Par Kader Tahri
Le 32e sommet de la Ligue arabe à Djeddah, en Arabie saoudite, n’est pas parvenu à répondre à la question lancinante qui hante l’Organisation depuis sa création : la Réforme et la modernité de l’organisation de ce machin.
On sait que depuis toujours, cette ligue est dirigée par des diplomates égyptiens, Le Caire estimant qu’en tant que puissance régionale accueillant le siège de l’organisation, le poste du secrétariat général de la Ligue lui revenait de droit, ainsi l’image qui nous apparait de cette ligue reste une entité nominale arabe, sous administration égyptienne, féodale dans ses prises de décision.
Triste réalité de la diplomatique arabe. On sait que la ligue arabe est depuis des années sous l’emprise des monarchies du golfe, et certains pays avaient fait les frais, ce machin qu’est la Ligue arabe devrait changer de nom et devenir, la ligue des délateurs arabes, des dictateurs sans foi ni loi. Personne ne peut rattraper l’autre comme on dit vulgairement, il n’y a qu’Alger qui sorte la tête de l’eau dans ce naufrage généralisé.
Toute question sur le massacre des Palestiniens, des Soudanais et des Yéménites étant écartée, les chefs d’États et de gouvernement ont simplement été sommés des recommandations du monarque de l’Arabie Saoudite, venant d’un monarque absolu ne tolérant pas la moindre contestation chez lui et ayant envoyé ses troupes réprimer le soulèvement du Yémen.
La déclaration finale de ce sommet, salue la réadmission de la Syrie au sein de la ligue et promet d’intensifier les efforts panarabes pour aider la Syrie à faire face à sa crise.
Elle souligne l’Initiative de paix arabe pour résoudre les problèmes palestiniens, mais aucune réaction sur la dangereuse escalade israélienne contre les Palestiniens. La Ligue arabe, en déclin, est de plus en plus divisée sur la question de la normalisation avec Israël, que la Palestine considère comme une remise en cause des principes de l’organisation. Le Maroc, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont reconnu l’existence d’Israël en 2020, et le Soudan a répété en février qu’il avait l’intention de le faire. L’Égypte et la Jordanie ont, elles, franchi le pas il y a plusieurs décennies. Israël ne manque pas d’alliés objectifs dans la région, même si ceux-ci ont le regard fuyant sous leur shemagh….
La ligue appelle encore à la désescalade des tensions au Soudan, à l’élection d’un nouveau président libanais et aux réformes nécessaires pour sortir le Liban de sa crise, et soutient les initiatives visant à favoriser la sécurité et la stabilité au Yémen.
Pour le reste, rien de nouveau sous le soleil : Le conflit yéménite prouve abondamment que les Saoudiens sont incapables de mettre en œuvre efficacement les dizaines de milliards d’armements ultrasophistiqués achetés surtout aux Américains ou aux Britanniques, sinon pour des remakes de Guernica contre les populations civiles. Ce n’est pas demain qu’ils se mettront, même sous l’égide de la ligue arabe, à construire le Yémen.
Ainsi, nous devrons bien comprendre que le rôle régulateur de la Ligue arabe est bien clair, il s’agit de faire croire que les pays arabes font quelque chose pour les Palestiniens, tout en continuant à fermer les yeux sur les exactions d’Israël. En fait, chaque fois qu’il s’agit de dégager une position commune, les « Arabes se mettent d’accord pour ne pas se mettre d’accord ! ». C’est une vieille rengaine.
Dans toute organisation, les dirigeants sont tenus de présenter un rapport de leurs travaux. Pas à la Ligue Arabe. Tant mieux pour eux, car leur bilan n’est pas flatteur.
De mon point de vue, les États arabes républicains et laïcs devraient sortir de ces clubs de tourteaux totalement contrôlés par la féodalité des monarques.
Pour n’importe quel arabe, La Syrie est le cœur battant de l’arabisme sauf pour les mercenaires intégristes, étrangers, fanatisés et financés par les pays du Golf (Arabie Saoudite et le Qatar) envoyés en Syrie pour semer terreur & détruire l’État laïc syrien. Les Arabes républicains ne feront pas allégeance aux monarchies rétrogrades alliées objectivement à Israël. Ces monarchies coupeuses de mains que l’occident appelle les « modérés ou « nos amis dans le monde arabe ». LA Ligue arabe, bien pratique pour l’occident, est en fait la ligue des féodaux dont les États républicains devraient sortir, de même qu’ils devraient sortir de l’ONU, organisation en faillite incapable de faire appliquer résolutions sur Palestine, mais très compétente pour sanctions et guerre contre pays arabes.
Le flop du monarque saoudien au sommet de la Ligue arabe, dont les comportements sont allés jusqu’à voir dans l’invitation du président ukrainien un guerrier déterminé, sans aucune consultation des pays membres, un acte politique, mais en fait s’inscrit dans un esprit de féodalité. La propagande médiatique battra son plein pour une contribution d’un parti pris pour un état en guerre et cette invitation à assister au sommet de Djeddah brisera la neutralité arabe positive, restera cependant un message que l’Arabie saoudite est toujours dans l’étreinte américaine et Occidentale, et affectera négativement les principaux dossiers censés figurer en tête de l’ordre du jour du sommet, la situation en Palestine, au Yémen et au Soudan. Comment expliquer les performances médiocres ?
Quelle indécence que celle du royaume de la collaboration, de l’obscurantisme et de l’hypocrisie, pour améliorer son image internationale tout en flirtant avec l’Occident, pour s’acheter une vertu et être validé, en prolongation, on dirait qu’il a de temps en temps des éclairs de lucidité, On sait que le monarque de l’Arabie avait marqué son absence lors du sommet d’Alger, pour ne pas comprendre qu’en relations internationales, la réciprocité du respect reste primordiale.
Bref, par ce sommet, la ligue des états avait convoqué comme témoins de moralité arabe des autocrates, les derniers monarques absolus de la planète, dirigeant des sociétés théocratiques où sont confinées dans un statut subalterne, alimenter les ambigüités, ne sert évidemment pas l’équité sensée de la Ligue.
Algérie n’est pas supplétive de l’Arabie Saoudite pour résoudre problème du monde arabe, dans chaque domaine un pays peut faire mieux que l’autre. Il faut sortir de l’essentialisme.
Pour le reste, rien de nouveau sous le soleil : Le conflit yéménite persiste et prouve abondamment que les Saoudiens sont incapables de mettre en œuvre efficacement les dizaines de milliards d’armements ultrasophistiqués achetés surtout aux Américains ou aux Britanniques, sinon pour des rééditions de Guernica contre les populations civiles et personne ne s’en plaint, la conscience soulagée. Ce n’est pas demain qu’ils se mettront, même sous l’égide de la ligue arabe, à construire le Yémen.
Quant à la Syrie, elle peut toujours compter sur l’hostilité gratuite des États-Unis, d’Israël et des vassaux européens et Arabes et on attend à vrai dire plus d’un pays qui dispute à l’Arabie Saoudite et au Maroc la place de meilleur sujet de l’écurie atlantiste. (Ces deux ont toujours refusé que la Syrie rejoigne la Ligue). Pour autant qu’on sache, la Syrie bénéficie toujours de l’appui diplomatique de la Russie, de l’Iran, du Liban, de l’Algérie, de l’Irak, du Yémen, de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud et du Venezuela.
Bref, rien de nouveau, ni de convaincant sous le soleil de Djeddah pour la Ligue des États arabes, cette fois-ci, elle n’a rien réussi, seulement, elle se suffit à elle-même dans l’autodestruction, et ce n’est qu’un coup de poignard de plus de la part du pays organisateur de cette mascarade.
Kader Tahri
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