Par Donbass Insider
Les pertes russes, voilà un sujet de débat intéressant qui finalement ne pose aucune question sur les plateaux télés de France et de Navarre… Martelées par les médias, les journalistes français et occidentaux trépignent de joie en annonçant des pertes colossales pour l’armée russe en Ukraine. Mais d’où sortent ces chiffres ? Est-ce que le président Poutine annonce au téléphone le décompte de ses pertes à Emmanuel Macron dans leurs entretiens téléphoniques ? Est-ce que chaque unité ukrainienne est accompagnée d’un journaliste chargé avec son petit carnet de tenir les comptes ? Est-ce que l’armée ukrainienne en pleine offensive victorieuse, marchant glorieusement sur les routes de Moscou et de Saint-Pétersbourg est en mesure de montrer les corps, les prisonniers, les trophées dans son avance spectaculaire ? Qui finalement donne le décompte des pertes russes aux journalistes français ?
2 + 2 = 472, belote rebelote et dix de der… Je plaisante mais évident les chiffres des pertes russes sont donnés aux journalistes occidentaux par le Ministère de la Défense d’Ukraine ! Une source évidemment non neutre, qui n’a aucun intérêt à communiquer ses propres pertes et qui au contraire doit montrer pour encourager ses troupes, qu’ils sont en train d’écraser l’armée russe… et la rhétorique est toujours la même : « vous êtes les plus forts, bla bla bla, la supériorité de vos armes est écrasante, bla bla bla, les renforts arrivent, vous êtes des héros etc. ». Depuis la guerre du Vietnam, où il a été démontré que les caméras montrant les morts ont sapé le moral de la population américaine, la gestion des images en guerre est désormais totalement sous contrôle. Impossible donc de savoir les pertes véritables de l’armée russe. Les seuls qui connaissent ces pertes… sont les Russes ! Vont-ils les communiquer : non ! Est-ce normal ? Oui ! Et l’Ukraine fait exactement la même chose, la France en ferait de même. Les Occidentaux se posent-ils la question de la provenance de ces chiffres des pertes russes ? L’Ukraine donne aux journalistes occidentaux le décompte des pertes russes, mais ne communique rien sur ses pertes. Les chiffres donnés à la presse sont évidemment totalement bidons. C’est la leçon des propagandes inventées au XXe siècle, gonfler à l’extrême les pertes de l’ennemi, minorer ou ne rien dire sur ses propres pertes.
Il est impossible à l’Ukraine de faire un décompte exact des pertes. En plein combat, les rapports confus arrivent d’unités aux prises avec les Russes. Comme toujours, les commandants d’unités, de la plus petite échelle, à la plus haute, ont intérêts à grossir et exagérer les pertes infligées à l’ennemi. A la fois pour se justifier, se rassurer et par un réflexe humain qui est de regarder ce que l’on a accompli… mais pas ce qui a été accompli en face. Des états-majors, ces informations passent ensuite dans les mains du service de presse de l’armée ukrainienne. Autant dire que même si des chiffres à peu près véritables arrivent, ils sont alors immédiatement « corrigés ». En troisième lieu, l’intervention des politiques, au niveau des ministères ukrainiens, de la Défense, de l’Intérieur ou même au niveau de la Présidence, peuvent à leur tour décider de modifier ces chiffres avant parution. Ces décisions peuvent être prises pour soutenir le moral des populations, de l’armée et également pour tromper les Européens sur l’état réel de la guerre et tenter de leurs arracher des armes, de l’argent, des hommes. Toutes les informations médiatiques que vous voyez sur les pertes russes ne peuvent donc être qu’une basse et servile propagande.
Le décompte macabre des journalistes français et occidentaux. Presque dans la joie, les pertes russes sont dès lors communiquées chaque jour. J’ai vu moi-même les dégâts sur l’information, particulièrement les réseaux sociaux. Le résultat : 1) l’impression que l’armée ukrainienne va vaincre les Russes ou que ces derniers auront perdu des forces considérables. 2) L’impression que l’armée russe n’était pas préparée, que les états-majors sont peuplés d’imbéciles, que le Président Poutine est encore plus idiot et que d’une manière générale le soldat russe « ne vaut rien ». 3) L’impression justement que cette armée russe tellement redoutée, n’est plus qu’une bande de pieds nickelés, ce qui encourage les subconscients à une future guerre contre la Russie, ou à partir combattre en Ukraine. 4) L’apparition de faux héros ukrainiens, imaginaires ou non, tel le fameux pilote surdoué qui trompe le public sur la nature même de la guerre, comment elle se déroule, ce qui se passe à la guerre et comment elle est vécue et subie par ceux qui la vivent. 5) La découverte subite et nouvelle… des problèmes d’une armée importante en mouvement lors d’une opération militaire, comme si ce problème n’était pas le lot de toutes les armées mécanisées (ou non d’ailleurs). L’histoire en donne des exemples nombreux ! Les Allemands en 1940 en France, à cours d’essence, les Allemands ou les Britanniques en Afrique du Nord entre 1941 et 1943, les Alliés en France dans l’hiver 1944 et bien d’autres !
Ces décomptes de pertes russes ne servent par ailleurs à rien du tout, car nous n’avons pas de chiffres de comparaisons. Le seul moyen de savoir serait d’avoir les pertes ukrainiennes. Si l’on prend au sérieux par exemple le chiffre de 14 000 soldats russes tués depuis le début du combat, donc par ailleurs d’au moins 30 à 40 000 blessés de plus, combien chez les Ukrainiens ? Près de 500 chars russes et plus de 2 000 véhicules blindés ou militaires détruits chez les Russes ? Oui mais alors combien chez les Ukrainiens ? Enfin autre moyen de réflexion saine : 14 000 morts ? Oui mais sur un effectif de combien ? Et côté ukrainien, combien de morts pour combien d’effectifs ? L’armée ukrainienne d’avant le déclenchement de l’opération russe était d’environ 95 000 hommes sur la ligne de front du Donbass, pour un total de 250 000 hommes, plus environ 1 million de réservistes. Combien de volontaires étrangers sont arrivés pour combattre et sont-ils opérationnels ? Parmi les 250 000 hommes de cette armée, combien ont une valeur militaire réelle ? Car dans une armée, il existe des différences énormes entre les unités : l’exemple français parle, entre par exemple la Légion étrangère et « un simple régiment de pousse-cailloux ». Une fois l’essentiel des forces armées ukrainiennes détruites sur ce qui était l’ancienne ligne de front du Donbass(donc le meilleur de l’armée ukrainienne), quelles seraient les forces militaires restantes et leur volonté de se battre une fois les bataillons néonazis et ultranationalistes anéantis dans l’Est ? Enfin en admettant que les Russes perdent réellement 20 ou 40 000 hommes, est-ce que l’échange contre une armée ukrainienne de 100 000 hommes ne serait pas une grande victoire ?
Le grand oubli de l’Occident : la force de résilience des Russes. C’est là le dernier point délirant de la propagande occidentale et française. Car si en France, perdre 5 soldats au Mali est déjà une catastrophe nationale, en Russie il y a l’exemple de la Grande Guerre patriotique. L’URSS de l’époque avait perdu 12 millions de soldats et n’avait pas flanché, même avec son territoire envahi profondément. Alors, 10 000 pertes ? 20 000 ? C’est se moquer clairement du monde que croire que la Russie flanchera. Pire encore, en faisant un maigre parallèle avec la guerre soviétique en Afghanistan (1979-1989), les Occidentaux qui avaient imaginé à l’époque dire que les mères soviétiques avaient provoqué la fin de l’URSS, disent qu’elles feront chuter le président Poutine. C’est oublier que la guerre d’Afghanistan entrait dans la fin du contexte de la Guerre froide, que le contingent des appelés avait été envoyé dans cette guerre d’invention… et qu’il n’y avait pas une guerre de massacres des Russes et des Russophones dans le Donbass. Les soldats qui combattent sont pour l’essentiel, tous des engagés volontaires dans les forces armées russes. Croire que les Russes ne seraient pas les héritiers de la Seconde Guerre mondiale, c’est déjà l’erreur que Hitler faisait en 1941. Déjà en 1807, un général de Napoléon disait du Russe durant la campagne de Pologne : « Il faut non seulement tuer le soldat russe, mais le pousser pour qu’il tombe par terre ! ».
Tout occidental qui tentera de minorer, dénigrer, retrancher ou diminuer le potentiel militaire russe et la solidité de son soldat, devrait se souvenir que ce mépris remonte encore bien avant Napoléon. Il remonte à Charles XII de Suède, l’un des plus grands stratèges de l’histoire militaire, roi de Suède, vaincu par les Russes après qu’il est tenté pendant une décennie entière de détruire la Russie (Poltava 1709). Ce fut aussi l’idée du célèbre ordre des chevaliers teutoniques, vaincu à la bataille du lac Peïpous (1242) et qui tenta lui aussi longuement de maîtriser et conquérir l’indomptable Russie. Alors, en Occident, la presse et les politiciens peuvent mépriser le Russe, le moujik ! Mais l’affronter est un autre problème dont personne n’est jamais sorti victorieux lorsque la Russie était aggressée. Aggression russe en Ukraine ? C’est oublier les menaces longues, précises, terriblement claires énoncées par l’Ukraine contre les Russes et la Russie et justement cette aggression… du Donbass durant le printemps 2014… Il y a huit ans !
Source : Donbass Insider
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