Des Palestiniens inspectent les dégâts sur un site touché par un bombardement israélien à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, le samedi 13 juillet 2024 [AP Photo/Jehad Alshrafi]

Par Thomas Scripps

Les massacres de civils palestiniens perpétrés par Israël au cours du week-end se sont poursuivis lundi.

Des tirs d’artillerie, des attaques de drones et des frappes aériennes ont été lancés contre les camps de réfugiés de Nuseirat, d’al-Bureij et d’al-Maghazi, les villes de Deir al-Balah au centre de l’enclave et de Rafah au sud, ainsi que contre Gaza-ville, au nord.

Deux personnes ont été blessées dans une centrale électrique près de Nuseirat, un jour après que l’école Abu Araban dans le camp a été visée – la cinquième frappe israélienne sur une école-abri en huit jours – tuant 15 personnes et en blessant des dizaines. Le ministère de la Santé de Haza a annoncé lundi que le nombre de morts était passé à 22. Des milliers de Palestiniens déplacés avaient été hébergés dans ce complexe.

Les tirs d’obus à al-Bureij ont touché une cour d’école, celle de l’école Abu Helu, blessant une personne.

Le massacre d’Abu Araban fait suite à celui de 92 personnes à al-Mawasi, une prétendue «zone de sécurité», samedi. Aya Mohammad, 30 ans, survivante de l’attaque, a décrit lundi comment «le sol a tremblé sous mes pieds, la poussière et le sable se sont élevés vers le ciel et j’ai vu des corps démembrés», ajoutant: «Où aller, c’est ce que tout le monde demande, et personne n’a la réponse».

De nombreuses maisons ont été détruites à Rafah, les Forces de défense israéliennes (FDI) ayant lancé des missiles à partir d’hélicoptères. Dix cadavres ont été retirés des décombres. Des centaines de milliers de Palestiniens se sont réfugiés dans la ville.

Affichant leurs intentions génocidaires, les FDI ont détruit le siège de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour l’aide aux Palestiniens, à Gaza. Son commissaire général, Philippe Lazzarini, a partagé des images de la destruction avec ce commentaire: «Le siège de l’UNRWA à Gaza, transformé en champ de bataille et maintenant rasé. Un nouvel épisode de mépris flagrant du droit humanitaire international».

Cette action fait suite à une nouvelle série d’allégations non fondées d’Israël que l’agence abriterait des centaines d’agents du Hamas. Les accusations précédentes avaient servi de prétexte aux puissances impérialistes pour couper tout financement à l’organisation, chargée de nourrir, d’éduquer et de fournir des soins de santé à 5,9 millions de Palestiniens à travers le Moyen-Orient.

Tamara al-Rifai, responsable des relations extérieures de l’UNRWA, a déclaré à Al Jazeera que les images étaient «choquantes» et a noté que 190 installations de l’UNRWA, «dont la plupart servaient d’abris pour les personnes déplacées», avaient maintenant été attaquées, faisant 500 morts dans ces installations protégées par le droit international, et 1.600 blessés.

Quatre autres habitants de Gaza ont été tués dans une frappe qui a détruit une maison dans la rue as-Salam de Deir al-Balah, cinq à al-Maghazi et trois dans la rue al-Mansoura du quartier Shujayea de Gaza-ville, réduit à l’état de ruines par un assaut continu des forces de défense israéliennes ces deux dernières semaines.

Walid Thabet décrit ainsi l’attaque de Deir al-Balah: «Ma mère, une femme âgée, était assise avec moi à l’étage. Elle est descendue et au bout de cinq minutes, je l’ai sortie de sous les décombres. Nous en avons également sorti ma sœur et les enfants de ma sœur.

« Les personnes mortes sont ma mère, ma sœur et les enfants de ma sœur. Les enfants! L’un d’eux avait deux ans et demi, et les deux autres avaient deux ans.

Tareq Abu Azzoum, d’Al Jazeera, rapporte une «intensification des bombardements» dans la ville, laissant derrière eux «une traînée de destruction, provoquant beaucoup de panique et de frustration parmi les habitants des maisons voisines. C’est à Deir al-Balah qu’on avait dit aux Palestiniens d’aller se réfugier».

La municipalité de la ville a prévenu qu’elle ne pouvait plus fournir d’eau potable à 700.000 habitants de la région suite au manque de carburant.

L’approvisionnement en eau de l’enclave, limité par le siège israélien avant même la guerre, a été dévasté. Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, en juin, 67 pour cent du système d’approvisionnement en eau et d’assainissement de la bande de Gaza avait été détruit.

Les nouvelles mères et les femmes enceintes sont particulièrement touchées. Selon l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres et le Centre de santé humanitaire de Johns Hopkins, 95 pour cent d’entre elles n’ont pas assez à manger et, en février, les risques de fausses couches étaient déjà trois fois plus élevés qu’avant la guerre.

Plus de 13.000 femmes accoucheront à Gaza au cours du mois prochain et devront compter sur trois des treize hôpitaux restants de l’enclave (23 ne fonctionnent plus) pour obtenir des soins de grossesse.

Madeleine McGivern, de Care UK, a déclaré au Guardian: «Les femmes accouchent sans aucun soulagement de la douleur, vivent dans la peur, n’ont pas accès à un médecin ou à des soins prénatals, ne savent pas si elles vont accoucher dans une tente brûlante ou si elles peuvent se rendre à l’hôpital, risquent d’être victimes d’une bombe ou d’être abattues par un tireur embusqué à l’aller ou au retour».

À la crise de l’eau et de la nourriture s’ajoute la pollution causée par les montagnes de déchets solides qui s’accumulent au milieu de l’éviscération de la société gazaouie – 330.000 tonnes sur l’ensemble du territoire, souvent à quelques mètres des villages de tentes des réfugiés. De nombreux Palestiniens sont obligés de fouiller ces sites à la recherche de tout ce qui est utile ou vendable.

Le Dr Ahmed al-Fari, chef du service pédiatrique de l’hôpital Nasser, a déclaré à la BBC: «Ce n’est un secret pour personne que la principale cause d’infections intestinales dans la bande de Gaza est la contamination de l’eau distribuée à ces enfants».

Aux piles de déchets s’ajouten les montagnes de terre et de débris. Selon une évaluation des Nations unies, les quelque 140.000 bâtiments détruits à Gaza (dont 65 pour cent sont des habitations) ont produit environ 40 millions de tonnes de gravats, soit plus de 15 ans de travail pour une flotte de 100 camions.

«La topographie actuelle a changé», a déclaré un fonctionnaire de l’ONU au Guardian la semaine dernière, «Il y a des collines là où il n’y en avait pas. Les bombes de 907 kilos larguées [par Israël] modifient effectivement le paysage».

Les États-Unis ont envoyé 14.000 de ces bombes de 907 kilos à Israël depuis octobre.

Selon Pehr Lodhammar, ancien chef du service de déminage de l’ONU pour l’Irak, environ 10 pour cent des armes larguées sur Gaza n’explosent pas au moment de l’impact, ce qui entraîne, selon l’Agence de défense civile de Gaza, «plus de 10 explosions par semaine» de munitions non explosées.

Au milieu des dernières tueries, c’était au tour de David Lammy, ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement travailliste britannique, de faire le tour d’Israël et d’oindre son régime fasciste et sa guerre génocidaire de phrases onctueuses sur la «paix» et la «stabilité»

Arrivé en Israël dimanche, il est allé serrer la main du meurtrier en chef, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en pataugeant dans le sang, et lui a dit: «Je suis ici pour faire pression en faveur d’un cessez-le-feu. Les pertes humaines de ces derniers mois […] sont horribles. Il faut que cela cesse».

Quelques massacres plus tard, il a déclaré lundi aux médias, avant une rencontre avec le partenaire de Netanyahou dans le crime, le président Isaac Herzog: «Il est important que, tant que nous sommes en guerre, cette guerre soit menée conformément au droit humanitaire international».

Herzog a déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre: «Le ministre des Affaires étrangères a clairement indiqué que son pays continuerait à œuvrer et à exiger la libération de tous les otages… Les liens entre les peuples britannique et israélien sont aussi forts et robustes qu’ils sont historiques et influents, en particulier aujourd’hui, face aux défis qui nous attendent».

Lammy a déclaré aux journalistes qu’une «évaluation» des ventes d’armes à Israël avait «commencé».

Pour souligner le caractère cynique d’une telle posture, le journal israélien Maariv a rapporté que Lammy avait donné l’assurance que le Royaume-Uni ne retirerait pas son objection à la demande de mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale à l’encontre de Netanyahou et du ministre de la Défense Yoav Gallant. Cette objection aux mandats d’arrêt pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre avait été invoquée pour la première fois par l’ancien gouvernement conservateur de Rishi Sunak. Lammy avait à l’époque déclaré que le Parti travailliste abandonnerait cette contestation juridique. Les États-Unis auraient fait pression sur le Parti travailliste pour qu’il revienne sur cette position, avec un succès bien trop prévisible.

(Article paru en anglais le 16 juillet 2024)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…