© WHO. La maternité du Croissant-Rouge des Émirats Arabes Unis à Rafah, en ruines, après avoir été bombardée.
Par ONU Info
Source : ONU Info
Depuis le 2 mars, aucun camion d’aide n’est entré dans Gaza en raison du blocage infligé par l’armée israélienne, laquelle poursuit en parallèle sa campagne militaire sanglante dans l’enclave palestinienne. Une situation insoutenable dénoncée, mardi, par le chef de l’ONU, lors d’une conférence de presse.
D’un ton empreint d’urgence et de gravité, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, n’a pas masqué son indignation face à l’évolution de la situation sur le terrain. « Plus d’un mois s’est écoulé sans qu’une seule goutte d’aide ne parvienne à Gaza. Pas de nourriture. Pas de carburant. Pas de médicaments. Pas de fournitures commerciales. Alors que l’aide s’est tarie, les vannes de l’horreur se sont rouvertes », a-t-il déclaré aux journalistes, au siège des Nations Unies, à New York.

UN Photo/Evan Schneider. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’une conférence de presse au siège des Nations Unies, à New York (archive).
Outre le blocage de l’aide, depuis le 18 mars, les forces israéliennes ont repris les raids et opérations militaires dans la bande, mettant ainsi un terme à plus d’un mois et demi de cessez-le-feu avec le Hamas. Depuis lors, plus de 1.200 Palestiniens ont été tués, dont au moins 320 enfants, et des centaines de milliers de résidents ont été déplacés par Tsahal, qui multiplie les ordres d’évacuation un peu partout dans le territoire palestinien.
« Gaza est un champ de mort et les civils sont pris dans une boucle mortelle sans fin », a affirmé M. Guterres, dans une formule aussi saisissante qu’accusatrice.
Alors que les hostilités et que les points de passage vers l’enclave restent fermés, le chef de l’ONU a tiré un constat de détresse : l’effondrement du cessez-le-feu a laissé place à un vide humanitaire quasi total.
Le droit international bafoué
António Guterres a jugé la situation actuelle « intolérable au regard du droit international et de l’histoire ». Il a notamment rappelé à Israël ses obligations en tant que puissance occupante, au titre de la quatrième Convention de Genève.
« L’article 55 impose le devoir d’assurer les approvisionnements en nourriture et en médicaments. L’article 56 impose le maintien des services médicaux et de santé publique », a-t-il énuméré, avant de conclure : « Rien de tout cela ne se passe aujourd’hui ».
Alors que le Secrétaire général s’exprimait à quelques mètres à peine de la chambre du Conseil de sécurité, lequel n’a pas adopté de résolution sur la question depuis le mois de mars 2024, des stocks entiers de vivres et de matériel médical étaient toujours bloqués aux points de passage vers Gaza, où les denrées alimentaires vont en s’amenuisant.
Une déclaration conjointe des agences humanitaires de l’ONU, rendue publique la veille, appuyait ce constat : « Les affirmations selon lesquelles il y aurait suffisamment de nourriture pour nourrir tous les Palestiniens de Gaza sont loin de la réalité », peut-on y lire.

© UNRWA. Un jeune homme près d’abris temporaires à Gaza.
L’espoir brisé du cessez-le-feu
Pourtant, il y a quelques semaines à peine, le cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier, offrait encore une lueur d’espoir, la première depuis le début du conflit, à la suite de l’attaque meurtrière lancée par le Hamas contre des civils en Israël, le 7 octobre 2023.
« Le cessez-le-feu a permis la libération d’otages, l’acheminement de secours vitaux, et prouvé que la communauté humanitaire peut livrer », a rappelé le Secrétaire général.
Mais cette trêve n’a pas survécu aux tensions politiques. Sa rupture, selon M. Guterres, a plongé à nouveau les civils palestiniens et les familles d’otages israéliens dans une attente angoissée.
« L’espoir a sombré », a constaté le chef de l’ONU, qui s’est récemment entretenu avec des proches des otages.
Rejet des mécanismes proposés par Israël

© UNOCHA. Des secouristes récupèrent les corps de 15 travailleurs humanitaires, dont un membre du personnel de l’ONU, à Tal Al Sultan, dans le sud de Gaza.
L’une des annonces les plus fermes du Secrétaire général, lors de la conférence de presse, a eu trait à son rejet des nouveaux « mécanismes d’autorisation » proposés par les autorités israéliennes, accusées de vouloir filtrer l’aide « jusqu’à la dernière calorie et au dernier grain de farine ».
« Soyons clairs : nous ne participerons à aucun arrangement qui ne respecte pas pleinement les principes humanitaires de neutralité, d’indépendance, d’impartialité et d’humanité », a martelé M. Guterres.
Il a également appelé à une enquête indépendante sur les attaques ayant coûté la vie d’agents humanitaires, suite à la découverte des corps de 15 secouristes dans une fosse commune près de Rafah, dans le sud de Gaza, où ils ont été tués par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient de porter secours à des blessés dans la zone.
Inquiétudes en Cisjordanie
Au-delà de Gaza, le Secrétaire général s’est alarmé de l’escalade de la violence en Cisjordanie occupée. « Le risque que la Cisjordanie ne devienne un autre Gaza rend la situation encore plus préoccupante », a-t-il averti.
Face à ce qu’il qualifie de « voie sans issue », António Guterres a exhorté la communauté internationale à agir : « Il est temps de mettre fin à la déshumanisation, de protéger les civils, de libérer les otages, d’assurer l’aide vitale et de rétablir le cessez-le-feu ».
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…
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