© UNICEF/Eyad El Baba. Des enfants près d’un bâtiment détruit à Al Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza.
Par ONU Info
Source : ONU Info
L’aide humanitaire continuait d’arriver jeudi à Gaza, alors que les agences humanitaires de l’ONU avertissent que les besoins restent énormes après 15 mois de bombardements israéliens constants et quelques semaines de cessez-le-feu.
Alors que des rapports indiquent qu’un retour à la guerre ce week-end pourrait avoir été évité grâce à l’annonce par le Hamas qu’il se conformerait à l’accord de libération des otages israéliens, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a déclaré que les équipes d’aide « saisissaient toutes les occasions » pour apporter autant de secours que possible aux Gazaouis qui en ont le plus besoin.
S’exprimant depuis le nord de Gaza, René Nijenhuis, de l’OCHA, a souligné que la principale préoccupation des familles était que le cessez-le-feu soit maintenu.
Il a expliqué que la trêve fragile avait permis aux équipes humanitaires d’obtenir des camions-citernes et d’atteindre les personnes qui « ont désespérément besoin d’aide. Elles ont besoin d’un abri, elles ont besoin d’une école », a déclaré M. Nijenhuis. « Les enfants supplient : ‘Où est mon école ? Je veux aller à l’école’ », a ajouté le responsable de l’OCHA.
Les camions d’aide sont une planche de salut
Des milliers de camions transportant de la nourriture, des abris et des médicaments sont entrés dans la bande de Gaza à un rythme d’environ 600 par jour depuis le début du cessez-le-feu le 19 janvier – bien plus que ceux autorisés pendant les hostilités déclenchées par les attaques terroristes menées par le Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023.
Rien que mercredi, plus de 800 camions ont livré des biens vitaux à Gaza, a indiqué l’OCHA, tandis que l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine, l’UNRWA, a déclaré avoir désormais atteint 1,5 million de personnes avec des colis alimentaires depuis le début du cessez-le-feu – et en avoir suffisamment pour atteindre le reste de la population de Gaza.
Depuis que les forces israéliennes se sont retirées de certaines parties du corridor de Netzarim qui sépare le nord et le sud de Gaza, on estime que plus de 586.000 personnes ont traversé vers le nord, tandis que plus de 56.000 se sont déplacées vers le sud, ont rapporté les agences humanitaires de l’ONU.
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© UNICEF/Eyad El Baba. Des camions transportant de l’aide humanitaire entrent dans la bande de Gaza par le passage de Kerem Shalom.
Une nouvelle boulangerie a rouvert ses portes
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué que 25 boulangeries qu’il soutient fonctionnent désormais à Gaza.
Jeudi, une nouvelle boulangerie a rouvert ses portes à Rafah avec le soutien du PAM. Plus tôt cette semaine, le PAM a rouvert une cuisine à Beit Lahiya qui peut produire 20.000 repas par jour. À Rafah, l’agence a ouvert une cuisine servant 1.500 repas par jour.
Le PAM note également que, chaque semaine, des dizaines de cuisines fournissent des centaines de milliers de repas chauds aux habitants de la bande de Gaza. Dans le nord, le PAM s’efforce d’accroître encore ses capacités.
L’UNICEF veut agir face à l’effondrement des services essentiels
De son côté, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) déclare vouloir profiter du cessez-le-feu pour agir face à l’effondrement des services essentiels dans l’enclave palestinienne.
« Nous avons évidemment eu des difficultés à acheminer l’aide pendant la guerre, mais nous avons maintenant pris de l’ampleur avec l’arrivée de milliers de camions au cours des trois dernières semaines et d’autres sont en cours d’acheminement », a dit dans un entretien accordé à ONU Info, Tess Ingram, porte-parole de l’UNICEF, relevant que la crise humanitaire se poursuit à Gaza.
Dans la bande de Gaza, plus de deux millions de personnes, dont la moitié d’enfants, sont confrontées à des pénuries extrêmement graves des produits et services de première nécessité, notamment l’eau salubre, la nourriture et les soins médicaux. Les infrastructures sont gravement endommagées, et beaucoup d’écoles, d’habitations et d’hôpitaux ont été détruits.
« La situation à Gaza reste catastrophique pour les enfants. Mais la situation est bonne dans la mesure où les bombes et les balles ont cessé de tomber, tuant et blessant des enfants », a ajouté Mme Ingram.
Malnutrition infantile
Une façon pour l’agence onusienne de rappeler que les enfants de Gaza continuent d’avoir « un besoin urgent » d’aide humanitaire. « Ils ont besoin à la fois de fournitures et de services pour augmenter rapidement, et le cessez-le-feu est une très bonne occasion pour nous (humanitaires) de le faire ».
Sur le terrain, les équipes humanitaires travaillent jour et nuit pour accroître une aide dont la population a cruellement besoin, en particulier dans les zones impossibles à atteindre avant le cessez-le-feu en raison de difficultés opérationnelles ou de restrictions.
Pour l’UNICEF, l’urgence est de faire en sorte que l’eau coule à nouveau, en particulier dans les zones où les canalisations d’eau et les puits ont été endommagés, comme au nord de l’enclave et à Rafah. « Nous essayons donc de faire revenir l’eau en effectuant des réparations (…) pour que les familles aient un accès immédiat à l’eau », a détaillé Mme Ingram.
L’autre volet porte sur la santé et la nutrition. Depuis la mi-janvier, l’UNICEF a ainsi acheminé des fournitures médicales et des traitements nutritionnels pour les enfants. L’agence a ainsi distribué des aliments complémentaires prêts à l’emploi à plus de 10.000 enfants de moins de deux ans depuis le cessez-le-feu. « Nous développons les services pour aider à identifier les enfants souffrant de malnutrition et qui ont besoin de ces traitements nutritionnels ».
Des bébés privés de soins néonatals
Les équipes de l’agence onusienne renforcent également les capacités en matière de soins néonatals, en particulier les soins intensifs dans les hôpitaux, car une grande partie de cette infrastructure a été détruite pendant la guerre. « Par exemple, je me suis rendu à l’hôpital Al Shifa et il y avait 55 incubateurs néonatals avant la guerre. Aujourd’hui, il n’y en a plus aucun, et tout le département a disparu », a regretté la porte-parole de l’UNICEF.
Alors que la pluie et les rigueurs de l’hivers impactent le quotidien des déplacés gazaouis, au moins 644.000 personnes ont reçu une aide sous forme d’abris – notamment des tentes, du matériel de scellement et des bâches de la part des humanitaires depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu
« Il fait toujours très froid à Gaza et j’ai vu tant d’enfants sans chaussures, sans vestes, que nous nous efforçons d’apporter ces articles, ces vêtements pour enfants, ainsi que des bâches pour les familles, car il y a bien sûr beaucoup de familles qui n’ont pas de maison ou qui sont retournées dans ce qu’elles espéraient être une maison, mais qui n’est plus que ruines », a souligné Mme Ingram.
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ONU Info. Des enfants à Gaza au milieu des décombres d’un bâtiment détruit.
Maintenir le cessez-le-feu pour sauver des vies
Pour autant, l’UNICEF admet que les humanitaires ne peuvent pas répondre aux besoins de 2 millions de personnes avec seulement trois semaines d’aide humanitaire. Une façon pour les agences de rappeler l’importance de maintenir le cessez-le-feu tienne, pour être en mesure de « sauver la vie des enfants et leur apporter le soutien nécessaire ».
L’agence onusienne plaide pour qu’un plus grand nombre possible de points de passage vers la bande de Gaza soient ouverts. Le point de passage de Rafah doit être « rouvert pour l’accès de l’aide humanitaire, ainsi que pour les évacuations médicales ».
« Mais surtout, pour les enfants de Gaza, nous avons besoin que le cessez-le-feu tienne et qu’une paix durable s’instaure après ce cessez-le-feu », a fait valoir Tess Ingram.
Le rôle vital de l’UNRWA
Essentielle à la réponse humanitaire à Gaza, l’UNRWA gère de son côté 120 abris qui accueillent environ 120.000 personnes.
Cette agence onusienne a également ouvert 37 nouveaux abris d’urgence, dont sept dans la ville de Gaza et 30 dans le nord de Gaza, et a annoncé jeudi la réouverture d’un centre de santé à Rafah – le premier établissement de l’UNRWA dans la ville du sud à recevoir des patients depuis le cessez-le-feu.
L’agence a déclaré que si le risque de famine a été en grande partie évité, une autre priorité immédiate est de fournir un abri et de la chaleur aux personnes qui retournent dans leurs maisons détruites.
Depuis le début du cessez-le-feu, 644.000 personnes ont reçu une aide pour les abris, en particulier des tentes, des couvertures, des bâches en plastique, des vêtements d’hiver chauds, des matériaux d’étanchéité et des bâches.
Dans et autour des abris, l »UNRWA s’est également engagée à réparer les puits d’eau et à fournir des services d’eau et d’élimination des déchets à près d’un demi-million de personnes.
Les besoins en matière de santé
En plus des abris et des livraisons de nourriture, l’aide aux soins de santé et les fournitures médicales ont également augmenté.
Selon le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’organisation a contribué à l’évacuation médicale de 414 patients nécessitant un traitement en dehors de Gaza. L’OMS a également livré des fournitures à 1,6 million de personnes depuis le début du cessez-le-feu, a-t-il déclaré.
L’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, l’UNFPA, a quant à elle signalé une augmentation de la distribution d’articles de secours, notamment des chauffe-bébés, des kits post-partum et des kits de dignité.
L’agence a également établi un nouvel abri pour les femmes à l’intérieur de la ville de Gaza afin de les protéger des violences sexistes. En prévision d’éventuelles coupures de courant, l’abri peut fonctionner à l’énergie solaire.
Source : ONU Info
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