Par Régis de Castelnau

Après plus de 10 ans de tortures de diverses natures manipulées par l’Empire avec le soutien de ses valets européens, après 10 ans de lutte et de soutien pour le symbole de la liberté d’expression et d’informer, Julien Assange a été libéré.

Pour bien comprendre cette dernière péripétie judiciaire qui a vu Assange quitter son cachot anglais et monter dans un avion, il faut donner quelques explications juridiques. Julien Assange faisait l’objet de poursuites pénales pour espionnage devant la justice américaine. S’arrogeant un privilège d’extraterritorialité, les États-Unis le poursuivaient pour des « infractions » commises en dehors du territoire américain. Il s’est trouvé piégé lors d’un passage en Grande-Bretagne avec la complicité de l’État suédois. Sollicité par les Américains, celui-ci avait déclenché à l’encontre d’Assange une procédure fondée sur des accusations de viol. Ce qui permettait de demander son extradition en Suède, d’où il aurait été renvoyé aux États-Unis le temps que ces derniers aient régularisé leur procédure et formulé une nouvelle demande d’extradition auprès de Stockholm. Ne pouvant pas quitter la Grande-Bretagne, et pour échapper à ce piège Assange fut contraint de se réfugier à l’ambassade de l’Équateur. Le successeur du président de ce pays qui lui avait accordé cet asile le livra au bout de quelques années à la police britannique. Commença alors l’interminable procédure d’extradition sollicitée par la justice américaine. La justice britannique que l’on passe son temps à nous présenter comme un modèle, s’est alors constamment déshonorée, en violant systématiquement tous les principes, et donnant le spectacle abject d’une république bananière. La mobilisation internationale et la proximité de l’élection présidentielle américaine ont incité le département d’État et la Maison-Blanche à régler le problème grâce à une procédure de « plaider coupable ». Le principe en est simple, le parquet propose à la personne poursuivie de reconnaître sa culpabilité, la peine applicable étant négociée avec le prévenu.

C’est la formule adoptée par Assange, qui a « reconnu » sa culpabilité et « accepté » une peine de prison qui couvre la détention qu’il a déjà effectuée dans une prison de haute sécurité de Belmarsh où les autorités britanniques toujours soucieuses de complaire à leur maître américain l’avait enfermé.

Le calvaire du journaliste Julian Assange s’est donc terminé après qu’on lui ait volé 12 ans de sa vie pour avoir dit la vérité sur les crimes de guerre américains.

Contrairement à ce que l’on peut lire à droite et à gauche sous la plume de ceux qui ne risquent rien et déplorent cette solution, cet accord de « plaider coupable » ne créera aucun précédent juridique qui serait préjudiciable aux journalistes à l’avenir.

Bruce Afran, un avocat constitutionnel américain, a déclaré à Consortium News : « qu’un accord de plaidoyer ne crée pas de précédent juridique. Par conséquent, l’accord d’Assange ne mettra pas en péril les journalistes à l’avenir risquant d’être poursuivis pour avoir accepté et publié des informations classifiées. »

Le combat pour la liberté de Julian Assange, qui fut celui de la liberté d’information a été long et harassant. Si la justice britannique s’est déshonorée, le système médiatico-politique français s’est également couvert de honte. Aux notables exceptions de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen tous les membres normalement influents de la classe politique ont soigneusement refusé tout soutien à cette cause de la liberté d’information.

Il s’en est même beaucoup trouvé pour approuver la répression dont Assange était la victime. On se contentera de rappeler la position de François Hollande, notre limace nationale, un homme de gauche n’est-ce pas, puisque le « Nouveau Front Populaire » vient de lui donner son investiture. « L’ami de la finance », le fanatique la soumission à l’Amérique, le parjure international dans l’affaire ukrainienne, alors qu’il était Président de la république, avait refusé d’accueillir Assange pour que la France puisse lui accorder un asile politique plus qu’évident. Quant aux journalistes des organes de la presse système, ce fut un festival de mensonges, et de veulerie. Une mention particulière pour le spectacle de la lâcheté visqueuse du journal le Monde, rivalisant dans ce registre avec Libération. Les entendre aujourd’hui hypocritement se réjouir, a quelque chose de simplement écœurant.

Le travail pour libérer le monde des griffes de la machine à tuer de l’Empire ne doit pas s’arrêter. Mais il faut se réjouir de cette victoire qui est quand même le fruit d’un rapport de force construit et qui va permettre à Assange de retrouver sa famille.

Mais n’oublions pas la violence que l’empire a utilisée dans sa persécution de Julian Assange, parce qu’elle voulait en faire un exemple public pour montrer ce qui arrive à un journaliste qui dit la vérité sur l’Empire du mensonge.

Source : Vu du Droit
https://www.vududroit.com/…

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