On peut voir la destruction massive de logements et d’infrastructures palestiniennes alors que des soldats israéliens prennent position près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le vendredi 29 décembre 2023. [AP Photo/Ariel Schalit]
Par Jordan Shilton
L’attaque sans fin lancée par Israël sur la bande de Gaza laissait aux habitants le choix entre « la mort ou le déplacement », a déclaré vendredi l’envoyé palestinien auprès des Nations unies, Majed Bamya.
Le résumé concis de Bamya sur les conditions horrifiantes sur le terrain, produites par l’assaut génocidaire d’Israël, a reçu une nouvelle confirmation lorsque les forces israéliennes ont bombardé un convoi d’aide dans le nord de Gaza, intensifié les attaques à Khan Younis et tué plusieurs personnes déplacées lors d’une frappe aérienne à Rafah. L’impérialisme américain a une nouvelle fois démontré sa complicité dans ce génocide en annonçant la vente de milliers d’obusiers à Israël.
La frappe de Rafah a touché un immeuble d’habitation jeudi, faisant au moins 20 victimes. Tôt le lendemain, un convoi d’aide de l’ONU a été la cible de tirs alors qu’il empruntait une route destinée à l’acheminement de l’aide humanitaire vers le nord de la bande de Gaza. Plus de 800 000 personnes vivant dans le nord du territoire sont privées d’accès aux soins médicaux et les livraisons d’aide par l’armée israélienne sont extrêmement limitées. Philippe Lazzarini, directeur de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a souligné que l’agence coordonnait « ses mouvements avec les autorités israéliennes » et que l’attaque était intentionnelle.
Le ministère palestinien des affaires étrangères en Cisjordanie a publié une déclaration accusant Israël de restreindre délibérément l’acheminement de l’aide à Gaza. L’aide actuelle ne répondait « même pas au strict minimum requis », ce qui, avec les bombardements aveugles, faisait partie de sa politique de « génocide ».
Selon le groupe d’aide internationale Mercy Corps, environ un demi-million de personnes à Gaza sont actuellement confrontées à « une faim et une famine catastrophiques ». « La quantité de produits vitaux autorisés à entrer dans la bande de Gaza n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan et n’a pas encore atteint le niveau nécessaire pour répondre aux besoins essentiels des habitants de Gaza, même après l’ouverture du poste-frontière de Kerem Shalom », a déclaré Kate Phillips-Barrasso, vice-présidente de la politique mondiale et du plaidoyer pour Mercy Corps. « Une fois que les camions atteignent leur destination, l’acheminement sans danger d’une quelconque assistance est quasiment impossible en raison des risques sécuritaires permanents et incessants ».
Un nouvel avertissement de l’Organisation mondiale de la santé illustre comment Israël utilise également la maladie pour mettre en œuvre sa politique génocidaire. Le président de l’OMS, Tedros Ghibreyesus, a déclaré que les dossiers faisaient état de près de 180 000 cas d’infections des voies respiratoires supérieures, de 136 400 cas de diarrhée, dont la moitié chez des enfants de moins de 5 ans, et de 55 400 cas de poux et de gale. Il y a également eu 5 530 cas de varicelle, 42 700 cas d’éruptions cutanées, 4 683 cas de syndrome de jaunisse aiguë et 126 cas de méningite.
Alors que l’assaut sur Gaza se poursuit sans relâche, les forces de défense israéliennes ont également étendu leurs attaques au sud du Liban, contre le Hezbollah. Confirmant la remarque du ministre de la défense Yoav Gallant qu’Israël menait une « guerre sur plusieurs fronts », l’armée israélienne a effectué des frappes aériennes et tiré des obus sur des cibles situées dans le sud du Liban, dont des sites situés à une quinzaine de kilomètres de la frontière.
S’exprimant plus tard lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, l’envoyé israélien à l’ONU, Gilad Erdan, a dénoncé des « attaques soutenues par l’Iran depuis le Liban » et a promis de mener une « guerre totale » si le Hezbollah continuait à tirer sur Israël. Le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a déclaré aux médias que l’armée avait mené des « frappes généralisées avec avions de combat, chars et pièces d’artillerie » et a promis que le Hezbollah au Sud-Liban « ne serait plus jamais le même ».
Le gouvernement d’extrême droite dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahou ne peut procéder à une telle agression que parce qu’il sait bénéficier du soutien inconditionnel de l’impérialisme américain et de ses alliés européens. Dernier exemple en date, le secrétaire d’État Anthony Blinken a déclaré une situation d’urgence pour contourner l’obligation d’une approbation du Congrès pour la vente à Israël d’obus M107 de 155 mm, d’une valeur de près de 150 millions de dollars. Ces obus sont généralement tirés par des obusiers et permettront à Tsahal de poursuivre ses bombardements aveugles de zones densément peuplées.
Le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le gouvernement soutient la censure et l’interdiction pure et simple des manifestations pro-palestiniennes dans toute l’Allemagne, s’est entretenu vendredi avec le ministre israélien de la guerre, Benny Gantz, pour réitérer le soutien de Berlin à la guerre.
Le soutien des puissances impérialistes au génocide israélien fait partie des préparatifs d’une guerre contre l’Iran à l’échelle de la région, qui visera à consolider l’hégémonie des États-Unis sur le Moyen-Orient, riche en énergie et important du point de vue géostratégique. Dans un contexte d’aggravation de la crise capitaliste mondiale qui ravive tous les conflits entre grandes puissances du XXe siècle, les impérialistes montrent clairement en soutenant Israël qu’ils sont prêts à recourir à tous les moyens nécessaires, y compris le génocide, dans leur chasse aux matières premières, aux marchés et aux sphères d’influence.
Le ciblage délibéré d’un convoi d’aide, le 29 décembre, fait partie de la violation systématique par Israël du droit international. Les crimes de guerre comme les attaques contre les hôpitaux, le personnel médical et les enfants, et l’utilisation de la nourriture et d’autres produits de première nécessité comme armes de guerre, sont devenus quotidiens. Ces actes s’accompagnent de déclarations ouvertes d’intention génocidaire à l’encontre des Palestiniens de la part de nombreux représentants du gouvernement israélien. La politique de plus en plus explicite d’Israël consiste à forcer la population palestinienne de Gaza à fuir dans le désert égyptien du Sinaï.
Ce programme a été exposé dans une requête déposée le 29 décembre par le gouvernement sud-africain auprès de la Cour internationale de justice. Les actions d’Israël étaient « de nature génocidaire parce qu’elles sont destinées à provoquer la destruction d’une partie substantielle du groupe national, racial et ethnique palestinien », déclarait celle-ci.
Autre signe du caractère hors-la-loi effréné dont est pénétré l’assaut israélien, le bureau des médias du gouvernement de Gaza a indiqué que 200 des 325 sites patrimoniaux et archéologiques de l’enclave ont été ciblés pour être détruits. Il s’agit notamment de mosquées, d’églises, d’anciennes maisons archéologiques et de musées. Certains sites remontent à l’époque phénicienne, à entre 1100 et 200 ans avant JC. Ces attaques constituaient selon le communiqué du ministère « une tentative infructueuse d’anéantir la présence culturelle et patrimoniale palestinienne » à Gaza,.
Selon l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, il existe de nombreuses preuves que les soldats israéliens pillent les maisons des Palestiniens dans toute la bande de Gaza. Le vol d’effets personnels et le « pillage de biens de valeur » se produisent à grande échelle. L’organisation parle de montants à hauteur de « dizaines de millions de dollars ». Les objets volés comprennent de l’argent, de l’or, des ordinateurs portables et d’autres appareils électroniques.
Les Palestiniens de Cisjordanie sont également confrontés à une violence de plus en plus meurtrière de la part des occupants israéliens. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies vendredi, le bilan des morts en Cisjordanie depuis le 7 octobre a été confirmé à 304 Palestiniens, dont 74 enfants. En 2023, ce sont 504 Palestiniens qui ont été tués en Cisjordanie, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis que les Nations unies ont commencé à tenir des registres en 2005. En outre, 4 785 Palestiniens ont été arrêtés par l’armée israélienne depuis le 7 octobre.
Des soldats israéliens ont agressé le journaliste d’Al Jazeera Montaser Nassar et son photographe vendredi à Wadi al-Shajna, près de la ville de Dura [à 10 km de Hébron]. Les soldats auraient tabassé les deux hommes et confisqué leur matériel alors qu’ils s’apprêtaient à filmer depuis un toit pour un reportage. Depuis le 7 octobre, 48 journalistes ont été arrêtés en Cisjordanie.
À Gaza, 106 journalistes et professionnels des médias ont été tués et huit autres ont été arrêtés. Un autre journaliste, Jabr Abu Hadros, de la chaîne de télévision al-Quds, a été tué le 29 décembre en fin de journée lors d’une frappe aérienne sur son domicile de Nuseirat.
(Article paru en anglais le 30 décembre 2023)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…