Par Nabih al-Bourgi

En 1943, Chaim Weizmann, le premier président d’Israël de 1949 à 1952 aurait dit ou écrit :

« Quand l’historien de l’avenir assemblera la triste histoire de notre temps, il trouvera deux choses incroyables ; premièrement, le crime lui-même, deuxièmement, la réaction du monde à ce crime… Il sera étonné de l’apathie du monde civilisé devant cet énorme et systématique massacre d’êtres humains… Il ne parviendra pas à comprendre pourquoi il aura fallu émouvoir la conscience du monde. Avant tout et surtout il ne parviendra pas à comprendre pourquoi il aura fallu supplier les nations libres, dressées contre une barbarie ressuscitée (…). Deux millions de Juifs ont déjà été exterminés. Le monde ne peut plus prétendre que ces faits horribles sont inconnus ou non confirmés » [1].

Depuis, l’historien de l’avenir n’aura rien à changer sur l’abominable histoire de notre propre temps mis à part les « millions de Juifs », à remplacer par les millions d’Arabes massacrés par des descendants de ces victimes d’hier toujours utilisés comme pions sur l’échiquier politique du Levant, conformément à un projet initié plus de cent ans avant le plan de partage de la Palestine élaboré par l’ONU en 1947. C’est en tout cas ce que nous rappelle cet article de M. Nabih al-Bourgi publié suite aux déflagrations de beepers, talkies-walkies et même de téléphones portables le mardi 17 et le mercredi 18 septembre 2024. [NdT].

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Commentant la bombe d’Hiroshima, le Japonais Yasunari Kawabata a décrit le président Harry Truman comme l’homme qui a soustrait Satan à la tâche qui lui avait été confiée par les Saintes Écritures, pour le remplacer. Dans notre cas, sommes-nous en conflit avec des êtres humains ou avec Satan ?

Nous n’avons nul besoin de preuves supplémentaires pour affirmer que l’Occident a implanté ses Juifs parmi nous alors que nous étions à peine sortis de la longue nuit ottomane et qu’eux avaient vécu au rythme de l’Europe depuis le siècle des Lumières jusqu’au siècle des Cheminées, pour que nous restions à la marge du temps.

Ce qui s’est passé au Liban le « Mardi noir » ne laisse aucun doute sur le fait qu’actuellement l’Heure n’est pas « majeure » [Dans le Coran, l’Heure renvoie a priori au jour de la Résurrection dont les signes annonciateurs sont mineurs ou majeurs ; NdT], pas plus qu’il n’invite à aller dans le sens de certains commentateurs arabes et occidentaux signifiant que les Iraniens auraient impliqué leurs alliés, notamment au Liban, dans l’explosion des lignes de front ; ce qui est justement la carte en or dont s’est emparé Benjamin Netanyahou pour tenter d’entraîner les Américains vers un soutien opérationnel afin de concrétiser son slogan appelant au « changement du Moyen-Orient », même si cela impliquait de le réduire en cendres, avant que la guerre à Gaza ne le dénude jusqu’aux os.

Les commentaires disent aussi que l’Ayatollah Khomeini, qui a pris conscience des possibilités et des répercussions d’une explosion militaire à grande échelle, quelle que soit sa nature, aurait fait plus d’un pas vers l’administration Biden, mais que ces pas ont avancé au mauvais endroit et au mauvais moment; ce que Netanyahou, qui se tient sur la corne d’un taureau, tente d’exploiter au maximum à travers des politiques acrobatiques ou barbares.

Nous sommes conscients de l’étendue du fossé cybernétique entre nous et Israël comme nous sommes conscients qu’en tous lieux, toutes les portes s’ouvrent au « Mossad » et à ses activités tentaculaires principalement axées sur le Hezbollah. Il n’empêche que l’une des failles fut meurtrière. Ce qui nous amène à rappeler certaines étapes charnières du processus technologique israélien afin de mettre au clair les raisons d’un tel fossé.

Le tout commence avec les « Amants de Sion » [2] qui sont venus en Palestine au milieu du XIXe siècle et ont établi des colonies avec la connivence du baron de Rothschild et du Premier ministre britannique lord Palmerston, [le 3e vicomte Palmerston, Henry John Temple (1784-1865) dont l’’idée de se servir des Juifs comme pions sur l’échiquier politique du Proche-Orient, dans un contexte d’affaiblissement de l’Empire Ottoman, est tout à fait claire [3] ; NdT].

En 1912, la communauté juive rendue en Palestine (sous l’Empire Ottoman) envisagea de créer le « Technion » (Institut de technologie d’Israël). Il ouvrira ses portes en 1924 et aidera à la fabrication de certains produits électriques qui, par la suite, seront exportés vers les marchés mondiaux.

En 1947, avant même l’établissement des contours de l’État hébreu, Chaim Weizmann sollicite l’aide de Robert Oppenheimer, le père de la bombe atomique américaine, pour la construction du réacteur nucléaire de Dimona. Sa construction a commencé dans les années 1950, avec le soutien du Premier ministre français Guy Mollet, ami de David Ben Gourion. Il sera prêt à fonctionner en 1964 et pourra servir à la fabrication d’ogives nucléaires.

En 1983, lorsque le président Ronald Reagan envisage de lancer le programme de la « Guerre des étoiles – Star Wars », un projet de réseau de satellites dont le rôle aurait été la détection et la destruction de missiles balistiques lancés contre les États-Unis en quelques secondes, le directeur exécutif du projet, le général James Abramson, atterrit à Tel-Aviv pour signer des accords liés à la fabrication d’éléments destinés à ce programme par Israël [4].

En 2013, la société israélienne NSO Group conçoit et commercialise le logiciel espion « Pegasus » aboutissant au scandale de l’espionnage de dirigeants d’entreprises, de journalistes, de personnalités politiques et même de chefs d’֤états. Et cela, sans oublier qu’il existe 117 sociétés internationales spécialisées dans l’électronique qui ont établi des succursales centrales en Israël, alors que nos pays et sociétés arabes se noient dans la culture du Halal et du Haram (du permis et de l’interdit).

Nous ne laisserons pas le choc nous entraîner trop loin dans le pessimisme. Tout comme la Résistance a pu établir un équilibre de la terreur au niveau militaire en dépit des énormes différences au niveau de l’équilibre traditionnel des forces, il doit y avoir des moyens permettant d’établir un équilibre de la terreur au niveau cybernétique en dépit de l’énorme fossé entre nous.

Notre lutte contre Israël ne ressemblera pas à notre lutte éternelle contre Satan. Il existe des dizaines de milliers de missiles comparables au missile yéménite… Ils pourraient exploser à la figure de Netanyahou.

De plus, face à cette barbarie, tous les Libanais ont surmonté leurs querelles absurdes et tribales. D’où… la lueur d’espoir !

Nabih al-Bourji
18/09/2024

Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal

Source : Addiyar (Liban)
[صراعنا مع الشيطان]

Notes :

[1] Chaim Weizmann
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chaim_Weizmann

[2] Amants de Sion
https://fr.wikipedia.org/wiki/Amants_de_Sion 

[3] Les précurseurs non-Juifs du Sionisme 
Extrait :
« … L’intérêt croissant qui se manifeste alors pour la Palestine est lié aux craintes suscitées par l’entreprise conquérante du pacha d’Egypte Méhémet-Ali. La Grande-Bretagne joue un rôle important dans la mise en échec, en1840-41, des ambitions égyptiennes et cherche à éviter tout retour offensif de Méhémet-Ali, plus ou moins soutenu par la France. C’est à ce moment là que sont avancées des propositions préconisant la création d’un Etat indépendant en Syrie et Palestine et envisageant une immigration massive des Juifs. L’idée est de créer un Etat tampon juif entre Turcs et Egyptiens… ».
https://books.openedition.org/septentrion/48743?lang=fr

[4] Israeli Scientists Praised for Possible Contributions to Star Wars Research Program
https://www.jta.org/archive/israeli-scientists-praised-for-possible-contributions-to-star-wars-research-program

Source : Mouna Alno-Nakhal

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