Par Karel Huybrechts
# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
REVUE DE PRESSE/ AU CLUB RUSSE VALDAÏ, VLADIMIR POUTINE ENTERRE LE MONDE D’AVANT DANS LA JOIE
Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2023 10 10/ Série V/
Un discours de Vladimir Poutine:
Le président russe a participé jeudi au prestigieux forum international du club Valdaï. L’occasion d’enterrer le monde d’avant dans la joie. «Nous nous battons pour la défense de nos traditions, notre culture et, surtout, pour nos concitoyens», a-t-il affirmé.
«Vous vous prenez pour qui?»: au club russe Valdaï, Vladimir Poutine enterre le monde d’avant dans la joie
Vladimir Poutine a pris la parole jeudi pour clôturer le prestigieux forum international du club Valdaï qui a pour but de réfléchir sur l’avenir et le rôle de la Russie. A l’unisson avec les principaux idéologues russes, il a annoncé la fin d’une époque dominée par l’Occident …
REVUE DE PRESSE/
«VOUS VOUS PRENEZ POUR QUI?»: AU CLUB RUSSE VALDAÏ, VLADIMIR POUTINE ENTERRE LE MONDE D’AVANT DANS LA JOIE (LE TEMPS, GENEVE)
Extraits :
« La réunion annuelle du prestigieux club de discussion Valdaï s’est ouverte dimanche à Sotchi, pas très loin de la résidence préférée de Vladimir Poutine. Ce même jour, un drone s’est écrasé – «abattu» par la DCA russe selon la version officielle – tout près de l’aéroport de la ville, perturbant considérablement son fonctionnement. Cela devrait être la seule contribution ukrainienne à ce prestigieux forum international qui réunit experts, universitaires et responsables politiques pour réfléchir sur le monde de demain et la place qu’y occupera la Russie. Cette attaque n’a en rien gâché la bonne humeur des participants, affirme, bravache, le quotidien pro-Kremlin Moskovski Komsomolets. «L’époque dans laquelle nous vivons n’est pas inquiétante, mais plutôt créative», enchérit Timofeï Bordachev, de la Haute Ecole d’économie de Moscou, l’un des organisateurs de l’événement qui se termine ce jeudi. »
« Ce dernier est l’auteur, avec quatre autres politologues russes de renom (Fiodor Loukianov, Oleg Barabanov, Andreï Souchentsov et Ivan Timofeïev) du rapport annuel sur «l’état du monde» publié par la même occasion par le Valdaï club. Un effort collectif présenté comme le «summum de la pensée russe contemporaine en matière de sciences politiques» par Moskovski Komsomolets. Contrairement aux années précédentes, sa cuvée 2023 est étonnamment optimiste. C’est un requiem contre l’ancien ordre mondial dominé par l’Occident et une exploration de ce que sera le monde de demain. Un monde nouveau qui sera – les auteurs en sont persuadés – multipolaire et beaucoup plus libre; un monde «sans vainqueurs ni vaincus». «L’ancien ordre mondial s’effondre? C’est tant mieux», y lit-on. La guerre en Ukraine, jamais appelée par son nom, n’apparaît qu’en filigrane. Les invités du forum ont été, eux, invités à réfléchir pendant ces quatre jours sur ce que devra être cette «multipolarité juste», capable d’assurer «la sécurité et le développement pour tous». »
« Vladimir Poutine n’a pas dérogé à la tradition de venir s’adresser personnellement aux participants. Dans son intervention, il a commencé par affirmer que c’est à la Russie qu’incombait la mission de construire ce «nouveau monde». Le chef de l’Etat russe s’est ensuite lancé, comme l’année dernière, dans une violente diatribe contre l’Occident, et plus particulièrement contre les Etats-Unis, qu’il a accusés de continuer à penser et à se comporter comme des «colonisateurs». «Vous nous dites comment nous devons vivre et quelles règles respecter… Mais vous vous prenez pour qui?» a-t-il dit, provoquant les applaudissements d’un auditoire visiblement entièrement acquis à sa cause. Sur un ton tour à tour docte et extrêmement familier, il a redit sa vision de la guerre en Ukraine: «Ce sont eux qui l’ont commencée il y a dix ans, nous, nous faisons tout pour l’arrêter.» Il a également réfuté la thèse qu’il s’agissait d’un «conflit territorial», rappelant que la Russie était le pays le «plus vaste du monde» et qu’il n’avait pas besoin de nouveaux territoires. Ce serait, à l’entendre, plutôt un conflit de «civilisation»: «Nous nous battons pour la défense de nos traditions, notre culture et, surtout, pour nos concitoyens.» »
LA GUERRE EN UKRAINE, UN «AJUSTEMENT»
« C’est pour la deuxième année consécutive que le club Valdaï se réunit sur fond de guerre en Ukraine (…) ceux du Sud global: Afrique, Asie et, dans une moindre mesure, Amérique latine. L’an dernier, le seul Occidental était un Canadien qui a fustigé à longueur de séance la «russophobie galopante en Occident», se souvient le quotidien économique Kommersant. Cette année, sur les 140 participants venus de 42 pays, on ne compte que quelques chercheurs occidentaux. Les organisateurs peuvent se targuer néanmoins d’avoir pu convaincre quelques pointures telles que l’économiste américain Jeffrey Sachs, le Français Jacques Sapir ou l’universitaire britannique Richard Sakwa de prendre l’avion pour Sotchi en pleine guerre d’Ukraine. Tous, à y regarder de plus près, se sont illustrés par des prises de position «hétérodoxes», voire ouvertement pro-russes sur la guerre. »
« Pour les organisateurs, l’existence de voix divergentes, cette «inévitable polyphonie», est annonciatrice du nouvel ordre mondial qu’ils décrivent dans leur rapport. «Le dénominateur commun de toutes ces voix, c’est le rejet du monopole de quiconque, le refus de s’inscrire dans une hiérarchie, même si elle semble logique et, d’une certaine manière, confortable», écrit l’incontournable Fiodor Loukianov, directeur de la revue Russia in Global Affairs,qui est, depuis vingt ans, le grand ordinateur du club Valdaï. Pour lui comme pour ses pairs, les événements en Ukraine ne sont qu’un «ajustement» entre Etats en cette «époque de transition» que nous vivons entre l’ancien ordre mondial, unipolaire et marqué par le monopole du système occidental, et celui de demain, qui verra s’épanouir les Etats souverains, seuls maîtres de leur destinée. Dans ce nouveau monde, la Russie a toutes les chances de figurer parmi les Etats qui s’en sortent le mieux, grâce à la richesse de ses ressources et sa maîtrise d’un certain nombre de «technologies militaires essentielles», concluent prudemment les auteurs du rapport. »
Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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Source : Luc Michel