Une photographie aérienne prise par un drone montre les destructions causées par l’offensive aérienne et terrestre israélienne, à Rafah, dans la bande de Gaza, vendredi 24 janvier 2025. [AP Photo/Jehad Alshrafi]
Par Andre Damon
Samedi, le président américain Donald Trump a appelé Israël à «nettoyer» Gaza de ses habitants arabes, un appel ouvert au nettoyage ethnique. « Vous parlez probablement d’un million et demi de gens, et on nettoie tout cela », a déclaré Trump aux journalistes sur Air Force One.
«Au cours des siècles, ce site a été le théâtre de très nombreux conflits», a déclaré Trump, laissant entendre que la paix au Moyen-Orient serait obtenue par l’élimination ou la destruction de la population palestinienne.
La déclaration de Trump est une adhésion ouverte et publique de la part de l’État américain à la politique actuelle du gouvernement Netanyahou, qui est l’extermination et l’élimination systématiques de la population palestinienne de Gaza. Cela fait partie d’efforts visant à annexer tous les territoires palestiniens et à construire un «grand Israël» dans tout le Moyen-Orient.
Alors que l’administration Biden finançait, armait et défendait politiquement le génocide israélien à Gaza, qui a tué au moins 70 000 personnes, elle avait maintenu la fiction qu’elle recherchait une «solution à deux États» et une patrie pour le peuple palestinien.
Dans un sens, Trump n’a fait qu’énoncer ouvertement le contenu essentiel de la politique génocidaire de l’administration Biden à Gaza. Mais les mots ont un sens. Un président américain a publiquement adopté le nettoyage ethnique comme politique d’État.
Le transfert forcé d’une population est un crime de guerre et un crime contre l’humanité, et le fait que Trump facilite activement et consciemment le nettoyage ethnique de Gaza en fait un criminel de guerre.
Son appel à ce qu’Israël «nettoie» Gaza de sa population arabe n’était pas une phrase en l’air. En fait, ce n’était là que le dernier en date et le plus explicite des multiples appels lancés par des responsables de la Maison-Blanche en faveur du nettoyage ethnique de la Palestine.
Lors d’un témoignage devant le Congrès la semaine dernière, Elise Stefanik, nommée par le président Trump au poste d’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, a déclaré qu’Israël avait un «droit biblique» sur l’ensemble de la Cisjordanie. Cela faisait suite à une déclaration d’un responsable de l’administration Trump à NBC News, le week-end dernier, que la Maison-Blanche discutait de la relocalisation du peuple palestinien de Gaza.
L’adhésion ouverte de Trump au nettoyage ethnique à Gaza suivait l’annonce par le Pentagone qu’il enverrait plus de bombes de 2 000 livres à Israël, que les FDI ont utilisées pour démolir des pâtés entiers de maisons. Malgré un «cessez-le-feu» nominal à Gaza et au Liban, Israël continue de se déchaîner au Moyen-Orient, tuant 22 personnes au Sud-Liban dimanche et lançant un raid permanent sur Jénine, en Cisjordanie, qui a déjà tué au moins 16 personnes.
En utilisant le mot «nettoyer» pour désigner une population d’êtres humains, Donald Trump adopte délibérément la phraséologie du dictateur allemand Adolf Hitler et de son mouvement nazi, qui a perpétré l’holocauste de 6 millions de Juifs d’Europe entre 1941 et 1945.
Donald Trump est, comme l’a expliqué le général Mark Milley au journaliste Bob Woodward, un «fasciste dans l’âme». L’ex-femme de Trump, Ivana Trump, a déclaré à son avocat, selon Vanity Fair, que le président actuel lisait « un livre de discours d’Hitler, My New Order[Mon Nouvel Ordre], qu’il garde dans un cabinet près de son lit».
La proposition de Trump de «nettoyer» un groupe ethnique entier vient directement des lèvres d’Hitler. Dans un discours de 1938, figurant au recueil que Trump conserverait à son chevet, Hitler a déclaré que les «valeurs éternelles du sang et du sol» l’obligeaient à «nettoyer la nation allemande, notre race et notre culture» du peuple juif.
Pendant l’Holocauste, les régions dont la population juive avait été expulsée ont été déclarées Judenrein, c’est-à-dire « nettoyées des Juifs». Dans ce contexte, les propos de Trump impliquent que le «nettoyage» des Arabes de Palestine serait la «solution finale» au problème palestinien.
Quatre-vingts ans après la libération du camp de concentration d’Auschwitz, le chef de l’État américain a non seulement publiquement adopté l’idéologie nazie de «l’hygiène sociale» par le meurtre de masse, mais il la rend activement possible.
La proposition de Trump de «nettoyer» le peuple palestinien de sa patrie est un jalon dans la normalisation de la barbarie impérialiste, dont la plus haute manifestation historique était le régime nazi.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les défenseurs idéologiques du capitalisme ont affirmé que les crimes de l’Allemagne nazie représentaient une sorte d’accident historique, qui ne se reproduirait jamais. Hitler et le mouvement qu’il dirigeait représentaient une déviation de la tendance fondamentale du développement du capitalisme, qui était vers la démocratie, la paix et un développement économique mondial harmonieux.
En revanche, le révolutionnaire russe Léon Trotsky et le mouvement trotskyste ont expliqué que le fascisme exprimait les caractéristiques les plus profondes et les plus essentielles du capitalisme, qui remontaient à la surface en période de crise.
Tout comme Hitler était l’expression la plus concentrée de la barbarie déchaînée par les puissances impérialistes dans leur campagne pour découper le monde et en faire des colonies soumises, Trump illustre la normalisation de la barbarie sociale menée par le capitalisme mondial des décennies durant.
Le lancement par l’administration de George W. Bush de la «guerre contre le terrorisme»a donné lieu à la campagne de bombardements «choc et stupeur» menée contre l’Irak, aux horreurs des cachots d’Abu Ghraib et de Guantanamo Bay et à l’assassinat de milliers de personnes sous le patronnage de l’État.
Avec le déclenchement de la pandémie de COVID-19, les classes dirigeantes capitalistes ont ouvertement adopté la mort massive délibérée, comme, selon les mots du Premier ministre britannique de l’époque Boris Johnson, «la façon dont la nature traite les personnes âgées». La réponse du capitalisme à la pandémie, telle que l’a exprimée Boris Johnson, a été de «laisser les corps s’empiler haut».
Le retour de Trump à la Maison-Blanche est le produit de la normalisation par le capitalisme de la guerre, de la torture, de l’annexion et du meurtre de masse, car l’oligarchie, craignant toute atteinte à sa richesse et à ses privilèges, est prête à tout pour défendre sa domination sur la société. Trump, dont le principal collecteur de fonds, Elon Musk, a salué sa victoire électorale par un salut nazi, affiche clairement son intention de répéter les crimes de l’Allemagne nazie.
Les prédécesseurs de Trump au gouvernement Biden ont montré que leur soutien au génocide de Gaza faisait partie intégrante des efforts de Washington pour réorganiser le Moyen-Orient en fonction de sa campagne pour dominer l’Iran, la Russie et la Chine. Trump représente un redoublement de ces efforts, avec un degré de brutalité encore plus grand. Sa référence en passant au «nettoyage» de 1,5 million de personnes témoigne de l’échelle de mort et de destruction que l’impérialisme américain est prêt à déclencher dans sa campagne pour réorganiser le monde sous sa domination.
L’escalade du génocide de Gaza, et la guerre impérialiste plus large dont il est une partie, provoqueront une opposition de masse. Au cours des 15 derniers mois, des millions de personnes ont pris part à des manifestations de masse dans le monde entier pour s’opposer au génocide. Il faut étendre la lutte contre le génocide, en faire une lutte plus large contre l’impérialisme et l’unir à la lutte de la classe ouvrière pour défendre ses droits sociaux et économiques contre la dictature de l’oligarchie financière et du système capitaliste.
(Article paru en anglais le 27 janvier 2025)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…