Le président Abdelmadjid Tebboune D.R.
Par Mohsen Abdelmoumen
Le mandat du président Abdelmadjid Tebboune s’achève bientôt et nous nous dirigeons vers des élections anticipées en septembre prochain. C’est le moment de dresser un bilan de la présidence. Il faut reconnaître que les débuts ont été difficiles puisque ce premier mandat a été plombé par la crise du covid qui a mis l’Algérie en panne, à l’instar de toute la planète, et le président lui-même est tombé malade. Néanmoins, la crise passée, les réalisations dans différents secteurs allant de l’économie à la diplomatie où l’Algérie a rayonné, ont été positives. Le président Tebboune a mis en place des mesures très importantes, fixant un cap consistant à préserver le caractère social de l’Etat et à encourager son développement. Il a misé sur la production locale en réduisant les importations et en combattant l’informel. Il a renforcé le pouvoir d’achat, il a octroyé des avantages sociaux, comme les allocations de chômage, et sur le plan économique, beaucoup de projets ont été menés à bien. Ce n’est pas une mince affaire d’avoir une vision claire sur le plan économique sachant que les résidus de la Issaba continuent à œuvrer pour saper le travail du président. Néanmoins, on peut dire que le mandat qui s’achève a été celui d’un président qui traçait son sillon et semait les graines d’une politique responsable et constructive pour le pays.
Par contre, on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’offre politique, et l’inertie et la léthargie des acteurs politiques ne peuvent pas être imputés au président. Aucun programme, aucune perspective en matière de gouvernance de la part des partis qui ne font même pas de la figuration. Ils sont aux abonnés absents. Le soulèvement populaire de 2019 nous a montré qu’il n’y avait pas de vie politique, ni de vie associative, sauf quelques rares exceptions. Cela nous amène à réfléchir à une reconfiguration de la classe politique héritée de l’ancien multipartisme. Cette nouvelle reconfiguration des partis politiques devrait se construire sous forme de familles et de courants idéologiques plutôt que d’avoir des partis coquilles vides qui ne servent à rien et qui n’ont de politique que le nom. Il faut sortir de l’ère destructrice de la Issaba. Chaque patriote doit s’appliquer à insuffler une dynamique pour faire naître une nouvelle vision du fait politique. Faire de la politique inclut de proposer des programmes cohérents et de constituer une opposition réelle et patriotique, et non de discutailler dans le vide en combattant les moulins à vent sur les réseaux sociaux ou carrément de polémiquer en étant payé par des services de renseignement étrangers. Sur le même chapitre, le pays a aussi besoin d’un maillage associatif efficace qui peut être salvateur dans des moments où l’on connaît des troubles et où l’Algérie est ciblée de toutes parts.
L’Algérie est passée par plusieurs phases qui ont été catastrophiques pour le pays avec la décennie noire suivie par les vingt années de règne de l’ancien président, lesquelles ont abouti à un soulèvement populaire. Nous revenons de loin, car l’Etat a vacillé et aurait pu s’effondrer. Reconstruire l’Etat-nation, l’Etat-civilisation, est une tâche ardue et c’est ce que le président Tebboune a commencé à réaliser. Beaucoup a déjà été fait, notamment à l’intérieur au niveau économique et social, où le président a donné de nombreux gages en matière de bonne gouvernance, notamment aux couches populaires et défavorisées, mais aussi au niveau international où l’Algérie maintient et même affermit ses positions de principe en soutenant les causes justes des peuples palestinien et sahraoui. Sur le plan intérieur, la présidence Tebboune a veillé à renforcer la sécurité nationale en misant sur les couches moyennes et défavorisées de la société auxquelles il a apporté une aide, ce qui constitue un investissement. Nul doute qu’il y aura un retour sur investissement dans le second mandat.
La candidature du président Tebboune pour un deuxième mandat revêt un caractère stratégique. Pourquoi ? Quand on regarde le monde, on s’aperçoit que beaucoup de présidents ont été reconduits, et la situation chaotique que connaît l’humanité sous la menace d’une guerre mondiale, voire nucléaire, exige d’avoir des chefs d’Etat bien au fait des enjeux actuels. Un statu quo stratégique avec la continuité de la gouvernance Tebboune est donc indispensable pour naviguer dans les eaux troubles de cette période extrêmement périlleuse. Ce second mandat doit toutefois se diriger vers le mieux, et c’est ce que le président a annoncé lors de plusieurs discours dans lesquels il a prédit que nous récolterions les fruits du travail entamé en 2027. Donc, le second mandat sera celui des réalisations. Il sera important non seulement pour la stabilité du pays mais aussi pour celle de la région toute entière comprenant le Sahel et le bassin méditerranéen. L’élection du président n’est pas une aventure, au contraire, c’est un gage réaliste de stabilité, contrairement à un saut vers l’inconnu. Comme disait Gramsci, il faut avoir l’optimisme de la volonté. Gardons en mémoire que le président a annoncé vouloir continuer son travail de reconstruction.
Il est très difficile de reconstruire un pays saccagé par vingt ans de sabotage, de donner un sens à une gouvernance si l’on n’a pas d’outils performants. Il est donc indispensable d’offrir au président un bon entourage avec des hommes compétents qui maîtrisent les dossiers et qui sont capables de l’aider dans sa tâche, et non pas des personnes qui pourraient nous ramener dans des situations comme celles que l’on a connues dans le passé. Le président a besoin de gens de talent autour de lui. Le monde change et l’amateurisme n’est pas de mise. L’Algérie ne peut plus se contenter de bricolage comme par le passé et elle exige des gens capables d’anticiper. Que ceux qui ne sont pas aptes à mener à bien leur tâche de conseillers quittent leur poste et laissent la place à des gens à la hauteur qui comprennent les enjeux mondiaux.
Pendant ce court mandat de trois années, malgré un début paralysé par le covid et dans un contexte international tendu, beaucoup de réalisations ont vu le jour. L’Algérie, pays émergeant, est en passe de devenir une puissance, des indicateurs économiques macro et micro allant dans ce sens. Au niveau diplomatique, l’Algérie a marqué sa présence au sein des nations par rapport au conflit en Palestine occupée, ainsi que concernant la question du Sahara occidental, notamment contre notre ennemi de l’ouest qui est devenu une base israélienne. Et donc, le climat est très tendu. Cela n’a pas empêché l’Algérie de prouver qu’elle était un pays de principes et qu’elle n’avait qu’une parole. Elle a toujours défendu les causes justes et elle continuera.
Le président Tebboune a une popularité.
Il existe cependant des « opposants », bien qu’il n’y ait pas d’opposition en Algérie. Ce sont des résidus de la Issaba qui se sont alliés à différentes mouvances comme les organisations terroristes Rachad et le MAK et qui continueront à vouloir déstabiliser le pays en utilisant des tactiques destinées à le briser économiquement en constituant des lobbies pour le frapper. Il est clair que l’informel est un outil aux mains de ces malfaiteurs qui doit être combattu sans pitié. Il faut aller de l’avant et ne pas laisser le terrain à une cinquième colonne qui se recrute chez les islamistes et d’autres forces qui veulent nuire au pays et qui gangrènent la société. Les résidus de la Issaba ne désarment pas et font de la « résistance » qui est plutôt de la trahison en sapant pratiquement toutes les initiatives du président, ce qui exige de mettre en place des mécanismes pour combattre efficacement ces renégats malfaisants afin de les déraciner des différentes administrations et structures de décision. Il y a vraiment urgence à neutraliser ces résidus de la Issaba qui refusent que l’Algérie avance et qui veulent installer un climat de soulèvement et d’insurrection visant au démantèlement de notre pays.
Sur le plan sécuritaire, l’Algérie reste une pièce maîtresse et donne des signes de stabilité au monde entier et notamment aux investisseurs internationaux. Le président Tebboune y a apporté son empreinte dans la mesure où l’on constate un travail effectué de manière professionnelle au niveau des différents secteurs sécuritaires : police, gendarmerie, services de renseignement. Tout est en train de se mettre en place en douceur et sans vagues. Il nous faut dépasser les coups que la Issaba a portés à nos services de renseignement et à notre armée. Les résidus de la Issaba ne désarmeront pas mais qu’ils sachent bien que les patriotes non plus.
Le second mandat sera celui de l’aboutissement des réalisations mises en œuvre lors de la gouvernance de Monsieur Tebboune et nous récolterons les fruits de son travail. Sachant cela et voyant que bien des progrès et avancées ont déjà eu lieu, on ne peut que se réjouir d’une réélection du président. Les acquis sociaux sont intacts, le secteur public a gardé sa puissance et le secteur privé a commencé à développer une économie nationale où l’on peut produire localement. Bien évidemment, il faut toujours rester vigilant mais le président connaît la situation du pays mieux que quiconque puisqu’il a gouverné, et, point important, il rassure le peuple. Bien que sa popularité soit grande, il faut se méfier du phénomène de l’abstention qui reste un problème non résolu. Cette question a toujours été un problème en Algérie et il serait utile de trouver les mécanismes pour la combattre et ramener l’Algérien à la politique et au vote. Pour cela, il faut une offre politique et celle du président Tebboune est la meilleure en ce moment, car elle se base sur une vision et un cap, et puis, elle offre de l’espoir. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas changer une équipe qui gagne, comme dit l’adage. Nous ne sommes pas dans un temps de rupture mais dans celui d’un consensus vers la continuité avec les forces patriotiques de la ligne nationaliste, celle qui a amené l’indépendance du pays, pour aller vers la construction d’une Algérie nouvelle et émergeante. Nous sommes sur la bonne voie, des chiffres et des analyses venant parfois de grands organismes internationaux nous le confirment. C’est le courant nationaliste qui doit être le fer de lance de la gouvernance du président Tebboune.
Il faut toujours bien sûr continuer à sauvegarder le secteur public et donner une feuille de route au privé qui veillera à appliquer le patriotisme économique. Il serait utile de trouver un mécanisme, par exemple, le changement de la monnaie, qui pourrait être une solution pour éradiquer l’informel – et je pense aux milliards enfouis dans des containers cachés – qui est mortel pour le pays. L’argent doit être un levier de développement plutôt qu’un vecteur d’instabilité voire même un instrument de pression politique, car les grands pontes de l’informel sont des traîtres à la nation très dangereux qui peuvent provoquer des soulèvements comme on l’a vu avec les révolutions orange, appuyés par leurs maîtres d’au-delà des océans, et ramener le pays dans une situation de grande turbulence.
Au moment où certains pays connaissent un endettement abyssal et vouent leurs citoyens à la précarité, l’Algérie n’a pas de dettes et offre des emplois et des perspectives d’avenir à ses enfants. C’est tout le contraire dans certains pays occidentaux qui s’enlisent dans une situation catastrophique et chaotique sur le plan social. Ce n’est pas le cas de l’Algérie et c’est à mettre sur le compte du président. Les chiffres plaident pour le président Tebboune et encouragent à le soutenir. Bien sûr, rien n’est parfait et il y a toujours des améliorations à apporter et comme je l’ai dit plus haut, l’Algérie est sur le bon chemin. C’est pourquoi tout le monde doit se sentir concerné et porter la candidature du président en lui accordant une majorité qui lui donnera une légitimité par l’urne et le mettra dans une situation confortable pour mener à bien ses grands chantiers de reconstruction. C’est pour cette raison que toutes les forces vives de la nation, notamment les patriotes, doivent s’impliquer dans cette élection et aller de l’avant pour un meilleur avenir dans une Algérie forte avec son peuple et son armée. Une économie et une armée fortes sont les gages de la souveraineté d’un Etat. C’est ce qui permet d’être réellement indépendant accompagné d’une autonomie alimentaire. Nous devons produire de nos mains ce que nous mangeons, et le président a été clair à ce sujet. Il faut donc sortir de l’import import et insuffler une nouvelle dynamique de production nationale tant dans le secteur public que privé, ce qui est en train de se faire.
L’enjeu principal est de préserver le pays des différentes opérations de déstabilisation et à cette fin, il faut renforcer le front interne. Le président est amené à poursuivre sa politique, notamment en s’appuyant sur les forces patriotiques et en neutralisant certains opportunistes qui veulent surfer sur la vague et œuvrer pour leur propre compte plutôt que pour celui de l’Algérie. Or, les intérêts de l’Algérie sont prioritaires, inutile de le préciser. La drogue en provenance de notre ennemi de l’ouest qui nous mène une narco-guerre doit nous amener à combattre de manière implacable ce fléau qui empoisonne notre jeunesse en nous intéressant aussi à ses dossiers connexes, comme celui de la communauté marocaine installée ici, surtout les irréguliers. Ce dossier devrait être impérativement étudié, car sachant la soumission des Marocains à leur monarchie, laquelle est soumise à Israël, cette population marocaine implantée en Algérie constitue une bombe à retardement.
Les forces vives de la nation doivent se mobiliser autour de notre président, de notre armée et de nos services de renseignement. Un pays sans armée forte n’est pas un pays, encore moins un Etat. L’Algérie doit faire face à une situation géopolitique internationale compliquée et notre pays sait faire face, comme il l’a montré maintes fois tout au long de son histoire. L’Algérie doit aussi faire bloc contre ses ennemis que nous connaissons tous, que ce soit le Makhzen marocain, les cercles sionistes, pour ne citer qu’eux. Cela nécessite un consensus national et aussi une vigilance de tous les instants vis-à-vis des traîtres qui savent s’adapter et se fondre dans l’environnement. Un traître restera toujours un traître, même s’il change de langage et semble se soumettre. L’élection du président est un projet national qui doit aboutir à un consensus dirigé vers une Algérie nouvelle, idée qui n’a rien d’abstrait. Le monde nous regarde et nous guette. Au moindre faux pas, nous subirons les foudres de tous les ennemis de l’Algérie qui sont réunis et qui ont élaboré des stratégies communes pour démanteler notre pays. Cela n’a rien d’une vue de l’esprit, c’est la réalité toute crue. Les différentes alliances entre les résidus de la Issaba et la Issaba elle-même, et puis les cercles occultes derrière les mers ne sont pas une légende. L’union sacrée des traîtres terroristes de Rachad et du MAK avec la Issaba existe bel et bien. Tout cela correspond à une feuille de route sioniste qui entend faire payer l’Algérie pour ses positions.
Les perspectives d’avenir ne peuvent être construites que sur des réalisations et malgré le temps court du mandat présidentiel qui s’achève, ces réalisations se sont produites et ont concerné divers domaines, apportant des améliorations dans la vie des classes défavorisées. A présent, comme l’a dit le président, il s’agit de miser sur la classe moyenne qui est garante de stabilité et qui a été foudroyée par la Issaba. Le président Tebboune a besoin du soutien de tous les patriotes algériens car il s’agit de la survie de la nation à travers le président. C’est l’Etat-civilisation qui est en jeu et chaque algérien sait que l’Etat-nation est menacé de toutes parts.
L’Algérie qui a retrouvé sa place sur la scène internationale doit aussi retrouver sa place dans l’économie mondiale avec des réalisations comme Gara Djebilet et d’autres richesses comme le phosphate et les terres rares, avec la création de stations de dessalement de l’eau, ou le travail de transformation du gaz, etc.
On a vu aussi les efforts consentis par l’Algérie au niveau de l’agriculture.
Et donc, ce premier mandat du président Tebboune qui a commencé difficilement avec la crise du covid se termine avec des réussites impressionnantes et notamment, il faut le souligner, avec un triomphe de l’Algérie à l’international au sein de l’ONU et, malgré les attaques qu’elle subit, notre patrie reste authentique et indépendante, souveraine dans ses décisions et attachée à ses principes de soutenir les causes justes. Nous vivons des moments historiques et cette élection s’inscrit dans un grand mouvement de l’histoire. Après deux décennies de stagnation et même de régression où l’Algérie a failli basculer dans le chaos, nous sommes en train de renouer avec la réussite et avec le développement. L’Algérie n’est pas seulement riche par ses richesses naturelles, elle l’est aussi par son peuple qu’il faut mobiliser à nouveau. C’est la raison pour laquelle il faut s’impliquer et encourager le peuple à aller voter, car nous allons vers le meilleur.
Venons-en à présent au volet économique.
Le Président Tebboune a réussi, au cours de son premier mandat, à commencer à inverser quarante ans de politique de bradage de la souveraineté nationale au nom du libéralisme économique, ponctuée par une décennie de prédation qui promettait d’emporter le pays. En renouant de manière courageuse avec la politique souverainiste, de développement économique et de justice sociale des années 60-80, le Président Tebboune a non seulement sauvé l’Algérie d’une crise majeure, mais il a mené la politique désirée par une majorité d’Algériens, car en accord avec les traditions séculaires et les aspirations profondes de l’Etat-civilisation algérien (ou du Maghreb central).
Nous pouvons mettre à l’actif de ce premier mandat quatre grandes orientations qui doivent devenir des réalisations irréversibles avec l’appui des patriotes. En premier lieu, la réaffirmation, que l’on espère définitive, de la propriété publique du foncier économique (agricole, industriel, touristique et urbain) et sa réorganisation par la concession privée. Ce modèle de concession, s’il est bien mené, devrait permettre d’atteindre un équilibre entre les profits des vrais investisseurs privés et une juste rémunération de la collectivité, tout en maintenant un contrôle collectif et légitime de l’usage des biens publics afin d’éviter les détournements massifs opérés au détriment de l’intérêt général, par exemple par les forces rentières connectées au pouvoir politique et administratif au cours des quarante dernières années. L’orientation prise de manière définitive, semble-t-il, renoue, de manière modernisée, avec les formes de propriétés traditionnelles de notre Etat-civilisation (biens archs ou habous) qui ont permis de trouver un équilibre entre propriété collective, propriété privée et développement économique infusant un équilibre de long terme à notre société.
En second lieu, la nouvelle politique industrielle renoue également progressivement avec l’approche des années 70-80 d’intégration de la valeur ajoutée en Algérie depuis l’extraction des matières premières (agricoles ou minières) jusqu’aux produits semi-finis ou, mieux, finis. Elle commence également à matérialiser les promesses des politiques industrielles sectorielles dans les 12 secteurs stratégiques initiées entre 2008 et 2012 via la relance de grands projets d’exploitation minières (fer, zinc, phosphates), abandonnés depuis le début des années 80, combinés à des projets de transformation industrielle avec des partenaires stratégiques des BRICs en Algérie. De même, le secteur des hydrocarbures s’est vu fixer un objectif de conservation de 30% de la valeur ajoutée en Algérie à terme, ce qui ne pourra être réalisé qu’en remettant à l’honneur le plan Valhyd abandonné en 1980 par le transfert budgétaire criminel de 300 millions de dollars de l’édification du complexe GNL de Skikda vers la construction du complexe de Maqam Echahid. Par ailleurs, l’intégration intra et intersectoriel redevient un mot d’ordre général pour les grands groupes publics, qui redeviennent, dans la politique gouvernementale, les fers de lance de la politique industrielle et de la création d’emplois à valeur-ajoutée. La première étape a consisté à reconstituer les grands groupes intégrés publics couvrant un secteur entier comme dans les années 70, notamment pour les industries mécaniques ou sidérurgiques ou la production d’engrais, en aval des ressources minières (fer, zinc, phosphates, etc.). La seconde étape est de doter ces groupes de plans de charge conséquents via les importants projets d’infrastructures (barrages, routes, chemins de fer), de construction de logements ou de production d’engrais pour le développement de l’agriculture.
Cette orientation permet d’entrevoir clairement, et pour la première fois, la fin de la démolition et du bradage du secteur public industriel initié au début des années 80. Cette nouvelle approche pour le secteur public industriel marque également une rupture avec les discours lénifiants des forces rentières compradores du seul salut par l’intégration dans les chaînes de valeur internationales, c’est-à-dire, pour parler crûment, l’acceptation du néo-colonialisme économique comme seul horizon pour notre pays.
En troisième lieu, le Président Tebboune a su résister au programme scélérat préconisé par la Banque mondiale de remplacement des subventions des biens de consommation généralisées à l’ensemble des citoyens algériens par des subventions ciblées réservées aux seules catégories défavorisées. S’il avait été mis en œuvre, il aurait porté un coup terrible à la nature sociale de l’Etat algérien, à sa compétitivité et à la paix sociale en Algérie en créant d’immenses troubles sociaux en période du covid, comme on l’a vu dans de très nombreux pays. Mais il ne s’agit là que d’une première étape. Il faut enterrer définitivement ce programme reposant sur le gonflement artificiel de 70% du montant des subventions concernant les carburants et l’énergie. En effet, le FMI et la Banque mondiale calculent de manière malhonnête le montant des subventions selon la méthode des subventions dites implicites, c’est-à-dire comme des manques à gagner pour Sonatrach dus à la vente sur le marché algérien par rapport à la vente du pétrole brut sur les marchés internationaux à un prix beaucoup plus avantageux au lieu de ne comptabiliser que le montant des subventions directes, c’est-à-dire la compensations par l’Etat à Naftal et Sonatrach pour des ventes à perte par rapport au coût de production, subvention directe qui n’existe pas dans le cas algérien puisque les prix de ventes sont supérieurs aux coûts de fourniture. En revenant à un calcul au cout réel, on dégonflera le montant des subventions de 70%, ce qui tordra le cou à l’intérêt du ciblage difficile et dangereux à mettre en œuvre.
En quatrième lieu, le Président a encouragé la substitution des importations par la production locale, allant jusqu’à l’arrêt des importations lorsque la production locale couvre les besoins nationaux, ce qui donne une incitation supplémentaire à la production sur l’importation pour les acteurs économiques. Même si ces politiques de restrictions quantitatives doivent se combiner rapidement à un rééquilibrage par la dévaluation du dinar comme nous le préconisons plus loin, elles envoient un signal positif sur la volonté et la capacité de l’Etat à encourager la production locale en substitution des importations.
Au cours du second mandat du Président Tebboune, les forces souverainistes et de progrès social appellent à l’arrêt de programmes gouvernementaux inefficaces ou dangereux pour notre souveraineté et notre prospérité et à l’adoption d’autres mesures audacieuses pour assurer la prospérité de notre peuple.
Quatre politiques gouvernementales, dont certaines antérieures au mandat du Président Tebboune, devraient être arrêtées pour transformer radicalement les perspectives économiques et sociales de notre pays :
Tout d’abord, il faut mener une dévaluation du dinar pour faire progressivement converger les taux de change officiels et parallèles du dinar. Pour que ce processus ne soit pas trop brutal, nous préconisons de le mener sur une durée de 3 ans au moins.
La politique actuelle d’un dinar officiel surévalué par rapport au cours sur le marché parallèle donne une double prime aux importations au détriment de la production nationale et de la création de valeur ajoutée et de richesses réelles de long terme en Algérie. Tout d’abord, la différence entre le taux officiel et le taux parallèle est un moyen de détourner des capitaux à l’étranger via les surfacturations, qu’il est totalement illusoire de faire disparaitre uniquement par des contrôles administratifs et quantitatifs comme à l’heure actuelle. Par ailleurs, ce double taux de change agit comme une désincitation à l’intégration de la valeur-ajoutée en Algérie en favorisant l’importation « subventionnée » des intrants étrangers. La surévaluation du dinar vient ainsi saper les efforts amorcés de relance de l’appareil productif national ou d’exportation.
Cette aberration économique perdure car elle a les mêmes soutiens que les partisans du Franc CFA, aligné sur l’Euro et notoirement surévalué par rapport aux taux de change requis pour le bon fonctionnement des économies d’Afrique de l’Ouest : il s’agit d’une classe de hauts fonctionnaires en cheville avec une fraction du patronat connecté ayant un accès privilégié à la devise subventionnée dans les banques. Ce que Helmut Elsenhans, le grand économiste allemand ami de l’Algérie, qualifie de « classe Etat rentière », par opposition à la classe-Etat développementaliste que représente le Président Tebboune.
Pour mener cette dévaluation du dinar dans les meilleures conditions, il faut diminuer progressivement les taux de change du dinar officiel tout en facilitant l’accès à la devise dans les banques et les bureaux de change pour les particuliers en relevant le niveau des allocations et les catégories autorisées (allocation touristique, allocation pour les hommes d’affaires, les étudiants, les malades soignés à l’étranger), ce qui diminuera mécaniquement le niveau de change du marché parallèle, aujourd’hui rendu artificiellement élevé par la pénurie de devises officielles.
Le taux de change idéal du dinar, proche de sa vraie valeur économique (interaction de l’offre et de la demande) sera celui de la convergence entre le taux de change officiel actuel qui diminuera et le taux de change officieux qui augmentera. Une fois que l’écart entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle sera insignifiant, il ne sera plus possible de pratiquer l’évasion des capitaux comme actuellement.
C’est ce que le gouverneur de la Banque Centrale Lakcaci, authentique patriote, avait commencé à faire en 2015 avant d’être brutalement attaqué par l’inénarrable Saïdani au nom de la « défense des intérêts du peuple algérien ». Comme nous sommes sortis de cette époque, nous espérons que le Président fera bientôt sauter le verrou majeur de la Issaba.
En second lieu, il faudrait arrêter la recherche de nouvelles rentes dans le secteur de l’énergie et des mines, attitude qui rend l’Algérie vulnérable aux projets énergétiques « verts » de l’Europe contraires à l’intérêt de l’Algérie.
En effet, il faut immédiatement arrêter les projets de production d’hydrogène vert ou l’exportation d’électricité sur la route des gazoducs que l’Europe propose à l’Algérie. Ces projets font partie d’un nouveau plan, appelé le Consensus de Wall Street consistant à pousser les pays du Sud à effectuer des investissements massifs au nom de l’économie verte que les pays du Nord ne veulent pas encore effectuer car très lourds, polluants, à faible valeur ajoutée et avec des technologies non matures. Les pays du Sud qui suivront cette voie s’endetteront excessivement à des conditions draconiennes pour des projets qu’ils ne pourront pas rembourser ce qui les remettra dans un nouveau cycle de dépendance vis-à-vis des plans d’ajustement structurels du FMI, comme depuis les années 80-90.
Le Maroc est tombé dans ce piège du solaire photovoltaïque (technologie aujourd’hui dépassée) et retombe dans le même piège de l’hydrogène vert à un stade non mature. L’Algérie a failli succomber au projet scélérat de Desertec qui reposait également sur le photovoltaïque grâce à la clairvoyance de Sonelgaz qui a refusé des investissements prématurés dans les technologies vertes encore immatures. Pour éviter de tomber dans le nouveau piège qui nous est tendu, il faut contrer au plus haut niveau de l’Etat les représentants de la classe-Etat rentière du secteur de l’énergie qui voudraient que l’Algérie prenne le risque d’investissements colossaux dans des technologies peu matures pour fabriquer des produits à faible valeur ajoutée au seul bénéfice de l’Europe.
Ces pièges et ces leurres seront récurrents et feront perdre beaucoup de temps à l’Algérie tant que la classe-Etat rentière du secteur de l’énergie, dominante depuis le début des années 80 et restée attachée au paradigme rentier de fournisseur fiable de l’Europe en produits énergétique à faible valeur-ajoutée pour l’Algérie ne sera pas confrontée au plus haut niveau de l’Etat. On en a reçu une nouvelle illustration avec le nouveau plan stratégique de Sonatrach à 5 ans où il n’y a pas de rupture dans l’allocation des investissements avec la mentalité rentière puisque, sur 50 milliards d’investissements, 35 milliards sont alloués à la production-exploration (en partenariat avec les majors pétrolières étrangères, contrairement aux plans des années 70 qui prévoyaient de s’autonomiser sur le plan technologique) contre 8 milliards au raffinage et à la pétrochimie, celle-ci ne comportant que quelques projets en EPC.
En troisième lieu, il faudrait arrêter complètement les projets d’agriculture industrielle saharienne tels qu’ils ont lieu actuellement car ils ne peuvent mener qu’à une impasse illustrée par trois facteurs :
– la taille des exploitations : la superficie moyenne des exploitations avoisine les 1000 hectares dans le Sud contre 10 hectares dans le Nord, alors que les praticiens estiment la limite du savoir-faire des meilleurs professionnels algériens de l’agriculture à 500 hectares ;
– le type de bénéficiaires : alors que dans le Nord les bénéficiaires sont principalement des gens de la région et ayant une activité agricole préalable, selon le principe de la distribution de la terre à ceux qui la travaille, principe cardinal de la gestion de l’agriculture depuis l’Indépendance, les terrains dans le Sud sont distribués à des investisseurs venant du Nord ou en partenariat avec des entreprises étrangères avec une mentalité de retour sur investissement rapide qui ne pourra que dégrader un écosystème aussi fragile que notre désert ;
– le modèle rentier repose entièrement sur des subventions publiques extrêmement couteuses : les cultures industrielles dans le Sud bénéficient du soutien maximal de l’Etat selon la doctrine capitaliste rentière : outre le raccordement électrique comme dans le Nord, mais là sur des dizaines de kilomètres ou via des installations photovoltaïques intégralement financées par Sonelgaz, l’Etat prend en charge les routes sur des dizaines voire des centaines de kilomètres car les parcelles peuvent être très éloignées des centres urbains, les financements bancaires des investissements et de l’exploitation bénéficient de bonifications de l’Etat, les forages, souvent très profonds, sont pris en charge par l’Etat, etc.
Ce modèle d’agriculture industrielle ultra subventionnée dans le désert se traduira certainement par un scénario à peine meilleur que celui de la culture du blé en Arabie Saoudite au début des années 80 où une expérience similaire à celle de l’Algérie a tourné court par épuisement des sols et des nappes phréatiques et coût prohibitif pour les finances publiques. Même si le risque d’épuisement des nappes est moindre en Algérie du fait de la taille de nos nappes phréatiques, le coût du forage augmentera de manière exponentielle avec le temps jusqu’à devenir prohibitif. Les sols seront épuisés par la logique rentière du gain rapide des « agriculteurs industriels », à l’opposé de l’agriculteur traditionnel. De même, le coût de tous les avantages accordés rendra rapidement ce « modèle » insoutenable pour les finances publiques.
Je recommande deux corrections à la politique agricole actuelle :
– Un rééquilibrage des subventions étatiques et du soutien de l’Etat vers l’agriculture vivrière, durable et créatrice d’emplois et de richesses du Nord ;
– Pour les régions du Sud, la création de nouvelles oasis où sera pratiquée une agriculture vivrière en étages durable, par de vraies communautés créant un véritable tissu social et fidèle à l’idée de l’appartenance de la terre aux paysans qui l’aiment et la travaillent et non à des sociétés avec des salariés ; c’est un chemin plus long et difficile, mais infiniment plus rentable à long terme et conforme à notre histoire et nos valeurs, plutôt que de créer une nouvelle Issaba qui va détruire notre désert avec des subventions publiques en une décennie, avant de passer à une nouvelle mode de gain d’argent facile.
En quatrième lieu, il faudrait sortir des accords d’association avec l’Union européenne plutôt que de se contenter d’une simple renégociation. Le bilan de 20 ans de pratique de l’accord d’association révèle un marché de dupes : le démantèlement tarifaire généralisé a entrainé un manque à gagner de 1,5 milliards de dollars de recettes douanières voire 2 milliards de dollars selon les années. Il a également causé la disparition de nombreux secteurs de production en Algérie au profit de l’importation (elle-même subventionnée par le taux de change comme expliqué plus haut).
A l’inverse, le montant des investissements industriels dans l’économie algérienne de la part des pays européens s’est révélé dérisoire par rapport aux promesses faites, d’autant plus que les multinationales de l’Ouest européen ont déjà massivement délocalisé leur production dans les pays d’Europe de l’Est, qui ont été intégrés à l’Union européenne après la signature des accords d’association avec les pays du Maghreb, rendant encore plus chimérique un effort d’investissements dans nos pays.
En conséquence, il est clair que cet accord scélérat et qui ne comprend pas de clause de sortie ne doit pas être renégocié mais bel et bien arrêté puisqu’il arrive à expiration.
Dans le même ordre d’idées, il faut rester en dehors de l’OMC, ce qui est le seul moyen de conserver quelques marges de manœuvre pour redresser notre économie.
Au cours de son second mandat, nous espérons que le Président Tebboune amorce les réformes suivantes qui pourront être portées par la classe-Etat développementaliste à qui il a redonné espoir :
Tout d’abord, aller au-delà de l’objectif de transformation de 30% des matières premières et se fixer un délai de 10 ans pour arrêter l’exportation de toutes les matières premières brutes, y compris le gaz et le pétrole.
Ensuite, organiser la restructuration des entreprises et groupes publics abandonnée depuis une trentaine d’années, qui ne peut plus être différée (plans stratégiques au niveau groupe et filiales, choix des partenaires privés algériens ou étrangers selon les projets).
En troisième lieu, il faudrait créer un fonds de pension public ouvert à tous les Algériens adultes, y compris la communauté algérienne à l’étranger.
Ce fonds de pension aurait plusieurs finalités :
– Sécuriser les retraites des Algériens et augmenter les revenus des salaries et des retraités algériens ;
– Améliorer le partage de la valeur-ajoutée en Algérie entre salariés et employeurs ;
– Procurer des sources de financement abondantes et de long terme à l’Etat avec un véritable marché de la dette publique (obligations d’Etat de maturités diverses) ;
– Assurer la capitalisation et le financement de long terme des entreprises publiques algériennes stratégiques dont le peuple algérien deviendrait également, de fait, directement et collectivement actionnaire (ce qui serait beaucoup plus efficace que les opérations d’ouverture du capital initiées récemment avec les banques publiques).
Ce fonds serait abondé principalement par les employeurs comme un nouveau mécanisme de la sécurité sociale, et complémentaire au système de retraite par répartition qui continuerait à fonctionner selon les modalités actuelles. Ce type de fonds existe dans de très nombreux pays dans le monde comme l’Inde, la Malaisie, le Canada, la Suède, la Russie, la Pologne, la Corée, etc…
Enfin, en compensation de la forte dévaluation du dinar et de l’inflation importée induite, il sera nécessaire de prévoir des augmentations de salaires et prestations sociales de l’ordre de 50% -70% sur 5 ans, qui seront financées aisément par la réduction des surfacturations et l’augmentation de la production nationale que permettra cette dévaluation. Il faudra également mettre en place des mécanismes d’indexation des salaires et des prestations sociales sur l’inflation, calculée de manière transparente, afin de préserver le pouvoir d’achat qui deviendra progressivement le socle du développement de l’Algérie en remplacement de la rente en hydrocarbures.
Après ce tour d’horizon du bilan du président Tebboune, on constate qu’avec lui l’Algérie sera une Algérie nouvelle dans sa vision et son cap, nouvelle dans les pratiques politiques, nouvelle dans la réussite, nouvelle par ses dignes enfants, par ses dignes patriotes. Et le soleil qui brille dans notre ciel si pur éclairera le chemin de tous les hommes libres de la Terre.
Mohsen Abdelmoumen
Source : auteur
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