Par Masar Badil
Le comité préparatoire de la conférence de la « Voie Palestinienne Alternative » appelle les masses de notre peuple en Palestine occupée à rejeter et à boycotter les prétendues « élections présidentielles et législatives » demandées par l’Autorité (palestinienne) d’Oslo pour son entité autonome soumise, et nous appelons également notre peuple en Palestine occupée depuis 1948 à boycotter les élections pour le parlement colonial de l’ennemi, « la Knesset ». La soi-disant démocratie sous les baïonnettes du colonialisme, comme dans le cas de l’Autorité palestinienne, n’est rien d’autre qu’un mensonge visant à donner une fausse légitimité à la désastreuse voie d’Oslo. Et ce que certains appellent « la lutte parlementaire par la participation à la Knesset » n’est rien d’autre qu’une légitimation du système colonial et de ses structures de déplacement, d’oppression et de racisme.
Une autorité qui opprime son peuple en collaboration avec le colonisateur, et la classe politique qui en est complice, ne peut aujourd’hui prétendre être avide de démocratie. Les forces qui ont créé et cimenté efficacement la division palestinienne afin de réaliser leurs intérêts ou de mettre en œuvre les exigences des projets et des liens régionaux, doivent savoir que le peuple palestinien n’est pas un troupeau de moutons à conduire aux urnes pour réélire des programmes et des dirigeants qui sont complètement trempés dans la défaite et l’humiliation.
Il est absurde de considérer que ces élections prévues auront un impact national significatif pour le peuple palestinien, d’autant plus que les organisateurs et les bénéficiaires de ces élections sont les mêmes partis qui n’ont pas réussi à se réconcilier et à se mettre d’accord sur un programme minimal pendant 13 ans. Notre peuple, où qu’il soit, se rend compte que ce leadership a produit une fragmentation en plus du déplacement, de l’exil et de la fragmentation imposés par le colonialisme. La tenue d’élections sous les armes des colonisateurs ne fera qu’entraîner encore plus de fragmentation, de soumission et de déviation par rapport au chemin de la libération. Il ne suffit pas de revendiquer l’existence d’un « État », même s’il s’agit d’un simple fantasme, tout autant qu’il ne suffit pas d’œuvrer pour que le monde reconnaisse l’existence d’un État palestinien afin de pousser les énergies et les engagements de notre peuple palestinien dans un projet qui n’a rien à voir avec une approche stratégique de la réalisation de leur projet historique de retour et de libération. Se laisser entraîner derrière la classe politique corrompue, alignée sur les médiateurs économiques du colonialisme et ses agents de sécurité, n’est plus acceptable, ni au sens national ni au sens stratégique, et ne peut être réformé de façon directe ou réelle. L’objectif de ces élections prévues à Oslo est clair :
Ce n’est un secret pour personne que les tentatives de présenter les élections de cette classe politique comme une sorte de porte d’entrée vers l’unité nationale ne sont rien d’autre qu’une tromperie destinée à impliquer à nouveau notre peuple dans le processus des quotas, en renouvelant les allégeances et les promesses d’un leadership de défaite et de capitulation. Ce n’est pas un secret pour notre peuple vigilant et conscient que ce prétendu consensus n’est rien d’autre qu’un accord visant à présenter des lettres de créance au nouveau président américain, Joe Biden, afin de retourner sur le chemin futile d’Oslo sous les yeux de toutes les forces et factions. Et ces dirigeants doivent savoir que l’unité nationale ne peut être réalisée en excluant plus de la moitié de notre peuple en exil, ni par l’exclusivité dans la prise de décision nationale, ni par la division des petits gains et privilèges d’Oslo accordés aux vaincus. L’unité nationale passe par le travail, la lutte et la confrontation avec le colonisateur.
Les élections qui se déroulent sous les armes du colonialisme et dans le cadre d’Oslo et de la dévastation et de la défaite qu’elle a entraînées produiront inévitablement des dirigeants et des programmes avec le consentement des colonisateurs et des puissances impérialistes occidentales, et l’expérience palestinienne en témoigne. Même si nous laissons de côté toute la corruption administrative et financière ou si nous négligeons le manque de transparence, d’intégrité et d’impartialité, les élections qui sont entièrement régies par Oslo et les exigences des alliances régionales et internationales de la classe dirigeante, qui sont fondamentalement en contradiction avec le mouvement de libération du peuple, ne produiront certainement jamais un programme de libération ou ne rétabliront jamais une voie nationale de dignité qui défende les valeurs de libération et la volonté de sacrifice pour le peuple.
D’autre part, la participation aux élections législatives de l’entité sioniste est présentée comme une lutte parlementaire pour défendre notre peuple et ses droits. De 1949 à aujourd’hui, cette participation a été justifiée, qu’elle se fasse par l’intermédiaire de partis sionistes ou de partis et listes arabes, tantôt en prétendant protéger les intérêts et les droits de notre peuple, tantôt en empêchant la victoire de l’extrême droite et son contrôle, et le discours répété d’ »épargner à notre peuple de nouvelles calamités » et autres absurdités. Les partis ont changé, les députés ont changé, les justifications de la participation ont varié, et l’entité sioniste est restée la même : elle est restée une entité colonialiste raciste d’exclusion qui a continué à contrôler la plus grande superficie de terre palestinienne et le plus petit nombre de Palestiniens. La participation, même si elle visait l’opposition, n’est rien d’autre qu’une contribution à la perpétuation du système colonial, et contribue au minimum à la légitimation des crimes de l’entité coloniale sioniste.
D’un point de vue fondamental et stratégique, la participation aux élections parlementaires sionistes n’est pas seulement une légitimation du colonialisme et une approbation de ses fausses prétentions à la démocratie et au respect des droits de l’homme, mais elle constitue également une menace pour le mouvement national et international qui appelle à la résistance au colonialisme et au racisme sionistes. La prétendue « démocratie » de l’entité se fonde non seulement sur le pluralisme des partis colonialistes, mais aussi sur ses prétentions fausses et orgueilleuses à « respecter les minorités » et à leur accorder le plein droit à la participation politique. Nous n’exagérons pas lorsque nous constatons que la vantardise de la participation des « Arabes à la Knesset » constitue un point central des campagnes de propagande sioniste qui visent à dissimuler au monde le vrai visage d’Israël et à faire passer ses crimes pour de la « légitime défense » contre le « terrorisme et l’antisémitisme » palestiniens. Cela a contribué à la légitimation de lois racistes, au premier rang desquelles figure la « loi sur l’État juif », approuvée par la Knesset en présence de représentants arabes. Accepter que nous sommes une « minorité » en Palestine ou simplement commercialiser des idées telles que la « droite israélienne » et la « gauche israélienne » constitue une approche trompeuse et mensongère de la réalité de l’entité coloniale sioniste. Participer signifie reconnaître la légitimité d’une entité qui est fondamentalement fondée sur la revendication des colonialistes à l’autodétermination sur l’ensemble du territoire de la Palestine, sans parler de ses crimes et violations historiques, en cours et croissants contre le peuple palestinien.
Par rapport à ceux qui revendiquent une approche pragmatique visant à réaliser les droits civils ou l’égalité par le biais de telles illusions : la participation au parlement colonialiste n’a pas empêché l’adoption d’une seule loi raciste visant notre peuple, ses terres, ses biens et ses droits. Leur participation n’a pas conduit à l’élaboration d’un plan d’urbanisme pour une seule ville arabe, ni empêché la démolition d’une seule maison. Le temps est venu de mettre fin à la scène des représentants palestiniens qui font des discours théâtraux et enthousiastes, comme si des droits pouvaient être obtenus grâce à de telles représentations. Nous comprenons sans aucun doute la situation particulière des Palestiniens de 1948, car leurs circonstances les obligent, par exemple, à étudier dans les universités israéliennes avec les colonisateurs, mais ces circonstances uniques ne prévoient pas la participation au parlement du colonisateur et de l’ennemi. Le temps est venu de reconnaître franchement et clairement la faillite de tous les appels à la « coexistence et à l’égalité avec le colonisateur », ou les tentatives de terroriser notre peuple pour qu’il soutienne une telle participation en brandissant des menaces de retrait de la nationalité ou de nouveaux déplacements, ou l’invocation de « critères différents » pour les Palestiniens de 1948, comme si cela signifiait faire partie du système colonial.
La lutte de libération ne peut être menée en légitimant Oslo ni en légitimant le colonisateur, mais plutôt en nous organisant, en nous engageant avec les masses et en adoptant des formes efficaces de lutte révolutionnaire pour parvenir à la libération et au retour et construire une Palestine démocratique et libérée sur toute la terre de Palestine. Nous appelons les factions de la résistance palestinienne à ne pas reproduire une fois de plus le cycle de l’échec et à mettre fin au politique de poursuite des illusions, des mirages et des fausses promesses absurdes. La sortie de la crise interne palestinienne ne peut être trouvée par le biais de prétendues élections successives, comme si la légitimité révolutionnaire était mesurée à l’aune de ce que veulent l’Europe, l’Amérique, le Qatar, la Turquie et les régimes réactionnaires arabes. La priorité est maintenant de développer une stratégie nationale pour restaurer la cause et la dignité de notre peuple, son droit au retour, son autodétermination et sa libération nationale.
Le comité préparatoire de la conférence sur la voie palestinienne alternative
13 janvier 2021
Source : Masar Badil – Traduction : Collectif Palestine Vaincra
Source : Collectif Palestine Vaincra
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