Le secrétaire d’État américain Antony Blinken inspecte les progrès du génocide à Gaza lors d’une visite au poste-frontière de Kerem Shalom entre Israël et Gaza. Derrière lui se trouve le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, qui a qualifié les Palestiniens d’«animaux humains». [AP Photo]
Par Andre Damon
Vendredi, Reuters a rapporté que les États-Unis ont envoyé à Israël 14.000 bombes de 900 kilos destinées au génocide à Gaza. Ces énormes bombes, parmi les plus importantes de l’arsenal américain, sont capables de détruire des pâtés de maisons entiers et peuvent tuer des personnes à une distance allant jusqu’à 350 mètres.
Le reportage de Reuters, qui révèle pour la première fois la répartition exacte des livraisons d’armes américaines à Israël, montre que les États-Unis ont envoyé à Israël plus de bombes de 900 kilos que tous les autres types de bombes et de missiles réunis.
Il n’y a qu’une seule explication à l’envoi par les États-Unis d’une telle quantité de cette arme extrêmement destructrice destinée à être utilisée dans une zone urbaine densément peuplée: le gouvernement Biden cherche consciemment et délibérément à détruire complètement Gaza et à massacrer le plus grand nombre possible de Palestiniens.
La «guerre» d’Israël à Gaza a en fait été conçue par ses architectes à Washington comme une guerre d’anéantissement. La destruction systématique de maisons, d’écoles et d’hôpitaux civils n’est pas une conséquence accidentelle, mais l’objectif délibéré de la politique américaine. L’objectif n’est pas de minimiser, mais de maximiser le nombre de civils tués.
Il s’agit d’un génocide délibéré, planifié et organisé par Washington.
Le 24 juillet, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se rendra à Washington DC pour présenter un rapport d’étape sur l’extermination du peuple palestinien devant une session conjointe du Congrès et recevoir de nouvelles instructions sur la prochaine phase du génocide.
Le World Socialist Web Site appelle les travailleurs et les jeunes de tous les États-Unis à se rendre à Washington DC le 24 juillet pour manifester contre cette glorification publique du génocide dans la capitale de l’impérialisme mondial.
Alors que l’ensemble de la classe dirigeante appuie le génocide, la classe ouvrière – la force sociale qui crée toute la richesse de la société – doit s’opposer au massacre barbare des Palestiniens et lutter pour les protéger.
Il n’y a pas de temps à perdre. Chaque jour qui passe, la population de Gaza est systématiquement affamée, privée de soins médicaux et massacrée par centaines.
Tout porte à croire que le bilan officiel des morts à Gaza, qui s’élève à 37.765, est largement sous-estimé. Il y a près de quatre mois, l’activiste politique Ralph Nader estimait qu’«au moins 200.000 Palestiniens ont dû périr à l’heure qu’il est et le bilan s’accélère d’heure en heure». Depuis lors, la famine délibérée de la population n’a fait que s’aggraver.
Samedi, le Wall Street Journal a rapporté l’existence d’un plan qui vise à reloger la population de Gaza dans une série de camps de concentration, dans lesquels elle sera déplacée et emprisonnée de façon permanente.
Dans un article intitulé «La vision d’après-guerre dans laquelle Gaza est découpée en zones de sécurité» (The Postwar Vision That Sees Gaza Sliced Into Security Zones), le Wall Street Journal fait état d’un plan américano-israélien qui vise à créer des «abris temporaires» sous la forme d’«îlots géographiques clôturés situés à côté de leurs quartiers et gardés par l’armée israélienne».
Toute la population de la bande de Gaza sera soit tuée, soit emprisonnée de manière permanente, dans le cadre de la «solution finale du problème palestinien» proposée par Washington.
Dans le monde entier, des millions de personnes ont été choquées par la brutalité du génocide israélo-américain. Pourquoi, se demandent-ils, un gouvernement qui se dit «démocratique» souhaite-t-il voir une population entière de 2 millions d’habitants exterminée ou emprisonnée?
La réponse se trouve dans la politique globale de l’impérialisme américain. Confrontée au déclin de son hégémonie économique, la classe dirigeante américaine voit dans son avantage militaire relatif le seul moyen de maintenir sa domination géopolitique. L’impérialisme américain a effectivement déclenché une guerre avec la Russie en Ukraine. Dans le même temps, il se prépare activement à la guerre avec la Chine. Le gouvernement Biden a proclamé une «décennie décisive» au cours de laquelle les États-Unis chercheront à établir un «nouvel ordre mondial» en recourant à une force militaire et à une violence écrasantes.
En cherchant à créer son «nouvel ordre mondial», l’impérialisme américain indique clairement qu’il sera absolument impitoyable et qu’il n’y a pas de limites au nombre de personnes qu’il est prêt à tuer.
Lors d’une table ronde en mai, l’ancien président de l’état-major interarmées, le général Mark Milley, a ouvertement défendu et légitimé le meurtre de masse de civils, déclarant fièrement que «les États-Unis ont tué beaucoup d’innocents». Son collègue, Alex Karp, PDG de Palantir, a déclaré: «Il faut être prêt à être féroce» et «Il faut faire peur à l’adversaire.»
Consciemment ou non, le général et le PDG faisaient écho aux paroles d’Adolf Hitler à son état-major: «Notre force réside dans notre rapidité et notre brutalité.»
L’impérialisme américain, qui pourrit sur pied, ne voit d’issue à sa crise historique que dans l’irruption de la violence et de la brutalité. La Troisième Guerre mondiale qu’il prépare verra l’utilisation effectivement illimitée de la violence à grande échelle.
Deux conclusions essentielles découlent de cette réalité:
Premièrement, c’est impossible de s’opposer au génocide à Gaza sans construire un mouvement de masse contre l’éruption mondiale de la guerre impérialiste. Des personnalités telles que le sénateur démocrate Bernie Sanders et la députée Alexandria Ocasio-Cortez combinent des critiques verbales du gouvernement Netanyahou avec un soutien ouvert à l’escalade de la guerre américaine contre la Russie et aux plans de guerre contre la Chine. En réalité, le gouvernement Biden a clairement indiqué qu’il menait un seul conflit à l’échelle mondiale, dont le soutien au génocide à Gaza est une composante essentielle.
Deuxièmement, il est inutile de demander à Biden ou à une quelconque faction de l’establishment politique d’arrêter le génocide. Jusqu’à présent, de nombreuses manifestations contre le génocide ont cherché à faire pression sur Biden et les démocrates pour qu’ils changent de cap. Mais les critiques publiques de Biden sur les «bombardements aveugles» du régime israélien ne sont rien d’autre qu’une couverture pour son soutien total au meurtre d’autant de Gazaouis que possible. Il est en fait l’architecte et l’auteur du génocide, et Netanyahou est son homme de main. Comme Biden l’a répété sans cesse au cours de sa carrière politique, «si Israël n’existait pas, nous devrions l’inventer».
Pour ces raisons, la manifestation et la rencontre du 24 juillet organisées par le World Socialist Web Site et le Parti de l’égalité socialiste seront une protestation contre Joe «le génocidaire» Biden et le gouvernement qu’il dirige, et non un appel à celui-ci. Le rassemblement et la réunion offriront un forum aux travailleurs et aux jeunes pour élaborer une stratégie sur la manière d’aller de l’avant dans la lutte contre le génocide à Gaza et l’éruption plus large de la guerre impérialiste.
Après neuf mois de massacres à Gaza, des leçons précises doivent être tirées. La lutte contre le génocide à Gaza est la lutte contre l’éruption mondiale de la barbarie impérialiste, qui exprime elle-même les caractéristiques les plus essentielles du système capitaliste. C’est pourquoi la lutte contre le génocide de Gaza est la lutte contre le capitalisme.
Nous invitons tous les travailleurs et les jeunes qui partagent ces principes à nous rejoindre à Washington le 24 juillet.
(Article paru en anglais le 1er juillet 2024)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…