Conférence de presse du président des Etats-Unis Donald Trump et du président d’Israël Benjamin Netanyahou, le 5 février 2025 © Maison Blanche
Communiqué de l’AFPS
Dans la droite ligne de son soutien inconditionnel à Israël, Trump a proposé le 5 février une solution arrogante : les États-Unis vont s’emparer de la bande de Gaza : « Elle sera à nous ». Le monde étant un vaste marché, le plus fort n’a qu’à se servir faisant fi des droits des peuples et de l’ordre juridique mondial. Et de renouveler son exigence de voir la Jordanie et l’Égypte « accueillir » la population de Gaza, ce qu’elles ont catégoriquement refusé. Balayée, la troisième phase de la trêve qui doit envisager l’après. Ignoré le droit des Palestiniens de Gaza à choisir leur propre avenir, à rester sur leur terre et à la reconstruire. Cela ne devrait pas étonner pourtant, car chasser les Palestiniens de leur terre est l’objectif des fondateurs d’Israël depuis plus d’un siècle.
Le peuple palestinien n’existe pas plus que la Palestine aux yeux de Trump et d’Israël. Pour eux, les Palestiniens ne sont que des pions sans droits ni à la terre ni à l’autodétermination. Voilà où mènent la déshumanisation des Palestiniens, la négation de leurs droits fondamentaux et nationaux, les tentatives continues de leur effacement et surtout l’impunité d’Israël depuis des décennies. Voilà où mènent l’acceptation du régime d’apartheid et le consentement au génocide.
Il faut que les choses soient claires : ce que propose Trump est une violation flagrante du droit international, c’est un appel au nettoyage ethnique, au déplacement forcé d’une population vivant sous occupation militaire. Il s’agit de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Mais ces déclarations fracassantes ont contribué à masquer la suite des intentions de Trump : l’annonce d’une prise de position d’ici quatre semaines en faveur de l’annexion par Israël de la Cisjordanie. Le plan de Trump ne se limite pas à Gaza mais à l’ensemble du territoire palestinien occupé (TPO).
La volonté d’annexion formelle de la Cisjordanie a été clairement annoncée par le gouvernement israélien dès son accession au pouvoir fin 2022 et avait déjà été portée par Trump lors de son premier mandat. Elle est réaffirmée aujourd’hui dans un contexte où depuis le 7 octobre 2023, le nettoyage ethnique, le vol des terres et la répression ont atteint un niveau inégalé et où depuis plus de deux semaines les forces d’occupation israéliennes emploient des tactiques similaires à celles utilisées à Gaza dans leur attaque militaire en cours sur le nord de la Cisjordanie et particulièrement dans les camps de réfugiés déjà fragilisés par les attaques contre l’UNRWA.
L’attachement au droit, rappelé quasi unanimement par les États, serait plus crédible si les déclarations étaient suivies d’effets et si la France ne venait pas d’autoriser Netanyahou à survoler le sol français alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.
L’administration américaine veut imposer un nouvel ordre mondial. Trump doit cependant comprendre une chose : le peuple palestinien est profondément attaché à sa terre et il ne partira pas, pas plus de la bande de Gaza que de Cisjordanie. Après avoir enduré 15 longs mois de massacres, refusant de partir alors qu’ils risquaient leur vie à tout moment, les Palestiniens de Gaza retournent dans des lieux rendus inhabitables par la volonté conjointe d’Israël et des États Unis. Ça n’est certainement pas pour obéir aux injonctions de Trump.
Ce qui est donc à l’ordre du jour, c’est la protection du peuple palestinien, c’est une réaction du monde et pas seulement des pays du Sud, pour imposer l’application du droit. Les États Unis doivent être isolés et l’Union européenne a une responsabilité historique dans la période actuelle. Elle doit surmonter ses divisions et s’engager dans l’application du droit : l’heure est à la fin de l’occupation israélienne comme l’exige la résolution de l’ONU du 18 septembre 2024 et non à l’annexion de la Cisjordanie et au nettoyage ethnique de la bande de Gaza. Une paix durable n’est possible que par la justice et le droit, « la paix par la force » n’est rien d’autre qu’une oppression.
Emmanuel Macron attendait le bon moment pour reconnaître l’État de Palestine, il ne faudrait pas qu’il rate une fois de plus l’occasion de montrer qu’il reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et qu’il entend le faire respecter.
Le Bureau National de l’AFPS, le 6 février 2025
Source : AFPS
https://www.france-palestine.org/…