France's President Nicolas Sarkozy (L), Libya's National Transitional Council (NTC) head Mustafa Abdel Jalil (C) and Britain's Prime Minister David Cameron (R) join hands in Benghazi September 15, 2011. Cameron on Thursday said his government would look to unfreeze a further 12 billion pounds ($18.9 billion) in Libyan assets if a United Nations Security Council resolution on Libya was passed. REUTERS/Stefan Rousseau/Pool (LIBYA - Tags: POLITICS CONFLICT)

Par René Naba

oixante-dix tonnes d’or (70 tonnes) entreposées dans les diverses caches de la Banque Centrale libyenne ont été pillées, alors que les capitales occidentales mettaient la main sur les avoirs libyens à l’étranger estimés à 170 milliards de dollars.

La Cour de cassation a confirmé, mercredi 18 décembre 2024, la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy à trois ans de prison, dont un an ferme, sous bracelet électronique, pour « corruption » et « trafic d’influence ». Un séisme dans l’histoire de la vie publique sous la Ve République. Pour la première fois, un ancien chef de l’Etat a été définitivement condamné à une peine de prison ferme, sous bracelet électronique, pour des faits d’atteinte à la probité

L’ancien président de la République, d’ex-ministres, des intermédiaires et l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi comparaissent à partir de lundi 6 janvier 2025 et jusqu’au 10 avril à Paris. Ils encourent des peines de prison et de lourdes amendes, qui pourraient être aggravées en cas de condamnation pour blanchiment jusqu’à la moitié des fonds blanchis. Des fonds qui atteindraient des millions.

Sarkozy est poursuivi pour « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « association de malfaiteurs », pour lesquels il risque un maximum de dix ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende, outre une interdiction des droits civiques, civils et de famille, d’exercer une fonction publique, et la confiscation du produit de l’infraction.

Son proche et ancien ministre Brice Hortefeux est, lui aussi, poursuivi pour « association de malfaiteurs » et « complicité de financement illégal de campagne électorale », punis de dix ans de prison et 150 000 euros d’amende, avec les mêmes peines complémentaires

Outre le financement libyen de sa campagne présidentielle de 2012 face au socialiste François Hollande et la procédure sur l’agence de communication Bygmalion – qui a mis à jour un système de fausses factures pour masquer le dépassement massif du plafond des dépenses électorales autorisées par la loi pendant la campagne présidentielle, cinq autres dossiers mentionnent, à titre principal ou secondaire, l’ancien président de la République.

Retour sur le rôle trouble de l’ancien président français dans la destruction de la Libye.

David Cameron, Nicolas Sarkozy et l’OTAN sont-ils responsables de l’essor du djihadisme africain ? En déstabilisant la Libye en 2011, les deux dirigeants ont fait le jeu des terroristes islamistes sur le continent.

La compromission de BFM TV dans l’affaire Sarkozy : Ruth elKrief et Marc Olivier Fogiel

Les motivations profondes de Nicolas Sarkozy envers la Libye

Les convoitises de Nicolas Sarkozy envers l’or libyen ont été le principal élément déclencheur de la déstabilisation de la Libye par la France et le projet de Mouammar al Kadhafi de fédérer l’Afrique au sein des Etats Unis d’Afrique, a conduit l’OTAN a décidé l’élimination du dirigeant libyen.

Telles sont les principales révélations contenues dans la messagerie électronique d’Hillary Clinton, ancien secrétaire d’état de la première mandature du président démocrate Barack Obama, qui ont fuité dans la presse et dont le site en ligne « Ar Rai Al Yom » de l’influent journaliste arabe Abdel Bari Atwane en révèle la substance dans son édition en date du 11 Mai 2023.

Pour le locuteur arabophone, cf ce lien : 11 Mai 2023 Ar Rai Al Yom

Quatorze ans après la destruction de la Libye par l’Otan, les principes moraux invoqués par l’OTAN notamment le devoir d’ingérence humanitaire et le devoir de protection des populations apparaissent ainsi rétrospectivement, comme une tentative de renflouer les économies occidentales défaillantes du fait de la crise des subprimes, ayant entraîné la perte de 25.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Subséquemment, la posture humanitariste de Bernard Henry Lévy, l’homme du “Serment de Tobrouk” apparaît comme une imposture.

En pleine campagne de Libye, débarquant à l’improviste à Tripoli pour donner le signal de la mise à mort du Colonel Mouammar Al Kadhafi, sans égard pour les destructions qu’elle venait d’imposer à la Libye, Hillary Clinton a eu ce terme d’une indécence méprisante à l’égard de sa future victime : « We came, we saw, He died ».

La visite surprise d’Hillary Clinton a eu lieu le 18 octobre 2011. Trois jours plus tard, Kadhafi était liquidé.

L’hallali d’Hillary Clinton

Bafouant le Droit international, Hillary Clinton avait sonné l’hallali, faisant de la Libye sa guerre personnelle.

Sept ans plus tard, la malédiction de Kadhafi frappait Hillary Clinton, qui sera consommée sur le bûcher de ses vanités, avec sa déroute présidentielle américaine en 2016. Tel un effet boomerang, sa victime lui retournera, d’outre-tombe, sa sentence morbide. «We came, We saw, She died».

L’or libyen

Un document en date du 2 Avril 2011, portant la signature de Seif al Islam al Kadhafi, fils du dirigeant libyen, précise que la Libye disposait de 143 tonnes d’or et d’une quantité égale d’argent. Fin Mai 2011, les réserves de la Libye en métaux précieux ont été transférées de la Banque Centrale de Tripoli vers Sebha, dans le Sud Est du pays, dans la zone frontalière du Niger et du Tchad.

Le colonel Kadhafi projetait de se servir de son stock de métaux précieux pour constituer une MONNAIE AFRICAINE adossée au dinar or libyen. La MONNAIE AFRICAINE devait se substituer au Franc CFA dans les pays de l’Afrique francophone.

Selon l’ancien ambassadeur libyen en Arabie saoudite, «la chute de Tripoli et la liquidation du Colonel Kadhafi ont marqué le début du pillage de la Libye”.

Soixante-dix tonnes d’or (70 tonnes) entreposées dans les diverses caches de la Banque centrale libyenne ont été pillées, alors que les capitales occidentales mettaient la main sur les avoirs libyens à l’étranger estimées à 170 milliards de dollars » et que le gigantesque arsenal de la capitale, lui, aussi sera à son tour pillé par les islamistes libyens pour servir à équiper les groupements terroristes en Syrie et au Sahel.

Le trésor libyen était estimé à 7 milliards de dollars. Les services de renseignement français ont découvert le plan libyen peu de temps avant le début du soulèvement de la population. Cet élément a été un des principaux facteurs à l’engagement de Nicolas Sarkozy dans la déstabilisation de la Libye.

L’hémorragie des capitaux arabes et africains vers leurs anciens colonisateurs

Les avoirs bloqués des dictateurs arabes et africains, s’ils constituent une manne pour l’économie occidentale en crise systémique, sont une panne pour le développement de l’hémisphère sud. Voire une calamité, mais une manne pour les économies occidentales

1.500 milliards de dollars, tel est le montant des sommes en provenance d’Afrique et du Moyen Orient dans les places financières occidentales, dont 15% de provenance illégale. La fortune cumulée de Hosni Moubarak (Egypte), Zine el Abidine Ben Ali (Tunisie), Sani Abacha (Nigeria), Moussa Traore (Mali), Joseph Désiré Mobutu (République Démocratique du Congo ex Zaïre) notamment est estimée, elle, à près de 40 milliards de dollars. Des miettes en ont été restituées.

Selon le Boston Consulting Group, la Suisse accueille près de 30 % des avoirs privés offshore, la plupart non déclarés. La revue professionnelle de gestion d’actifs « My Private Banking » estime que sur les 1.500 milliards de dollars que représentent les fortunes privées d’Afrique et du Moyen-Orient à l’étranger, 33 % sont localisées en terre suisse, et dont 15 % environ seraient d’origine illégale, soit 74 milliards de dollars.

Les milliards de Kadhafi

Selon la Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Libye bénéficiait début 2011 de « l’indice de développement humain le plus élevé du continent africain », avec une croissance du PIB de 7,5 % par an, un revenu par habitant record (10 000 dollars américains par an), l’instruction primaire et secondaire pour tous et l’accès d’un élève sur deux à l’enseignement supérieur.

Plus de 2 millions d’immigrés africains trouvent du travail dans la Jamahiriya. Facteur de stabilité et de développement en Afrique du Nord, la Libye a multiplié les investissements visant à doter l’Union africaine de l’autonomie financière et d’une monnaie indépendante.

Quant aux « 500 milliards de Kadhafi » répertoriés en mars 2011, il s’agit tout simplement de 500 milliards d’avoirs libyens investis dans le monde (250 en Amérique, 250 en Europe et dans le reste du monde occidental) entre banques et entreprises.

Sans même parler des investissements (50 milliards) effectués par le Guide sur le continent africain, et du pillage à venir du pétrole libyen. Ils ne réapparaîtront jamais, à l’exception de 11 à 34 milliards restitués au Conseil national de transition (CNT) par l’Otan et les Occidentaux (enquête de Pascal Henry : Pièces à conviction sur France 3, le 29/01/2014).

Chaque année, entre 20 et 40 milliards de dollars d’argent illégal échappent aux pays en développement. Sur les quinze dernières années, seuls 5 milliards de dollars ont été restitués. C’est dire l’ampleur de la tâche.

L’hémorragie est substantielle, infiniment supérieure au budget affecté aux dépenses d’infrastructure en Afrique. 90 milliards de dollars quittent, en fraude, chaque année l’Afrique pour enrichir les riches pays occidentaux ou se nicher dans les paradis fiscaux, appauvrissant d’autant le continent, dont le déficit annuel de financement de l’infrastructure s’élève à 31 milliards de dollars par an. En surcroît aux nombreux maux dont pâtit l’Afrique, un mal est plus que tout autre corrosif et ravageur: l’incivisme en ce que l’Afrique, plus que tout autre continent, a subi de plein fouet les effets pervers de la colonisation, la dépossession et l’exploitation.

Les motivations de l’intervention française

Selon la messagerie d’Hillary Clinton, l’intervention française en Libye était motivée par cinq raisons :

  1. Volonté de la France d’acquérir une part plus importante du pétrole libyen.
  2. Accroître l’influence française en Afrique du Nord.
  3. Améliorer la situation personnelle de Nicolas Sarkozy à la veille de la campagne pour sa reconduction à un 3ème mandat présidentiel.
  4. Réaffirmer le positionnement de l’armée française dans le Monde.
  5. Brider l’influence du colonel Kadhafi dans l’Afrique francophone.

Épilogue : La fin pathétique de la saga libyenne de Nicolas Sarkozy

Hillary Clinton a été battue aux élections présidentielles américaines par son rival républicain Donald Trump, en 2016, un échec qui a entraîné son élimination de  la vie politique américaine, et, Nicolas Sarkozy, premier président de «sang mêlé» de France, a été lui aussi battu aux élections présidentielles par son concurrent socialiste François Hollande, en 2012,  laissant son pays en champs de ruines, poursuivi depuis lors par la justice de son pays pour des affaires en rapport avec l’argent illicite, notamment à propos du «financement libyen».

Depuis sa défaite aux élections présidentielles face au socialiste François Hollande, Nicolas Sarkozy accumule les déboires judiciaires, indice symptomatique de son éthique en politique et de sa moralité publique :

Affaire Bygmalion : Jeudi 14 février 2024, l’ancien président de la République a été condamné à un an de prison, dont six mois avec sursis et un aménagement pour la partie ferme, pour le dépassement du plafond légal des dépenses électorales lors de sa campagne présidentielle perdue de 2012. M. Sarkozy a en outre été mis en examen mis en examen dans le cadre de l’enquête sur la rétractation de l’intermédiaire Ziad Takieddine.

Affaire des écoutes (Azibert-Bismuth) : Condamné en première instance et en appel. La cour d’appel de Paris a confirmé, dans une décision rendue mercredi 17 mai 2023, la condamnation de l’ancien président de la République à trois ans de prison, dont un an ferme, pour corruption et trafic d’influence. La cour d’appel a aussi prononcé une interdiction des droits civiques de trois ans, ce qui le rend inéligible. Il avait été condamné à la même peine en 2021 . Dès l’annonce de la décision, les conseils de M.Sarkozy ont annoncé qu’il allait se pourvoir en cassation.

Voir à ce propos les mémoires de l’ancien chef de poste de la DGSE en Libye Jean François Lhuillier : « L’intervention de la France contre le colonel Kadhafi a été dramatique ».

  • https://www.marianne.net/monde/afrique/ex-chef-de-poste-de-la-dgse-en-libye-lintervention-de-la-france-contre-le-colonel-kadhafi-a-ete-dramatique

Nicolas Sarkozy, une illustration de l’ignorance crasse des élites françaises.

Nicolas Sarkozy, à l’époque Ministre de l’intérieur et candidat à la présidence de la République française, a révélé l’étendue de son ignorance, lors d’une interview à une radio française, en 2007.

Invité sur RMC lundi 26 février 2007, Nicolas Sarkozy a été testé sur ses connaissances en matière de terrorisme international. Le journaliste de RMC, Jean-Jacques Bourdin, lui a demandé si les combattants d’Al-Qaïda étaient sunnites ou chiites. « Il est impossible d’y répondre (…) parce qu’Al-Qaïda, c’est une nébuleuse », a rétorqué Nicolas Sarkozy.

A trois reprises, le ministre de l’Intérieur a refusé de répondre à la question. «On ne peut pas qualifier Al-Qaïda comme ça», a-t-il insisté. «Je vais d’ailleurs vous donner un exemple : le GSPC algérien a rejoint Al-Qaïda il y a quatre ans à peine. On ne peut pas réduire Al-Qaïda à un problème sunnites-chiites. Al-Qaïda, c’est une mouvance», a encore déclaré le candidat de l’UMP.

Jean-Jacques Bourdin a toutefois tenu à lui faire remarquer que « tous les chefs d’Al-Qaïda sont des sunnites ». « Nous demanderons à des spécialistes », a conclu le journaliste.

Nicolas Sarkozy avait auparavant sollicité l’expertise de la répression des manifestations périurbaines de France, en 2005, à Avi Dichter, le responsable de la sécurité israélienne pour les territoires palestiniens occupés. Ce faisant, le premier président de « sang mêlé » avait ainsi assimilé, par anticipation, les banlieues françaises à la Cisjordanie et Gaza et transposé de ce fait en France le conflit israélo-palestinien en France.

Sur Hillary Clinton

Sur Nicolas Sarkozy, ce lien :

Sur le financement libyen, ce lien

Sur la mise à mort du Colonel Kadhafi, ce lien ;

Nicolas Sarkozy, Israêl et les Arabes

Sur Libye post Kadhafi, ce dossier en trois volets :

Crédit photo :

Le président français Nicolas Sarkozy, le leader du Conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil et le Premier ministre britannique David Cameron, le 15 septembre 2011 à Benghazi. REUTERS/Stefan Rousseau

Source : auteur
https://www.madaniya.info/…

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