3 mars 2025 – Les familles pleurent la mort de Musa Qishta et Khaled Al-Shaer, dont les corps gisent au Nasser Medical Complex de Khan Yunis après avoir été tués dans une attaque de quadcoptères par les forces coloniales israéliennes dans la ville de Rafah. Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas le 19 janvier, au moins 116 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes dans la bande de Gaza – Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par EuroMed Monitor

Les déclarations d’Israël et son blocage de l’aide confirment son intention de poursuivre le génocide avec la complicité de la communauté internationale.

Territoire palestinien – La décision d’Israël d’interdire l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza jusqu’à nouvel ordre est profondément préoccupante. C’est une dangereuse escalade qui exacerbe la crise humanitaire actuelle et dans laquelle la famine est à nouveau utilisée comme un outil de génocide.

La décision coïncide avec des déclarations de plus en plus incendiaires de responsables israéliens, qui soulignent l’intention délibérée des Israéliens de poursuivre le génocide des Palestiniens, en les privant de l’accès aux besoins les plus élémentaires et en leur imposant des conditions de vie qui menacent leur survie.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche un blocus total de l’aide humanitaire à destination de la bande de Gaza, fermant tous les points de passage frontaliers.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également déclaré publiquement qu’il envisageait « d’autres mesures », qui aggraveraient sans nul doute la terrible crise humanitaire qui affecte plus de deux millions de personnes.

L’aide humanitaire est un droit fondamental des civils en vertu du droit international humanitaire, sans aucune exception, et Israël ne peut s’appuyer sur aucune base légale pour refuser cette aide essentielle aux Palestiniens.

Pourtant, Israël, non content d’utiliser l’aide humanitaire comme monnaie d’échange à des fins politiques et militaires, crée délibérément les conditions d’une famine qui menace la survie Palestiniens de la bande de Gaza.

Israël ne cesse d’affirmer sa totale coordination avec l’administration américaine, qui a explicitement déclaré son intention de déplacer l’ensemble de la population de la bande de Gaza ; ces déclarations confirment que les actes criminels visant à affamer les Palestiniens et à les priver d’aide humanitaire ne sont pas des incidents isolés ou de simples outils de négociation.

Ils font, au contraire, partie d’un plan délibéré aligné sur la stratégie américaine visant à déplacer et à dépeupler par la force la bande de Gaza.

Euro-Med Monitor attire l’attention sur le fait que, dans leurs déclarations, des ministres israéliens et des membres de la Knesset expriment leur volonté de longue date d’exterminer la population palestinienne de Gaza.

Le silence international a permis à Israël et aux États-Unis de mettre à exécution ces menaces, en coupant toute aide humanitaire, ce qui revient à poursuivre le génocide, qui a déjà duré 16 mois, au moyen du blocus et de la famine, en toute impunité.

La plupart des déclarations proférées par les hauts fonctionnaires israéliens, dont celle d’ouvrir les « portes de l’enfer » sur l’enclave et de bloquer toute l’aide humanitaire, associées aux actions d’Israël sur le terrain, prouvent qu’il s’agit bien là d’une entreprise génocidaire.

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a même déclaré que l’arrêt de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza était un « pas important dans la bonne direction », ajoutant qu’Israël devait « ouvrir les portes de l’enfer aussi rapidement et aussi létalement que possible sur l’ennemi féroce, jusqu’à la victoire absolue ».

Le ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a rejeté les avertissements des Nations unies et des organisations internationales concernant le risque d’une nouvelle famine dans la bande de Gaza en raison du blocus et de l’arrêt de l’aide humanitaire.

Sa’ar a déclaré que tout cela n’était que « des mensonges » et a affirmé que le gouvernement israélien n’avait aucune obligation de fournir une aide humanitaire.

Par ailleurs, Itamar Ben-Gvir, membre de la Knesset et ancien ministre de la sécurité nationale, a déclaré que c’était le meilleur moment pour « ouvrir les portes de l’enfer » et couper l’approvisionnement en eau et en électricité de la bande de Gaza, en insistant sur la poursuite des efforts visant à mettre en œuvre les plans de déplacement forcé de ses habitants.

Almog Cohen, membre de la Knesset, a exhorté les forces israéliennes à tuer les Palestiniens de Gaza « sans aucune pitié » pendant le mois sacré du Ramadan, déclarant que « c’est le meilleur moment pour les tuer parce qu’ils sont faibles et fatigués ».

L’intention de commettre un génocide a été exprimée publiquement par le gouvernement israélien et des membres des principaux médias israéliens depuis le début du génocide à Gaza, le 7 octobre 2023, et même avant.

Le ministre israélien des services religieux, Matan Kahana, a dit qu’il voudrait pouvoir « appuyer sur un bouton » pour expulser tous les Palestiniens.

Après le 7 octobre, la rhétorique génocidaire a pris de l’ampleur et ce genre de déclaration est devenu extrêmement courant dans la bouche des hauts fonctionnaires israéliens, comme en témoigne la déclaration tristement célèbre de l’ancien ministre israélien de la défense, Yoav Gallant : « Nous imposons un siège complet à Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant, tout sera coupé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ».

Les déclarations incendiaires des responsables israéliens pourraient ouvrir la voie à une escalade du génocide dans la bande de Gaza, en aggravant les conditions imposées par Israël à la population palestinienne, pour provoquer sa destruction physique, partielle ou totale.

Cette aggravation délibérée prend la forme du blocus et du refus de l’aide humanitaire, après plus de 15 mois de bombardements incessants sur les installations civiles, les infrastructures, les hôpitaux, les écoles et tous les aspects de la vie quotidienne.

La famine provoquée par le blocage de l’aide humanitaire est la continuation de la guerre israélienne contre les habitants de la bande de Gaza, qui dépendent entièrement de cette aide pour leur subsistance.

Les Nations unies ont confirmé il y a trois jours que l’acheminement de l’aide aux habitants de la bande de Gaza se heurtait à de nombreuses difficultés et que la situation humanitaire était catastrophique.

Non seulement Israël a massivement détruit la bande de Gaza et massacré sa population pendant plus de 15 mois, mais il continue à mettre en œuvre des politiques qui entraîneront la mort des Palestiniens si rien n’est fait pour l’empêcher.

Le but est de tuer discrètement les Palestiniens en les soumettant à un blocus illégal qui entrave l’acheminement de l’aide humanitaire et des matériaux essentiels, empêche la réparation des infrastructures vitales et la fourniture des services de base nécessaires à la survie de la population.

Euro-Med Monitor souligne que cette politique israélienne ne peut être interprétée que comme une entreprise délibérée de génocide tel que définie par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui interdit d’imposer, à un groupe, des conditions de vie qui provoqueraient sa destruction totale ou partielle.

Malgré le cessez-le-feu, Israël a continué à créer des conditions susceptibles d’entraîner la destruction physique des Palestiniens à long terme ; cela apparaît clairement dans la nature globale de ses actions, qui affectent tous les aspects de la vie des Palestiniens, d’autant plus que cela fait des décennies que ces derniers subissent ce traitement violent et cruel.

Tous les États et entités concernés doivent assumer leurs responsabilités juridiques et prendre des mesures immédiates pour mettre fin au génocide dans la bande de Gaza, contraindre Israël et les États-Unis à respecter le droit international et mettre en œuvre des mesures efficaces pour protéger les Palestiniens des plans américano-israéliens d’extermination lente et de déplacement forcé.

Il faut de toute urgence répondre aux besoins immédiats de la population, débloquer toute l’aide humanitaire sans restriction, lever tous les blocus ou restrictions qui entravent les efforts de secours en cours, et garantir la fourniture de services essentiels tels que les soins de santé, l’eau, l’éducation, et des logements temporaires et adéquats.

Euro-Med Monitor appelle instamment la communauté internationale à assumer ses responsabilités juridiques et humanitaires en faisant appliquer l’arrêt de la Cour internationale de justice du 28 mars 2024.

Il s’agit notamment d’exiger d’Israël qu’il prenne immédiatement les mesures nécessaires, en coopération avec les Nations unies, pour garantir l’entrée sans entrave de l’aide dans la bande de Gaza, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu de la convention sur le génocide.

Auteur : EuroMed Monitor

* L’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l’Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.

4 mars 2025 – Euromed-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

Source : Chronique de Palestine
https://www.chroniquepalestine.com/…

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