Par Andre Damon
Dans une expansion massive de l’implication américaine dans la guerre impérialiste par procuration en Ukraine, le Pentagone se prépare activement à envoyer de nouveaux avions militaires modernes fabriqués dans les pays de l’OTAN pour combattre les forces russes en Ukraine, a rapporté mercredi le Washington Post.
Le général Charles Q. Brown Jr, chef d’état-major de l’armée de l’air américaine, a déclaré au journal que «des discussions sont en cours» pour envoyer les chasseurs en Ukraine. À la conférence d’Aspen sur la sécurité, on a demandé à Brown si c’était possible que les États-Unis vendent ou fournissent à l’Ukraine davantage de chasseurs américains.
À cette question, Brown a répondu: «Ce sera quelque chose de non-russe, je peux probablement vous le dire».
Today US Air Force Chief of Staff Gen. Charles Q. Brown effectively has confirmed that the US will provide new, high-end NATO fighters for the war against Russia.
— Andre Damon (@Andre__Damon) July 21, 2022
In March, Biden refused to send old Migs to Ukraine, because, he said, « that’s called World War III. pic.twitter.com/RwzfVBLmtq
Par «non-russe», Brown faisait référence à une proposition antérieure de la Pologne d’envoyer des chasseurs MiG de fabrication soviétique à l’Ukraine, qui a été rejetée par le gouvernement Biden au motif que cela risquerait trop d’entraîner une escalade de la guerre.
À ce moment, Biden avait déclaré que cette initiative pourrait déclencher la «Troisième Guerre mondiale»: «L’idée que nous allons envoyer du matériel offensif, des avions, des chars et des trains avec des pilotes et des équipages américains: comprenez bien, ne vous faites pas d’illusions, quoi que vous disiez, cela s’appelle la Troisième Guerre mondiale».
La proposition de Brown est toutefois beaucoup plus provocatrice que le plan antérieur visant à envoyer des avions soviétiques vieillissants et semi-obsolètes.
Ses commentaires sont intervenus le jour même où le Pentagone a annoncé qu’il enverrait quatre systèmes de missiles à longue portée HIMARS supplémentaires en Ukraine, portant le total déployé dans le pays à 16.
«(Nous) continuerons à trouver des moyens innovants pour maintenir notre soutien à long terme aux courageux hommes et femmes des forces armées ukrainiennes, et nous adapterons notre assistance afin de garantir que l’Ukraine dispose de la technologie, des munitions et de la puissance de feu nécessaire pour se défendre», a déclaré mercredi le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin.
«Les forces ukrainiennes utilisent maintenant des systèmes de roquettes à longue portée avec beaucoup d’efficacité, y compris les HIMARS fournis par les États-Unis et d’autres systèmes de nos alliés et partenaires», a déclaré Austin. Il a ajouté que «la communauté internationale a également travaillé dur pour fournir à l’Ukraine de meilleures capacités de défense côtière».
Les responsables ukrainiens et américains discutent de plus en plus ouvertement des détails d’un plan qui vise à amasser un énorme stock de systèmes d’armes américains haut de gamme, permettant à Kiev d’organiser une contre-offensive majeure à l’automne dans le but de couler la flotte russe et de «reprendre» la péninsule de Crimée en mer Noire, que la Russie a annexée à la suite du coup d’État de 2014 à Kiev.
Lors d’une visite au Royaume-Uni, le vice-ministre ukrainien de la Défense, Volodymyr Havrylov, s’est engagé à utiliser des armes lourdes fournies par les États-Unis pour monter une offensive contre la Crimée. «Nous recevons des capacités antinavires et, tôt ou tard, nous ciblerons la flotte. C’est inévitable, car nous devons garantir la sécurité de notre peuple», a-t-il déclaré. «La Russie devra quitter la Crimée si elle souhaite exister en tant que pays», a insisté Havrylov.
Samedi, le responsable du renseignement militaire ukrainien Vadym Skibitsky a déclaré que l’Ukraine utiliserait des systèmes de missiles HIMARS pour attaquer des cibles en Crimée, qui, selon lui, «doivent être détruites pour la sécurité de nos citoyens, de nos installations et de notre Ukraine».
Le discours de plus en plus ouvert sur une offensive ukrainienne pour reprendre la Crimée a suscité des avertissements extrêmement vifs de la part des responsables russes.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que Washington cherchait à provoquer une «véritable guerre» avec la Russie, affirmant: «Nos homologues américains… veulent vraiment transformer cette guerre en une véritable guerre et déclencher une confrontation entre la Russie et les États européens».
Il a averti: «[L’Ukraine] ne se contente pas de recevoir des armes en quantité. Elle est obligée d’utiliser ces armes de manière de plus en plus risquée».
Dimanche, l’ancien président russe et vice-président du Conseil de sécurité de la Russie, Dmitri Medvedev, a déclaré qu’une attaque contre la Crimée constituerait une «menace systémique pour la Russie», et provoquerait une réponse «apocalyptique» de la Russie.
En cas de tentative de l’Ukraine de reprendre la Crimée, «le jour du Jugement dernier arrivera très vite et très fort», a déclaré Medvedev.
Les commentateurs géopolitiques ont averti que la Russie considère la défense de la Crimée comme un intérêt vital de l’État et qu’elle utiliserait des armes nucléaires pour protéger le territoire.
Invitant les fabricants d’armes américains à prendre part à cet effort conjoint des États-Unis et du régime de Kiev, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, a ouvertement déclaré mercredi que le pays devait être considéré comme un «terrain d’essai» pour les entrepreneurs américains de la défense.
«Nous invitons les fabricants d’armes à tester de nouveaux produits ici», a-t-il déclaré.
Defense Minister Oleksii Reznikov bluntly describes #Ukraine as a « testing ground » for western arms manufacturers. So much for the fight for freedom & democracy! Ukrainian soldiers are being used as cannon fodder in NATO’s filthy proxy war.
— David North (@DavidNorthWSWS) July 21, 2022
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L’escalade extrêmement dangereuse de la guerre intervient alors que la crise énergétique déclenchée par le conflit a des conséquences de plus en plus dévastatrices pour la population de l’Europe et du monde entier. «Nous devons nous préparer à une éventuelle interruption totale du gaz russe», a déclaré mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qualifiant ce scénario de «probable».
Mercredi, l’Union européenne a présenté un plan pour que ses États membres commencent à rationner les fournitures d’énergie, en prévision d’une interruption totale de l’approvisionnement en gaz pendant l’hiver. Le même jour, le FMI a averti qu’un arrêt total de l’approvisionnement en gaz russe pourrait réduire l’économie de certains États membres de l’UE de 6 pour cent et les faire entrer en récession.
La révélation de l’intention des États-Unis d’envoyer des avions de l’OTAN en Ukraine intervient deux semaines seulement après la diffusion par le bureau de gestion des urgences de la ville de New York d’un message d’intérêt public de 90 secondes indiquant aux habitants de la ville ce qu’ils doivent faire en cas d’attaque nucléaire contre la plus grande ville des États-Unis.
La vidéo commence par la narration suivante: «Il y a donc eu une attaque nucléaire. Ne me demandez pas comment ni pourquoi, sachez simplement que la grande attaque a eu lieu».
L’extraordinaire insouciance avec laquelle les États-Unis intensifient leur guerre avec la Russie augmente le danger très réel d’une telle issue apocalyptique.
(Article paru en anglais le 21 juillet 2022)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…
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