Un Palestinien tient le corps d’un parent tué dans le bombardement israélien de la bande de Gaza à la morgue d’un hôpital, à Deir al-Balah, mardi 8 octobre 2024 [AP Photo/Abdel Kareem Hana]
Par Andre Damon
Un an après le début du génocide de Gaza, Israël, avec le soutien de l’impérialisme américain, ne fait qu’intensifier l’extermination et le nettoyage ethnique de la population civile de Gaza.
Entre le 5 et le 7 octobre, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont annoncé le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes des zones du nord de Gaza alors qu’Israël poursuit son offensive près du camp de réfugiés de Jabalia.
Malgré des informations publiées sur les réseaux sociaux disant que «Jabalia [était] en train d’être anéantie», aucun bilan n’a été publié, dans le contexte de l’effondrement presque total de l’infrastructure médicale de Gaza.
«Les attaques dans le nord de Gaza, combinées aux ordres d’évacuation massive, qui sont incompatibles avec le droit humanitaire international, soulèvent de graves inquiétudes quant au déplacement forcé et au transfert forcé des résidents palestiniens de Gaza», a averti lundi le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
Mardi, les forces israéliennes ont exigé l’évacuation des hôpitaux Kamal Adwan, Indonésien et al-Awda, dans le nord de Gaza dans les 24 heures.
«Il est évident qu’il y a un nouveau plan pour déplacer notre peuple dans le nord de Gaza en démantelant le système de santé, dans tous ses secteurs, dans cette zone», a déclaré Hussam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, dans un communiqué. « Nous avons informé tout le monde que la région nord est densément peuplée et compte un nombre important d’habitants. Nous avons le droit de continuer à fournir des services à ces personnes. Nous resterons inébranlables, nous resterons et nous continuerons d’offrir des services médicaux, quel qu’en soit le coût».
Il a ajouté dans une interview à CNN: «Ce qui se passe est un déplacement arbitraire et clair des habitants du nord de Gaza.» Il a poursuivi: «L’hôpital Kamal Adwan est toujours le seul hôpital en activité dans le nord, donc mettre l’hôpital hors service serait un grand désastre pour les personnes qui en ont besoin. Il y a encore beaucoup de patients à l’hôpital et beaucoup de bébés et d’enfants dans l’unité néonatale, il est donc difficile d’évacuer. »
Les Nations Unies ont rapporté dans leur mise à jour quotidienne que, dans le nord de Gaza, «plus de 400 000 personnes sont sous la pression de se déplacer vers le sud, à Al Mawasi, qui est déjà surpeuplée et manque des services élémentaires. L’accès humanitaire risque d’être encore plus limité, en particulier entre le sud et le nord de Gaza, tout comme l’accessibilité et la fonctionnalité des principales installations humanitaires dans les zones devant être évacuées ».
Ces opérations de nettoyage ethnique s’accompagnent de bombardements constants, de bombardements d’artillerie et de tirs par les troupes israéliennes.
La famine délibérée de la population de Gaza ne fait que s’intensifier. Un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a révélé que la quantité de denrées alimentaires entrant à Gaza en septembre était la plus faible depuis mars 2023 et qu’elle constituait une baisse majeure de la disponibilité de nourriture pour les enfants âgés de 6 à 23 mois et les femmes enceintes et allaitantes de tout Gaza.
Selon ce rapport, «seules 5 % des femmes enceintes et allaitantes avaient consommé des produits laitiers, et seuls 6 % des enfants avaient mangé de la viande, ces pourcentages chutant à 1 et 3 % dans le nord de Gaza, respectivement».
Dans une interview à Al Jazeera, Chris Gunness, ancien porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, a accusé Israël de mener un «massacre» de la population de Gaza.
« Cette dernière année, nous avons vu Gaza passer de plus grande prison à ciel ouvert du monde à plus grand camp de concentration du monde», a déclaré Gunness à Al Jazeera.
«Aujourd’hui, Gaza a été transformé en abattoir à une échelle industrielle. Et j’utilise le mot «abattoir» à dessein parce que, franchement, les animaux de la plupart des abattoirs du monde sont tués plus humainement que les femmes et les enfants de Gaza ».
Dans un discours prononcé à l’occasion du premier anniversaire du début du génocide de Gaza, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré: «Le cauchemar de Gaza entre maintenant dans une deuxième année, atroce et abominable.»
Il a ajouté: «Plus de 41 000 [Palestiniens] ont été tués, principalement des femmes et des enfants. Des milliers d’autres sont portés disparus et sont pris au piège sous les décombres. La quasi-totalité de la population a été déplacée, et aucune partie de Gaza n’a été épargnée ».
Et de poursuivre: «Nous assistons à une nette intensification des opérations militaires d’Israël. Des zones d’habitation ont été attaquées. Les hôpitaux ont reçu l’ordre d’évacuer. L’électricité a été coupée, sans qu’aucun carburant ou marchandise ne soit autorisé. Environ 400 000 personnes sont une fois de plus poussées à se déplacer vers le sud, dans une zone surpeuplée, polluée et dépourvue des éléments de base pour survivre».
«Aucun endroit n’est sûr à Gaza, et personne n’est en sécurité» a-t-il conclu.
L’assaut lamcé par Israël contre Gaza s’accompagne d’une offensive militaire israélienne dans tout le Moyen-Orient. Une attaque directe contre l’Iran est en discussion avec le gouvernement Biden aux États-Unis alors que des opérations actives ont lieu au Liban, en Syrie et au Yémen.
Lors d’un discours prononcé mardi à l’intention du peuple libanais, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a menacé le pays de destruction «comme à Gaza».
«Vous avez l’occasion de sauver le Liban avant qu’il ne tombe dans l’abîme d’une longue guerre qui conduira à la destruction et à la souffrance comme nous le voyons à Gaza», a menacé Netanyahou, exigeant la reddition de toute résistance à Israël.
Les frappes israéliennes ont tué 36 personnes à travers le Liban mardi et en ont blessé 150. Depuis la mi-septembre, 1 473 personnes ont été tuées par des frappes israéliennes au Liban.
Mardi, Israël a également mené une frappe à Damas, en Syrie, tuant sept civils et en blessant 11 autres, selon la télévision d’État syrienne.
(Article paru en anglais le 9 octobre 2024)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…