Dernière apparition de Mohammed VI aux Emirats. D. R.
Par Mohsen Abdelmoumen
Rien ne va plus à Bousbirland, le Makhzen est dans la panade. En plus du scandale du Marocgate qui revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique avec de nouvelles révélations fracassantes, le Maroc s’enlise dans divers dossiers scabreux qui démontrent à quel point de décrépitude est parvenu le règne de l’éternel roi absent. Difficile de tomber plus bas, car les affaires qui secouent le royaume du cannabis et de la pédophilie sont toutes peu reluisantes. Seule diversion envisagée par le Makhzen qui n’est pas très imaginatif : taper encore et toujours sur l’Algérie.
Il y a tout d’abord l’affaire de l’«Escobar du désert» qui donne la migraine au Makhzen. L’un des plus puissants barons de la drogue en Afrique, Haj Ahmed Ben Ibrahim, a décidé de se mettre à table après quatre ans d’emprisonnement au Maroc. Arrêté une première fois en 2015 en Mauritanie, avec trois tonnes de cocaïne en provenance d’Amérique latine et destinée à approvisionner la Mocro maffia en Europe, et libéré, il a été arrêté une seconde fois en 2019 à l’aéroport de Casablanca après une saisie de quarante tonnes de drogue dans des camions lui appartenant sur une aire de repos d’El-Jadida. Depuis sa cellule dans une prison marocaine, le narcotrafiquant, voyant que ses complices au Maroc avaient fait main basse sur ses avoirs, a décidé de «cracher le morceau» et de donner tous ceux qui trempaient dans le trafic de drogue, refusant d’être le seul à écoper de la prison. Suite à ses révélations, des dizaines de personnes ont été soit entendues soit appréhendées, parmi lesquelles des hauts gradés de l’armée, des officiers du renseignement extérieur de Mansouri, des ministres, des parlementaires, des ambassadeurs, des magistrats, des gendarmes, des policiers, un notaire et des dirigeants d’entreprises. Tout ce joli monde participait joyeusement d’une manière ou d’une autre à ce trafic de drogues dures au niveau international.
Vient ensuite le rififi entre la famille Azaitar et les larbins médiatiques du Makhzen. En effet, les frères Abu Bakr, Omar et Othmane Azaitar, les amis-amants de Mohammed VI qui le suivent partout, ont attaqué en justice le site d’information Barlamane, réputé être la voix de Fouad Ali El-Himma, conseiller du roi, et d’Abdellatif Hammouchi, chef de la DGSN et des renseignements intérieurs. Les trois frères sont rejoints dans cette «cause» par leur propre père pour leur prêter main forte, car les chéris du roitelet ont fait venir toute leur famille d’Allemagne dans un regroupement familial à l’envers. C’est donc une bataille judiciaire qui s’annonce et qui risque de faire grand bruit, car les frères Azaitar sont bien décidés à protéger leur statut de favoris qui leur permet de mener grand train avec de l’argent à volonté, des montres de luxe, œuvres d’art, voitures de prix, chevaux de race et j’en passe. Ce nouveau scandale constitue une raison supplémentaire pour le Makhzen de s’arracher les cheveux, comme si la venue des policiers, du juge d’instruction et d’un procureur belges pour enquêter sur le Marocgate ne suffisait pas dans cet enchevêtrement d’embrouilles de toutes sortes.
Ajoutons à cela la volonté inébranlable de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) de recouvrer la totalité de son territoire, et son pilonnage massif et quotidien des bases et des postes de commandement des FAR, le Polisario ayant décrété tout le territoire sahraoui comme zone de guerre. On constate donc que le Makhzen commence très mal l’année, et ce ne sont pas ses basses manœuvres avec le Mali, le Burkina Faso et les pays du Sahel auxquels le Maroc veut donner un accès à l’océan Atlantique via le territoire sahraoui occupé, qui vont pouvoir redresser la situation catastrophique dans laquelle s’enferre le royaume féodal du Maroc. Ce ne sont pas non plus les hésitations et les reculades de l’Espagne face au chantage à l’immigration qui vont faire disparaître les scandales qui éclaboussent le palais royal et le Makhzen.
Car l’Espagne a une nouvelle fois cédé au chantage marocain en ôtant le texte figurant sur le site internet du ministère des Affaires étrangères espagnol, dans lequel le gouvernement Sanchez affirmait s’aligner pleinement sur la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la question du Sahara Occidental. Et l’on constate que les chiffres record d’immigrants arrivés aux Canaries en 2023 avoisinent les 40 000 arrivées, soit 75% du total de l’Espagne. Les infiltrations par voie maritime vers le continent, qui s’élèvent à 15 435 arrivées, montrent aussi une augmentation notable, le Maroc ouvrant les vannes une fois de plus pour faire pression sur l’Espagne et les autres pays européens.
Une autre affaire de corruption, cette fois avec un politicien espagnol, Pedro Altamirano, qui a été très actif pour réclamer à corps et à cris l’indépendance de l’Andalousie sous la forme d’une plateforme portant le nom d’«Assemblée nationale andalouse», plateforme qui ne drainait pas les foules. Son seul soutien provenait d’un financement du Maroc, toujours prêt à menacer de déstabiliser les pays si ceux-ci ne soutiennent pas le Sahara «marocain». La plateforme dirigée par Altamirano a défendu bec et ongles la «propriété marocaine» du Sahara Occidental et le «droit du Maroc» à revendiquer Ceuta et Melilla, et ne cessait pas d’encenser le roi de la tomate, du poulpe et du cannabis. Son projet d’indépendance de l’Andalousie ayant fait flop, l’olibrius vit aujourd’hui à Tétouan, où il travaille dans une obscure ONG dont la tâche est essentiellement dédiée à la diffusion de propagande pro-marocaine et anti-sahraouie, et à promouvoir son livre intitulé Sahara marocain.
De plus, par souci de plaire au Maroc, le gouvernement Sanchez a refusé de proroger le permis de séjour de la militante sahraouie Aminatou Haidar, qui a dénoncé ce refus comme étant une «mesure politique» adoptée après seize ans de résidence à Madrid, sous le faux prétexte que la demande avait été introduite hors délai. En effet, Aminatou Haidar a vécu entre les territoires occupés du Sahara Occidental et l’Espagne pendant seize ans, obtenant un permis de séjour en 2007 en raison de circonstances exceptionnelles. Aujourd’hui, la question des visas pour les militants est gelée par le gouvernement Sanchez. Le parti de Yolanda Diaz, Sumar, qui se prétendait favorable à la cause sahraouie, ne fait strictement rien, maintenant qu’il fait partie du gouvernement. Tout le gouvernement s’aligne à nouveau sur les thèses bousbiriennes du plan bidon de l’«autonomie».
«Faites savoir aux gouvernements espagnol et marocain que la seule chose qui peut me faire taire, c’est la mort. Même derrière les barreaux des prisons marocaines, je ne garderai pas le silence», a déclaré Aminatou Haidar. Nous rappelons que la militante sahraouie se trouvait en Espagne pour recevoir un traitement médical pour ses multiples problèmes de santé : fibromyalgie, ostéoporose chronique, anciennes interventions chirurgicales qui sont les conséquences directes des arrestations arbitraires et des actes de torture qu’elle a subis du régime d’occupation marocain, ainsi qu’une disparition forcée pendant quatre ans dans une prison secrète, alors qu’elle n’avait que vingt ans. Donc, la lâcheté du gouvernement Sanchez risque de conduire Aminatou Haidar à revivre les mauvais traitements et les tortures, si jamais elle est extradée au Maroc.
Pour terminer, n’oublions pas l’assassinat pur et simple, à coups de drones, des ressortissants mauritaniens dans les territoires sahraouis, de la même manière que les trois camionneurs algériens avaient été assassinés en 2021. Et c’est cette entité féodale voyou du Maroc qui postule pour présider le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, alors qu’elle occupe le Sahara Occidental et pratique les disparitions forcées, les assassinats et la torture.
Mohsen Abdelmoumen
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