Par Lahouari Addi
En clair, en France, si vous soutenez Israël dans sa folie meurtrière, vous exportez le conflit, mais si vous êtes indignés par ses crimes, vous importez le conflit.
La dénonciation des massacres de civils palestiniens est contrecarrée par une propagande indigne qui instrumentalise la légitime lutte contre l’antisémitisme pour faire taire toute critique à l’endroit de la politique meurtrière israélienne. L’antisémitisme doit être combattu, mais aujourd’hui, sa lutte est instrumentalisée pour justifier les massacres de civils palestiniens, ce qui est le comble de l’ignominie. Demander un cessez-le-feu, exiger la paix ou être horrifié par les images provenant de Gaza est perçu comme de l’antisémitisme pour les gouvernements et une grande partie de la presse !! Acculée, la droite française, qui historiquement a été anti-Dreyfus, et souvent antisémite, a recours à l’argument d’antisémitisme pour faire taire l’expression de l’indignation morale face à l’assassinat de milliers de civils, dont des femmes et des enfants. Cela s’appelle du cynisme. Mettre la noble lutte contre l’antisémitisme au service de massacres collectifs d’innocentes personnes relève de l’aveuglement. En France, il y a quelques semaines, une manifestation a été appelée par le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée Nationale, pour protester contre l’antisémitisme au moment où des citoyens, parmi eux les jeunes des universités et des quartiers populaires, ont exprimé leur indignation face à ce qui se passe à Gaza. « Nous refusons l’antisémitisme et nous refusons que le conflit du Moyen Orient soit importé en France », disaient les organisateurs. En clair, en France, si vous soutenez Israël dans sa folie meurtrière, vous exportez le conflit, mais si vous êtes indignés par ses crimes, vous importez le conflit. Les présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale, qui ont préféré hurler avec les loups, ont tout simplement voulu faire taire toute expression de solidarité envers les victimes d’attaques aériennes d’une armée d’un Etat membre de l’ONU. Cette manifestation a contribué à couper la France en deux camps : celui de la paix et de la solidarité et celui de la guerre et de la haine. Car tous ceux qui dénoncent cette guerre sont favorables à la solution des deux États et à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens. Les présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale ont porté atteinte à la crédibilité de ces deux institutions représentatives de la démocratie française. Ils ont déclaré leur hostilité à la solidarité envers les Palestiniens, solidarité qui a trouvé écho dans les sociétés occidentales et dans les peuples du tiers monde.
Les peuples du tiers monde s’identifient aux Palestiniens et ressentent l’attitude des gouvernements occidentaux comme le signe d’un profond mépris et une haine inavouée à leur endroit. La guerre meurtrière menée à Gaza par Israël est perçue par le Sud Global comme l’hostilité que les gouvernements occidentaux ont envers les peuples du tiers monde. De ce point de vue, la guerre entre Israël et les Palestiniens est un conflit mondial qui oppose, d’un côté, Israël et des gouvernements occidentaux riches et, de l’autre côté, une majorité des pays pauvres de la planète. L’Occident n’est heureusement pas homogène politiquement, et de nombreux gouvernements européens (Espagne, Belgique, Irlande…) se démarquent des séquelles de la maladie coloniale. Il y a aussi des mouvements politiques et des personnalités aux États-Unis et en Europe qui défient la Chappe de plomb imposée aux médias. Ils sont les piliers de la construction d’un ordre mondial juste et équitable. Ils sont l’avenir et l’espérance d’une amitié entre les peuples.
Source : auteur
https://blogs.mediapart.fr/lahouari-addi/blog/…