Par Karine Bechet-Golovko
L’arrivée de Macron en Russie s’est accompagnée d’une attaque médiatique en règle contre RT France, menée notamment par France Inter. Ayant été personnellement visée par notre média public, qui sous couvert d’appel au pluralisme et à l’objectivité veut imposer le discours dominant, je voulais rappeler ma position, qui n’est dictée par aucun intérêt financier – non, la Russie n’attaquera pas l’Ukraine.
Une très étrange publication est sortie sur le site de France Inter, qui n’a rien à voir avec un article de presse. France Inter, se réfugiant derrière la signature de la « rédaction internationale », attaque directement RT France pour sa présentation de la situation autour du conflit ukrainien. Il fait partie d’un mouvement lancé volontairement, comme le souligne Xenia Fedorova :
Il est reproché à RT France d’avoir une position partiale sur le traitement de la crise ukrainienne et plusieurs « experts » y sont cités, dont je fais partie, puisque nous avons le toupet de ne pas penser que la Russie puisse avoir la volonté d’attaquer l’Ukraine – ce qui semble être pourtant une chose acquise pour la « rédaction internationale ». Est-ce pour France Inter un signe d’objectivité que de reproduire sans nuance ni réflexion la ligne de l’Elysée, qui reproduit lui-même sans nuance ni réflexion la ligne atlantiste ?
En survolant rapidement la production du service public de l’information en France, j’aimerais beaucoup que France Inter me dise quels sont les invités, qui expriment des doutes ou au moins des réserves quant à une attaque de l’Ukraine par la Russie, quelle est la proportion du temps d’antenne dont ils disposent et quelles sont plages horaires ? Ensuite, nous pourrons parler d’objectivité et de pluralité.
Ces critiques sont d’autant plus amusantes, que France Inter n’a pas publié l’intégralité de la réponse qu’il a reçue de RT France (lire ici). Notamment :
« A titre d’exemples, pour Frédéric Encel, ce n’est pas Moscou qui peut choisir qui rentre ou pas dans l’OTAN. Alexandre del Valle a salué les initiatives françaises du Président Macron et souligné les désaccords qui existent en Europe. Dominique Trinquant a estimé que les demandes russes ne sont pas réalistes, doute de cette stratégie et ajoute que les manœuvres militaires russes auraient dû être déclarées. Un porte-parole de Valérie Pécresse a estimé que les Ukrainiens, s’ils sont agressés, vont se défendre, qu’il faut garantir l’intégrité de l’Ukraine et qu’il est hors de question de laisser la Russie l’envahir. D’autres critiquent la position américaine etc… M. Bernard-Henri Levy a récemment appelé à une intervention américaine sur Fox News et nous en avons parlé. »
Les critiques s’abattent sur RT France au moment où l’on voit arriver sur ses plateaux de plus en plus d’experts s’exprimant dans les médias main stream, important autant la langue de bois que le discours globaliste, et que les « débats » sont noyés par une quantité grandissante de personnes n’ayant plus le temps ni la possibilité de traiter le sujet réellement en profondeur, ce qui faisait pourtant l’intérêt de cette chaîne par rapport aux autres.
Sur le fond des critiques portées par France Inter, il est intéressant que l’argumentation de la position des experts ne reconnaissant pas la possibilité d’une attaque russe de l’Ukraine n’est pas traitée. Il est a priori reproché de ne pas reconnaître la possibilité d’une attaque de l’Ukraine par la Russie. C’est absurde, mais comme il s’agit du discours politique dominant en Occident, les médias alignés le reprennent et les autres doivent justement s’aligner – au nom de « l’objectivité ».
Une question : s’ils en arrivaient à parler d’une prochaine invasion extra-terrestre de l’Ukraine, serait-ce une faute professionnelle de ne pas propager ce discours ?
Une chose est réellement inquiétante dans ce gloubiboulga médiatique est l’insistance avec laquelle ces médias posent comme assurée l’attaque de l’Ukraine. Le pire scénario serait celui de la tentation de reproduire l’intervention azérie au Karabakh : dans ce cas, les médias savent qu’il y aura conflit et il faut préparer à force de matraquage l’espace de communication pour rendre la Russie responsable de défendre le Donbass. Si, sous couvert d’uniforme ukrainien, le Donbass est attaqué, la Russie ne pourra pas rester à regarder. Le discours est alors prêt pour montrer comment elle est censée « attaquer » l’Ukraine. Les menaces de sanctions sans précédent sont d’ailleurs là pour la dissuader de bouger le petit doigt dans l’opération qui se prépare.
Mais le Donbass et la Crimée ne sont pas le Karabakh et la Russie n’est pas l’Arménie. Comme l’a très clairement dit Poutine lors de la conférence de Presse avec Macron : vous voulez demander au Français s’ils veulent une guerre avec la Russie au nom de l’Ukraine ?
Source : Russie politics
https://russiepolitics.blogspot.com/…
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