© UNRWA Gaza, après 15 mois de bombardements.

Alors que la bande de Gaza a connu un afflux important de livraisons d’aide humanitaire à la suite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, aucun pillage de convoi n’a été signalé, ont salué mardi les agences humanitaires des Nations Unies.

« Il n’y a eu aucun pillage de camions ou aucune attaque contre les travailleurs humanitaires au cours des deux premiers jours du cessez-le-feu », s’est félicité un porte-parole de la branche humanitaire de l’ONU, Jens Laerke, lors d’un point de presse régulier à Genève.

Au cours des 15 mois qu’a duré la guerre à Gaza, l’enclave palestinienne a été le théâtre « triste et tragique » de pillages, à l’exception des deux derniers jours. « Nous n’avons pas vu de bandes ou de groupes armés organisés, quel que soit le nom qui leur est donné, s’attaquer à l’aide qui arrive », a précisé M. Laerke.

Le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a jugé important de replacer la question du pillage « dans un contexte plus large, en se demandant pourquoi ces gangs étaient là en premier lieu ».

© UNRWA Des Gazaouis rentrent chez eux après la mise en œuvre du cessez-le-feu.

Avant l’accord de cessez-le-feu, l’aide arrivait au compte-gouttes dans le territoire, une situation qui a contribué selon M. Laerke à créer un contexte d’« incitations » au pillage. « Tout ce qui entrait à Gaza… avait une valeur extrêmement élevée », a-t-il expliqué. Dès lors que l’acheminement de l’aide reprend à un rythme plus soutenu, « ces incitations ne seront probablement plus aussi présentes », a-t-il estimé.

Depuis le début du conflit, au mois d’octobre 2023, les agences de l’ONU n’ont eu de cesse de dénoncer les obstacles qui entravent l’acheminement et la distribution de l’aide dans le territoire palestinien ravagé par les combats.

Dès le premier jour de l’entrée en vigueur de l’accord, dimanche, pas moins de 630 camions transportant de l’aide humanitaire sont entrés dans l’enclave palestinienne, suivis, lundi, de plus de 900 camions supplémentaires. Selon les informations obtenues par l’ONU sur le terrain, mardi, 897 camions ont fait leur entrée dans le territoire.

Selon l’OCHA, les agences humanitaires étaient désireuses de tirer parti de cette ouverture pour « maximiser les livraisons », malgré les difficultés à venir, comme le déblaiement des décombres et l’élimination des restes explosifs de guerre.

« L’heure est à l’espoir, fragile mais vital », a salué M. Laerke. « Cet accord de cessez-le-feu doit tenir. Sinon, le monde ne comprendra pas. Nous travaillons avec les garants de l’accord et Israël pour acheminer les fournitures. Sur le terrain, nous travaillons avec les autorités locales et les communautés », a-t-il ajouté.

D’autant que les besoins sont énormes. La faim règne, les gens sont sans-abri, les malades et blessés sont partout, les enfants sont séparés de leurs familles et un nuage de traumatisme psychologique plane sur Gaza.

Dans ces conditions, l’ONU accorde la priorité à l’aide alimentaire, l’ouverture de boulangeries, l’apport de soins de santé, le réapprovisionnement des hôpitaux, la réparation des réseaux d’eau, la distribution de matériel pour réparer les abris, et le début de la réunification des familles.

De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) indique avoir positionné et acheminé suffisamment de nourriture pour permettre de nourrir plus d’un million de personnes pendant une période pouvant aller jusqu’à trois mois.

Les fournitures d’urgence comprennent des colis alimentaires, de quoi faire redémarrer les boulangeries et des suppléments nutritionnels pour les enfants.

© UNICEF/Alaa Badarneh

L’OCHA et ses partenaires se sont rendus, mardi, dans le camp de Jabalya, au nord de Gaza. À cette occasion, ils ont constaté que les habitants du camps construisaient des abris de fortune au milieu des décombres. 

« L’accès à l’eau est également critique, tous les puits étant détruits, et le risque de munitions non explosées reste élevé », a précisé le porte-parole adjoint du chef de l’ONU, Farhan Haq, lors d’un point de presse à New York. 

Avec le maintien du cessez-le-feu, les Palestiniens déplacés continuent de rentrer chez eux, mais beaucoup d’entre eux retrouvent leur domicile à l’état de ruine. 

Selon les partenaires de l’ONU sur le terrain, plus de 90 % des logements à Gaza ont été endommagés ou détruits au cours des 15 derniers mois. 

|Compte tenu de l’ampleur des destructions et des besoins à Gaza, nous nous efforçons d’apporter une aide vitale à la population aussi vite que possible », a précisé M. Haq.

Par ailleurs, le Bureau du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) en Palestine ont exprimé leur inquiétude face à la « vague de violence renouvelée » perpétrée par les colons et les forces armées israéliennes en Cisjordanie occupée. Celle-ci coïncide avec la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza.

Le HCDH a également indiqué que la violence s’accompagnait de restrictions accrues à la liberté de mouvement des Palestiniens, notamment la fermeture des points de contrôle et l’installation de nouvelles barrières, ce qui a eu pour effet de confiner des communautés entières.

Le Bureau des droits de l’homme s’est également dit préoccupé par la volonté d’Israël d’étendre et d’intensifier ses opérations dans le territoire palestinien, alors que plusieurs attaques récentes de colons contre des villages palestiniens ont été rapportées. Un raid mené, lundi, par les forces israéliennes dans plusieurs villes de Cisjordanie a en outre causé la mort d’un adolescent palestinien.

« Israël a l’obligation de démanteler les colonies, d’évacuer tous les colons de la Cisjordanie occupée et de mettre fin à sa présence illégale dans le territoire palestinien occupé le plus rapidement possible. Dans l’intervalle, Israël a l’obligation d’assurer la protection des Palestiniens contre tous les actes de violence », ont rappelé les services du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk.

© UNICEF/Alaa Badarneh

De son côté, l’OCHA s’est dit extrêmement préoccupé par la sécurité des Palestiniens dans la ville et le camp de réfugiés de Jénine, où les forces israéliennes opéraient mardi.

« Selon les premiers rapports, les frappes aériennes, les bulldozers et l’opération des forces secrètes ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés, y compris parmi le personnel médical », a déclaré M. Haq lors du point de presse.

L’opération israélienne en cours fait suite à des semaines d’affrontements entre les forces palestiniennes et des Palestiniens armés à l’intérieur du camp de Jénine. 

L’Agences des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) indique qu’environ 2.000 familles ont été déplacées, la semaine dernière, en raison de ces affrontements.

Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…

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