Enlèvement violent d’un manifestant palestinien par la soldatesque israélienne en Cisjordanie occupée
Photo : via Memo
Par Miko Peled
Soixante-quinze ans après la décision funeste de l’ONU de partager la Palestine, le carnage et l’oppression des Palestiniens par ceux qui prétendent représenter le peuple juif continuent – et tout laisse à penser que cela va empirer.
Certains prétendent que le sionisme est venu sauver le peuple juif d’un autre holocauste, qu’il parle pour les juifs sans défense afin qu’ils n’aient plus jamais à subir un génocide comme le génocide nazi des juifs en Europe. Mais ces affirmations ne sont que des excuses pour permettre au régime sioniste d’exercer sa cruauté et sa brutalité sans entraves.
La Résolution de Partage des Nations Unies ou la Résolution 181 de novembre 1947 a engendré les premières attaques contre les Palestiniens et ouvert la voie à la brutalité de l’exil forcé.
Les attentats terroristes et les massacres qui se sont poursuivis jusqu’au milieu des années cinquante ont forcé près d’un million de Palestiniens à quitter leur pays s’ils ne voulaient pas mourir. Pourtant le monde a gardé le silence et a permis que cette tragédie impardonnable se déroule.
Légitimité
Ce qui permet à la campagne anti-palestinienne sioniste de se poursuivre jusqu’à ce jour, c’est le fait que le terrorisme sioniste a en fait été salué comme de l’héroïsme. Le mythe selon lequel les assassins sionistes étaient des héros qui ont libéré leur pays et leur peuple au bout de deux milles ans a été entretenu bien qu’il fut de notoriété publique qu’il s’agissait d’un mensonge.
La communauté internationale a légitimé la conquête de la Palestine et sa destruction consécutive, et la mise en place d’un régime d’apartheid anti-arabe, raciste anti-palestinien et violent du nom d’Israël.
L’état d’Israël, qui a volé la terre et ses richesses, était maintenant accueilli par la communauté internationale comme acteur légitime sur la scène mondiale.
Une fois que la première vague de nettoyage ethnique se fut calmée au début des années 1950, l’état nouvellement formé commença à planifier sa prochaine guerre contre l’Égypte.
Craignant la paix comme l’on pourrait craindre la peste, le premier Premier Ministre d’Israël, David Ben-Gourion, était occupé à former une coalition pour attaquer l’Égypte. Bien qu’il lui fallût quelques années pour construire une coalition qui accepterait son plan, il réussit à lancer une attaque injustifiée contre l’Égypte.
Tandis que s’ouvrait la décennie 1960, l’état d’Israël formait à nouveau des plans de guerre. Cette fois, c’était le plateau du Golan syrien qui était convoité. Une fois de plus, bien que cela prît plusieurs années, Israël put se lancer dans une guerre qui lui permit de mettre la main sur le Golan.
Jamais assez
Tandis que les sionistes célébraient l’adoption de la résolution 181 des Nations Unies et la considéraient à juste titre comme une victoire diplomatique, ce n’était pas assez. Les sionistes en voulaient plus.
Et de fait, en 1949, ils avaient mis la main sur près de 80% de la Palestine et chassé une grande majorité des Palestiniens. Mais ce n’était pas assez.
Dès les années 1950, mon père qui était alors un jeune lieutenant-colonel, déclara dans un discours devant des dirigeants juifs américains et le Premier Ministre israélien, « l’IDF attend de recevoir l’ordre de repousser la frontière orientale d’Israël jusqu’à son tracé naturel, la rive du Jourdain. »
En 1967 mon père faisait partie des généraux qui exigeaient que cet ordre leur fût donné, et de mener la guerre pour réaliser ce dessein. En 1967 les sionistes avaient toute la Palestine entre leurs mains et l’état unique était devenu réalité en Palestine : c’était l’état d’Israël.
Pendant tout ce temps, le contrôle du territoire n’était pas suffisant. Israël avait besoin de renforcer ses revendications sur le territoire, et donc tout signe de l’histoire et du patrimoine palestiniens devait disparaître.
Israël s’est embarqué dans une campagne pour détruire les monuments historiques et les cimetières palestiniens et tout ce qui puisse rappeler leur riche histoire. Et à la place Israël a élaboré le mythe sioniste d’un lien direct entre l’Israël moderne et l’ancienne tribu des Hébreux, qui vivaient en Palestine il y a des milliers d’années.
En outre, l’existence des Palestiniens était considérée comme une menace pour Israël, notamment pour sa légitimité. Depuis sa création, Israël a adopté des lois qui rendent l’existence des Palestiniens illégale et impossible.
En promulguant des lois et des politiques racistes, Israël a créé des limites à l’espace où les Palestiniens pouvaient vivre, travailler, et étudier, où ils pouvaient voyager, et a restreint la quantité d’eau qu’ils pouvaient obtenir et les terres qu’ils pouvaient cultiver.
Amnésie
Le monde – l’Europe en particulier – doit avoir souffert d’amnésie, parce qu’il avait commercé avec la Palestine pendant des siècles.
Pourtant, curieusement après la création d’Israël, la Palestine fut oubliée et délaissée et tout le monde adhéra au mythe sioniste. La légitimité d’Israël et l’adhésion au mythe israélien prirent la forme d’une seconde religion, et personne n’osa s’en écarter de peur de s’attirer les foudres sionistes.
Quiconque s’écarte de la ligne sioniste est aussitôt taxé d’antisémitisme et banni, mais ceci n’est possible que parce qu’au lieu de riposter et de résister à l’intimidation sioniste, les gens courbent l’échine et se laissent intimider.
Soixante-quinze ans plus tard.
Maintenant, 75 ans après cette décision fatidique des Nations Unies, les tueries et la destruction se poursuivent. Israël se présente comme un « miracle » et une « histoire de réussite», mais c’est en réalité une histoire de vol et de dépossession.
Israël prétend être l’histoire de la renaissance d’une nation, mais dans les faits c’est celle de la destruction d’une nation.
Il prétend avoir fait fleurir le désert quand, en fait, il a volé un pays florissant. Israël affirme avoir créé un refuge sûr. Mais, en réalité, il a mis au point un régime d’apartheid impitoyable dont la cruauté et l’efficacité dépasse tous les autres.
Si l’on revient sur les 75 dernières années, il est clair que les Nations Unies (et en particulier des pays comme la Grande Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis) sont coupables, et doivent être tenus responsables des terribles crimes qu’ils ont soutenus – et continuent de soutenir pleinement – contre le peuple palestinien.
Il nous faut examiner l’histoire de la Palestine pour apprécier son avenir potentiel. Le commerce, l’érudition, la culture, la religion, la philosophie, l’architecture faisaient tous partie de l’héritage de cette terre et de son peuple, de même que la tolérance.
Le chapitre actuel de la Palestine est marqué par la douleur, la souffrance et le racisme, et espérons-le, se refermera bientôt. Avec de la chance, lorsque la Palestine sera libérée et son peuple libre de jouir de ses merveilles et pourra vivre libre, on se souviendra du chapitre intitulé « Israël » comme d’un chapitre court et déplorable.
Auteur : Miko Peled
* Miko Peled est un auteur et un militant des droits de l’homme né à Jérusalem. Il est l’auteur de “The General’s Son. Journey of an Israeli in Palestine” et “Injustice, the Story of the Holy Land Foundation Five« .
Son compte Twitter.
1 décembre 2022 – Mint Press News – Traduction: Chronique de Palestine – MJB
Source : Chronique de Palestine
https://www.chroniquepalestine.com/…
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