Des Palestiniens déplacés inspectent leurs tentes détruites par les bombardements israéliens, à côté d’une installation de l’UNRWA à l’ouest de la ville de Rafah, dans la bande de Gaza, le mardi 28 mai 2024. [AP Photo/Jehad Alshrafi]

Par Andre Damon

Lors d’une série de conférences de presse tenues mardi, le gouvernement Biden a pleinement approuvé les frappes aériennes israéliennes sur les femmes et les enfants des camps de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui ont tué 45 personnes dimanche et 21 autres, mardi.

Le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, a qualifié la frappe aérienne de dimanche de «ciblée» et l’a justifiée en affirmant qu’elle avait tué des membres du mouvement Hamas. «Ils ont tué des agents du Hamas et un complexe du Hamas», a déclaré Kirby. «Je ne vois pas comment quelqu’un pourrait contester qu’ils n’essayaient pas de s’en prendre au Hamas d’une manière ciblée et précise», a déclaré Kirby à propos du bombardement qui a tué des dizaines de civils palestiniens et en a blessé des centaines d’autres.

Kirby a pleinement approuvé l’assaut aérien et l’offensive terrestre d’Israël à Gaza, déclarant: «Si vous pensez que le Hamas est parti, il n’est pas parti de Rafah ou de Gaza. Et si vous pensez qu’il a abandonné ses intentions génocidaires à l’égard de la nation d’Israël, détrompez-vous, ce n’est pas le cas. Israël a donc tout à fait le droit de ne pas vouloir vivre à côté de ce genre de menace. Et oui, nous allons continuer à leur fournir les capacités nécessaires pour y faire face.»

Kirby a expliqué qu’après les derniers massacres, il n’y aurait «aucun changement de politique» de la part des États-Unis. Interrogé sur les raisons pour lesquelles la Maison-Blanche continuait à apporter un soutien illimité à Israël en dépit de l’opposition populaire écrasante à cette politique, Kirby a déclaré: «Le président ne prend pas de décisions ou n’exécute pas de politique sur la base de sondages d’opinion.»

Lors d’une autre réunion d’information, Sabrina Singh, porte-parole du Pentagone, a qualifié l’attaque israélienne contre Gaza de «limitée».

Pendant des semaines, les médias américains ont promu l’affirmation selon laquelle le gouvernement Biden avait fixé une «ligne rouge» interdisant à Israël d’attaquer Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza où plus d’un million de personnes déplacées avaient trouvé refuge. En réalité, tout en faisant des déclarations qui semblaient critiques à l’égard de Netanyahou, la Maison-Blanche a ouvertement déclaré qu’elle avait un «objectif commun» avec Israël de voir «le Hamas vaincu à Rafah».

Aux yeux du monde entier, les prétentions du gouvernement Biden à s’opposer au massacre des civils palestiniens ont été démasquées comme une fraude totale, et Biden apparaît clairement comme le principal commanditaire international du génocide de Gaza, complice de crimes de guerre aux côtés de Netanyahou.

La série de massacres à Rafah et leur approbation ouverte par le gouvernement Biden marquent la réaction d’Israël et des États-Unis à l’arrêt de la Cour internationale de justice de la semaine dernière ordonnant à Israël de cesser de tuer des Palestiniens à Rafah. Les gouvernements Netanyahu et Biden affirment leur droit à commettre n’importe quel crime au mépris du droit international et de l’immense opposition populaire.

Les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont dénoncé sans équivoque le rôle du gouvernement Biden dans le génocide.

«Soyons clairs: Israël commet un génocide à Gaza. Les États-Unis sont complices de ce génocide», a écrit l’Institut Lemkin pour la prévention des génocides. «Nous sommes dégoûtés par les dirigeants occidentaux, en particulier ceux des États-Unis, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Ils ont démontré non seulement qu’ils ne se soucient pas le moins du monde de la prévention des génocides et des droits de l’homme, mais aussi qu’ils sont prêts à laisser un allié commettre des crimes atroces tout en lui offrant un soutien matériel et diplomatique […] Ils devraient également être jugés.»

Dans une déclaration sur X (Twitter), le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a écrit: «Jour après jour, massacre après massacre, le gouvernement Biden continue d’expédier les bombes au gouvernement israélien d’extrême droite, ouvertement génocidaire, qu’il utilise pour massacrer des enfants palestiniens, des femmes, du personnel médical, des journalistes, des travailleurs humanitaires internationaux, des malades et des personnes âgées, et continue de s’opposer à ce qu’Israël rende des comptes.»

La Maison-Blanche a associé son approbation du massacre de Rafah à des déclarations absurdes et fausses sur la situation sur le terrain. Alors que les forces israéliennes publiaient des photos et des vidéos de chars qui occupent le centre de Rafah, les porte-parole de la Maison-Blanche ont nié que des forces terrestres aient pénétré dans la ville.

«Ils se déplacent le long de ce que l’on appelle le corridor de Philadelphie, qui se trouve à la périphérie de la ville, et non dans la ville elle-même», a déclaré Kirby, qui a ajouté: «Nous n’avons pas vu d’opération terrestre majeure». Le même jour, le Financial Times déclarait dans son article principal «Les chars israéliens entrent dans le centre de Rafah», affirmant qu’Israël «envoyait des chars au cœur de la ville la plus méridionale de Gaza malgré que l’opération soit de plus en plus condamnée à l’international».

Mardi, les forces israéliennes ont tué au moins 21 personnes, dont 13 femmes et jeunes filles, lors d’une frappe aérienne sur un camp de réfugiés à Rafah. Faisant un reportage sur la frappe à al-Mawasi, le journaliste palestinien Bisan Owda a déclaré dans une vidéo: «Derrière moi, au moins jusqu’à présent, 18 personnes ont été tuées il y a seulement 30 minutes alors qu’une bombe visait une tente avec seulement des civils, seulement des civils, seulement des femmes et des enfants. Tous ces gens étaient dans une tente et se préparaient à prendre leur déjeuner, et ils ont été bombardés, ils ont été attaqués.»

Owda a ajouté: «Les gens sont choqués, les gens ne peuvent pas parler, les gens se sont retrouvés à ramasser les restes de corps humains, de leurs êtres chers. Je ne peux rien décrire parce que j’ai peur de regarder sous mes pieds, car les gens continuent de ramasser des morceaux humains.»

À ce jour, un million de personnes ont été contraintes de fuir la ville de Rafah, selon les Nations unies, car elles n’ont aucun endroit sûr où aller. L’assaut sur Rafah a paralysé le système de distribution de nourriture dans toute la bande de Gaza, la nourriture ne pouvant plus être acheminée dans le territoire, qui est au bord de la famine.

«Les souffrances et la misère que l’opération militaire israélienne à Rafah a infligées à la population de Gaza n’ont rien de limité», a déclaré Martin Griffiths, sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires humanitaires. «Elle a interrompu l’acheminement de l’aide dans le sud de la bande de Gaza et paralysé une opération humanitaire qui avait déjà atteint son point de rupture. Elle a interrompu les distributions de nourriture dans le sud et ralenti l’approvisionnement en carburant pour les éléments vitaux de Gaza – boulangeries, hôpitaux et puits – qui arrivent au compte-goutte […] [à] un moment où la population de Gaza est confrontée à la famine.»

(Article paru en anglais le 29 mai 2024)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…