Le texte qui suit provient de la synthèse de l’actualité proposée au cours du livestream de l’Electronic Intifada du 9 janvier. Visionnez la totalité de l’épisode (en anglais) ici.

Israël a poursuivi sa campagne systématique de destruction de Gaza, en particulier dans le nord, jusqu’au début de la nouvelle année.

Le ministère palestinien de la santé à Gaza a enregistré officiellement la mort de 395 Palestiniens ainsi que 936 blessés rien qu’entre le 30 décembre et le 8 janvier.

Le fonds de l’ONU pour les enfants, l’UNICEF, a rapporté qu’au cours des sept premiers jours de la nouvelle année, au moins 74 enfants ont été tués lors des attaques israéliennes.

La directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell, a déclaré : « Pour les enfants de Gaza, la nouvelle année a apporté plus de mort et de souffrance encore du fait des attaques, de la privation et de l’exposition croissante au froid. »

L’agence a prévenu que « le manque permanent d’abris élémentaires – combiné avec les températures hivernales – pose de graves menaces pour les enfants. Du fait que plus d’un million d’enfants vivent dans des tentes de fortune et que de nombreuses familles ont été déplacées ces quinze derniers mois, les enfants courent des risques extrêmes ».

Depuis le 26 décembre, huit nouveau-nés sont morts d’hypothermie.

Dans un article que nous avons publié le 4 janvier, notre contributrice Taghreed Ali écrit : « Les enfants, surtout ceux en bas âge, supportent le poids de la souffrance, en hiver. Ils sont mal équipés contre le froid et génèrent moins de chaleur corporelle que les enfants plus âgés ou que les adultes. »

Ali Abunimah a interrogé des parents en deuil ainsi que le Dr Ahmed al-Farra, le chef du département de pédiatrie du Complexe médical Nasser.

Le Dr Al-Farra a expliqué à The Electronic Intifada que son département recevait chaque jour plus de cinq cas d’enfants souffrant d’hypothermie.

Dans notre dernier livestream, nous parlions de l’enlèvement par Israël et de la disparition ensuite du Dr Hussam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahiya, dans le nord de Gaza.

L’hôpital avait été encerclé et détruit par les forces israéliennes le 27 décembre, après plus de 80 jours d’attaques incessantes du fait que les médecins refusaient d’abandonner leurs patients et leur personnel.

On est toujours sans nouvelles du Dr Abu Safiya, bien que l’organisation Euro-Med Human Rights Monitor, dont le siège est à Genève, ait déclaré qu’elle avait reçu des informations disant que « sa santé s’est détériorée en raison des tortures qu’il a subies en cours de détention, surtout à la base militaire de Sde Teiman, dans le sud d’Israël. Euro-Med Monitor met en garde contre les risques graves qu’il court, suite aux précédents cas de meurtres délibérés et de décès sous la torture d’autres médecins et de membres du personnel médical arrêtés à Gaza depuis octobre 2023 ».

Les Israéliens ont par la suite transféré le Dr Abu Safiya vers un centre d’interrogatoire situé dans le quartier d’al-Fakhura, au camp de réfugiés de Jabaliya. Là, on l’a forcé à se dépouiller de ses vêtements et il a été soumis à des corrections sévères et, entre autres, fouetté avec du gros câble qu’on utilise habituellement l’équipement électrique de la voirie. Des soldats l’ont délibérément humilié en face d’autres détenus, dont quelques membres de son personnel médical. Plus tard, il a été emmené dans un endroit non révélé avant d’être transféré au camp militaire de Sde Teiman contrôlé par l’armée israélienne.

Le 2 janvier, Physicians for Human Rights – Israel (Médecins pour les droits humains – Israël) a soumis une requête au nom de la famille du Dr Abu Safiya afin d’obtenir des informations sur sa situation et faciliter la visite d’un avocat. Mais les Israéliens ont prétendu qu’ils ne disposaient d’aucun renseignement sur sa détention.

Euro-Med Monitor a mis en garde contre la possibilité pour le Dr Abu Safiya de subir un sort similaire à celui du Dr Adnan al-Bursh, responsable du département d’orthopédie de l’hôpital al-Shifa à Gaza même. Le Dr Al-Bursh avait perdu la vie sous la torture à la prison israélienne d’Ofer, en Cisjordanie occupée, en avril dernier.

Un collègue du Dr Abu Safiya, le Dr Iyad al-Rantisi, qui était le responsable du département d’obstétrique de l’hôpital Kamal Adwan, a lui aussi été tué sous la torture dans un site géré par le Shin Bet, l’agence israélienne de renseignement, après avoir été arrêté en novembre 2023. Euro-Med a ajouté qu’Israël avait caché son décès pendant plus de sept mois.

Dans le courant de cette semaine, la mère du Dr Hussam Abu Safiya est décédée d’une crise cardiaque.

Comme nous l’avons déjà rapporté, son petit-fils Ibrahim, fils du Dr Hussam Abu Safiya, avait été tué en octobre dernier par une frappe de drone israélien.

Le Dr Hussam Abu Safiya avait dirigé les prières funéraires pour Ibrahim avant de l’enterrer dans le jardin de l’hôpital. À ce moment-là, il avait accusé l’armée israélienne d’avoir tué son fils en guise de punition pour avoir refusé d’abandonner l’hôpital, son personnel et ses patients.

Avec la décimation totale de l’hôpital Kamal Adwan et de l’hôpital indonésien, et le refus des Israéliens de laisser le moindre travailleur médical pénétrer dans le nord de Gaza, il ne reste qu’un seul hôpital en état de fonctionnement, et encore, très partiel.

L’organisation humanitaire Relief International (Secours international) fait savoir que l’hôpital Al-Awda à Jabaliya est le dernier site médical dans le nord, et son existence ne tient plus qu’à un fil.

Le 3 janvier, Al-Awda a reçu des ordres en vue d’évacuer tout le personnel et les patients de l’hôpital, « sans quoi, le site serait bombardé, y compris toutes les personnes se trouvant à l’intérieur », a déclaré Relief International.

L’organisation a ajouté que l’hôpital avait été ciblé, que « la réserve de carburant et le dernier générateur en état de marche avaient été détruits, et que les tirs d’obus se poursuivaient sur la zone environnante ».

Soixante-trois membres du personnel et 34 patients sont restés à l’intérieur, a expliqué Relief International.

« Le site n’a plus d’électricité mais continue de recevoir des patients, de prodiguer les meilleurs soins possibles sans carburant et en pleine pénurie de médicaments et de fournitures médicales. »

Plus une goutte de carburant

Mercredi, les Nations unies ont mis en garde contre le fait que « l’absence totale de carburant pour faire fonctionner les générateurs électriques des hôpitaux de Gaza soumettait la vie des patients [et entre autres des nouveau-nés] à un grave danger ».

Ce même mercredi, le Complexe médical Nasser à Khan Younis a annoncé que tous les générateurs du site s’étaient arrêtés et que seul un petit générateur fonctionnait encore pour l’instant avec une quantité de carburant suffisant pour trois heures à peine.

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue elle aussi mercredi, le ministère de la santé de Gaza a déclaré qu’il n’y avait pas de réserve de carburant dans les hôpitaux en raison des restrictions imposées à l’entrée du carburant dans l’enclave et aussi à cause du pillage.

Le ministère a prévenu que si on ne recevait pas de carburant supplémentaire, cette pénurie allait causer une catastrophe qui affecterait le fonctionnement des générateurs d’oxygène, les réfrigérateurs à médicaments et les incubateurs.

Le ministère de la santé a ajouté qu’un patient était mort mercredi suite au manque de carburant nécessaire pour faire fonctionner les équipements pour les dialyses rénales. Quelques heures plus tard, le ministère a fait savoir qu’une petite quantité de carburant avait été fournie, ce qui allait permettre de faire fonctionner les générateurs de l’hôpital, mais pendant 24 heures tout au plus.

Notre contributeur Abubaker Abed a écrit sur la crise des maladies rénales dans tout Gaza.

Dans un article que nous avons publié le 8 janvier, Abubaker Abed a parlé de plusieurs patients ainsi que d’Abdel-Naser Abu Aisha, l’infirmier en chef du département de dialyse de l’hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah.

Israël assassine des travailleurs humanitaires et encourage les gangs

Israël ne s’obstine pas seulement à entraver l’entrée de l’aide humanitaire, du carburant, des médicaments et des vivres, à mesure que le massacre ethnique se poursuit dans le nord de Gaza, mais il continue également de détruire toute aide et de tuer le personnel censé la délivrer.

Les forces israéliennes encouragent également et soutiennent les actions de gangs armés se livrant au pillage et à la destruction de tout ordre social.

Selon l’organisation humanitaire Oxfam, sur seulement 34 camions de nourriture et d’eau « autorisés à entrer dans le gouvernorat du nord de Gaza au cours des deux derniers mois et demi, les retards délibérés et les obstructions systématiques de l’armée israélienne ont fait que seulement 12 [camions] ont réussi à distribuer de l’aide aux civils palestiniens affamés ».

« À propos de trois des douze camions d’aide qui ont pu entrer », a déclaré Oxfam,

« une fois la nourriture et l’eau livrées à l’école où les gens s’étaient réfugiés, l’école a été aussitôt évacuée et bombardée au cours des heures qui ont suivi. »

Sally Abi Khalil, la directrice d’Oxfam pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré : « La situation à Gaza est apocalyptique et les gens sont piégés, incapables de trouver la moindre sécurité. Il y a le désespoir absolu de n’avoir ni nourriture ni toit pour votre famille dans le froid mordant de l’hiver. Il est vraiment répugnant, alors que le droit international est violé de façon si flagrante par Israël et que l’affamement est utilisé en permanente comme une arme de guerre, que les dirigeants mondiaux continuent de ne rien faire. »

Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence Tom Fletcher a déclaré le 6 janvier que les efforts de l’ONU en vue de sauver des vies avaient atteint un « point de rupture ».

Fletcher a dit : « Une frappe israélienne a grièvement blessé trois personnes à un point de distribution de vivres où opérait un partenaire du Programme alimentaire mondial. À un check-point reliant le sud au nord, les soldats israéliens ont tiré plus de 16 balles sur un convoi portant bien en évidence les marques de l’ONU. »

Des gangs palestiniens armés, a-t-il ajouté, « ont détourné six transporteurs de carburant qui étaient entrés en empruntant le passage de Kerem Shalom, ce qui nous a laissés pratiquement sans carburant pour la poursuite des opérations humanitaires. Ces incidents font partie d’un dangereux schéma de sabotage et de perturbation délibérée ».

Fletcher a ajouté que le 3 janvier, « les forces israéliennes avaient intensifié leurs attaques lors du déplacement d’un convoi humanitaire de 74 camions. Une frappe de drone avait touché un véhicule de la communauté locale qui protégeait une partie du convoi. Et, il y a quelques jours à peine, une mission de l’ONU sortie de Jabaliya s’est heurtée à des soldats israéliens hostiles qui ont menacé des patients gravement malades et en ont même arrêté quatre ».

« Il n’y a pas d’ordre civil significatif », a déclaré Fletcher.

« Les forces israéliennes sont incapables ou très peu désireuses d’assurer la sécurité de nos convois. Des déclarations des autorités israéliennes diffament nos travailleurs humanitaires même si l’armée les attaque. Les volontaires de la communauté qui accompagnent nos convois sont ciblés. Il existe une perception, désormais, de ce qu’il est dangereux de protéger les convois humanitaires mais, par contre, nettement plus sécurisant de les piller. »

Euro-Med Human Rights Monitor a rapporté cette semaine que le soutien israélien aux gangs organisés afin de voler l’aide humanitaire était une tentative calculée en vue de « semer le chaos et l’insécurité dans le cadre de sa guerre génocidaire et de créer des conditions désastreuses qui se traduiront par la destruction des Palestiniens de la bande dans leur ensemble ».

Le bureau gouvernemental des médias de Gaza a déclaré le 2 janvier que l’armée israélienne avait assassiné Mahmoud Salah, le directeur général de la police palestinienne dans la bande de Gaza, ainsi que son adjoint Hussam Shahwan.

Les meurtres ont été « une lâche opération d’assassinat qui les a ciblés alors qu’ils accomplissaient leur devoir national et humanitaire dans la zone d’al-Mawasi dans le gouvernorat de Khan Younis, dans le sud de Gaza, dont l’occupation prétend qu’il s’agit d’une ‘zone humanitaire sûre’ et cela se traduit par plus de morts et de blessés encore », a déclaré le bureau des médias.

« Cette escalade fait partie d’un plan manifeste via lequel l’occupation israélienne cherche à créer un vide administratif et gouvernemental et à semer le chaos et la pagaille sécuritaire dans la bande de Gaza, dans une tentative en vue de saper la détermination de notre peuple et de le déstabiliser », a mis en garde le bureau des médias.

« L’horrible augmentation du nombre de martyrs parmi les travailleurs humanitaires (736 morts, désormais), montre bien l’ampleur des crimes commis par l’occupation, qui cible toute personne fournissant de l’aide et portant secours à notre peuple palestinien affligé. »

De nouveaux journalistes tués

Israël a tué deux journalistes à Gaza depuis le début de la nouvelle année.

Le 2 janvier, une frappe de drone israélien à tué Hassan al-Qishaoui.

Le 3 janvier, Omar Salah al-Diraoui, un photojournaliste qui travaillait pour un certain nombre d’agences d’information, a été tué lors du bombardement par Israël de sa maison dans la zone d’al-Zuwaida, dans le centre de la bande de Gaza, a fait savoir le bureau gouvernemental des médias de Gaza.

Le bureau des médias explique que ces morts portent à 202 le nombre de journalistes et de travailleurs des médias tués par Israël depuis octobre 2023.

Lors d’une conférence de presse, notre contributeur Abubaker Abed a fait état des attaques incessantes contre les journalistes et du silence permanent et obstiné des médias occidentaux.

Mise en évidence de la résilience

Finalement, comme c’est devenu l’habitude, nous avons voulu partager des images de personnes qui expriment leur défi et leur résilience face à la campagne de destruction israélienne.

L’utilisatrice de Twitter/X @NourGaza a publié ces photos d’oiseaux posés sur le toit de sa tente, après une averse de pluie.

Elle explique : « Je n’ai pas voulu faire tomber toute l’eau de pluie du toit de la tente, afin de laisser boire les oiseaux. »

Ali Jumaa, du nord de Gaza, a posté cette vidéo de lui-même, de son ami et de ses enfants en train de jouer pendant une averse de grêle :

Et le journaliste Anas al-Sharif, qui est l’un des derniers journalistes restés dans le nord de Gaza et qui a été séparé de sa famille à cause de son travail, a pu retrouver son bébé Salah cette semaine.

Article de Nora Barrows-Friedman, rédactrice en chef adjointe de The Electronic Intifada, paru initialement le 1er janvier 2025

Source : The Electronic Intifada – Traduction : Plateforme Charleroi-Palestine

Source : Collectif Palestine Vaincra
https://palestinevaincra.com/…

Laisser un commentaire