Par Andre Damon
Douze pays de l’OTAN se sont engagés à envoyer entre 120 et 140 chars de combat principaux modernes à l’Ukraine dans ce que le ministre ukrainien de la Défense, Dmytro Kuleba, a qualifié de «première vague» de livraisons de chars, d’autres étant à venir.
«La coalition de chars compte désormais 12 membres», a déclaré Kuleba mardi lors d’un briefing en ligne. «Je peux noter que dans la première vague de contributions, les forces armées ukrainiennes recevront entre 120 et 140 chars de modèle occidental».
Ces annonces font de l’Ukraine, du moins sur papier, l’une des armées les plus puissantes du monde, ayant une force de chars d’assaut équivalente à certaines des principales puissances de l’OTAN. Le Royaume-Uni maintient 158 chars de combat principal Challenger 2 en service actif, tandis que la France exploite 222 chars de combat Leclerc.
L’année dernière, les responsables ukrainiens ont demandé aux membres de l’OTAN de leur fournir 300 chars de combat principaux. À l’époque, on considérait ce chiffre comme énorme, même par les défenseurs de la guerre. Mais avec l’afflux d’armes dans le pays, il s’agit probablement de la limite inférieure.
Le chiffre de 140 chars ne tient pas compte des centaines de véhicules blindés chenillés de transport de troupes qui sont déjà dans le pays ou qui s’y dirigent.
La semaine dernière, le Pentagone a annoncé que 60 véhicules de combat Bradley avaient été expédiés de Caroline du Sud, et que ces véhicules arrivaient en Europe cette semaine.
Mais même les quantités massives d’armes qui affluent en Ukraine ne sont qu’un acompte.
Selon l’agence Reuters, la Maison-Blanche annoncera des livraisons d’armes supplémentaires d’une valeur de 2 milliards de dollars à l’Ukraine, dont un missile à longue portée capable de frapper à plus de 160 km.
Le système d’armes, connu sous le nom de bombe à faible diamètre à lancement terrestre, est une bombe maniable lancée par fusée dont la portée est double de celle des missiles HIMARS que Washington a déjà fournis.
Ce déploiement constituerait une répudiation de la promesse faite par Biden en mai dernier, à savoir que «nous n’encourageons ni ne permettons à l’Ukraine de frapper au-delà de ses frontières», et sa déclaration selon laquelle «nous n’allons pas envoyer à l’Ukraine des systèmes de roquettes qui pourraient frapper au coeur de la Russie».
Dans une interview accordée à NPR mardi, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, a demandé aux États-Unis d’envoyer des avions de combat en Ukraine.
«Je suis sûr que c’est absolument réaliste», a-t-il déclaré. Reznikov n’a pas tenu compte des préoccupations exprimées par les membres de l’OTAN quant au potentiel d’escalade d’une telle action, déclarant: «Ce qui est impossible aujourd’hui est absolument possible demain».
La Pologne, la Lettonie et la Lituanie ont déjà déclaré publiquement qu’elles étaient d’accord avec cette demande.
«L’Ukraine a besoin d’avions de combat… de missiles, de chars. Nous devons agir», a déclaré mardi le ministre estonien des Affaires étrangères Urmas Reinsalu lors d’une conférence de presse conjointe à Riga avec des responsables lettons et polonais.
«Parce que les avions de chasse et les missiles à longue portée sont une aide militaire essentielle, et à ce stade crucial de la guerre, où nous sommes bien près d’un tournant, il est vital que nous agissions sans délai», a déclaré le président lituanien Gitanas Nausėda dans une interview à la télévision nationale lituanienne.
Il a conclu: «Ces lignes rouges doivent être franchies».
Interrogé sur l’envoi d’avions de combat en Ukraine lors d’une conférence de presse lundi, le président français Emmanuel Macron a déclaré: «Rien n’est exclu».
Mardi, les États-Unis ont accusé la Russie de ne pas respecter le traité New START, le dernier traité de contrôle des armes nucléaires encore en vigueur entre les États-Unis et la Russie.
Ce traité limite le nombre total d’ogives que les États-Unis et la Russie peuvent déployer. La plainte met en branle une série d’étapes qui pourraient conduire à la rupture du traité, enflammant davantage les tensions nucléaires intensifiées par la guerre.
En 2019, le gouvernement Trump s’est retiré du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, ce qui a permis aux États-Unis d’encercler la Russie et la Chine avec des armes nucléaires à courte portée.
Dans le mois qui s’est écoulé depuis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est adressé à une session conjointe du Congrès, l’implication des États-Unis et de l’OTAN dans la guerre a connu une énorme escalade: d’abord avec l’envoi du système de missiles Patriot, puis des véhicules de combat Bradley et Stryker, et enfin des chars de combat principal Leopard et Abrams.
Les planificateurs de guerre de l’OTAN cherchent à poursuivre cette évolution, prévoyant d’envoyer sous peu à l’Ukraine des missiles à longue portée, tout en discutant activement de l’envoi d’avions de chasse à l’Ukraine.
Chacun de ces nouveaux systèmes d’armes – qui nécessitent d’énormes besoins en matière de logistique, d’entretien et de formation – va impliquer davantage les États-Unis et l’OTAN dans la guerre et créer les conditions nécessaires à la poursuite de l’escalade, notamment la création de zones d’exclusion aérienne et le déploiement direct de troupes américaines et de l’OTAN.
(Article paru en anglais le 1er février 2023)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…
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