Ali Ghediri, général-major à la retraite et ancien candidat à la présidentielle
condamné à 6 ans de prison
Par Lahouari Addi
Pourquoi la justice s’acharne-t-elle sur Ali Ghediri, général à la retraite qui avait annoncé en 2019 sa candidature à la présidence ? Il avait été arrêté et condamné à quatre ans de prison et, le 17 mai dernier, à un mois de sa libération, il a encore été jugé et condamné à six ans de prison. Du point de vue du droit, Ali Ghediri n’a commis aucun délit qui justifierait ces condamnations sans fondement juridique. Un communiqué sur le site du ministère de la défense lui reproche « de chercher à assouvir des ambitions personnelles » ! Mais depuis quand avoir des ambitions personnelles en politique est un délit ? Le communiqué continue : « À l’approche de l’échéance électorale présidentielle, certains individus mus par des ambitions démesurées et animés par des intentions sournoises tentent et par tous les moyens, notamment les médias, de préjuger des prises de position de l’institution militaire vis-à-vis de l’élection présidentielle et s’arrogent, même, le droit de parler en son nom ». Dans ses différentes déclarations, Ali Ghediri n’a jamais prétendu parler au nom de l’institution militaire. Il s’est toujours présenté comme un citoyen que la constitution autorise à être candidat à des fonctions électives.
Une analyse du texte publié sur le site du ministère de la défense incriminant le général à la retraite est révélatrice des craintes du Commandement militaire. La candidature de Ali Ghediri met en danger le mécanisme bien huilé de la désignation du président de la république par le Commandement militaire. Ali Ghediri n’est pas un simple citoyen qui se déclare candidat et qui n’aurait aucune chance d’être élu. Il est issu de l’armée, et sa candidature est susceptible d’attirer une grande partie de l’électorat. Il a des chances de l’emporter, ce qui ferait de lui un président qui n’aura pas été choisi par le Commandement militaire. Mais pourquoi une partie de l’électorat voterait pour lui ? En Algérie, il y a une forte aspiration au retrait de l’armée du champ politique, et en même temps, l’opinion voudrait que ce retrait se déroule pacifiquement et avec l’assentiment des officiers supérieurs. En sa qualité de général à la retraite, s’il est élu, Ali Ghediri a les attributs pour opérer ce retrait sans heurter l’institution militaire. Il donnera par ailleurs à la présidence l’autorité constitutionnelle sur les appareils militaires, en particulier les services de sécurité, sans pour autant inquiéter outre-mesure les chefs de l’armée. Il fait partie de la maison des Tagarins à laquelle il montrera sa loyauté. Il trouvera le langage pour convaincre ses anciens collègues à qui il donnera des garanties.
Ce scénario, le Commandement militaire le refuse, tenant à désigner un civil sans charisme et sans ancrage populaire. Pour cette raison, Abdelmadjid Tebboune est le candidat idéal qui sera reconduit autant de fois qu’il le voudra. Avec Ali Ghediri président, le Commandement militaire craint de ne plus exercer l’autorité politique sur la présidence, et sur les différents services de l’Etat, notamment la justice. C’est pourquoi il est perçu comme l’adversaire le plus dangereux pour le système. La sentence de six ans de prison a été prononcée le 17 mai pour l’empêcher de se présenter aux scrutins présidentiels de 2024 et de 2029. La crise de l’autorité de l’Etat en Algérie a pour origine le refus des généraux à obéir à un chef politique investi d’une véritable légitimité électorale, que ce chef soit issu de ses propres rangs ou d’un parti.
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