Par SAMIDOUN

Mardi 6 décembre, l’occupation israélienne poursuit son acharnement contre l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri en le renvoyant en détention administrative, un emprisonnement sans inculpation ni procès. Lors de deux audiences tenues aujourd’hui, l’ordre du ministre israélien de l’Intérieur de l’expulser de force vers la France a été examiné.

Le Comité de soutien à Salah Hamouri a indiqué que Salah et ses avocats étaient présents aux deux audiences d’aujourd’hui et ont présenté leurs arguments. À cette heure, le tribunal d’occupation ne s’est pas prononcé sur le cas de l’expulsion. Le consul de France à Tel Aviv a également assisté à l’audience sur l’ordre de déportation forcée. L’audience suivante a porté sur l’ordre de lui retirer sa carte de résident de Jérusalem, malgré le fait qu’il soit un Palestinien qui est né, a été élevé et vit à Jérusalem. Une autre audience a été fixée au 1er janvier 2023 sur l’ordre de révocation de sa résidence.

Jusqu’à cette date, Salah a été placé une nouvelle fois en détention administrative et renvoyé à la prison de Hadarim, classé par les autorités d’occupation israéliennes comme un “détenu de haute sécurité”, c’est-à-dire un prisonnier politique palestinien. Durant les audiences, Salah a été menotté aux mains et aux pieds, les deux jeux de menottes étant reliés par une chaîne métallique.

Hamouri est maintenant une fois de plus l’un des 820 Palestiniens emprisonnés sans inculpation ni procès en vertu de la détention administrative, sur un total de 4 750 prisonniers politiques palestiniens dans les prisons de l’occupation israélienne. Les ordonnances de détention administrative arbitraire sont renouvelables indéfiniment et se fondent sur un “dossier secret” dont les prisonniers et leurs avocats n’ont pas connaissance. Les Palestiniens sont régulièrement emprisonnés pendant des années en vertu de ces ordonnances.

Ce n’est que le dernier épisode de la persécution continue contre Hamouri, un avocat franco-palestinien qui a été visé à plusieurs reprises par la détention administrative. Il est emprisonné arbitrairement depuis mars 2022 et se bat depuis 2021 contre la tentative de le priver de ses droits de résidence et de l’expulser de sa Jérusalem natale sur la base d’un “défaut d’allégeance” à l’occupation coloniale, un acte constituant un crime de guerre. Sa femme et ses enfants sont interdits d’entrée en Palestine, ce qui le contraint à vivre séparé de sa famille. Il est l’un des six défenseurs palestiniens des droits de l’homme dont il a été prouvé qu’ils étaient surveillés par le tristement célèbre logiciel espion “Pegasus” vendu par le groupe NSO. Il a été emprisonné pendant 7 ans jusqu’à sa libération en 2011, dans une affaire qui est devenue célèbre, surtout en France, comme un exemple de l’illégitimité et de l’injustice du système d’incarcération israélien.

Alors que la France tente de criminaliser le boycott d’Israël et d’interdire les organisations œuvrant pour la justice en Palestine (comme le Collectif Palestine Vaincra, une organisation membre du réseau Samidoun), elle montre une fois de plus sa complicité avec l’apartheid israélien par son inaction quasi-totale pour faire respecter les droits de Salah Hamouri malgré les prises de position positives suite à la mobilisation de centaines d’associations, de parlementaires et d’élus locaux. Les responsables français ont exprimé que Salah devrait pouvoir vivre librement avec sa famille à Jérusalem, mais la France doit exercer une réelle pression pour défendre les droits de son citoyen – notamment en imposant des sanctions au régime israélien, en coupant le commerce des armes et, pratiquement et immédiatement, en refusant d’accepter un vol d’expulsion pour Salah Hamouri.

Lors d’un point presse le 5 décembre, le porte-parole de la diplomatie française a fait face à de sérieuses questions de la part des journalistes qui lui ont demandé par exemple : “Que mettez-vous en oeuvre concrètement pour empêcher Israël d’expulser Salah Hamouri puisque les mots ne suffisent pas et que l’intervention du président de la république auprès de l’ancien Premier ministre, Yaïr Lapid, n’a visiblement eu aucun effet ? Envisagez-vous des sanctions à l’encontre d’Israël ? Demandez-vous la suspension de l’accord de coopération entre ce pays et l’Union européenne comme le prévoient les textes lorsque les droits humains ne sont pas respectés, ce qui est manifestement le cas s’agissant de Salah Hamouri ? Ou, au contraire, allez-vous, une fois de plus, laisser Israël se moquer du droit international et, dans le cas présent, de la France ?”

Le porte-parole a répondu que “Nous avons signifié de la manière la plus claire notre position aux autorités israéliennes : Salah Hamouri ne doit pas être expulsé. Il doit pouvoir exercer l’ensemble de ses droits et mener une vie normale à Jérusalem, sa ville de naissance et de résidence. Des démarches ont été menées encore tout récemment auprès du gouvernement israélien pour rappeler notre opposition à l’expulsion de notre compatriote. Notre mobilisation se poursuit de même que notre assistance au titre de la protection consulaire.”

Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network dénonce la tentative de dépouiller Salah Hamouri de son identité jérusalémite et de sa présence palestinienne sur la terre de Palestine. Nous demandons qu’il soit mis fin à l’emprisonnement en cours de Salah Hamouri ainsi qu’à l’utilisation de la détention administrative pour cibler les dirigeants palestiniens et les défenseurs des droits humains. Par ailleurs, nous exigeons la fin du projet israélien de nettoyage ethnique en cours à Jérusalem, qui vise le peuple et l’identité palestiniens de la ville, capitale de la Palestine. Nous appelons tous les partisans de la Palestine à agir pour exiger la libération de Salah Hamouri et de tous les prisonniers palestiniens emprisonnés dans les prisons de l’occupation.

Source : SAMIDOUN
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