Par B’Tselem

Gaza est une enclave fermée de tous côtés. Il n’y a pas de chambres sûres, pas d’abri, pas d’espaces sûrs Les résidents n’ont aucun moyen de se protéger. Ils attendent, dans la terreur et la peur, espérant survivre. Plus d’un million de personnes ont déjà quitté leur maison pour essayer de trouver un endroit sûr ; certaines ont été tuées en fuyant, d’autres là où elles cherchaient refuge.

Israël, comme le Hamas et comme tous les pays du monde, doit respecter le droit international humanitaire. Ces dispositions légales n’ont pas été promulguées par des organisations des droits de l’homme ou pro-palestiniennes Ils ont été acceptés par toutes les nations – y compris Israël – sur le fait que même pendant la guerre, il doit y avoir des règles qui minimisent les souffrances causées aux civils et assurent qu’ils restent en dehors du cycle des hostilités dans la mesure du possible.

Deux principes clés permettent d’atteindre cet objectif. Premièrement – le principe de distinction – détermine quelles sont les cibles légitimes : selon l’article 52, paragraphe 2, du protocole additionnel (I) aux Conventions de Genève, seuls les objets militaires sont des cibles légitimes d’attaque. Ils sont définis comme des objets qui apportent une contribution efficace à l’action militaire et dont la destruction offrirait un avantage militaire définitif à la partie attaquante. Le deuxième principe – le principe de proportionnalité – limite la façon dont les attaques doivent être menées : selon l’article 51(5)b du protocole, les cibles légitimes ne doivent pas être attaquées si le préjudice attendu aux civils serait excessif par rapport à l’avantage militaire anticipé. La proportionnalité d’une attaque n’est pas déterminée par le préjudice réel infligé, mais par les informations dont les responsables avaient ou auraient dû avoir.

Les frappes aériennes d’Israël depuis le début de la guerre sont une violation abjecte de ces principes et constituent un crime de guerre. L’ampleur massive des destructions dans la bande de Gaza est sans précédent. Des quartiers résidentiels entiers ont été détruits et, selon les autorités de Gaza, au moins 16 000 logements ont été complètement détruits, tandis que 11 000 autres ont été rendus inhabitable. L’horrible nombre de morts, qui augmente chaque jour, est insondable : selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 7 000 personnes ont été tuées, dont près de 3 000 mineurs, plus de 1 700 femmes et des dizaines de familles qui ont été tuées ensemble lorsque leurs maisons se sont effondrées dessus. Plus de 17 000 personnes ont été blessées, environ 2 000 sont toujours portées disparues sous les décombres.

Ces chiffres ne peuvent pas être conciliés avec les dispositions du droit international décrites ci-dessus : ni avec l’exigence pour que chacune des milliers de cibles bombardées ait apporté une « contribution efficace » aux activités du Hamas et leur destruction ait offert un « avantage militaire défini » à Israël ; ni avec l’exigence que même si les cibles remplissaient ces conditions, les pertes massives en vies humaines et les dégâts matériels étaient proportionnés. Une telle interprétation serait non seulement juridiquement erronée, mais aussi moralement inacceptable.

Israël affirme que le Hamas est responsable de ces chiffres parce qu’il utilise des civils comme boucliers humains, dissimule des armes dans leurs maisons et tire sur des cibles civiles en Israël au sein d’une population civile, ce qui aurait laissé Israël d’autre choix que de nuire aux civils dans sa guerre contre le Hamas. Selon ce point de vue, attribuer l’entière responsabilité au Hamas signifie que toute action prise par Israël, aussi horrible soit-elle soit-elle, serait considérée comme légitime. Une telle affirmation est sans fondement. Le respect du droit, droit international humanitaire inclus, n’est pas soumis à la réciprocité : le non-respect d’une partie ne donne pas à l’autre la licence de faire de même.

Combattre le Hamas pose des défis difficiles à Israël : Comment distinguer entre les cibles militaires légitimes et les cibles civiles, quand le Hamas ne se distingue pas du reste de la population ? Comment éviter de nuire aux civils qui ne prennent pas part aux hostilités quand les membres du Hamas continuent de tirer sur les communautés israéliennes depuis les centres de population ? B’Tselem ne prétend pas conseiller le gouvernement ou l’armée sur la façon de mener les combats à Gaza, et ce n’est pas non plus le rôle d’une organisation des droits de l’homme Mais une chose est claire : le choix d’obéir ou non à la loi appartient à Israël. Le gouvernement et les militaires doivent rester respecter la loi et maintenir l’humanité dans la recherche des réponses.

Le 7 octobre, le Hamas a commis d’horribles crimes de guerre. Des centaines de militants du Hamas et d’autres résidents de Gaza sont entrés en territoire israélien, tirant sur tous ceux qui passaient par là. Ils sont entrés dans les communautés et les maisons, ont tiré et tué des familles entières et des fêtards, ont mis le feu aux maisons et commis des atrocités. Plus de 1 300 personnes ont été tuées, des milliers d’autres ont été blessées, et beaucoup sont toujours portées disparues. Plus de 200 personnes – dont des bébés, des enfants, des femmes et des personnes âgées – ont été kidnappées dans la bande de Gaza et sont prises en otage.

Il n’y a aucun moyen, ni aucun moyen, de justifier ces crimes, et toute tentative de le faire doit être rejetée et dénoncée. Mais ces crimes ne peuvent justifier la mort et la destruction qu’Israël inflige maintenant aux plus de deux millions de résidents de Gaza. Il est toujours interdit de cibler les civils, leurs biens et leurs infrastructures civiles, et Israël doit y mettre fin immédiatement.

Israël, comme tout autre pays, est obligé de protéger ses citoyens. Cependant, Israël, comme tout autre pays, est également tenu de respecter les restrictions imposées par le droit international humanitaire.

Source : B’Tselem
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