Une analyse juste et sans concession des faits sur le terrain syrien. Par delà toutes les impostures et propagandes occidentale-sionistes, à lire et diffuser sans modération. La Syrie possède en son sein une solution à étendre à toute la région : le Confédéralisme Démocratique, qui n’a pas été conçu pour être une « exclusivité » kurde, bien au contraire. Ce mode de société est universel à l’humain et doit renaître pour une nouvelle étape de notre évolution sur le chemin de notre humanité vraie.
~ Résistance 71 ~
“Le droit à l’auto-défense, de défendre son quartier, sa ville, et le pays entier face à n’importe quel agresseur réactionnaire est un aspect important de l’organisation.”
~ Azad, membre des Unités de Défense Populaire, YPG, Rojava ~
La nation syrienne est sous occupation
Tout comme la Résistance palestinienne et libanaise est fatiguée mais résiliante, la nation syrienne sous occupation est amenuisée mais pas hors de combat
Al Mayadeen (Liban)
28 décembre 2024
Url de l’article original :
https://english.almayadeen.net/articles/opinion/the-syrian-nation-is-occupied
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
La Syrie n’est pas morte, elle est occupée. Les deux plus grandes armées de l’OTAN (NdT : Les USA et la Turquie), les Israéliens et leurs marionnettes alambiquées Al Qaïda (NdT : Al CIAda) avaient occupé un tiers du pays avant le 8 décembre 2024, maintenant ils en occupent les 100%. Le gouvernement de “transition” mené par des terroristes listés comme tels par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies (CSNU) a du chemin à faire avant de recevoir une quelconque approbation locale ou internationale (NdT : nous ne retenons pas notre souffle quant à l’approbation “internationale” des caniches de l’empire…), et une résistance civile et armée a déjà émergé.
Le régime HTS (Jabhat al Nosra, Al-Qaeda) n’a pas de mandat démocratique ni révolutionnaire et ses sponsors se dépêchent d’essayer de le réétiqueter (l’organisation est toujours terroriste pour le CSNU et est une organisation terroriste bannie) comme étant démocratique et inclusive. Il ne fait aucun doute qu’ils trouveront quelques collaborateurs branquignols. Beaucoup de Syriens sont en train de se réinventer pour survivre et, dans certains cas, de trouver un rôle dans le nouveau régime. Pourtant, d’après la Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU, après l’offensive de HTS, un autre million de personnes ont été “nouvellement déplacées” tandis que certains qui avaient fui la sale guerre retournent au pays.
Pourtant, devant la tragédie de la prise de pouvoir d’Al Qaïda en Syrie, il y a une renaissance des valeurs syriennes, un phénomène qui n’est ni rapporté par les médias anglo-americano-sionistes ni par leurs médias alliés en Turquie et au Qatar (NdT : référence ici à l’omniprésente Al Jazeera). Tout comme pour les crimes israéliens à Gaza, nous devons nous tourner vers les médias sociaux pour trouver les détails des :
1- crimes du régime Al Qaïda
2- toujours plus de fausse propagande et d’exagérations sans fin contre le régime tombé d’Assad, utilisées pour justifier une occupation étrangère et
3- l’émergence d’une résistance civile et armée à cette occupation. C’est précisément cette résistance qui nous dit que la nation syrienne est toujours vivante…
Assad est parti et il est hautement inconcevable qu’il revienne. Beaucoup de ceux qui étaient proches de lui sont amers quant à sa manière de sortie si rapide. Il s’est rendu, dans quelles circonstances nous ne le savons toujours pas, laissant ainsi un vide que l’occupation étrangère s’est empressée de combler.
Il est très clair qu’il y a eu un échec et une démission de l’armée arabe syrienne, de son commandement et de son commandant en chef (Assad), ce pas nécessairement de la volonté même des soldats syriens. Certains groupes de militaires syriens sont déjà passés en mode guérilla sur les terroristes sectaires. C’est d’une ignorance crasse que d’étiqueter ces braves soldats simplement comme des “loyalistes” au régime ou à Assad lui-même. Ils ne font que défendre de l’intérieur une Syrie indépendante et inclusive et sa constitution qui est aujourd’hui sous sérieuse menace.
Il y a eu pas mal de spéculations sur les rôles de la Russie et de l’Iran dans l’effondrement du gouvernement Assad. Des analystes autrement plus sobres, se réfèrent même à un Poutine “poignardant Assad dans le dos”. Nous ne pouvons voir aucune preuve de cela ou d’une quelconque trahison, à la seule exception que le soutien de l’armée russe à l’armée arabe syrienne contre les armées d’invasion par procuration a toujours eu pour limite de ne pas entrer directement en conflit avec “Israël” ou la Turquie. Les explications iraniennes de l’effondrement du gouvernement Assad suivent ces lignes : l’Iran a averti Damas de la menace en cours depuis septembre et a offert une aide directe, mais Assad a refusé cette aide, voulant se distancier de l’Iran et visant à obtenir une sorte de succès économique avec les monarchies arabes du Golfe Persique.
Il est possible qu’il ait été trompé par de fausses promesses, mais en tous les cas, il n’a pas appelé l’Iran à l’aide. Dans ces circonstances, sans y être invitée, l’Iran ne pouvait pas combattre pour l’armée syrienne. Des sources proches de l’armée syrienne ont dit qu’Assad a opéré des changements incompréhensibles au sein des commandants les plus expérimentés, menant sur la roche quelques généraux les plus capables. Il est certain que la Syrie a été sous une énorme pression économique et que cela a pu affaiblir grandement ses capacités de résistance. Pourtant, à la fin, il y a eu un échec du commandement syrien qui a mené à la réddition d’Assad. Du même raisonnement, on peut être d’accord avec la première explication proposée par Helena Cobban disant : “Poutine a décidé qu’il ne pouvait pas sauver le gouvernement Assad s’il ne pouvait pas se sauver lui-même.”
Avec les Syriens maintenant s’adaptant à survivre sous la règle islamiste de HTS, beaucoup espérant que leurs vies seront “libres” ou se dérouleront normalement, il ne fait aucun doute qu’une grande tragédie leur est tombée dessus. Oubliez la propagande non-stop contre Assad, un régime politique emmené par Al Qaïda mis en place par des puissances étrangères prédatrices est le pire des résultats pour le peuple syrien. Les “Israéliens” battus dans les combats au sol à Gaza et au Liban, ont obtenu une option libre en Syrie, se ruant pour y occuper de grands espaces du sud et d’y bombarder toute l’infrastructure militaire existante. La chute du gouvernement Assad fut donc un revers cinglant pour l’Axe de la Résistance [contre l’occupation coloniale sioniste génocidaire], le seul véritable allié de la Résistance palestinienne et libanaise [du Hezbollah].
Dans les premiers jours, alors que les médias occidentaux rapportaient que la “violence sectaire était moindre qu’envisagée et crainte”. Il y eut des douzaines d’assassinats sectaires en Syrie. Les crimes du régime HTS commencèrent de manière plutôt sporadique que systématique, alors que Joulani et ses sbires essayaient de polir leur image de marque pour leurs sponsors étrangers. Mais le caractère sectaire de HTS n’a pas changé. Alors qu’en 2011, les terroristes salafistes chantaient “Les chrétiens à Beyrouth et les Alaouites au cimetière”, en décembre 2024, la foule pro-Joulani chantait “Homs aux sunnites, dehors les alaouites”.
Les Syriens cherchèrent un espoir dans la nouvelle rhétorique qui affirmait que, malgré son histoire bien sanglante, le régime HTS affirmait sa “tolérance” pour les minorités et les femmes. Beaucoup de Syriens ont agité le nouveau drapeau (NdT : qui s’avère être le drapeau syrien lors du mandat de protection français après le démantèlement de l’empire ottoman…) pour se protéger, tandis que d’anciens soldats syriens se précipitèrent pour rechercher une amnistie du nouveau régime, craignant des représailles. Beaucoup furent arrêtés et mis en prison. (NdT : surtout ne pas se demander ce qu’il se passe dans les geôles d’un régime Al CIAda…)
Pourtant les crimes de HTS furent filmés et publiés, comme le meurtre sectaire de deux soldats qui furent appelés “cochons nousayri (alaouites)”. Il y a maintenant des médias sociaux qui documentent les crimes du régime HTS et d’autres qui documentent les actions de résistance. (NdT : comme la Ligue de Defense Musulmane Alaouite, qui “défend les musulmans et non-musulmans contre le suprématisme juif, l’islamisme hasbara et le christianisme sioniste”… https://x.com/AlawiteLeague?mx=2)
Quoi qu’il en soit, la nation syrienne demeure parce qu’il y a une résistance, civile et armée. Il y a eu des attaques en mode guérilla sur des forces de HTS sur la côte entre Jableh et Lataquié (le 14 décembre), à Talfita dans la campagne de Damas (le 20 décembre) et avec d’autres embuscades faites par d’anciens soldats à Tartous (25 décembre) qui a tué 14 et blessé 10 combattants de HTS, tout comme les citoyens de la ville de Daraa ont caillassé les envahisseurs israéliens et que de braves foules ont organisé des manifestations sur la place des Oumeyyades de Damas. Damas demandant des élections, les droits des femmes et une fin des attaques sectaires. Dans une tentative de normaliser cette violence, l’agence Reuters a rapporté que la “police” syrienne a imposé un couvre-feu après des “émeutes”.
Il y a eu des manifestations similaires à Homs, Alep, par des chrétiens dans les zones chrétiennes de Damas et à Tartous contre la politique et la pratique sectaires. A Tartous, le vieux slogan promettant la loyauté à Assad (“avec notre âme avec notre sang”) est devenu un serment de loyauté à la Syrie pour des gens de toutes les sectes religieuses.
Après l’attaque de Tartous à Noël, de gros renforts de HTS ont été vus se déplaçant vers les villes côtières, avec des rapports indiquant que des sunnites rejoignaient les manifestants chiites, alaouites et les chrétiens demandant que les combattants étrangers soient expulsés du pays. Joulani a suggéré que ces combattants étrangers pourraient recevoir la citoyenneté syrienne. Pourtant, il y a des milliers d’extrémistes étrangers en Syrie (Tchétchènes, Ouïghours, Ouzbeks, Afghans, Albanais, Européens etc…) dans les rangs de la coalition HTS soutenue par l’OTAN.
Dans leurs efforts de couvrir l’histoire et les crimes des gangs de HTS et de faire diversion des crimes israéliens contre Gaza, le Liban et la Syrie, les merdias occidentaux se sont empressés de ressasser les crimes supposés du régime Assad. J’ai parlé de tout cela dans mon livre de 2016 “The Dirty War on Syria.”
En bref, des massacres “faux-drapeaux” furent utilisés pour imposer un embargo économique contre la Syrie en 2012 (NdT : même scénario que pour l’Irak…) ; les accusations multiples (2013-2018) d’utilisation par Assad d’armes de destruction massive, en l’occurence des armes chimiques sont aussi faux-drapeaux : des attaques perpétrées par des groupes armés soutenus par les Etats-Unis, puis faussement blâmées sur l’armée arabe syrienne. La plupart des accusations d’abus impliquaient des combattants terroristes capturés ou blessés, terroristes que les merdias occidentaux s’empressaient de qualifier “d’opposition politique”. Dans le cas des soi-disants “charniers”, à l’encontre de ceux des civils et médecins assassinés par les sionistes à Gaza, en Syrie, les charniers étaient des cadavres de terroristes tués dans des opérations militaires de grande envergure.
Il y eut le cas notoire de “César”, un fonctionnaire de la morgue de Damas qui s’est enfui au Qatar en 2014 avec des photos de cadavres et qui affirmait que ces corps dans une morgue en temps de guerre, étaient ceux de prisonniers de “l’opposition” qui avaient été torturés à mort dans les geôles du régime. Pourtant, même l’organisation Human Rights Watch basée aux Etats-Unis, qui passait son temps à émettre de la propagande contre la Syrie pendant cette sale guerre, a été obligés d’admettre que plus de la moitié de ces photos étaient des photos de “soldats du gouvernement et autre combattants armés, ou de civils, tués dans des attaques, des explosions ou des assassinats.”
Des affirmations des plus exagérées contre l’armée syrienne ont été répandues afin de couvrir les bien pires et très bien documentées atrocités sectaires de Daesh (NdT : armée mercenaire “djihadistes” salafistes de l’OTAN financée essentiellement par le Qatar, donc Exxon-Mobil pour sa guerre du gaz en cours…) et des gangs de HTS (NdT : Al CIAda),crimes qui conduisirent les groupes mercenaires d’Al Nosra, HTS et l’EIIL / Daesh, à être listés dans les groupes terroristes par le CS des Nations-Unies. Ce que cela veut dire pour la reconnaissance d’une Syrie dirigée par HTS est des plus intéressant. Bien sûr, Washington veut légitimer son armée mercenaire triomphante en Syrie, mais le faire mettrait en péril le narratif déjà bien ténu que Washington “combat le terrorisme” dans de multiples pays ; ainsi ils peuvent préférer la création d’une faible coalition de HTS et de ses collaborateurs, des individus choisis parmi les minorités et l’ancien gouvernement. Au niveau du CSNU, une décision unanime est nécessaire pour lever l’interdiction de HTS, autrement, des gels des avoirs, interdictions de voyager et un embargo sur les armes sont attendus de chaque pays.
En général, ce que veut Washington en Syrie est essentiellement la destruction de la volonté d’indépendance qui lui permet d’être l’alliée de l’Iran et le soutien de la Résistance palestinienne et libanaise. Cette mission a été menée à bien, pour l’heure. Ce qui va se passer ensuite est moins important pour les Etats-Unis et sa base avancée “Israel”, mais pourrait vouloir dire : a) des luttes sectaires ÷a long terme comme en Libye après que Kadhaffi fut renversé (NdT: par l’OTAN une fois de plus en 2011) ou b) un démantèlement de l’état dans le style de l’Irak pour en faire un système fédéral sectaire et faible. Dans chaque cas, le but est de prévenir la restauration d’une nation ayant une volonté politique indépendante.
Il y a eu des plans antérieurs pour la partition de la Syrie, à la fois du régime colonial français et des options variées flottant en relation au projet des Etats-Unis pour un “nouveau Moyen-Orient”. Ces plans impliquaient un mini-état alaouite sur la côte ouest, une sorte de protectorat Druze dans le sud, peut-être une région kurde dans le nord-est et un cœur du pays “sunnite” géré par les extrémistes salafistes. Mais une telle partition est maintenant sujettes à des contraintes : primo, le point auquel peut parvenir la résistance unifiée post-Assad et sa capacité à affaiblir la règle imposée par les factions coalisées de HTS et des extrémistes étrangers, secondo est ce que va saisir Erdogan sur les parties du Nord de la Syrie et de sa demande d’élimination les séparatistes kurdes en Turquie ; tertio est la vitesse d’annexion d’Israel des parties du sud du pays et des montagnes entre la Syrie et le Liban. Il n’y a absolument aucune indication que le régime HTS s’opposerait aux ambitions territoriales des Israéliens ou des forces turques d’Erdogan, ces forces ayant fourni un soutien considérable aux forces d’Al Nosra / Daesh / HTS.
Une 4ème contrainte est la résolution 2254 de l’ONU de 2015 que Washington et ses mignons ont utilisé contre Assad mais qui pourrait maintenant devenir un obstacle au régime de HTS : la résolution demande le maintien de l’intégrité territoriale de la Syrie, une “gouvernance crédible, inclusive et non-sectaire”, une nouvelle constitution suivie par des “élections libres et justes”. Les pays arabes de la région sont essentiellement d’accord avec la résolution 2254 du CSNU, tout comme le sont la Russie et le Chine. Bien que les officiels de l’ONU soient essentiellement soumis aux desiderata des grandes puissances, appelant le régime HTS une “flamme d’espoir”, les résolutions du CSNU vont certainement influencer la légitimité internationale.
Pour l’heure, le régime de HTS n’a ni mandat démocratique ni mandat révolutionnaire, il est donc tout à fait légitime de le renverser de la même manière qu’il est venu au pouvoir, jusqu’à ce qu’il y ait un véritable mandat démocratique. Cela place une lourde responsabilité sur la nation syrienne : peut-elle résister par des méthodes de guérilla civile et militaire à un régime d’occupation sectaire soutenu par les deux plus grosses armées de l’OTAN (NdT : rappelons-le les USA et la Turquie) plus l’entité sioniste, qui a déjà détruit la quasi totalité de l’infrastructure militaire du pays ? Quoi qu’il en soit et comme nous l’avons vu dans bien des pays déjà, même contre toute attente, tant qu’il y a de la résistance, la nation vit et survit.
L’Iran pense que l’Axe de la Résistance, le soutien clef de la Palestine et du Liban, via maintenir sa position d’avantage moral et stratégique contre les Israéliens et va s’adapter aux changements qu’impliquent la chute de Damas. L’ancien commandant du CGRI iranien, le major-général Mohsen Rezaei ajoute que de son point de vue, la résistance syrienne va rapidement se développer et gagner et puissance. “En moins d’un an, les Syriens raviveront la résistance de leur pays d’une manière différente et vont neutraliser le plan maléfique des Etats-Unis et du régime sioniste” et de leurs collaborateurs.
Alors que nous pouvons comprendre que beaucoup de Syriens vont tester toutes les options possibles pour survivre sous le régime actuel, ces étrangers qui célébrèrent la chute d’Assad et partagèrent naïvement le slogan d’une “Syrie libre” devraient apprécier le fait qu’ils applaudissent une grande victoire des Israéliens et de la stratégie américaine d’écraser la ligne principale d’approvisionnement pour la Résistance palestinienne et libanaise. L’Iran va s’assurer que cette ligne soit reconstruite. Tout comme la résistance palestinienne et libanaise est épuisée mais résiliante, la nation syrienne occupée a pris un coup, mais n’est pas hors de combat.
(Envoyé par A. Djerrad)
Source : Résistance 71
https://resistance71.wordpress.com/…