weltanschauung dans la philosophie allemande).
* Question – Karel Huybrechts : Votre utilisation du terme „verbe“ au sens biblique est étonnante par rapport à vos positions philosophiques ?
Luc MICHEL : Je vous ferai deux remarques. La première, c’est qu’il faut toujours lire et connaître l’ennemi. Je connais donc bien les religions. La seconde remarque, c’est que la dimension militante, propagandiste, militaire, des grandes religions monothéistes – Christianisme et Islam – n’a pas échappé aux révolutionnaires de l’époque moderne. L’Ordre des jésuites, pour sa discipline et son organisation, a ainsi inspiré Lénine, Staline et Thiriart.
« Au commencement était le Verbe », affirme cet extraordinaire instrument de propagande qu’est la Bible, genèse des trois grandes religions monothéistes, et à la fois manifeste et base doctrinale de deux d’entre elles. Le Verbe du Parti révolutionnaire c’est l’ « Agit-Prop », développée au départ de l’idéologie, qui est la version active de la Doctrine politique révolutionnaire.
* Question – Karel Huybrechts : Quels sont les rapports entre Marxisme-Léninisme et Communautarisme européen?
Luc MICHEL : Notre Ecole doctrinale est au confluent du Marxisme-Léninisme (et du Socialisme européen dont il est issu) et de l’Ecole Machiavélienne ( ) qu’elle fusionne dans une doctrine globale.
Et les concepts, en particulier opérationnels ( ) – sociologie des révolutions, théorie de la circulation des Elites – Pareto, Michels, Burnham, Sorel, etc. – des Machiavéliens viennent harmonieusement compléter ceux issus du Marxisme-Léninisme. L’école des « Machiavéliens » désigne tout un courant sociologique qui, à la suite de Machiavel, au début du XXe siècle, s’est principalement intéressé à l’appropriation permanente et éternelle du pouvoir par une élite : Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Roberto Michels, prolongés par Wright Mills, James Burnham.
Ils se rattachent à la tradition machiavélienne, qui considère que les masses sont manipulées par des élites dirigeantes qui utilisent, la force (lions) ou la ruse (renards)..
* Question – Karel Huybrechts : Cette théorie de la „circulation des élites“ est importante. Fréquemment THIRIART précisait que cette notion seule expliquait la politique. Pourriez-vous nous la résumer ?
:Luc MICHEL : La théorie néo-machiavélienne de la « circulation des élites » a été élaborée en Italie et en Allemagne à la fin du XIXe siècle essentiellement, pour dénoncer les limites et les impossibilités de la démocratie représentative. On était alors, comme on l’est de nouveau aujourd’hui, dans un contexte de « crise du parlementarisme », se traduisant par la difficulté de voir se concrétiser une réelle participation politique des citoyens aux affaires de la cité et une véritable représentation de leurs intérêts. La critique des élites s’attaque au décalage entre la théorie de la démocratie parlementaire et la pratique de la représentation politique.
Le contexte politique est évidemment important.
L’Italie du XIXe siècle était l’une des plus jeunes et des plus corrompues des démocraties représentatives de l’époque. Effacés les grands projets du « Risorgimento », il ne restait que la dure réalité de tous les jours, le marasme économique. Le peuple avait le sentiment d’une confiscation de la démocratie par l’élite politique. Le suffrage universel était loin d’être une procédure d’expression de la démocratie citoyenne.
Giovanni Busino, spécialiste du sujet, résume cela en ces termes : « Au lieu d’affermir la croyance en l’instauration de la démocratie, l’extension du suffrage universel accroît au contraire les doutes, les incertitudes et les équivoques. Le pouvoir semble rester dans les mains d’une petite minorité qui s’exprime au nom d’une majorité toujours absente et qui méprise pratiquement ceux qui sont exclus de son giron. Le régime représentatif masque t-il donc la réalité effective ), à savoir qu’une petite oligarchie dirige le pays ? La réponse est unanimement affirmative. Il est en effet question d’un pays légal et d’un pays réel, du vrai peuple et du peuple non légal, et on commence à rechercher la « vérité effective » derrière les simulacres juridiques, bien que dans le fond tous restent persuadés que les sociétés ont des structures hiérarchiques ».
La critique « néo-machiavélienne » des élites part donc du postulat que « la domination de la minorité sur la majorité est une donnée immuable, intrinsèque à l’ordre social. La démocratie, du moment qu’elle repose sur le principe de majorité, est donc une duperie, une fraude, et dans le meilleur des cas, un mirage ». Les théoriciens néo-machiavéliens affirment donc la séparation des gouvernants et des gouvernés et posent la problématique du fait oligarchique en affirmant l’existence d’une couche particulière de personnes constituant l’élite.
Les principaux représentants de ce courant de l’anti-élitisme démocratique sont Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Robert Michels.
La notion centrale de la Théorie est donc le concept d’ »oligarchie ».
Les théories « néo-machiavéliennes » mettent le doigt sur un point aveugle des processus de démocratisation, à savoir le caractère oligarchique du pouvoir politique, c’est-à-dire le fait que le pouvoir politique est exercé, partout et toujours, par une minorité. Le multipartisme ne supprime pas ce phénomène, puisque l’élection y contribue. Les théoriciens néo-machiavéliens attirent notre attention sur la mystification d’une théorie de la démocratie parlementaire comme « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». La démocratie parlementaire comme pouvoir de la majorité, de tous ou de la plus grande partie est une illusion. En réalité, la responsabilité politique est entre les mains de minorités. Les autres sont apathiques ou profanes et préfèrent laisser à celles-là les prérogatives. Les partis politiques sont des organisations dirigées par une oligarchie.
* Question – Karel Huybrechts : Vous évoquez parfois des „Machiavéliens nationalitaires“. Quel rapport avec ce que vous venez d’exposer ?
Luc MICHEL : C’est simple. On notera particulièrement que MAZZINI ( ), le grand révolutionnaire européen et italien, le fondateur de la première JEUNE-EUROPE en 1831, s’insert dans la lignée des « Machiavéliens Nationalitaires ». Tout comme THIRIART en tant que théoricien de l’ « Europe unitaire » ( ).
MAZZINI est un des grands inspirateurs de THIRIART, particulièrement dans la période JEUNE-EUROPE (1962-1965), au début de son action politique. Le nom adopté alors par notre Organisation Communautariste Transnationale fait directement référence au Mouvement pan-européen de MAZZINI. Et, il faut aussi le préciser, non aux clubs « Jeune-Europe » belges et français des années 1920-1940 (en particulier le club « Jeune-Europe » belge des époux DIDIER). Et encore moins au mouvement français « Jeune-Europe » des années de guerre.
Le logo – cinq flambeaux dont les flammes s’unissent dans un cercle – utilisé par notre Organisation dans les années 1963-1970, puis comme « logo interne » après 1984 est celui de la JEUNE-EUROPE de MAZZINI, les cinq flambeaux symbolisant l’Union des mouvements inspirés par MAZZINI, les Jeune-Italie, Jeune-France, Jeune-Allemagne, Jeune-Belgique et Jeune-Pologne.
* Question – Karel Huybrechts : Ce sont aussi les positions jacobines qui ont rapproché le PCN et la Jamahiriya libyenne de Kadhafi ?
Luc MICHEL : C’est exact. Et pas seulement l’anti-impérialisme comme on le croit trop souvent. Ce qui a conduit à notre collaboration étroite, c’est précisément un socle idéologique commun.
Depuis l’invasion et l’occupation de la Libye en 2011, on a écrit beaucoup de stupidités sur la Jamahiriya. Réduite, pour justifier l’agression occidentale, à un non-état reposant sur des bases tribales.
C’est confondre le résultat de l’invasion de l’OTAN et la somalisation de la Libye avec le régime mis en place par Kadhafi de 1969 à 2011. La Jamahiriya était un état idéologique, avec une vie politique organisée autour d’une expérience avancée de Démocratie Directe, avec des assemblées et des débats à tous les niveaux – des quartiers au « Congrès populaire général » (qui remplaçait le Parlement), en passant par les 30 municipalités, les SABHIAHS – avec des cadres politiques organisés, les « Comités Révolutionnaires ». Ceci en plus d’une économie socialiste, et d’un état social protecteur et redistributif et d’une économie dirigée.
Les bases idéologiques de la Jamahiriya, ce ne sont pas comme l’a écrit la revue GEO « Marx et Allah ». Mais on est déjà là bien loin du non-état tribalisé des médias de l’OTAN ! Ces bases, c’est bien le Jacobinisme. Celui révolutionnaire de Robespierre et de la Première Commune de Paris, celle de 1792-94.
Il est à noter que c’est aussi l’héritage jacobin qui a favorisé le rapprochement idéologique entre le PCN et la Libye de KADHAFI, de nombreux cadres du PCN, et en tête son actuel Secrétaire-général Fabrice BEAUR, organisant la branche européenne du « Mouvement des Comités Révolutionnaires » libyens (MCR) après 1996. Jusqu’à la création du « Mouvement Européen pour la Démocratie Directe » (MEDD-MCR) en 2004 qui en a pris la succession ( ), sous ma direction.
* Question – Karel Huybrechts : Pourriez-vous nous éclairer sur ces bases jacobines de la Jamahiriya de Kadhafi ?
Luc MICHEL : La Démocratie directe libyenne s’inspire largement de l’expérience de Démocratie directe de la Première Commune de Paris (1792-1794) et du Comité de Salut Public. Les références sont publiques et nombreuses au gouvernement révolutionnaire de Robespierre (24).
Dans mon Discours, au nom des Délégations du Continent européen, à la tribune du Meeting d’ouverture de la Première Assemblée mondiale de l’ASIPALV, l’«Association Internationale des Partisans du Livre Vert », à Tripoli en Libye, le 25 octobre 2009, J’ai fait longuement applaudir le nom de ROBESPIERRE. Voici mon adresse aux 1.500 délégués de l’Assemblée : « Il faudra aussi Moammar Kadhafi pour nous rendre le souvenir de Robespierre. A l’occasion de la venue du Président français Chirac en Jamahiriya en 2004, les murs de Tripoli s’étaient couverts d’affiches, effarantes pour les Français, rendant hommage à la Révolution française, à 1793 et à l’Incorruptible. Pauvres Français qui ont oublié leur histoire ! Ajoutons qu’il y a quelques semaines, le Maire social-démocrate de Paris, le triste Delanoë, a refusé que le nom de Robespierre soit donné à une rue de Paris. Hommage involontaire du Vice social-démocrate à la Vertu jacobine ! » ( ).
* Question – Karel Huybrechts : Kadhafi, un Robespierre arabe ? Il est vrai que l’historiographie bourgeoise n’est pas tendre non plus avec l’Incorruptible…
Luc MICHEL : Le rôle joué par Moammar KADHAFI au sein du système institutionnel libyen correspond étroitement – ce que personne n’a semblé voir – à celui que jouait ROBESPIERRE entre la Commune et ses sections, la Convention, le peuple de Paris, le Club des Jacobins et le Comité de Salut Public. A la fois inspirateur et idéologue, porte-parole et arbitre suprême.
Pour qui est un familier du système libyen et de son fonctionnement réel, l’exposé que fait François FURET du rôle de Robespierre au pouvoir, de 1793 à Thermidor, fait immanquablement penser à celui que jouait KADHAFI, le Guide de la Révolution, en Libye :
« Il est porteur d’un extraordinaire syncrétisme entre les deux légitimités démocratiques. Idole des Jacobins (…) C’est que lui seul a mystiquement réconcilié la démocratie directe et le principe de représentatif, en s’installant tout en haut d’une pyramide d’équivalences dont sa parole garantit, jour après jour, le maintien. Il est le peuple dans les sections, le peuple aux Jacobins, le peuple dans la représentation nationale ; et c’est cette transparence entre le peuple et tous les lieux où l’on parle en son nom – à commencer par la Convention – qu’il faut constamment instituer, contrôler, établir, comme la condition de légitimité du pouvoir, mais aussi comme son premier devoir ».
* Question – Karel Huybrechts : Et le rapport Jacobinisme-Kadhafi-Communautarisme européen, quel est-il ?
Luc MICHEL : L’expérience de la Démocratie directe que le Jacobinisme et ROBESPIERRE développent avec la (première) Commune de Paris a inspiré à la fois les versions de la Démocratie directe développées par la Libye Jamahiriyenne et celle proposée par le PCN. Le PCN voyant dans la « Jamahiriya » (terme arabe signifiant l’Etat des masses) l’expérience-pilote de la Démocratie directe à l’ère contemporaine.
A noter que cette version de la Démocratie directe développée par le PCN s’appuie étroitement sur la partie de l’œuvre théorique de THIRIART exposée entre 1960 et 1969 et portant sur les institutions du futur Empire européen. THIRIART, qui parle de « pouvoir populaire » ( ) – le PCN lui utilisera directement le terme de « Démocratie directe » –, fait explicitement et directement référence à la Démocratie directe suisse. Et l’éthique du gouvernement, des citoyens et des dirigeants qu’il propose dans ses deux livres de 1964 et 1965 font évidemment référence au « gouvernement de la Vertu » de ROBESPIERRE ( ).
* Question – Karel Huybrechts : Revenons directement au Communautarisme européen. Quels sont ses concepts-clés, son noyau dur doctrinal, pour employer une terminologie anglo-saxonne ?
Luc MICHEL : Le concept-clé du « Communautarisme européen », le concept central c’est la théorie du « Parti Historique Révolutionnaire ». THIRIART lui-même, dès le début des années 60, insistera inlassablement là-dessus. Son livre principal de 1964 « L’EUROPE UN EMPIRE DE 400 MILLIONS D’HOMMES » est fort significativement sous-titré « L’Europe au départ d’un Parti » ( ).
Ceux qui prétendent s’inspirer de THIRIART en dehors du « Communautarisme européen » orthodoxe – l’expression est de THIRIART lui-même –, c’est-à-dire de l’ORGANISATION COMMUNAUTARISTE TRANSNATIONALE fondée en 1962 (et qui a pris successivement les noms de JEUNE-EUROPE – 1962-65 –, PCE – 1965-1970 –, PCN – depuis 1984) ont totalement méconnu ce concept. Et ne l’ont visiblement pas compris ou estimé à sa place centrale.
Car le « Communautarisme européen » est une Praxis, mise en action par le « Parti Historique Révolutionnaire ». Et est un tout global dont on ne peut séparer les éléments par opportunisme idéologiques ou opportunité politique. Comme le disait de façon imagée THIRIART lui-même, « notre doctrine est comme un restaurant où l’on sert un seul menu, obligatoire pour tous. Il n’y a pas de place pour ceux qui voudront manger à la carte ».
En particulier, vouloir résumer ou réduire THIRIART ou le « Communautarisme européen » à ses thèses géopolitiques, comme le font par exemple les néo-eurasistes russes ( ), c’est méconnaître totalement le rôle de notre vision du Monde et de notre Doctrine dans la définition de ces thèses.
* Question – Karel Huybrechts : La géopolitique, qui a fait le succès de vos thèses, n’est donc pas le concept central ?
Luc MICHEL : La Géopolitique de la Grande-Europe – qui est aussi la base des thèses néo-eurasistes russes – ne fait qu’exprimer une vision globale, politique, éthique, de civilisation que l’on peut résumer par la formule lapidaire « Rome contre Carthage » ! Une formule par laquelle les théoriciens du Jacobinisme dès 1792 – encore eux – exposaient déjà le combat – lui aussi de civilisation, celui de l’Europe révolutionnaire des Lumières, contre l’Ancien régime des Rois et des Religions – contre leur ennemi principal : l’impérialisme anglo-saxon ( ) … Sur l’utilisation du thème « Rome contre Carthage » par la France jacobine, à propos du conflit contre la Grande-Bretagne, illustration du conflit classique géopolitique typique de la Terre – Rome – contre la Mer – Carthage – , il faut lire Louis MADELIN et son remarquable livre LE CONSULAT ET L’EMPIRE !
« Il est plus que probable que le XXIème siècle verra se dérouler une lutte de géants entre l’Europe et les Etats-Unis, les deux seules puissances qui peuvent réellement prétendre à l’hégémonie mondiale, prophétisait THIRIART ( ). Ce sera la lutte entre l’impérialisme maritime de style mercantiliste, hier Carthage, aujourd’hui des USA, et l’impérialisme continental de style civilisateur et créateur, hier de Rome, demain de l’Europe unitaire » ( ) (JT).
* Question – Karel Huybrechts : A propos des thèses du Communautarisme européen sur le concept de « Parti historique révolutionnaire », vous évoquez aussi ses « concrétisations historiques ». Qu’entendez-vous par là ?
Luc MICHEL : C’est un sujet important, ces concrétisations historiques du « Parti Historique », avant son irruption dans l’histoire moderne sous la forme du Parti révolutionnaire d’avant-garde. Car derrière lui il y a aussi le concept de l’Etat, central.
J’ai rassemblé au cours de mes recherches de nombreux matériaux pour un futur livre sur ce sujet, qui est également celui de l’histoire des partisans de l’Etat unitaire, tant les deux conceptions politiques sont étroitement mêlées. Et également sur un sujet connexe, les concrétisations modernes du « Parti historique » hors d’Europe. En particulier dans le monde arabe.
On se souviendra que THIRIART lui-même dans « LA GRANDE NATION » de 1965 évoquait l’exemple historique des partis « Istiqlal » du Maroc, « Néo-Destour » de Tunisie et FLN d’Algérie, comme expériences à suivre pour le « Parti de l’Europe ». J’évoquerai moi souvent le Ba’ath ou le socialisme jamahiriyen, Cuba et le Vietnam.
Mais venons-en aux concrétisations historiques du « Parti Historique » avant son irruption dans l’histoire moderne. Car le « Parti historique », celui qui fonde un nouvel Etat-Nation – les deux sont inséparables dans leur vision jacobine – a existé bien avant le Jacobinisme. Comme THIRIART l’a exposé à propos du « Dynaste collectif ». Ou GRAMSCI à propos du « Prince collectif » et du « jacobinisme précoce de Machiavel ».
Par exemple, la dynastie capétienne a été pour la France ce dynaste collectif. Comme la rappelait THIRIART : « Souvenons-nous des premiers capétiens avec leur petit royaume d’île de France qui furent historiquement bien plus efficaces que les empereurs germaniques avec l’immense manteau d’arlequin de leurs principautés indisciplinées, de leur baronnies rebelles. Les premiers commandaient, les second régnaient. Les capétiens ont fait la France et les Jacobins ont terminé l’édifice unitaire ». D’autres exemples apparaissent comme les Romanov en Russie.
* Question – Karel Huybrechts : A l’occasion d’une conférence à Bruxelles, il y a longtemps, vous évoquiez Jules César à ce sujet, si ma mémoire est exacte ?
Luc MICHEL : La première apparition concrète du « Parti Historique » nous la situons effectivement avec Jules César. Dont on notera que la vision révolutionnaire de la République et de l’état romain, unitaire, égalitaire, annonce déjà les concepts jacobins du Droit public. Qui sont aussi ceux du « Communautarisme européen ». « Nous devons le concept unitaire de l’Etat à César et la meilleure formulation moderne à Sieyès » ( ), dira THIRIART. Qui ajoutait : « Ma conception de la nation est essentiellement césarienne ou mazzinienne » ( ).
Le premier « Parti Historique » en action, c’est précisément la fusion dans une force politique unifiée de l’idéologie césarienne, du Parti populaire (celui des Gracques et du général Marius, le grand oncle de César) et de ses nervis qui tiennent la rue romaine (la préfiguration des sans-culottes de 1792 et des gardes-rouges de 1917), enfin des légions de César.
L’idéologie césarienne est révolutionnaire, elle entend substituer un nouveau régime à la République oligarchique faillie. Elle est aussi populaire contre l’aristocratie, pour les droits de la plèbe, pour l’extension de la citoyenneté romaine à toutes les provinces de l’Empire – concept lui aussi qui annonce le Jacobinisme. « A Rome la plus grande fraction du Sénat fut atteinte de la même cécité conceptuelle et s’opposa très longtemps à l’extension de la citoyenneté hors de la Cité de Rome, écrivait Jean THIRIART ( ). Les conservateurs – quasiment tout le Sénat romain – voulurent toujours maintenir l’Etat-Cité (la domination d’une cité sur l’empire) alors que César eut la vision de génie de l’Etat-nation. Aujourd’hui on peut dire que le fédéralisme est une autre forme du concept d’Etat-Cité. Alors que l’Etat-Cité des sénateurs romains était monocentrique, les fédéralistes caressent le rêve d’un Etat-Cités (cité est ici au pluriel) c’est-à-dire atteint de polycentrisme ».
* Question – Karel Huybrechts : On est loin de l’imaginerie spartakiste dans l’Allemagne de 1918 ?
Luc MICHEL : Les révolutionnaires allemands Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBOURG – dont LENINE jugeait les vues étroites et qui ont politiquement échoué là où les Bolchéviques ont triomphé ( ) – ont eu une vision historique complètement faussée en choisissant Spartacus et la Révolte des esclaves pour emblème ( ). Les esclaves révoltés n’étaient nullement le prolétariat antique. Celui-ci, c’est précisément la plèbe, dont les intérêts s’exprimaient dans le Parti populaire et qui formaient l’ossature des Légions de Marius à César. Le légionnaire est obligatoirement un citoyen romain sous la République, héritage de l’ancienne Démocratie directe des origines romaines.
La vision des révolutionnaires français de 1789, imprégnés de l’Histoire romaine, a été plus claire. Ce n’est pas sans raison que BABEUF, le « premier communiste de l’Histoire moderne » selon Marx, avait choisi comme prénom révolutionnaire celui de « Gracchus » ! Précisément les Gracques, les deux leaders martyrs du parti populaire, les tribuns de la plèbe assassinés de la République romaine.
* Question – Karel Huybrechts : Vous pestez souvent contre l’assimilation entre l’Empire romain et l’impérialisme américain que font certains idéologues gauchistes de l’ »Altermondialisme » ?
Luc MICHEL : Je peste parce que c’est une absurdité sans nom ! Beaucoup d’écrivains aujourd’hui à l’extrême-gauche commettent un contresens de même nature que celui des Spartakistes allemands et qui relève de la même erreur d’analyse sur l’Empire romain. Parce qu’ils ne connaissent mal l’Histoire et la géopolitique. Et parce que le Gauchisme développe, singulièrement depuis Mai 1968 en France, Italie ou Belgique, un discours anti-étatique et anti-jacobin.
Notamment, des gens comme l’idéologue italien Toni NEGRI, qui parlent des Etats-Unis comme d’un nouvel Empire romain (sic).
Les Américains, c’est Carthage !!! Avec l’impérialisme carthaginois, ils partagent le recours à des armées de mercenaires, la domination par une oligarchie, non pas politique, mais économique et une vision qui consiste non pas à diffuser une culture, mais à piller la planète.
Cela n’a rien de nouveau. Dès 1967, THIRIART pouvait déjà s’emporter: « Nous avons lu, sous la plume d’un journaliste du régime, que les Etats-Unis semblaient devenir la « nouvelle Rome ». C’est là un échantillon de l’inculture historique – crasse –. Les Etats-Unis sont essentiellement un Empire maritime, comme le fut longtemps l’Angleterre, comme tenta de l’être le Japon, entre Tsushima et Hiroshima. Le modèle parfait d’empire maritime demeure Carthage et le modèle parfait d’Empire continental reste Rome »
_______________________________
NOTES et RENVOIS :
Il est symptomatique et révélateur que dans les nombreux écrits du Russe Alexandre DOUGUINE consacré à THIRIART – principalement à ses conceptions géopolitiques –, le concept du « Parti historique Révolutionnaire » est totalement absent. Et que les théories néojacobines de THIRIART et celles de SIEYES n’y soient jamais mentionnées.
Un exception notoire est l’article de Thierry MUDRY intitulé « La notion de « Parti historique révolutionnaire » au PCN ». Ecrit à un moment où l’action de MUDRY s’inscrivait en partie dans ce cadre de la revue « LE PARTISAN EUROPEEN » (à Marseille, années 1986-1990), en périphérie du PCN, il s’agit d’un brillant résumé de mon livre. Mais on y notera que l’analyse des racines jacobines du « Communautarisme européen », mal interprétées, est précisément le point faible de cet article.
Cfr. :
Thierry MUDRY, « La notion de « Parti historique révolutionnaire » au PCN », revue LE PARTISAN EUROPEEN, Marseille, 1987 ;
Article consultable sur : http://fel.nr.free.fr/heritage.htm
En particulier :
– Les nombreux travaux sur la Révolution française et le Jacobinisme de l’historien François FURET, publiés notamment à l’occasion du bicentenaire de 1789. Comme dans mon édition de janvier 1985 du « PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE », FURET a étudié comme moi les oeuvres des auteurs français contre-révolutionnaires, L’Abbé BARUEL et Augustin COCHIN (1876-1916), auteur d’une « Théorie du Jacobinisme », sur le Jacobinisme. L’ironie vient en effet que les analyses les plus approfondies du Jacobinisme au niveau de l’Avant-Garde révolutionnaire et de son irruption dans l’histoire moderne en France entre 1789 et 1794 soient dues à des auteurs contre-révolutionnaires et anti-jacobins.
– Et la brillante biographie de SIEYES de Jean-Denis BREDIN, qui donne un éclairage nouveau et exhaustif à la pensée jacobine.
Cfr., notamment, :
François FURET, PENSER LA REVOLUTION FRANÇAISE, Folio histoire, Paris, 1985 ;
François FURET, DICTIONNAIRE CRITIQUE DE LA REVOLUTION FRANÇAISE, Flammarion, 1988 ; Jean-Denis BREDIN, SIEYES. LA CLE DE LA REVOLUTION FRANCAISE, Editions de Fallois, Paris 1988.
Cfr. Luc MICHEL, « Que Faire ? Les tâches immédiates de la Révolution européenne – 1ère Partie : la construction du Parti révolutionnaire européen », in CONSCIENCE EUROPEENNE, Charleroi, n° 16-17, mai-juin 1987 ;
Et « Que Faire ? Les tâches immédiates de la Révolution européenne – 2e Partie : Le rôle et la fonction du Parti révolutionnaire européen », in CONSCIENCE EUROPEENNE, Charleroi, n° 20, septembre 1987.
Jean THIRIART, « Le concept d’Europe unitaire », in LA NATION EUROPEENNE, n° 15, Bruxelles & Paris, mars-avril 1967.
Les notions fondamentales d’opposition DU système (c’est-à-dire le théâtre politique qui oppose gauche et droite – extrême-gauche et extrême-droite comprises -, les fausses oppositions, au sein du système) et d’opposition CONTRE le système (la révolution comme alternative globale, y compris culturelle – d’autres valeurs de fondation et une autre vision du monde – qui est le positionnement du PCN) restent méconnues.
Cfr. Gérald CHRISTIN, porte-parole du CVIPMA, Website du CVIPMA, France, décembre 2001.
Cfr. :
José CUADRADO COSTA et Luc MICHEL, « REVOLUTION EUROPEENNE OU TRADITION ? », numéro spécial de CONSCIENCE EUROPEENNE, n° 12, Charleroi, 1985,
Et : José CUADRADO COSTA, « L’anarchisme mystique ou la paralysie de l’action révolutionnaire », in CONSCIENCE EUROPEENNE, ibid.
Cfr. :
Caroline FOUREST et Fiammetta VENNER, « La Soupe au cochon », in L’EXTREME-DROITE. UNE POLITIQUE DE LA HAINE, LA LIBRE BELGIQUE et L’HISTOIRE, Coédition, Hors-Série, juillet-Août 2010,
et : ID MAGAZINE, n° 1, cité in Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Ibid.
Cfr. :
Luc MICHEL, L’ALTERNATIVE NATIONAL-COMMUNISTE, MYTHES ET REALITES DU NATIONAL-BOLCHEVISME 1918-1993, Editions Machiavel, Bruxelles, 1e édition 1993, 2e édition, 1995. Traductions en Anglais, Italien, Espagnol et Portugais ;
Manuel ABRAMOWICZ, « Les Nationaux-Bolcheviques : Depuis Charleroi, Ils Planifient un Empire de l’Europe à l’Asie ! », « TÉLÉMOUSTIQUE », Bruxelles, 2 septembre 1993 ;
Manuel ABRAMOWICZ, « Un empire de Flessingue à Vladivostok : Une vieille idée », TELE MOUSTIQUE, Bruxelles, 2 septembre 1993 ;
David BRANDENBERGER, NATIONAL BOLSHEVISM. STALINIST MASS CULTURE AND THE FORMATION OF MODERN RUSSIAN NATIONAL IDENTITY, 1931-1956, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 2002;
Mikhaïl AGURSKY, THE THIRD ROME. NATIONAL BOLCHEVISM IN THE USSR, Westview Press, Boulder, 1987;
Mikhaïl AGURSKY, LA TERZA ROMA. IL NAZIONALBOLSCEVISMO IN UNIONE SOVIETICA, Il Mulino, Bologne, 1989.
Jean THIRIART, « D’un mur à l’autre », in LA NATION EUROPEENNE, n° 20, Bruxelles & Paris, septembre 1967.
Jean THIRIART et Luc MICHEL, LA TURQUIE, PROVINCE D’EUROPE, n° spécial de la revue CONSCIENCE EUROPÉENNE, n° 18, 1987.
Cfr. :
CAMMET, J.M. , ANTONIO GRAMSCI AND THE ORIGINS OF ITALIAN COMMUNISM. Stanford, Calif. Stanford University Press, 1967;
MACCIOCCHI, A. POUR GRAMSCI. Paris, Edition du Seuil, 1974.
GRAMSCI est aussi le théoricien du « Prince moderne », qui rejoint la pensée de THIRIART sur le « Parti Historique Révolutionnaire ».
Cfr. GRAMSCI Antonio, NOTE SUL MACHIAVELLI, SULLO POLITICA E SULLO STATO MODERNO, G. Einaudi Ed., Milan, 1949;
GRAMSCI Antonio, NOTE SUL MACHIAVELLI, SULLO POLITICA E SULLO STATO MODERNO, Ibid.
Yannick SAUVEUR et Luc MICHEL, ESQUISSE DU COMMUNAUTARISME, Editions Machiavel, Charleroi, 1984.
Jean THIRIART et Luc MICHEL, LE SOCIALISME COMMUNAUTAIRE, n° spécial du mensuel CONSCIENCE EUROPEENNE, hors série n° 4, Charleroi, 1985.
cfr. :
Nicolo MACHIAVEL, LE PRINCE, livre IX ;
James BURNHAM , LES MACHIAVELIENS, DEFENSEURS DE LA LIBERTE, trad. française, Paris, Calmann- Lévy, 1949 ;
Cfr. :
Giovanni BUSINO, ELITES ET BUREAUCRATIE. UNE ANALYSE CRITIQUE DES THEORIES CONTEMPORAINES, Genève, Droz, 1988 ;
Giovanni BUSINO, ELITE (S) ET ELITISME, Paris, P.U.F. (coll. « que sais-je »), 1992 ;
Giovanni BUSINO, LA SOCIOLOGIE SENS DESSUS DESSOUS, Genève, Droz, 1992 ;
Norberto BOBBIO, LE TEORIE DELLE FORME DI GOVERNO NELLA STORIA DEL PENSIERO POLITICO, Torino, Giappicelli, 1976.
Cfr. :
M. DELL’ISOLA et G. BOURGIN, MAZZINI PROMOTEUR DE LA REPUBLIQUE ITALIENNE ET PIONNER DE LA FEDERATION EUROPEENNE, Rivière Ed., Paris, 1956.
Cfr. Jean THIRIART, LA GRANDE NATION, L’EUROPE UNITAIRE, Bruxelles, lère édition, octobre 1965. 2e édition revue et actualisée : Editions Machiavel, Charleroi, 1987.
Une 3e édition, restée inédite en raison du décès de THIRIART, et actualisée par Jean THIRIART et Luc MICHEL, fut préparée en 1992.
Cfr. : « IIIe Convention internationale du MCR » et « Création du MEDD pan-européen », in DEMOCRATIE DIRECTE, bulletin d’information du MEDD, édition francophone, Bruxelles & Paris, n° 11 (2e série), mars 2005, A consulter sur :
http://midd.free.fr/pdf/BDD11(e).pdf
Et : Interview de Luc MICHEL (en français et en arabe) à la Radio internationale « LA VOIX DE L’AFRIQUE », Tripoli, Libye, 1er mars 2007.
A écouter en streaming sur : http://midd.free.fr/accueil.htm
Cfr. : François FURET, opus cit, p. 100-101.
Luc MICHEL, PENSER EN CONTINENTS ! POUR UNE PHILOSOPHIE DE L’ACTION ! POUR UNE MISE EN ACTION DE LA PHILOSOPHIE : CHANGEONS LE MONDE !, Discours au nom des Délégations du Continent européen, au Meeting d’ouverture de la Première Assemblée mondiale de l’ « Association Internationale des Partisans du Livre Vert » (ASIPALV), Tripoli, Libye, 25 octobre 2009. Consultable sur le site du MEDD-MCR : http://midd.free.fr/accueil.htm
Le meilleur résumé de THIRIART, théoricien du « pouvoir du peuple » se trouve dans :
Jean THIRIART, « Des électeurs désarmés et des citoyens armés », in LA NATION EUROPEENNE, n° 28, Bruxelles & Paris, juin 1968.
ROBESPIERRE définira ainsi le but de la Révolution : « Nous voulons substituer dans notre pays la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable, c’est-à-dire toutes les vertus et tous les miracles de la République à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie (…) L’âme de la politique est la vertu… tout ce qui tend à exciter l’amour de la patrie, à purifier les mœurs, à élever les âmes, à diriger les passions du cœur humain vers ‘intérêt public, doit être adopté ou établi par vous ; tout ce qui tend à les concentrer dans l’abjection du moi personnel, à réveiller l’engouement pour les petites choses et le mépris des grandes, doit être rejeté ou réprimé par vous. Dans le système de la Révolution française ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire ».
Cfr. Masximilien ROBESPIERRE, RAPPORT SUR LES PRINCIPES DE MORALE POLITIQUE QUI DOIVENT GUIDER LA CONVENTION, présenté devant l’Assemblée, 17 Pluviôse an II (5 février 1794), cit. in : Jean-Denis BREDIN, opus cit.
Jean THIRIART, UN EMPIRE DE 400 MILLIONS D’HOMMES : L’EUROPE – LA NAISSANCE DE LA NATION EUROPEENNE AU DEPART D’UN PARTI HISTORIQUE, 1ère édition, Bruxelles, 1964, 2ème édition actualisée, Ed. Machiavel, Charleroi, 1985.
Cfr Luc MICHEL, CONCEPTIONS GEOPOLITIQUES DE JEAN THIRIART : LE THEORICIEN DE LA NOUVELLE ROME, Conférence donnée pour la première fois à Bruxelles le 19 septembre 2003, dans le cadre du CYCLE DE CONFERENCES « JEAN THIRIART : L’HOMME, LE MILITANT ET L’ŒUVRE », organisé par l’ « Institut d’Etudes Jean Thiriart » et l’ « Ecole des Cadres Jean Thiriart » (Départements de l’Asbl « Association Transnationale des Amis de Jean Thiriart »).
A consulter sur : http://www.pcn-ncp.com/Institut-Jean-Thiriart/cf/cf01.htm
cfr :
Louis MADELIN, LE CONSULAT ET L’EMPIRE. 1799-1809, Hachette Ed., Paris, 1933, Vol. I, p. 173.
Jean THIRIART, « Les prétentions planétaires de l’impérialisme américain », in LA NATION EUROPEENNE, n° 19, Bruxelles & Paris, août 1967.
Sur ce sujet capital, Jean THIRIART écrivait encore en octobre 1967 : « Actuellement la lutte titanesque qui se profile en filigrane et qui s’inscrira dans le siècle à venir, sera la lutte pour l’hégémonie, entre une puissance maritime étalée et une puissance terrestre compacte, entre les Etats-Unis et l’Europe. Les conditions continentales et maritimes ont fait naître des styles extrêmement opposés. Rome a été, malgré ses duretés et ses cruautés (…) une puissance civilisatrice tandis que Carthage n’a été qu’une puissance mercantile. De Rome partaient des hommes qui allaient pacifier, organiser, construire, unifier. De Carthage partaient des marchands, des représentants de commerce ; ils partaient pour aller rapidement s’enrichir. De Rome, il reste des traces nombreuses imposantes : des constructions tant à Aix-la-chapelle qu’en Roumanie. Au milieu du monde germanique, à Liège, au milieu du monde slave, à Bucarest, la langue et la pensée des Romains sont aujourd’hui encore présentes. Nous avons eu l’occasion de voir les pauvres et rares ruines de Carthage : quelques tombes d’enfants près de l’actuelle Tunis. Les sacrifices humains furent pratiqué à Carthage jusqu’à sa fin – et les dieux invoqués appréciaient particulièrement les enfants. De Carthage, il ne reste rien : littérature, style architectural, pensée philosophique, pensée politique : c’est le vide. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les Etats-Unis où s’observe aujourd’hui ce même phénomène d’une civilisation sans culture. Le navigateur revient toujours chez lui, le continental s’implante. On peut, sans exagération, affirmer que la géographie ou la géopolitique a créé un style politique ».
Cfr. Jean THIRIART, « USA : un empire de mercantis. Carthago delenda est », LA NATION EUROPEENNE, n° 21, Bruxelles & Paris, octobre 1967.
Jean THIRIART, « Le concept d’Europe unitaire », opus cit.
Jean THIRIART, « Le concept d’Europe unitaire », ibid.
« A Rome la plus grande fraction du Sénat fut atteinte de la même cécité conceptuelle et s’opposa très longtemps à l’extension de la citoyenneté hors de la Cité de Rome », écrivait Jean THIRIART.
Sur la critique léniniste – et Communautariste européenne – de Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBOURG,
Cfr. Luc MICHEL, « Que Faire ? Les tâches immédiates de la Révolution européenne – 1ère Partie : la construction du Parti révolutionnaire européen », in CONSCIENCE EUROPEENNE, Charleroi, n° 16-17, mai-juin 1987 ;
in « USA : un empire de mercantis. Carthago delenda est », LA NATION EUROPEENNE, opus cit.).
Réf. :
Luc MICHEL : LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE, Postface à la Seconde édition : PERSPECTIVES : QUELQUES MOTS A MES LECTEURS SUR LES DEUX EDITIONS DE MON « PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE » (Editions MACHIAVEL, Juillet 2010) ;
Copyright 2010-2011 : Luc MICHEL/Editions MACHIAVEL, tous droits d’édition, de reproduction et de traduction réservés.
* NOTE 1
Le quotidien belge (flamand) De Morgen écrivait en décembre 2022 : « Michel va désormais agir en entrepreneur géopolitique pour élargir la sphère d’influence russe en Afrique : « un groupe d’entrepreneurs indépendants, nous avons inventé le concept de guerre hybride. Nous travaillons avec la Russie, mais nous ne payons pas pour les services de sécurité. Une guerre hybride se nourrit de différentes manières : militaire, diplomatique et communicationnelle. Je fais ce dernier. « Et puis il y a le Belge, le militant Luc Michel, avec qui tout a commencé. Lui, avec l’idéologue Jean Thiriart (…) avec l’organisation des élections, a façonné les instruments de la reconquête de l’empire soviétique et a créé un espace, de Lisbonne à Vladivostok ». Michel se réjouit des résultats des derniers référendums dans les républiques populaires de Louhansk, Donetsk…
* NOTE 2
Lire ausi :
Esquisse de la guerre hybride. L’action de Luc Michel en tant qu’ ‘entrepreneur géopolitique indépendant’
–https://www.palestine-solidarite.fr/esquisse-de-la-guerre-hybride-ix-mon-action-en-tant-qu-entrepreneur-independant/
* NOTE 3
Une précision. Les politologues sérieux, pas les flics de la pensée politique des Universités franco-belges (qui sont souvent des flics tout court, correspondant des polices politiques), classent dans une même catégorie, qu’ils nomment le « National-communisme », des mouvements politiques comme le KPRF russe, le régime de LUKASHENKO au Belarus ou encore le SPS de MILOSEVIC ou la JUL, la « Gauche Unie Yougoslave » de Mirjana MARKOVIC. ET bien entendu notre PCN, qui idéologiquement et politiquement, les a tous précédé de presque une décennie. Lorsque nous étions représentés au Parlement Wallon, en Belgique, dans les Années 1996-98, la questure nous avait étiquetés «national-communistes» (le FN y était étiqueté « extrême-droite »). En 1996-98, nous avions des élus, dont un député, au Parlement Wallon, au Parlement de la Communauté française de Belgique et de 1996 au 1999 au Conseil provincial du Hainaut.
* NOTE 4
« Une tentative du même M. THIRIART (la Jeune-Europe des années 60) a essuyé un échec. Au début des années 80 ses adhérents ont fait une nouvelle tentative: le PCN a été fondé en Belgique (…) Le parti des adhérents de M. THIRIART c’est quelque chose dans le genre de l’Internationale de Marx (…) (A. IVANOV dans ROUSSKI VESTNIK, « Les idées de Jean Thiriart: un commentaire nécessaire », Moscou, septembre 1992).
# ЕВРАЗИЙСКИЙ СОВЕТ ЗА ДЕМОКРАТИЮ И ВЫБОРЫ (ЕСДВ)/
EURASIAN OBSERVATORY FOR DEMOCRACY & ELECTIONS (EODE):
http://www.eode.org/
https://www.facebook.com/groups/EODE.Eurasia.Africa/
Source : Luc Michel