Par Ümit Dönmez

Interrogé par l’émission Le Quotidien du Groupe Bouygues, l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a longuement analysé la situation actuelle au Proche-Orient, en particulier les actions du Hamas et la politique du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu vis-à-vis de ce groupe palestinien.

Au micro de Quotidien, il a déclaré que « ces idéologies ne s’éradiquent pas avec des armes ni avec des bombes ». Selon lui, les idéologies comme celle du Hamas se renforcent face à la violence, utilisant cette dernière à leur avantage. De Villepin estime que le Hamas a tendu un « piège mortel » à Israël, et déplore que le gouvernement de Netanyahu persiste dans une voie militaire.

Villepin a également critiqué les choix politiques de Netanyahu, affirmant que « Benjamin Netanyahu fait un choix de politique intérieure » dépendant des ultra-nationalistes, compromettant ainsi toute stabilité durable. Il a mentionné des dissensions internes au sein du cabinet de guerre israélien, notamment de la part de Benny Gantz et Joav Galland, qui ont exprimé des réserves quant à l’absence de préparation pour « le jour d’après » à Gaza.

L’ancien ministre a averti que sans stratégie de gestion post-conflit, Israël risque de se retrouver dans une situation d’occupation prolongée et contestée, pouvant entraîner une extension du conflit avec les pays arabes voisins. En outre, il a souligné que Netanyahu, en agissant ainsi, adresse « un camouflet formidable aux États-Unis et à Joe Biden », ce qui pourrait influencer négativement la campagne électorale américaine, alors que des présidentielles sont prévues à l’automne.

Pour Dominique de Villepin, la France a un rôle crucial à jouer, rappelant que certains pays comme l’Espagne, la Norvège et l’Irlande ont reconnu l’État palestinien. Il a insisté sur le fait que la France, en tant que membre du G7 et du P3 au Conseil de sécurité, doit envisager sérieusement la reconnaissance de l’État de Palestine. « Il est temps de décider de passer à l’étape supplémentaire, » a-t-il affirmé, jugeant que « une politique de sécurité et de force » ne pourra jamais apporter la stabilité recherchée.

Villepin a conclu en s’interrogeant sur l’avenir d’Israël : « Est-ce qu’Israël veut vivre pendant des générations dans cette insécurité où il faudra toujours combattre, si ce n’est le Hamas, une autre organisation terroriste ? » Il appelle à la reconnaissance d’un interlocuteur légal et responsable pour engager un dialogue constructif et non violent.

Le 26 mai, Israël a lancé une frappe aérienne contre un camp de personnes déplacées à Rafah, tuant au moins 45 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. Israël poursuit son offensive brutale sur la bande de Gaza (Palestine) depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat.

La guerre israélienne contre Gaza, qui dure depuis le 7 octobre 2023, a fait plus de 118 000 morts et blessés Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des enfants, en plus d’environ 10 000 disparus, dans un contexte d’énormes destructions et de famine qui a déjà coûté la vie à un grand nombre d’enfants et personnes âgées. Israël continue sa guerre en faisant peu de cas d’une résolution de l’ONU exigeant la fin immédiate des hostilités et des décisions de la Cour internationale de justice lui ordonnant de prendre des mesures pour prévenir un « génocide » et « améliorer la situation humanitaire » dans la bande de Gaza.

Source : Anadolu
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