Communiqué de l’AFPS
Après 20 années de harcèlement, le 18 décembre 2022, Israël a expulsé Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, de sa ville natale Jérusalem-Est – et donc de sa patrie – pour « refus d’allégeance » à la puissance occupante : une insulte au droit international et aux droits humains.
La ville de Lyon a invité Salah Hamouri, en sa qualité de défenseur des droits humains et ancien prisonnier palestinien, à participer à une conférence intitulée « Trente ans après la signature des accords d’Oslo, regards sur la Palestine. »
Il n’en fallait pas plus à l’ambassade d’Israël en France par la voix de Ronit Ben Dor, ministre plénipotentiaire d’Israël, pour qu’elle fasse pression sur le maire de Lyon afin qu’il annule l’invitation de Salah Hamouri. Message relayé immédiatement par les habituels soutiens inconditionnels de l’État d’Israël, quelle que soit la politique qu’il met en œuvre, et malgré les crimes de guerre et contre l’humanité auxquels cet État se livre. Cette conférence ne pourrait être d’après eux qu’une expression de l’antisémitisme. La ville de Lyon se rendrait coupable d’apologie du terrorisme. Rien de moins !
Les allégations sont toujours les mêmes, éculées et répétées ad nauseam, dont Israël n’a jamais apporté de preuve au point que les derniers enfermements de Salah Hamouri l’ont été dans le cadre d’un usage illégal de la détention administrative, détention sans motif ni jugement.
La France, le gouvernement français, le président de la République ont demandé au gouvernement israélien le respect des droits et la libération de Salah Hamouri. Peut-on imaginer qu’il l’aurait fait pour un « terroriste » ?
Non seulement ces allégations sont fausses, voire diffamatoires, mais elles visent à faire taire toute contestation du régime israélien et à disqualifier celles et ceux qui le critiquent. Il s’agit là d’une ingérence inadmissible d’un pays tiers dans la vie politique française. Un pays dont l’armée d’occupation a assassiné de sang-froid 30 personnes (dont des femmes et des enfants) depuis le début de l’année dont 9 dans la seule journée du 26 janvier serait bien inspiré de se regarder dans la glace quand il parle de terrorisme !
La France va-t-elle tolérer cette ingérence de la part d’un État coupable de crimes de guerre et de crime contre l’humanité, d’un gouvernement raciste et suprémaciste ? Monsieur le président de la République, Madame la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qu’entendez-vous dire et faire afin que cessent ces ingérences inadmissibles ?
Dans le même temps, des députés du groupe GDR ayant reçu à l’Assemblée nationale Salah Hamouri se trouvent être la cible nourrie d’attaques invraisemblables reprenant les éléments de langage de l’ambassade d’Israël en France.
On se demande ce qui peut bien motiver des députés français à épouser les thèses d’un gouvernement étranger qui harcelle depuis 20 ans un citoyen français, qui viole les droits humains et le droit international en permanence et vient d’opérer un massacre dans le camp de réfugiés de Jénine. Il serait temps qu’ils ouvrent les yeux et qu’ils prennent la défense des opprimés plutôt que d’encenser et de soutenir les oppresseurs.
La qualification de terroriste a toujours été utilisée par les puissances occupantes pour qualifier celles et ceux qui leur résistent. Comment des députés français peuvent-ils sciemment l’ignorer ?
Nous attendons des députés français qu’ils se rappellent qu’ils ont le devoir de défendre le droit et non ceux qui le violent.
La France va-t-elle enfin être fidèle à ses valeurs et intervenir auprès d’Israël et de ses inconditionnels soutiens français pour rappeler le droit et signifier que de telles ingérences sont intolérables ?
Le Bureau National de l’AFPS le 27 janvier 2022
Source : AFPS
https://www.france-palestine.org/…