Le Conseil d’administration du groupe John Cockerill. D. R.
Par Mohsen Abdelmoumen
Peu de temps après que la préfecture de Paris eut interdit la manifestation de nos compatriotes qui désiraient se réunir à place de la Nation en hommage à nos martyrs lors de la Journée nationale du chahid, le 18 février dernier, on nous annonce un projet de partenariat entre Sonelgaz, le géant énergétique algérien, et le groupe John Cockerill, groupe international d’ingénierie et de maintenance basé à Seraing, en Belgique. Quel rapport avec la France ? Il apparaît que le groupe John Cockerill est dirigé par l’ancien footballeur français Bernard Serin, par ailleurs président du club de foot MC Metz et propriétaire du Royal Football Club Seraing. En 1999, le Français a pris la tête du groupe belge Cockerill-Sambre, ancien fleuron de la sidérurgie belge avant son déclin. En 2002, il a racheté et dirigé la filiale Cockerill Mechanichal Industry, renommée depuis Cockerill Maintenance & Ingénierie (CMI), l’actuel groupe John Cockerill. Favori d’Arnaud Montebourg, il avait été pressenti par celui-ci en 2012 pour reprendre le site de Florange d’ArcelorMittal. Montebourg a beau avoir une mère algérienne, il n’en reste pas moins un membre de l’Internationale socialiste. Et chaque Algérien sait le mal que François Mitterrand, l’un des pères spirituels des socialistes français, a fait à l’Algérie pendant et après notre glorieuse Révolution, et notamment pendant la décennie noire.
La société de Bernard Serin, EBENIS SA, détient 80,65% des parts de John Cockerill, les 19,35% étant détenus par quelques-uns de ses cadres dirigeants. Le groupe John Cockerill est spécialisé dans l’énergie, la défense, l’industrie, l’environnement, les services et l’hydrogène. Parmi les nombreuses filiales, citons CMI Defense France, une entreprise française spécialisée dans l’industrie de l’armement et leader technologique des systèmes d’armes de calibres 25 à 120 mm, multifonctionnels et de forte puissance pour véhicules blindés, qui a fusionné le 1er janvier 2023 avec la société Agueris, acteur de la simulation militaire terrestre. Le groupe John Cockerill n’en finit pas de se diviser en de multiples filiales pour créer un entrelac de sociétés spécialisées dans différents secteurs. En outre, une filiale du groupe serait sur le point d’être créée en Algérie. Sachant que John Cockerill Defense vise à devenir un fournisseur des Forces terrestres françaises et belges, notamment sur le programme SCORPION-CaMo (programme militaire exclusivement réservé à l’armée de Terre française), qu’avons-nous à voir avec ce groupe John Cockerill ? Quel est l’intérêt de l’Algérie de faire un partenariat avec ce groupe ?
Le bras d’honneur de Gérard Longuet à l’Algérie
Autre point important, nous apprenons que parmi les membres du Conseil d’administration de l’entreprise prétendument belge John Cockerill, nous trouvons Jérôme Pécresse, vice-président d’Alstom, dont la filiale énergie a fait l’objet d’un scandale mondial de corruption impliquant directement le président Macron et qui a défrayé la chronique en son temps. Ce n’est pas un hasard si le président de la France en faillite fuit le Salon de l’agriculture de Paris bombardé par des œufs et des tomates lancés par les agriculteurs en colère. Ce Pécresse est aussi l’époux de l’ancienne ministre de Sarkozy, Valérie Roux. Grâce à l’affaire Alstom, le couple Pécresse a gagné un véritable pactole. Dans le Conseil d’administration de John Cockerill, nous trouvons aussi et surtout, cerise sur le gâteau, l’ancien ministre français de la Défense, Gérard Longuet, beau-frère du milliardaire Vincent Bolloré. En 1964, Longuet a cofondé avec Alain Madelin le mouvement d’extrême droite Occident, remplacé par le GUD et, plus tard, par le néo-fasciste Ordre nouveau dont il faisait partie de la direction et qui a été dissous pour atteinte à la sûreté de l’Etat en 1973. Il est très intéressant de noter les liens entre l’extrême-droite et le grand capital, dont Gérard Longuet est la synthèse par excellence. On se souvient notamment du bras d’honneur que Longuet avait fait à l’Algérie lorsqu’elle demandait une reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français, estimant que «la France n’a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation» et que «refaire l’histoire 182 ans plus tard ne permet pas d’aller de l’avant». Que vient faire chez nous un nostalgique de l’Algérie française et du colonialisme français infâme et criminel ?
On remarque que pour leurs intérêts, ces Français qui détestent l’Algérie et qui crachent sur ses martyrs n’hésitent pas à nous faire les yeux doux pour mieux nous planter un poignard dans le dos. Tous à la mangeoire quand il s’agit du grisbi ! Nous n’avons rien à faire des Longuet, des Pécresse, des Serin ou des Zemmour et Le Pen. Car où est l’intérêt de l’Algérie à nouer un partenariat avec des gens comme les Pécresse et Longuet ? Est-ce dans l’intérêt de l’Algérie d’encore une fois venir au secours de l’industrie française ? Car ne nous y trompons pas, le groupe John Cockerill n’a de belge que sa localisation à Seraing, près de Liège. C’est devant de telles situations que me vient à l’esprit la phrase du brave Didouche Mourad qui résonne dans mon cœur : «Si nous venons à mourir, défendez notre mémoire». Le sang des martyrs algériens est la sève de notre terre !
Donc, nous posons cette question : qui est derrière ce nouveau partenariat gagnant-perdant pour l’Algérie ? Cui bono ? Le PDG de John Cockerill Serin nous a présenté l’expérience et les réalisations du groupe belge, notamment dans les domaines de l’ingénierie, des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, exprimant son intérêt à conclure des partenariats fructueux en Algérie. Fructueux pour qui, Monsieur Serin ? Sommes-nous donc prédestinés à toujours être la vache à lait de la France ? Nous répondons avec ce que nous avons dit dans un article précédent afin que le message entre bien dans les cerveaux de ces Occidentaux arrogants : il faudrait mettre fin aux projets de production d’hydrogène vert avec les Européens qui sont contraires à l’intérêt de l’Algérie. Il s’agit d’un des nombreux projets dans le nouveau plan, appelé quelquefois le Consensus de Wall Street. Celui-ci consiste à pousser les pays du Sud à effectuer ou financer des investissements massifs au nom de l’économie verte que les pays du Nord ne veulent pas effectuer car très lourds, polluants, à faible valeur ajoutée et avec des technologies encore peu maîtrisées. Les pays du Sud qui suivront cette voie s’endetteront excessivement à des conditions draconiennes dans des projets de développement qu’ils ne pourront rembourser, ce qui les remettra dans un nouveau cycle de dépendance vis-à-vis du FMI et de ses plans d’ajustement, comme dans les années 80-90. Le Maroc est tombé dans ce piège avec l’hydrogène vert. Evitons-le.
Les gens qui prennent ce type de décisions savent-ils ce qu’ils font ? Le PDG de Sonelgaz sait-il de qui est constitué le CA de John Cockerill ? Néanmoins, qu’il le sache ou pas, c’est une catastrophe. Je ne connais pas ces gens-là et je n’ai rien de personnel contre eux, mais je défends les intérêts de mon pays. Pourquoi donc donnent-ils de l’argent aux ennemis de l’Algérie ? Pourquoi vouloir toujours être des wagons de la France plutôt que d’être une locomotive des pays émergents ? A toutes ces questions, je ne trouve qu’une seule réponse : il est temps de mettre à la tête de nos secteurs névralgiques des hommes de valeur et compétents, de préférence des militaires, comme on l’a vu avec le DG de la Douane.
Partenariats tous azimuts : la sonnette d’alarme tirée
Sur un autre sujet, qui est derrière le don de 16 000 tonnes d’engrais au Kenya ? Avait-on l’information que le Kenya était proche d’Israël ? En effet, un partenariat dans le secteur agricole existe entre l’entité sioniste d’Israël et le Kenya, puisqu’ils ont inauguré un centre de formation de technologies agricoles créé par l’entité sioniste d’Israël le 1er septembre dernier. En outre, 1 500 travailleurs kenyans sont prévus pour aller remplacer la main-d’œuvre palestinienne en plein génocide des Gazaouis par l’entité sioniste. Qui est derrière ces décisions aberrantes à l’opposé des positions de principe de l’Algérie, notamment concernant la cause juste du peuple palestinien ? Tous les ennemis de l’Algérie au service de l’empire se sont coalisés pour nuire à notre patrie, allant des oligarques, dont la plupart sont en prison, jusqu’aux éléments subversifs de Rachad et du MAK, et autres groupes occultes qui veulent démanteler l’Algérie. L’heure est à la purge.
Ainsi, au moment où l’Algérie organise à Alger un sommet mondial du gaz d’une importance capitale, le GECF, au moment où notre pays instaure une zone franche avec cinq pays, ce qui rend fous de jalousie notre ennemi classique de l’Ouest et ses maîtres sionistes, quand le président et le chef d’état-major ne cessent de mettre en garde sur les menaces qui guettent l’Algérie de toutes parts, nous alertant sur la nécessité d’unir nos forces face à l’ennemi extérieur et nous recommandant de consolider le front interne, alors que l’Algérie marque son retour sur la scène internationale, que ce soit avec son rôle au Conseil de sécurité et sa résolution de cessez-le-feu à Gaza, le peuple palestinien étant massacré et affamé sous les yeux de toute la planète, et l’Algérie assumant sa mission de porte-parole des hommes libres de la Terre, voilà qu’on manigance contre les intérêts supérieurs de la nation dans cette période charnière.
Plus que jamais, nous devons être sur nos gardes. Tout patriote dévoué à son pays et à son armée doit assumer ses responsabilités et attirer l’attention sur les périls qui guettent notre patrie et notre Etat civilisation.
Mohsen Abdelmoumen
Source : auteur
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