Des chars de combat Abrams M1 sur des wagons en Lituanie, près de la frontière russe, en 2019
[AP Photo]
Par Andre Damon
Dans l’escalade la plus dangereuse de la guerre entre l’OTAN et la Russie à ce jour, les États-Unis vont fournir 50 chars de combat M1 Abrams à l’Ukraine dans le cadre d’un déploiement de chars de l’OTAN qui pourrait se compter par centaines, selon des articles du New York Times et du Wall Street Journal.
L’Allemagne prévoit également d’annoncer qu’elle enverra plus d’une douzaine de chars de combat principaux Leopard 2 à l’Ukraine, ouvrant ainsi la voie à plusieurs pays de l’OTAN, dont la Pologne et les États baltes, pour envoyer au combat leurs propres chars de combat principaux de fabrication allemande. Les responsables ukrainiens ont laissé entendre que les pays de l’OTAN vont envoyer plus de 100 chars Leopard 2.
Ces mesures montrent clairement que la guerre n’est pas simplement une guerre par procuration, mais un conflit ouvert entre l’OTAN et la Russie, menaçant l’humanité de conséquences incalculables.
L’Abrams et le Léopard 2, qui font deux fois le poids des chars de combat Sherman et T34 de la Seconde Guerre mondiale, succèdent aux chars lourds Tiger de l’Allemagne nazie, lancés contre l’Union soviétique lors de l’opération Barbarossa.
Au total, le Telegraph estime que les États-Unis et leurs alliés sont «prêts à envoyer près de 200 chars de combat en Ukraine».
Ces annonces font suite au déploiement, selon le Pentagone, «d’environ 900 véhicules blindés de transport de troupes en Ukraine», dont les véhicules de combat d’infanterie Bradley, Stryker et Marder.
Mardi, la Pologne a officiellement annoncé son intention d’envoyer des chars Leopard 2 en Ukraine. Les États-Unis et l’Allemagne devraient annoncer officiellement mercredi qu’ils enverront leurs propres chars.
Par ailleurs, le New York Times a fait état de plans du Pentagone qui visent à multiplier par cinq la production d’obus d’artillerie. Le reportage cite des documents de l’armée américaine appelant à «l’effort de modernisation le plus agressif depuis près de 40 ans».
Grâce à cette expansion, l’armée américaine prévoit de produire 90.000 obus d’artillerie par mois, contre 14.000 auparavant, en créant de nouvelles usines et des plateformes logistiques dans tout le pays.
Ces annonces font suite à la déclaration du secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, et du général Mark Milley, président des chefs d’état-major interarmées, que la force mandataire ukrainienne soutenue par l’OTAN «passera à l’offensive» au cours de la période à venir.
Milley a défini l’objectif des États-Unis comme étant de «libérer l’Ukraine occupée par la Russie» et de «libérer les zones occupées».
Au milieu des annonces, les objectifs réels de l’armée américaine apparaissent plus clairement. Le journaliste du Washington Post, Max Boot, qui accompagnait Austin à la base aérienne de Ramstein, a rapporté qu’«Austin m’a dit qu’un “objectif réaliste pour cette année” serait que les Ukrainiens coupent le “pont terrestre” entre la Crimée et la Russie que les forces du président russe Vladimir Poutine ont occupé l’année dernière».
La réalisation de cet objectif militaire nécessiterait une offensive éclair de type armes combinée dans laquelle les forces russes seraient pulvérisées et une série de villes du sud de l’Ukraine capturées, selon les planificateurs de guerre américains cités par le New York Times.
«L’Ukraine pourrait utiliser des Bradley pour déplacer des forces sur les routes principales, comme la M14, qui relie Kherson, Melitopol et Marioupol», a déclaré Seth G. Jones du Center for Strategic and International Studies, selon le Times.
L’engagement massif de chars et de véhicules blindés promis par les puissances de l’OTAN au cours de ces dernières semaines ne serait qu’un acompte sur le niveau d’implication directe de l’OTAN nécessaire pour atteindre les vastes objectifs de guerre des États-Unis.
Dans l’élément peut-être le plus troublant du reportage publié mardi, le Washington Post a conclu son article sur l’envoi de chars Abrams en notant la déclaration antérieure du Pentagone:
Un haut responsable de la défense américaine… a déclaré que même l’envoi d’un seul Abrams était hors de question. C’est difficile pour les États-Unis d’assurer la maintenance des chars Abrams et de leur moteur à turbine sophistiqué, a déclaré le responsable, s’exprimant sous couvert d’anonymat en raison du caractère sensible de la question.
Pour les Ukrainiens, a-t-il ajouté, ce serait impossible.
Rien n’a changé dans les exigences logistiques de la mise en service du char M1 Abrams. Si cela est «impossible» pour l’armée ukrainienne d’utiliser cette arme, l’envoi du M1 Abrams en Ukraine n’est qu’un tremplin vers une implication directe de l’OTAN dans le conflit. Comme l’écrivait le WSWS à la suite du sommet de Ramstein:
Au fur et à mesure que les immenses défis posés par la nouvelle stratégie américaine apparaîtront dans les mois à venir, et que le nombre de morts parmi les troupes ukrainiennes augmentera, la demande de déploiement direct de troupes de l’OTAN dans la guerre sera inévitablement formulée. Cela signifierait que des soldats américains et russes se tireraient dessus dans le premier engagement général de l’histoire entre des États dotés d’armes nucléaires.
Mardi, le Bulletin of the Atomic Scientists a avancé son «Horloge de l’apocalypse», déclarant que «l’Horloge est maintenant à 90 secondes de minuit: le plus proche de la catastrophe mondiale qu’elle n’ait jamais été».
Témoignant de l’immense danger de la situation, Boot, dans son compte rendu du voyage d’Austin à la base aérienne de Ramstein, écrit: «Le secrétaire à la Défense et son équipe ont quitté Washington tôt mercredi matin à bord d’un E-4B de l’armée de l’air, alias “l’avion de l’apocalypse”, une variante du Boeing 747 construit en 1973 pour permettre au président de diriger le gouvernement américain en cas de guerre nucléaire».
L’escalade hors de contrôle de la guerre pose la nécessité urgente de la construction d’un mouvement anti-guerre de masse basé sur la classe ouvrière. Nous invitons les lecteurs à étudier attentivement la déclaration du Mouvement international des jeunes et des étudiants pour l’égalité sociale, «Un appel aux jeunes du monde entier: créons un mouvement de masse pour arrêter la guerre en Ukraine!» et à joindre la lutte contre la guerre sur la base d’un programme socialiste.
(Article paru en anglais le 25 janvier 2023)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…
Notre dossier OTAN
Notre dossier Russie