Par Luc Michel
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NAZI BILLIONAIRES : CES DYNASTIES INDUSTRIELLES QUI CACHENT AUX YEUX DE TOUS LEUR PASSE NAZI
Revue de Presse
(Livres – Débats – Idées)/ 2022 07 27/
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* Nazi Billionaires
The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties
David de Jong
HarperCollins Publishers
« Des recherches méticuleuses … nous obligent à confronter l’héritage actuel de ces liens nazis. »
-Le Wall Street journal
Allemagne :
Ces dynasties industrielles qui cachent aux yeux de tous leur passé nazi
Une enquête révolutionnaire sur la façon dont les nazis ont aidé les magnats allemands à gagner des milliards grâce aux horreurs du Troisième Reich et de la Seconde Guerre mondiale – et comment l’Amérique leur a permis de s’en tirer.
En 1946, Günther Quandt, patriarche de l’empire industriel le plus emblématique d’Allemagne, une dynastie qui contrôle aujourd’hui BMW, a été arrêté pour collaboration présumée avec les nazis. Quandt a affirmé qu’il avait été contraint de rejoindre le parti par son grand rival, le ministre de la propagande Joseph Goebbels, et les tribunaux l’ont acquitté. Mais Quandt a menti. Et ses héritiers, et ceux d’autres milliardaires nazis, n’ont fait que s’enrichir au fil des générations, alors que leur prise en compte de ce sombre passé reste au mieux incomplète. Beaucoup d’entre eux continuent de contrôler des pans entiers de l’économie mondiale, possédant des marques emblématiques dont les produits couvrent le monde entier. L’héritage brutal des dynasties qui ont dominé Daimler-Benz, cofondé Allianz et contrôlent toujours Porsche, Volkswagen et BMW est resté caché à la vue de tous – jusqu’à présent.
Dans cet ouvrage marquant du journalisme d’investigation, David de Jong révèle l’histoire vraie de la façon dont les dynasties commerciales les plus riches d’Allemagne ont amassé un argent et un pouvoir incalculables en encourageant les atrocités du Troisième Reich. Utilisant une multitude de sources jusque-là inexploitées, de Jong montre comment ces magnats ont saisi des entreprises juives, recruté des esclaves et augmenté la production d’armes pour équiper l’armée d’Hitler alors que l’Europe brûlait autour d’eux. Plus choquant que tout, de Jong expose comment l’opportunisme politique américain a permis à ces milliardaires de s’en tirer avec leurs crimes, couvrant une tache de sang qui souille l’économie allemande et mondiale à ce jour.
REVUE DE PRESSE/
DANS ‘NAZI BILLIONAIRES,’ DAVID DE JONG ENQUETE SUR SIX FAMILLES ALLEMANDES RICHISSIMES QUI ONT COLLABORE AVEC LES NAZIS ET QUI S’EN SONT SORTIES « AVEC LEUR FORTUNE INTACTE »… (TIMES OF ISRAEL)
“La prochaine fois que vous croquerez avec gourmandise dans un beignet Krispy Kreme ou que vous monterez à bord de votre Volkswagen flambant neuve en sortant de chez le concessionnaire, pensez-y : Votre argent pourrait bien avoir aidé à occulter le passé nazi de certaines des plus grandes familles industrielles allemandes.
Dans Nazi Billionaires: The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties, l’auteur et journaliste spécialisé dans l’économie David de Jong enquête sur les activités commerciales de six dynasties allemandes du monde de l’industrie pendant le Troisième reich. Certaines de ces entreprises sont encore aujourd’hui placées sous le contrôle des mêmes familles, entre les mains de leurs descendants.
Les familles examinées dans le livre étaient propriétaires, entre autres, de Porsche, Volkswagen et de BMW, ou de marques américaines qui vont de Panera Bread en passant par Krispy Kreme. Il y a aussi Dr. Oetker, une firme alimentaire qui pèse 8 milliards de dollars, et des hôtels de luxe répartis dans toute l’Europe.
« Les entreprises et de nombreuses familles d’Allemagne n’ont jamais été réellement dénazifiées », commente le journaliste originaire des Pays-Bas. « Les compagnies transparentes sont celles qui ne sont plus placées sous le contrôle d’une famille qui avait collaboré, autrefois, avec les nazis. »
Les dynasties industrielles qui ont retenu l’attention de de Jong dans son livre se distinguent dans la mesure où elles ne se sont jamais appropriées la culture du souvenir solide développée par l’Allemagne face à la Seconde Guerre mondiale, dit-il. Au lieu de faire preuve de « transparence » à l’égard des crimes commis par leurs patriarches pendant le Troisième reich, les six familles – les familles Quandt, Flick, von Finck, Porsche-Piëch, Oetker et Reimann — semblent estimer que les années nazies n’ont jamais existé, explique-t-il.
« Ce qui m’a frappé, c’est de constater combien ces histoires restent peu connues du public au sens large », déclare de Jong au Times of Israel. « Ces six familles [dans mon livre] sont puissantes et elles parviennent à cacher ces antécédents au vu et au su de tout le monde », s’étonne-t-il.
August von Finck, par exemple, était un grand nom allemand de la finance qui avait été choisi personnellement par Hitler pour mener une collecte de fonds en faveur d’un musée d’art à Munich. Pour remercier von Finck, le dictateur lui avait permis « d’aryaniser » la banque Rothschild de Vienne et la banque Dreyfus de Berlin, volant ces institutions à leurs propriétaires juifs. A ce jour, les héritiers de von Finck possèdent de nombreuses terres en Bavière et l’un de ses fils aurait financé des causes soutenues par l’extrême-droite.
« Puis vous n’en entendez plus parler »
Pendant les douze années de gouvernance nationale-socialiste, certaines familles présentées dans Nazi Billionaires: The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties n’ont pas hésité à avoir recours à l’esclavage pour renforcer leur main-d’œuvre et à utiliser des travailleurs forcés. D’autres ont rejoint les SS, ils ont fait des dons financiers à ces derniers ou ils ont aidé à faire progresser le programme « d’arme miracle » du régime, un programme qui était top-secret.
Après le principal procès de Nuremberg, il y avait eu de brèves discussions sur la possibilité de traduire en justice certains industriels allemands, dit de Jong. Trois procès de ce type seulement devaient avoir lieu et c’est ainsi que de nombreuses familles présentées dans le livre – et un grand nombre d’autres – « sont restées libres, leur fortune intacte », précise de Jong.
Tous les membres des six familles qui ont été sollicités par l’auteur ont refusé un entretien – à l’exception d’un seul – ce qui l’a amené à s’appuyer uniquement sur un travail acharné d’étude d’archives et sur les volumineux rapports qui ont pu être commandités par certaines grandes familles.
« ELLES SOUHAITENT QUE CES HISTOIRES NE FRANCHISSENT PAS LES FRONTIERES DE L’ALLEMAGNE », DIT DE JONG.
« Si un journaliste allemand écrit sur le sujet, il – ou elle – sera désigné du doigt : ‘Et vous, qu’ont donc fait votre père ou votre grand-père sous le Troisième reich ?’, » explique-t-il.
Malgré cette stigmatisation, ajoute de Jong, les journalistes allemands, au cours de ces dernières décennies, ont commencé à se pencher sur les activités de ces dynasties industrielles qui avaient su profiter du Troisième reich. Des investigations médiatiques qui ont amené habituellement les entreprises à embaucher de leur côté un spécialiste chargé d’enquêter sur les liens entretenus par leur firme avec les nazis et sur les activités des usines sous le régime national-socialiste.
« Puis vous n’en entendez plus parler pendant trois ou quatre ans », ajoute de Jong. « Et soudainement, une étude universitaire épaisse en allemand est publiée. Les conclusions sont cachées au vu et au su de tous, et la majorité d’entre elles ne sont jamais traduites dans une autre langue ».
Ultime démarche des entreprises pour montrer leur bonne foi supposée, ces dernières versent de l’argent à un « fonds d’indemnisation », poursuit de Jong. Et le plus souvent, remarque-t-il, les médias allemands ne s’intéressent que rarement aux rapports commandités par les familles, comme ceux qui ont été examinés par l’auteur de Nazi Billionaires: The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties – ce qui aide à maintenir les faits susceptibles d’être révélés au grand public dans les seules frontières de l’Allemagne.
‘Indissolublement liés’
Un exemple concret de ce manque de transparence historique est celui de la famille Quandt, propriétaire de BMW.
Pendant la guerre, l’industriel Günther Quandt et son fils, Herbert, avaient eu recours à des travailleurs forcés et à des esclaves dans un grand nombre de leurs usines d’armement et de production de batteries. Des centaines de ces travailleurs étaient morts à la tâche – ils auraient été, selon un spécialiste, presque 60 000 à avoir été déployés dans toutes les usines de la famille.
Héritier de la dynastie, Herbert n’avait pas été traduit en justice pour ses crimes de guerre et il avait « sauvé » BMW de la faillite en 1959. Le site internet de la fondation établie en son nom mentionne le travail héroïque de redressement effectué par Quandt à la barre de BMW – mais il n’y a rien sur les activités menées par Herbert pendant la guerre.
« BMW a conservé sa fondation qui porte le nom de celui qui a sauvé l’entreprise – mais cette dernière n’admet à aucun moment que son sauveur avait planifié, construit et démantelé un sous-camp de concentration dans la Pologne occupée par les nazis », déplore de Jong. En plus de son empire composé notamment grâce aux travailleurs forcés et autres esclaves, la famille Quandt avait acquis, pendant la guerre, plusieurs entreprises volées à des Juifs.
En 2011, la famille Quandt avait diffusé une étude de 1 200 pages consacrée aux activités de la dynastie sous le troisième reich. Un rapport qui concluait que « la famille Quandt a été indissolublement liée aux crimes commis par les nazis » – mais rien n’a changé pour autant sur le terrain en matière de transparence historique, remarque de Jong.
DES PATRIARCHES A L’ORIGINE DE CRIMES NAZIS
Toutes les entreprises ayant été liées aux nazis n’ont pas essayé de rendre opaque leur passé, note de Jong. L’auteur cite ainsi Allianz, le géant des assurances, qui « s’est montré transparent sur le fait qu’il avait assuré les camps de concentration et qu’il avait refusé de verser des indemnisations à ses clients juifs, et qui a reconnu avoir exproprié des commerces et des entreprises juives », dit-il.
« Allianz fait un travail transparent aujourd’hui, » explique de Jong, contrairement « à des marques comme BMW et Porsche. L’argent que vous dépensez pour acquérir leurs produits finit comme dividende pour ces familles, ce qui les aide à maintenir des fondations et des prix médiatiques qui portent les noms de leurs patriarches qui ont été à l’origine de crimes nazis », continue-t-il.
Selon de Jong, les recherches sur le passé des grandes dynasties industrielles, à l’époque du Troisième reich, reste un sujet « hautement sensible et secret ». Certains des obstacles empêchant de faire toute la lumière sur ces familles sont relatifs à la société et à la culture allemandes, a-t-il expliqué.
« L’Allemagne est encore insulaire et tournée vers l’intérieur même si elle se trouve politiquement au cœur du projet européen », explique de Jong. « D’une certaine manière, elle est très provinciale ».
Si les six familles évoquées dans Nazi Billionaires: The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties veulent s’amender pleinement de leur passé, « il relève de leur responsabilité de révéler les conclusions des études qui sont publiées de façon transparente », continue de Jong.
Dans la mesure où l’ouvrage a été publié en Allemagne le mois dernier seulement, les familles et les entreprises n’ont pas encore réagi, dit l’auteur.
« Les choses prennent toujours un petit peu plus de temps à se faire en Allemagne », estime-t-il. « Je ne suis pas surpris qu’il n’y ait pas encore de réponse. Je suppose que c’est la conclusion du livre ».
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