Des Palestiniens pleurent leurs proches tués dans le bombardement israélien de la bande de Gaza à la morgue d’un hôpital de Deir al-Balah, le vendredi 1er novembre 2024. [AP Photo/Abdel Kareem Hana]
Par Andre Damon
Chaque homme, femme et enfant qui reste dans le nord de Gaza «est en danger imminent de mort», a averti samedi Catherine Russell, directrice du Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
Il y a près d’un mois, Israël a lancé un assaut sur le nord de Gaza pour mettre en œuvre le soi-disant «plan des généraux» pour le nettoyage ethnique de l’ensemble du nord de Gaza. Pratiquement aucune nourriture, eau ou fournitures médicales n’ont été autorisées à entrer dans la partie nord de la bande de Gaza, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir.
Ceux qui restent, soit environ 100.000 personnes, sont coupés de tous les besoins essentiels de la vie et sont systématiquement affamés ou tués par les bombardements israéliens.
Le «plan des généraux» d’Israël est mis en œuvre avec l’approbation et le soutien des États-Unis, qui continuent de financer et d’armer le génocide israélien à Gaza. Les États-Unis envoient également des troupes au Moyen-Orient pour aider Israël dans sa guerre contre les populations de Gaza, du Liban, de la Syrie et de l’Iran.
En raison de cette campagne de famine et de meurtres, «toute la population palestinienne du nord de Gaza, en particulier les enfants, est exposée à un risque imminent de mourir de maladie, de famine et des bombardements en cours», a déclaré Russell.
«Ce week-end a vu des attaques meurtrières dans le nord de Gaza». Russell a ajouté: «Au cours des dernières 48 heures seulement, plus de 50 enfants auraient été tués à Jabalia, où les frappes ont rasé deux bâtiments résidentiels abritant des centaines de personnes».
Elle a poursuivi: «En tenant compte du niveau horrible de décès d’enfants dans le nord de Gaza à la suite d’autres attaques, ces événements les plus récents représentent un autre chapitre sombre dans l’une des périodes les plus sombres de cette terrible guerre».
Russell a déclaré que le droit international interdit de cibler les civils et les travailleurs humanitaires. «Pourtant, ces principes sont bafoués à maintes reprises, laissant des dizaines de milliers d’enfants tués, blessés et privés de services essentiels à leur survie».
Ces déclarations ont été reprises par Rachel Cummings, porte-parole de Save the Children (Sauvons les enfants), qui a déclaré à Al Jazeera: «Nous voyons l’apocalypse se dérouler actuellement dans le nord de Gaza. Les gens sont constamment bombardés d’attaques aériennes, et bien sûr, nous savons que la nourriture et l’eau ne sont pas suffisantes. On empêche les convois de nourriture et d’eau d’entrer au nord… C’est absolument catastrophique».
Elle a ajouté que 20.000 enfants sont portés disparus ou non accompagnés, et que 14.000 autres enfants ont été tués. «[Les enfants] doivent assumer des rôles dans des contextes familiaux qui ne sont pas pour les enfants. Ils assument des rôles d’aidants. Ils doivent aller chercher de l’eau, essayer de trouver de la nourriture», a-t-elle déclaré. «Ils ont vu des choses qu’aucun enfant ne devrait jamais voir».
Les tueries de masse se sont poursuivies dimanche, les frappes israéliennes ayant tué 31 personnes dans la bande de Gaza ce jour-là, a rapporté Reuters. Les meurtres ont eu lieu lors d’attaques distinctes contre des maisons dans la ville de Beit Lahiya et à Jabalia. Les forces israéliennes ont attaqué l’hôpital Kamal Adwan près de Beit Lahiya, blessant grièvement un enfant et endommageant la crèche de l’établissement.
Le Dr Hussam Abu Safia, directeur de l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de Gaza, a décrit à Al Jazeera les conditions horribles dans lesquelles le personnel médical travaille. «Lorsque les forces israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital et arrêté tout le personnel médical, moi-même, avec mon médecin assistant, nous nous sommes retrouvés seuls entre le marteau et l’enclume, soit abandonner, soit commencer à faire ce que nous pouvons pour sauver des vies», a déclaré Abu Safiya à Al Jazeera. «Nous avons été submergés de victimes souffrant de toutes sortes de blessures». Il a conclu: «Nous avons été abandonnés par le monde entier et laissés au travail dans des conditions incroyablement dures et horribles».
Dans un communiqué, l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a écrit: «Depuis le début du mois d’août 2024, l’armée israélienne a pris pour cible 65 fois des écoles, des hôpitaux, des cliniques et des abris, dont 39 fois au cours du mois d’octobre, tuant 672 Palestiniens et en blessant plus de 1.000 autres, selon l’équipe de terrain d’Euro-Med».
Au moins 43.341 personnes ont été tuées et 102.105 blessées par les attaques israéliennes contre Gaza depuis le 7 octobre 2023, a déclaré le ministère de la Santé de Gaza au cours du week-end. La majorité de Gaza a été rasée, 87% des habitations ayant été détruites ou endommagées, et 87% des bâtiments scolaires détruits ou endommagés, selon les chiffres de l’ONU.
Les frappes aériennes israéliennes se sont poursuivies dans tout le Liban ce week-end, blessant 10 personnes et endommageant deux hôpitaux. Les attaques israéliennes entre le 17 septembre et le 31 octobre ont tué 85 travailleurs de la santé, a rapporté Al Jazeera.
Selon le ministère libanais de la Santé, le bilan des bombardements israéliens en cours sur le Liban s’élève à 2.986 morts, dont au moins 772 femmes et enfants.
Dans le contexte de ce désastre en cours, les États-Unis ne font qu’approfondir leur implication dans le déchaînement d’Israël au Moyen-Orient. Au cours du week-end, le chef du Commandement central américain (CENTCOM), Michael Kurilla, est arrivé en Israël pour visiter les troupes américaines déployées dans le pays, à la tête d’une batterie de défense aérienne américaine. L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué que la visite portait sur «les menaces au Moyen-Orient, en mettant l’accent sur l’Iran» et que l’armée israélienne «approfondira ses relations avec les forces armées américaines».
Samedi, le Commandement central américain a annoncé que des bombardiers B-52, capables à la fois de larguer des armes nucléaires et d’effectuer des bombardements massifs de saturation, sont arrivés au Moyen-Orient. «Les bombardiers stratégiques B-52 Stratofortress de la 5e escadre de bombardement de la base aérienne de Minot sont arrivés dans la zone de responsabilité du Commandement central des États-Unis», a déclaré le Commandement central.
Dans un communiqué cité par le Jerusalem Post, l’armée de l’air américaine a déclaré que les bombardiers B-52 sont capables de larguer «des munitions nucléaires ou conventionnelles à guidage de précision avec une capacité de navigation de précision mondiale». Elle a ajouté: «Dans un conflit conventionnel, le B-52 peut jouer des rôles divers, que ce soit l’attaque stratégique, l’appui aérien rapproché, l’interception aérienne, la contre-attaque aérienne ou des opérations maritimes». Les bombardiers stratégiques font partie d’un déploiement de destroyers, d’escadrons de chasse et de pétroliers américains en soutien à la guerre d’Israël dans toute la région.
(Article paru en anglais le 4 novembre 2024)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…