© WHO. Des femmes attendent de recevoir de la nourriture, à un point de distribution dans la ville de Gaza.
Par ONU Info
Source : ONU Info
La multiplication des soi-disant ordres d’évacuation émis par les forces israéliennes à Gaza entraîne le transfert forcé de nombreux Palestiniens vers des espaces de plus en plus restreints et non protégés, sans le moindre accès à l’eau ou à la nourriture, a dénoncé, vendredi, une agence de l’ONU.
Depuis la rupture du cessez-le-feu, le 18 mars, Israël a émis 21 ordres d’évacuation, pour certains d’une portée si étendue que l’expression revêt les atours d’un euphémisme malaisant. Le 31 mars, l’armée israélienne a ainsi émis un ordre couvrant la quasi-totalité de Rafah, le gouvernorat le plus au sud de la bande, où des dizaines de milliers de Palestiniens étaient déjà bloqués, sans accès à l’aide humanitaire. S’en est suivie une opération terrestre de grande envergure dans la zone.
#Gaza : « Nous sommes gravement préoccupés par le fait qu'#Israël semble infliger aux Palestiniens de Gaza des conditions de vie de plus en plus incompatibles avec leur existence continue en tant que groupe à Gaza » Ravina Shamdasani @UNHumanRights https://t.co/pzBeXclE3D
— ONU Info (@ONUinfo) April 11, 2025
Bien qu’Israël, en tant que puissance occupante, puisse légalement ordonner l’évacuation temporaire de civils dans certaines zones, sous des conditions strictement définies, la nature et l’ampleur des mesures actuelles suscitent l’inquiétude du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains.
Lors d’une conférence presse, à Genève, la porte-parole de l’agence, Ravina Shamdasani, s’est demandée si l’intention israélienne n’était pas de déplacer définitivement la population civile de certaines parties de Gaza, afin de créer une zone tampon.
« Déplacer définitivement la population civile d’un territoire occupé constitue un transfert forcé, une grave violation de la quatrième Convention de Genève et un crime contre l’humanité au regard du Statut de Rome », a-t-elle affirmé.
Les raids visent des femmes et des enfants
Parallèlement, les frappes militaires israéliennes se poursuivent à Gaza, où plus personne n’est désormais en sécurité.
Entre le 18 mars et le 9 avril, le Haut-Commissariat a recensé 224 frappes israéliennes contre des immeubles résidentiels et tentes pour personnes déplacées.
Sur les 36 frappes corroborées par l’agence, les victimes étaient uniquement des femmes et des enfants.
Une frappe contre l’immeuble de la famille Abu Issa à Deir al-Balah, le 6 avril, aurait notamment tué une fille, quatre femmes et un garçon de quatre ans.
Les civils ayant reçu l’ordre de se réinstaller dans le quartier d’Al Mawasi, à Khan Younis, ont vu leur tentes ciblées par des frappes, selon l’agence, qui a recensé au moins 23 incidents de ce type.
Assassinats de journalistes
A cela s’ajoutent les assassinats de journalistes palestiniens.
Selon Ravina Shamdasani, dans la nuit du 6 au 7 avril, une frappe israélienne a touché une tente située devant un complexe médical à Khan Younis, où plusieurs journalistes étaient censés séjourner. Cette attaque, qui aurait eu lieu sans sommation, a tué un journaliste et un assistant d’agence de presse, et blessé neuf autres, dont l’un est décédé des suites de ses blessures.
« L’armée israélienne a par la suite affirmé que l’un des blessés était un membre du Hamas, mais nous ignorons encore si cet individu a été identifié et ciblé comme membre de la branche armée du Hamas ou non », a précisé la porte-parole.
Depuis octobre 2023, plus de 200 journalistes locaux ont été tués à Gaza, où Israël continue de refuser l’accès aux médias internationaux.

© UNFPA. Un jeune garçon marche dans les ruines de Gaza.
Sanctions collectives et recours à la famine ?
« Ces attaques, parmi d’autres, soulèvent de sérieuses questions quant au respect par les forces israéliennes du droit international humanitaire, notamment des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans l’attaque », a déclaré Mme Shamdasani. « Diriger intentionnellement des attaques contre des civils ne participant pas directement aux hostilités constitue un crime de guerre ».
La fermeture par Israël des points de passage vers la bande de Gaza depuis plus de cinq semaines aggrave par ailleurs la situation désespérée des civils dans l’enclave, dès lors privés de nourriture, d’eau potable et de médicaments.
« Des responsables israéliens ont fait des déclarations suggérant que l’entrée de l’aide humanitaire est directement liée à la libération des otages, ce qui suscite de vives inquiétudes quant aux sanctions collectives et au recours à la famine contre la population civile comme méthode de guerre, deux crimes au regard du droit international », a expliqué la porte-parole du Haut-Commissariat.
Déni d’existence
Compte tenu des agissements des forces israéliennes à Gaza, l’agence est vivement préoccupée par le fait qu’Israël semble infliger aux résidents palestiniens des conditions de vie de plus en plus incompatibles avec leur existence en tant que groupe dans l’enclave.
Selon Ravina Shamdasani, les manifestations pacifiques de Palestiniens contre le Hamas ont également été réprimées par la force et de lourdes représailles ont été infligées à plusieurs personnes.
« Le désespoir des Palestiniens, sous les assauts extérieurs comme sous la pression intérieure, est sans limite », a-t-elle déploré, appelant toutes les parties à conclure un cessez-le-feu, plutôt que de chercher à justifier la prolongation de violences insensées.
« La seule voie à suivre est un règlement politique, fondé sur deux États vivant côte à côte dans une égale dignité », a affirmé la porte-parole.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…
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