Par Luc Michel

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GEOPOLITIQUE/ COMMENT LA RUSSIE A CHASSE LA FRANCE D’AFRIQUE (II) : NOS RESEAUX DANS LA CYBER-GUERRE MEDIATIQUE

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 « Poutine – France : La campagne pro-Kremlin visant l’Afrique », écrit la BBC le 2 février dernier … « Un vaste réseau social qui promeut des idées anti-occidentales et pro-Kremlin en Afrique francophone ».

Appelé Russosphère, les messages typiques accusent la France de « colonialisme » moderne, font l’éloge de Vladimir Poutine et traitent l’armée ukrainienne de « nazis » et de « satanistes ». Ils font également l’éloge des mercenaires russes de Wagner, allant jusqu’à communiquer des informations sur le recrutement au cas où les adeptes souhaiteraient s’engager.

Selon les experts, ces informations alimentent la méfiance entre les nations africaines et l’Occident, et contribuent au manque de soutien à l’Ukraine sur le continent.

« Un homme politique belge de 65 ans qui se dit stalinien est la figure qui en est à l’origine » dit encore la BBC.

« Russosphère » se décrit comme « un réseau de défense de la Russie. » Composé de plusieurs groupes de médias sociaux sur différentes plateformes, il a été créé en 2021, mais a été pleinement lancé en février 2022, quelques jours avant l’invasion russe de l’Ukraine. Le réseau a rapidement gagné plus de 80 000 adeptes.

Après l’invasion, les médias d’État russes ont été restreints ou interdits sur toutes les plateformes sociales grand public. Ce n’était pas le cas de Russosphère, qui est rapidement devenu actif sur Facebook, YouTube et Twitter, ainsi que sur Telegram et VK, la version russe de Facebook.

« Dans le passé, Michel a œuvré à la légitimation des votes dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie et a été lié à « Merci Wagner », un groupe soutenant le travail des mercenaires russes » :

En effet, LUC MICHEL et son ONG EODE ont organisé la Mission internationale de monitoring du Référendum d’auto-détermination en CRIMEE et à Sébastopol les 14-17 mars 2014, condition indispensable de sa validité et défi à l’OTAN et à l’OSCE, à qui elle a damné le pion : « Au moment où il bloquait les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Poutine en faisait venir d’autres via le Eurasian Observatory for Democracy and Elections (EODE), organisation non gouvernementale créée et administrée par (…) Luc Michel, afin de tenter de légitimer le référendum du 16 mars 2014 en Crimée » dit la revue de l’IFRI (Cfr. « Crimée : les contradictions du discours russe », par Jean-Baptiste Jeangène Vilmerin, in POLITIQUE ETRANGERE, 2015/1 (Printemps), éditée par l’IFRI, Paris).

Luc MICHEL insiste sur le fait qu’il n’a aucun lien avec Wagner et son chef Yevgeny Prigozhin. « Je gère la cyberguerre, la guerre médiatique… et Prigozhin mène des activités militaires », a-t-il expliqué.

« Luc Michel et les opérations d’influence générale qu’il dirige ont eu un succès significatif, une authentique opération d’influence organique, avec une grande partie de vrais adeptes de toute l’Afrique. »

Admirateur de Mouammar Kadhafi et de Vladimir Poutine, L’histoire de Michel est un ami autoproclamé de l’Afrique. Né en 1958, il a été politiquement actif dès son plus jeune âge, disciple de Jean Thiriart, qui envisageait un « empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin », uni contre l’Amérique.

Sa carrière l’a conduit en Libye pour soutenir le dirigeant Mouammar Kadhafi, puis au Burundi comme conseiller du président controversé Pierre Nkurunziza.

Tout au long, il a maintenu une connexion russe, travaillant avec « Nashi », le mouvement de jeunesse du Kremlin, et créant un « groupe de surveillance des élections » qui a déclaré « libres et équitables » les référendums organisés par Moscou en 2014 en Crimée, à Donetsk et à Louhansk.

« Je suis un stalinien », a-t-il indiqué à la BBC. « Je défends la Russie depuis les années 1980. Je pense que la Russie est la seule force restante en Europe qui est anti-américaine. Je suis un nostalgique de l’Union soviétique. Je veux un monde libre sans l’Amérique. »

DES RESEAUX SOCIAUX AUX RUES AFRICAINES

Il est difficile d’évaluer l’impact de campagnes de désinformation spécifiques, mais en Afrique, le message pro-russe est entendu – amplifié, selon les analystes, par des influenceurs locaux cultivés par la Russie.

« Le succès de personnes comme Luc Michel est dû à son opposition à la France. Il exploite les griefs réels sur le terrain », explique Kevin Limonier, professeur associé à l’Université de Paris-8, qui étudie les opérations d’information de Moscou en Afrique.

Les États-Unis courtisent l’Afrique après la percée des rivaux

« La désinformation russe (sic) a été un facteur contribuant à chasser les forces françaises des pays du Sahel, notamment du Burkina Faso », selon Ulf Laessing, de la Fondation Konrad Adenauer, un think tank allemand de centre-droit.

Depuis 2013, quelque 5 000 soldats français avaient été déployés pour combattre les groupes djihadistes militants au Mali ainsi qu’au Burkina Faso, au Tchad, au Niger et en Mauritanie. Mais l’année dernière, ils se sont retirés du Mali et s’apprêtent à quitter le Burkina Faso.

manifestations au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, et cela est dû en partie à des opérations d’information pro-russes ».

Au Burkina Faso, des manifestants ont attaqué l’ambassade de France et ont été entendus réclamant des liens plus étroits entre Ouagadougou et Moscou.

Cela rejoint directement les objectifs de Luc Michel : « Je pense que la Russie doit remplacer les Français dans toute l’Afrique », a-t-il confié à la BBC.

« Estimer l’impact des opérations d’information est presque impossible », affirme Kevin Limonier. Mais une chose est sûre : ces opérations inquiètent l’Occident.

À Paris, selon Limonier, « les diplomates et les militaires, ils le lisent, ils le voient et ils disent : ‘Oh mon dieu’. »

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